"Mise au ban", un court métrage sonore en noir & blanc de Frédéric Vignale en libre adaptation de la nouvelle de Henri-Frédéric Blanc (L'Ecailler du Sud) avec Jean-François Bessières.
Musique libre de droits : "Between love and hate, A story".
Dedans et dehors…
Je reste dedans
quand la réalité me montre les dents
et je sors
quand ma tête me mord.
« Là, rayon littérature allégée : 0 % de matière grise, 0 % d’idées, 0 % d’esprit critique : des best-sellers dorés, brillants comme des boîtes de chocolats. Robinets de mots pour passer le temps, détendre le cerveau, aider les vieilles dames à digérer, entre la compote biologique et la tasse de tilleul. Piles babéliennes de merdo-littérature. Montagnes de non-livres se dressant avec majesté dans les plaines de la Bêtise. » (p. 34)
Adieu aux vaches
Les vaches sont parties. Le champ
est tout triste au soleil couchant.
Le cœur lourd, je marche
dans les prés sans vaches.
Pour ne pas broyer du vert,
je veux dire du noir, je rumine des vers.
Eloge de la marche
Les idées noires viennent
par les oreilles
et s’en vont par les pieds.
Il y a tant d’années que j’essaie d’oublier ces jours sans nom ! j’essaie d’oublier le toc-toc obstiné des sapes sous nos pieds, j’essaie d’oublier les grenadiers d’assaut boches avec leurs chalumeaux oxhydriques, j’essaie d’oublier les 420 déboulant de la haute atmosphère, des obus d’une demi-tonne qui vous écrabouillaient des régimes entiers, j’essaie d’oublier les yeux hagards des copains sous le verre des masques à gaz, j’essaie d’oublier les chevaux qui devenaient fous, j’essaie d’oublier les défigurés qui cherchaient leurs visages avec leur doigts crasseux, qui ne trouvaient plus leurs oreilles, ni leur nez, ni leur leur menton, et qui ne criaient pas parce qu’ils n’avaient plus de bouche, j’essaie d’oublier les corps aplatis comme des crêpes, j’essaie d’oublier les wagons à bestiaux dans lesquels on entassait les morts debout pour qu’ils prennent moins de place, j’essaie d’oublier les rats noyés dans la soupe, j’essaie d’oublier le visage des enterrés vivants, j’essaie d’oublier les cris des blessés dans la nuit…
Solitude du penseur
C’est bien beau d’avoir l’esprit sans défaut
mais, comme le pensait Daniel Defoë,
toutes les vérités ne valent pas
sur une plage une trace de pas.
Lourde est mon âme
Lourde est mon âme
comme un hippopotame.
Pour n’être qu’un furet
folâtrant dans les prés,
quel est donc le secret ?
Le champ fraîchement labouré ressemble à un gâteau au chocolat.
Le chat se roule et se roule dans la tendresse de la terre- jusqu'à l'ivresse.
Place Notre-Dame-Du-Mont
Il y a un grand mystère
au fond de l’ordinaire
et comme une saveur d’éternité
dans la tiédeur de la banalité.
L’Essentiel
Le trésor de mon âme
je l’ai trouvé dehors
mais le cœur de toute chose
se trouve dans mon cœur.