Henry Rider Haggard

Le manche était aussi flexible qu’une canne, quoique pratiquement impossible à briser. Pourtant, deux précautions valant mieux qu’une, Umslopogaas avait entouré la poignée, à intervalle régulier, de fils de cuivre qui la renforçaient sans rien lui faire perdre de sa souplesse.

La nature humaine est le kaléidoscope de Dieu et les petits éclats de verres colorés qui représentent nos passions, nos espoirs, nos craintes, nos joies, nos aspirations, bonnes ou mauvaises, c’est sa puissante main qui les agite avec autant de sûreté et de détermination qu’elle agite les étoiles pour former sans cesse de nouvelles combinaisons, de nouveaux modèles.

L’homme blanc est formé des mêmes éléments constitutifs que le sauvage, avec ces différences que celui-là possède un sens de l’invention uni à une faculté de combinaison et que celui-ci, reste dans une grande mesure libéré des désirs de richesse qui, telles un cancer, dévorent le cœur de l’homme blanc. Conclusion bien démoralisante mais, je le répète, le sauvage et l’enfant de la civilisation ne sont, pour l’essentiel, guère différents l’un de l’autre.

Ah ! cette civilisation ! À quoi sert-elle ? J’ai passé plus de quarante ans parmi les sauvages que j’ai étudiés avec la plus grande attention. Puis, pendant quelques années, j’ai vécu ici, en Angleterre où, avec ma maladresse habituelle, j’ai observé de mon mieux les mœurs de ces enfants de la lumière. Qu’ai-je découvert ? Un énorme golfe de calme ? Que non ! Une minuscule flaque au-dessus de laquelle un homme normal peut sauter.

 Le devoir de l’héritière royale d’Égypte a toujours été d’épouser le Pharaon d’Égypte, Prince, et, comme elle avait, fidèle à ce devoir, épousé celui qui devait être Pharaon, le coup la touche profondément.

Ana, laisse-moi te donner un conseil : dompte la chair et fortifie l’esprit, car c’est en lui seul que réside le bonheur. La femme et toutes nos jouissances ne sont que des symboles terrestres, des ombres projetées par ce nuage mortel qui nous cache la lumière d’en haut.

 Le monde est le monde, et la mission de ceux qui sont nés dans la grandeur est de le gouverner tel qu’il est, non de se cacher dans la retraite au milieu des livres et des fleurs, et d’y gaspiller son temps en vains bavardages avec une belle étrangère et un scribe, si savant soit-il.

Un lion mort n’est plus à redouter.

Les hyènes seront pour moi des compagnons plus sûrs que deux hommes capables de menacer une femme sans défense de la vendre comme esclave.

C’est quand on sort de l’eau, si le vent souffle et que le soleil est caché, qu’on a plus froid qu’auparavant.

Pharaon n’est qu’un homme parmi des millions d’autres hommes ; quand il parle, c’est leur esprit qui fait mouvoir sa langue, et, au-dessus de leur esprit, il y en a un plus grand qui leur dicte leurs pensées pour des fins que nous ignorons.

Le prince me parlait de mon métier de scribe et de l’art d’écrire des contes, sujet qui semblait l’intéresser beaucoup. On l’aurait pris pour un écolier écoutant la leçon de son maître, tant il prêtait une humble attention à tout ce que je disais.

— Les invocations, Prince, sont sans vertu si on peut les lire.
— Et sans utilité, me semble-t-il, si personne ne peut les lire.