Heinrich Neuhaus - Генрих Нейгауз - Documentaire (en russe)
J’ai fait l’appologue suivant à l’une de mes élèves qui travaillait mollement, tout en consacrant beaucoup de temps à l’étude:
« Imaginez, lui ai-je dit, que vous avez à faire bouillir une casserole d’eau. Il faut pour cela mettre la casserole sur le feu et ne pas l’enlever avant l'ébullition. Tandis que vous, vous faites monter la température à 40 ou 50 degrés et vous éteignez pour vous occuper d’autre chose. Quelque temps après, vous vous souvenez de votre casserole et vous la remettez sur le feu sans songer que l’eau a eu le temps de refroidir. Vous recommencez l’operation plusieurs fois et , en fin de compte, excédée , vous vous apercevez que vous avez perdu votre temps sans résultat.
Mes collègues m'ont, plus d'une fois, laissé entendre que je faisais figure de don Quichotte: "De toute façon cet élève est incapable d'obtenir ce que vous lui demandez" disaient-ils. "Chers commerçants, répondais-je, vous voulez un bénéfice de cent pour cent. Moi, je me contenterai très bien d'un dix pour cent! "
Tel doit être l'optimisme sceptique d'un professeur averti.
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Je suis convaincu que mes modestes "dix pour cent" peuvent fournir des revenus supérieurs aux "cent pour cent" de mes collègues.
Parlant de la peinture, Albert Dürer disait que l'art était soumis aux lois de la beauté, alors que la foule a l'habitude d'aborder l'art du point de vue de son goût (ceci me plaît ou me déplaît).
Un connaisseur dira : "ceci me plaît, mais c'est bien."
L'ignorant, lui, dira : "ceci ne me plaît pas" ou "je ne comprends, donc c'est mauvais."
Ah! Si nous pouvions tous atteindre le degré "d'objectivité passionnée" d'un Dürer ou d'un Léonard de Vinci, comme nous jugerions mieux les questions importantes et secondaires liées à l'art!
Celui qui est touché par la musique de façon purement émotive restera toujours un amateur.
Celui qui la ressent de façon cérébral deviendra un musicologue ou un chercheur.
L'interprète, lui, doit savoir faire la synthèse, saisir vivement et prendre conscience.
Si j'avais à expliquer pourquoi la polyphonie m'est si chère, je dirais que par des moyens propres à la musique s'y reflète l'unité du particulier et du général, de l'individu et de la masse, de l'homme et de l'univers.
Les sons expriment la philosophie, l'éthique et l'esthétique contenues dans cette unité.
Cela fortifie le coeur et la raison.
Quand je joue Bach, je suis en accord avec le monde et le bénit.
Celui qui est touché par la musique de façon purement émotive restera toujours un amateur.
Celui qui la ressent de façon cérébrale deviendra un musicologue ou un chercheur.
L'interprète, lui, doit savoir faire la synthèse, saisir vivement et prendre conscience.
Parlant de la peinture, Albert Dürer disait que l'art était soumis aux lois de la beauté, alors que la foule a l'habitude d'aborder l'art du point de vue de son goût (ceci me plaît ou me déplaît).
Un connaisseur dira : "ceci ne me plaît pas, mais c'est bien."
L'ignorant, lui, dira : "ceci ne me plaît pas " ou "je ne comprends donc c'est mauvais."
Ah! Si nous pouvions tous atteindre le degré "d'objectivité passionnée" d'un Dürer ou d'un Léonard de Vinci, comme nous jugerions mieux les questions importantes et secondaires liées à l'art!