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Citations de Henry Fielding (29)


"Discuter avec moi, mon enfant! répliqua l'autre; je ne m'y attends certes pas. Ce serait bien en vain que j'aurais vu le monde si je devais discuter avec quelqu'un de votre âge. Je me suis donné cette peine à seule fin de vous instruire. Les philosophes de l'antiquité, tels que Socrate, Alcibiade et autres, n'avaient pas accoutumé de discuter avec leurs disciples. Vous devez, mon enfant, me considérer comme Socrate: je ne vous demande pas votre opinion, je vous informe seuleument de la mienne."
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"Si les gens d'une culture véritable et d'un savoir presque universel compatissent toujours à l'ignorance d'autrui, les individus qui excellent en quelque art mesquin, bas et sans intérêt ne manquent jamais de mépriser quiconque n'y est pas initié."
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Afin d'éviter la sécheresse et la monotonie de nos modernes histoires, nous avons pris soin d'enrichir la nôtre de comparaisons, de métaphores, de descriptions et d'autres ornements poétiques. Cette variété, destinée à remplacer la bière et à rafraîchir l'esprit, préviendra l'assoupissement dont le lecteur n'a pas moins de peine à se défendre que l'auteur, dans le cours d'un long ouvrage.
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Mistress Waters (nous l’avouons à regret) avait contracté récemment avec l’enseigne Northerton une intimité qui lui faisait peu d’honneur. Il est certain qu’elle montrait beaucoup de goût pour ce jeune officier ; mais le sentiment qu’il lui inspirait l’entraînait-elle au-delà des bornes du devoir ? C’est ce qui n’est pas aussi prouvé, à moins de supposer qu’une femme ne puisse accorder quelques faveurs, sans les accorder toutes.

La compagnie du capitaine Waters, qui avait deux jours d’avance sur celle de Northerton, arriva à Worcester le lendemain de la malheureuse querelle de M. Jones et de l’enseigne.

Mistress Waters était convenue avec le capitaine, de l’accompagner jusqu’à Worcester. Là elle devait prendre congé de lui, et s’en retourner à Bath, pour y demeurer jusqu’à la fin de la campagne d’hiver projetée contre les rebelles.

Northerton fut instruit de cette convention. La dame, pour ne rien dissimuler, lui avait donné rendez-vous à Worcester, où elle avait promis d’attendre l’arrivée de sa compagnie. Dans quelle vue ? et à quel dessein ? C’est au lecteur à le deviner. Si nous sommes obligés de rapporter les faits avec exactitude, nous ne le sommes point de faire violence à notre naturel, par des commentaires injurieux pour la plus aimable moitié du genre humain.
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Tom Jones qui, tout pervers qu’il est, sera pourtant le héros de cette histoire, ne comptait qu’un seul ami parmi les domestiques de la maison ; car mistress Wilkins, réconciliée avec sa maîtresse, l’avait depuis longtemps abandonné. C’était le garde-chasse, très-médiocre sujet, qui passait pour ne pas avoir des idées plus justes de la différence du tien et du mien, que l’enfant lui-même : aussi leur amitié fournissait-elle aux domestiques mille railleries piquantes qui étaient déjà, ou sont devenues depuis des proverbes, et se réduisaient toutes dans le fond à ce court adage latin : Noscitur a socio ; en français : « Dis-moi qui tu hantes, et je te dirai qui tu es. »

