Citations de Henri Crouzat (34)
Parmi les dogmes immuables de la « civilisation » noire, l’un des plus puissants est la soumission de la femme à l’homme. Jamais une épouse n’osera frapper son mari, sauf lorsqu’il est ivre et qu’il ne comprend pas bien sur le moment qui ça peut être. Alors il fait semblant de l’oublier, mais le lendemain, à tout hasard, et sans chercher de motifs inutiles, il rend la raclée avec usure. Mais que, de sang-froid, une femme frappe un homme, ça jamais. Pour en arriver là il faut être déjà bien civilisé.
Le raffinement suprême que rien ne pouvait égaler était le réfrigérateur. Azizah en connaissait l’usage. Les Blancs aiment le froid et cet objet en vendait. Il était d’un blanc si pur que par comparaison les hommes qui se disent blancs paraissaient plutôt sales. Azizah était fière de sa peau claire, mais jamais personne à sa connaissance n’avait eu le teint de ce réfrigérateur. Peut-être en Europe y avait-il des Blancs aussi blancs que lui Ce devaient alors être les plus forts.
Parfois des négresses faisaient les difficiles parce que, leur avait-on dit, de la sorte les Blancs payaient mieux. C’est bon pour les jeunots, les débutants, qui ne savent pas que ce n’est qu’un jeu, un attrape-couillon, qui croient encore que ce n’est pas un objet qu’ils achètent mais une victoire qu’ils remportent. Enny, lui, « connaissait manière ». Il s’en foutait. Une négresse, ça se couche, puis ça se renvoie. Celle-là comme les autres, malgré sa peau claire et ses yeux vivants. Il allait lui faire voir.
Découvrant cette fille inconnue à l’entrée du village, ils avaient décidé de s’en amuser. Leur abandonnant son pagne elle leur avait filé entre les doigts, mais ils étaient bien décidés à la rattraper. Une fois prise, comme elle n’était à personne, ils la posséderaient les uns après les autres et rigoleraient un bon coup.
Mais cette garce se mettait sous la protection de ce vieux Blanc qui aimait les filles, et certainement il ne la lâcherait pas comme ça. Les garçons hésitaient. Ils éprouvaient la déception du chacal qui, après avoir forcé un céphalophe, voit le lion s’emparer de sa proie et la manger devant lui. Le vieux n’était pas commode et jouait encore facilement du bâton.
Parce qu’on ne peut se passer de femme, il avait logé dans un coin de la boyerie une négresse dont il ignorait jusqu’au nom et qu’il sifflait lorsqu’il en avait envie. De temps en temps, quand elle lui paraissait vieille ou simplement parce qu’il l’avait assez vue, il en changeait.
Tuer un Blanc serait facile, Azizah, mais on ne peut tuer les papiers. Ils restent après la mort. Alors les gendarmes viennent, ils montrent les papiers et ils disent : « Où est le Blanc, comme le sergent chez nous quand il nous appelait par nos noms. On peut tuer un Noir, qui s’en apercevra ? Sa mère, ses amis, ses femmes, ses enfants. Mais s’il est seul ou hors de chez lui, personne n’en saura rien. Les Noirs sont comme les antilopes de la brousse qui ne reviennent pas lorsque la mort les prend. Mais qui va les chercher ? On ne peut tuer un Blanc, Azizah, ou alors, il faudrait tuer les papiers avant, et ce n’est pas possible, parce qu’ils les gardent en France, là où les Noirs ne sont pas. C’est pour ça qu’ils ne nous craignent pas même si nous sommes plus forts qu’eux.
Quand le lion a fini de manger il laisse courir l’antilope, mais le Blanc a toujours faim de la chair des Noirs. Jamais il ne les laisse ! Il les lui faut tous ! Je hais les Blancs, Azizah ! Ma seule espérance un jour est de pouvoir les tuer, les tuer tous, les tuer encore, boire leur sang comme ils ont bu le mien et mordre dans leur chair comme ils ont mordu dans mon âme ! Azizah ! Azizah ! Est-il possible d’avoir tant de haine dans un corps qui n’a plus de cœur ? »
Les femmes ne parlent pas quand les hommes palabrent.
Dans tout groupement d’individus, il y a des hommes d’élite et des ratés.
Une tortue ne peut endosser toutes les carapaces de sa tribu, mais à chaque tortue, il faut une carapace. Où est la mienne ? Quel est le bouclier qui me protégera des dures atteintes de la vie et des lois de la République française, Liberté, Égalité, Fraternité ?
Une femme qui s’ennuie est une femme à prendre et il se trouve toujours une main secourable pour cela.
C’est une solution commode pour dire à quelqu’un ce que l’on redoute. On n’est pas là s’il y a une colère ou un échec, et après ça n’a pas d’importance. Il est agréable de pouvoir solliciter sans crainte, et les Noirs adorent envoyer des suppliques.
Ce n’est la femme de personne, mais ça peut être la femme de quelqu’un...
Un homme pourvu d’enfant est plus facilement vulnérable qu’un solitaire.
Nul n’est plus dur avec un Noir qu’un autre Noir et les négriers blancs n’auraient jamais pu s’enrichir sans les chefs de tribus nègres.
La notion d’égalité n’existe pas chez les Noirs et un être, quel qu’il soit, commande à quelqu’un et obéit à un autre. Aucune communauté n’est plus hiérarchisée que celle que les bons Blancs appellent les « Sauvages », ces sauvages auxquels ils essaient avec confiance et stupidité d’inculquer les principes d’une caricature honteuse de la démocratie.
Il n’y a que des bêtes qui ont faim ou peur, et l’on n’y tue pas par plaisir. Le fauve le plus méchant, quand il a assez tué devient pacifique. Les hommes ne se lassent jamais.
Dans la vie de tout homme il existe un moment, parfois très bref, qui peut changer le cours de son existence. Le plus souvent il ne s’en rend même pas compte.
C’est seulement dans le lit des Blancs que les Noires peuvent aller, jamais à leur table.
La paix ne se conquiert pas, elle s’échange.