Ecrire quand on souffre de débordose chronique
L'ouragan assassin et mortifère qui a retourné la salle de réveil, c'est elle. Cela jette un drôle de froid de regarder une obèse, le crâne ouvert des deux côtés, la cervelle à l'air et la tête en sang, courir comme un lapin. Avec encore collés autour du crâne les champs opératoires : un énorme corps nu qui bouge comme une danseuse étoile, surmonté d'un grand torchon de papier vert qui balance dans le vent.
A quelques mètres de nous, un attroupement holographique. Il doit y avoir une cinquantaine de personnes représentées, dont les contours scintillent de bleu iridescent. L'instant est solennel, chacun est apprêté sobrement et tous sont silencieux. Un prêtre, en chair et en os, est en train de célébrer son office. Il est face à une grande colonne de pierre blanche rectangulaire pointée vers le ciel, bardée de projecteurs holographiques et incrustée de petits disques noirs bien alignés.
- Un caveau numérique.
- Qu'est-ce que c'est, Beaupa?
- C'est un enterrement, Raoul. Moderne. Viens, et surtout, n'aie pas peur.
Je m'entends très bien avec Dieu. C'est avec la religion que j'ai un problème. Je n'ai jamais pu mettre Dieu dans une éprouvette. Je ne l'ai jamais vu. Mais je veux bien admettre son existence, tant que la nature est bien faite q'un esprit supérieur pourrai se cacher derrière, pourquoi pas...
Dieu, machine illusoire inventée par des esprits retors de la pire espèce, au nom duquel pendant des millénaires, les hommes ont bêtement attendu des réponses à leurs infâmes questions existentielles, sans jamais obtenir de retour.
Gödel a mis Dieu en équation, Gabriel. La preuve ontologique de Gödel. Trois définitions, six axiomes et quatre théorèmes qui prouvent mathématiquement l'existence de Dieu.
Si on se plante, la semaine prochaine, j'officierai à Notre Dame des Glaçons, dans l'Antarctique, à marier des pingouins vivant dans le péché.
La science n'est-elle pas une sorte de religion en elle-même?