Peut-être cette horrible scélératesse de Jones, dont nous venons de rapporter deux ou trois traits, provenait-elle en partie des mauvais conseils du garde-chasse, qui, en plusieurs circonstances, avait été le receleur de ses larcins. C’était lui, par exemple, qui avait mangé, avec sa famille, le canard entier et plus de la moitié des pommes, quoique le pauvre Jones, découvert seul, eût supporté la honte de ces deux vols, et par-dessus le marché tous les coups. Il en fut encore de même à l’occasion suivante.
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Vos corps sont plus forts que les nôtres, non vos cervelles. Croyez-moi, il est bon pour vous que vous puissiez nous battre; sans quoi, telle est la supériorité de notre intelligence que nous ferions de vous tous ce que sont déjà les hommes braves, sages, spirituels et polis: nos esclaves.
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Prescrire aux autres des règles de bonheur m'a toujours paru très absurde, et exiger qu'on les suive, très tyrannique.
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Quant à moi, j’ai passé par ces pays, comme on passe au milieu de la foule, à la porte d’un spectacle, jouant des coudes pour en sortir, tenant mon nez d’une main, et mes poches de l’autre, ne disant mot à personne, faisant mes remarques à la hâte, et je n’ai rien vu d’assez intéressant, pour me dédommager de la peine que m’a causée la compagnie des hommes.
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Nous autres modernes, nous sommes aux anciens ce que les pauvres sont aux riches .
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Il était en effet dans cette situation où les personnes prudentes cessent, pour l’ordinaire, de demander des nouvelles de leurs amis, de peur d’avoir le chagrin d’apprendre qu’ils se sont pendus.
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Peut-être, jeune homme, changerez-vous d’avis, quand vous aurez mon âge. Je me rappelle que n’étant encore qu’un blanc-bec de vingt et un à vingt-deux ans, je me croyais déjà aussi sage que je le suis maintenant.
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Il n'est pas rare que deux personnes fassent à la fois un marché de dupes, bien que l'une d'elles soit la plus perdante ; comme ce fut le cas pour celui qui vendit un cheval aveugle et reçut en paiement un faux billet.
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Une obéissance tacite ne suppose aucun sacrifice de la volonté, et peut, en conséquence, être facile ; mais, lorsqu'une femme, un enfant, un parent, un ami ne remplissent nos désirs qu'en murmurant et avec répugnance, ou avec des expressions de déplaisir et de mécontentement, l'obstacle évident qu'ils ont à surmonter ajoute beaucoup à l'obligation qu'on leur doit.
Comme cette observation profonde est une de celles que l'on peut supposer un bien petit nombre de lecteurs en état de faire eux-mêmes, j'ai jugé convenable de leur prêter mon secours ; mais il ne faut pas qu'ils s'attendent souvent à cette faveur dans le cours de mon ouvrage, à moins qu'il ne s'y rencontre des difficultés de la même nature, que peut seul résoudre le génie dont nous autres écrivains supérieurs sommes doués.
(Livre I Chapitre 5)
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Les mêmes talents qui permettent à un casseur, un voleur de grand chemin ou un tireur d'atteindre à quelque éminence dans sa profession élèveraient de même un homme dans ce que le monde estime une carrière plus honorable, je ne le nie pas ; et même dans bon nombre de vos exemples, il est évident qu'il faut plus d'ingéniosité et plus d'art aux personnes compétentes de basse condition qu'à celles d'un niveau élevé. Si donc vous aviez simplement soutenu que tout filou pourrait être homme d'État s'il lui plaisait, j'en serais convenu volontiers. Mais quand vous concluez qu'il est de son intérêt de l'être, que l'ambition l'inviterait à adopter ce terme de l'alternative, en un mot, qu'un homme d'État est plus grand ou plus heureux qu'un filou, je ne puis que refuser mon acquiescement.

Livre I, Chapitre V.
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Nous qui les connaissons avons dû voir tous les jours des hauts personnages nous reconnaître en un lieu, mais non dans un autre, un jour et non le lendemain.

Livre II, Chapitre XIII.
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Il est, nous le savons, plus facile de souhaiter que d’obtenir une pareille réforme. Contentons-nous donc d’en avoir donné l’idée, et revenons à notre sujet.

M. Western ignorait encore ce qui s’était passé avant son arrivée. Curieux de connaître la cause de la querelle, il interrogea Blifil et Jones à ce sujet. Tous deux gardèrent le silence. « Parbleu, dit Thwackum avec impudence, la cause n’en est pas loin d’ici, je crois, et si vous battez bien les buissons, vous la trouverez.

– Bon ! est-ce que vous vous battiez pour une fille ?

– Demandez-le à ce monsieur en veste, reprit Thwackum. Il en sait là-dessus plus que personne.

– J’entends, c’est d’une fille qu’il s’agit. Ah, Tom, Tom ! tu es un libertin. Mais allons, messieurs, point de rancune, et venez tous chez moi faire la paix, le verre en main.

– Je vous demande pardon, monsieur, dit Thwackum, il n’est pas plaisant pour un homme de mon caractère, d’être traité de la sorte par un enfant ; et pourquoi ? pour avoir fait mon devoir, en tâchant de découvrir et de livrer à la justice une misérable prostituée. Au reste, la principale faute en est à M. Allworthy et à vous, monsieur. Si vous faisiez exécuter les lois, comme vous le devez, vous auriez bientôt purgé le canton de cette vermine.
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L’étranger croyant avoir fait une méprise, allait en demander pardon et se retirer, lorsqu’à la clarté de la lune, il aperçut épars sur le plancher, un corset, une robe, des jupons, un bonnet, des rubans, et des souliers de femme. La vue de ces objets redoubla sa jalousie naturelle, et lui causa un si violent accès de rage, qu’il en perdit la parole. Sans répondre un seul mot, il voulut s’approcher du lit ; mais Jones l’arrêta brusquement, et à l’instant il s’éleva entre eux une rixe violente, qui dégénéra bientôt en un vrai combat.

Mistress Waters (car la fidélité historique nous oblige de convenir qu’elle était aussi dans le lit) s’éveilla en sursaut. À l’aspect de deux hommes aux prises dans sa chambre, elle se mit à crier de toutes ses forces : « Au vol ! au meurtre ! au viol ! » On ne s’étonnera pas qu’elle ait proféré ce dernier mot, si l’on réfléchit que les femmes ont coutume de s’en servir, dans les moments d’effroi, comme on emploie en musique ut, ré, mi, fa, sol, uniquement pour servir de véhicule au son, et sans y attacher aucune idée précise.

À côté de la chambre de mistress Waters, couchait un Irlandais arrivé trop tard dans l’auberge pour que nous ayons pu faire mention de lui. C’était un de ces gentilshommes qu’on appelle en Irlande calaballaros, ou cavaliers. Cadet de bonne famille, dépourvu de biens dans son pays, il se trouvait obligé d’en aller chercher ailleurs, et se rendait à Bath pour y tenter la fortune au jeu et près des femmes.
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On se souvient que Jenny Jones avait demeuré plusieurs années chez un certain maître d’école qui, secondant sa passion de s’instruire, lui avait enseigné le latin ; et que l’écolière, grâce à ses heureuses dispositions, était devenue plus habile que son maître.

Le pauvre magister avait embrassé une profession qui semble exiger quelque savoir, et ce n’était pas par là qu’il brillait. Au demeurant le meilleur homme du monde, ami de la joie, fécond en saillies, il passait dans le canton pour un prodige d’esprit. Les gentilshommes des environs se l’arrachaient, et comme il ne savait ce que c’était que de refuser, il perdait à se divertir chez eux, un temps qu’il aurait employé plus utilement dans son école.

Un personnage de cette trempe était peu propre à exciter la jalousie des savants professeurs d’Eton et de Westminster. Ses écoliers se partageaient en deux classes. Dans la première figurait seul le fils aîné d’un écuyer du voisinage, qui, à l’âge de dix-sept ans, commençait le rudiment. La seconde se composait du fils cadet de ce même écuyer, et de sept enfants de la paroisse auxquels il apprenait à lire et à écrire.

Le bénéfice qu’il retirait de cette école, ne lui aurait pas fourni les moyens de faire grande chère, s’il n’avait point eu d’autres ressources. Il remplissait dans le village l’office d’écrivain et celui de barbier, et recevait en outre de M. Allworthy, tous les ans à Noël, une pension de dix livres sterling qui le mettait en état de passer gaîment ce jour de fête.
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Cette Jenny Jones n’était rien moins que jolie ; mais la nature avait compensé en elle le défaut d’attraits, par une qualité généralement plus estimée des femmes dont les années ont mûri le jugement. Elle l’avait douée d’un esprit peu commun. Jenny s’était plu à perfectionner ce don par l’étude. Elle avait passé plusieurs années comme servante chez un maître d’école, où elle consacrait tous ses moments de loisir à la lecture. Le pédagogue, frappé de ses heureuses dispositions, et de sa passion de s’instruire, eut la bonté, ou si l’on veut la sottise, de lui donner de si bonnes leçons, qu’elle acquit une connaissance passable de la langue latine, et y devint peut-être aussi habile que la plupart des jeunes gens de qualité de nos jours. Cet avantage, comme presque tous ceux d’un genre singulier, ne fut pas pour elle sans quelques inconvénients. On conçoit qu’une fille si accomplie, devait se sentir peu de goût pour la société de celles que la fortune avait faites ses égales, et qui lui étaient si inférieures du côté de l’éducation. On comprend aussi que cette supériorité, et la conduite qui en était la conséquence presque inévitable, devaient exciter contre elle un peu de malveillance et de jalousie. Depuis sa sortie de chez le maître d’école, ces dispositions malignes croissaient en silence dans les cœurs. Elles ne s’étaient pas encore manifestées, lorsqu’à l’étonnement général, et au grand dépit de toutes les filles de la paroisse, Jenny parut un dimanche à l’église, avec une robe de soie neuve, un fichu de blonde, et un bonnet garni de dentelles.
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M. Western, sans avoir jamais lu Machiavel, n’en était pas moins, à certains égards, un politique consommé. Il avait l’esprit imbu des sages maximes si bien enseignées à l’école politico-péripatéticienne de la bourse ; il connaissait au juste la valeur de l’argent, et le seul usage qu’il convient d’en faire, c’est-à-dire de l’entasser. Exact appréciateur des droits de reversion, de survivance, il calculait souvent la fortune de sa sœur, et les chances favorables, pour lui et sa postérité, d’en hériter un jour. Sacrifierait-il de solides espérances à un vain ressentiment ? non, sans doute. À peine s’aperçut-il qu’il avait poussé les choses trop loin, qu’il s’empressa de réparer son imprudence ; et il y réussit sans peine. Mistress Western avait beaucoup d’affection pour lui, encore plus pour sa nièce. D’ailleurs, malgré ses hautes prétentions à la science politique, et son extrême susceptibilité sur ce point, c’était dans tout le reste une femme d’un caractère bon et facile.
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