Voilà un billet que j’essaie de rédiger depuis des mois et des mois, remettant toujours à plus tard la délicate tâche d’écrire sur Ryokan, sur sa vie, sur son œuvre. Il y a tant à dire sur ce poète atypique, sur ce Japonais issu d’une famille de dignitaires qui embrasse la vie de moine et renonce au renom et aux richesses. Il y a tant à dire sur celui surnommé « lampe allumée en plein jour » par ses voisins, pour signifier son inutilité…
Pourtant le poète nous dit : « Je n’ai rien de spécial à vous offrir juste une fleur de lotus dans un petit vase à contempler longuement ». Je parle de poète, mais je ne suis même pas sûre que l’homme aurait accepté cette étiquette, lui qui écrivit :
« Qui dit que mes poèmes sont des poèmes ?
Mes poèmes ne sont pas des poèmes
Si vous comprenez que mes poèmes ne sont pas des poèmes
Alors nous pouvons parler poésie. »
Comme d’ailleurs il n’aurait pas accepté d’être cité en exemple ou même que ses haïkus puissent être considérés comme autant de leçons de morale, lui qui « chevauche à sa guise les vagues, libre jusqu’au terme de sa vie ». Non il se sentait « inutile, repu et ivre dans le printemps serein », tout simplement.
Voici donc ce billet, daté de ce jour, et il y a fort à parier que s’il avait été écrit hier ou si je l’avais écrit demain, il aurait été différent ! D’autres extraits auraient été choisis, d’autres impressions auraient surgi mais toujours, toujours il aurait été question de fragilité, de simplicité et de beauté, comme l’illustrent les « perles de rosées, ce matin sur le portail en branchage » ….
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Après On se les gèle et Ah ! le printemps, le printemps Ah !, Ah ! le printemps, je me plonge à l'heure de la sieste dans la rafraichissante anthologie Quelle chaleur ! Haïkus d'été (1990).
Le petit bonhomme bedonnant en couverture est le légendaire Ho Tei. Il a été peint par le moine zen Sengaï. Il est ma foi benèze le pépère, en parfait accord avec l'univers certes mais ... Il faut qu'il s'hydrate !
ne possédant rien
le coeur en paix
fraîcheur !
(Issa)
Au programme de cette chouette anthologie 150 haïkus de différentes époques, joliment calligraphiés par CHENG Wing Fun et traduits par Hervé Collet.
Ce sont des instants de vie campagnarde saisis au vol qui sont évoqués dans le recueil : les citrouilles grossissent, les poètes maigrissent ; les criquets se cachent au milieu des crevettes ; le prix du riz ne cesse de descendre ; l'orage arrive, plus rien ne bouge ; une fuite se produit dans le toit des latrines ; un être humain, une mouche, dans un salon spacieux ; enfumés par le voisin d'à côté les moustiques rappliquent ; les moines ronflent pendant la sieste, pas moi.
le soleil rouge
tombe dans la mer
quelle chaleur !
(Soseki)
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En cette fin d'année fleurissent de nombreux livres égrénant comme un calendrier les saisons. De même que pour les haïkus japonais, tous les textes chinois présentés ici suivent en effet le rythme de la nature. Composés souvent en montagne, par des moines bouddhistes, ils s'étalent du 7ème au 18ème siècle. Le texte original calligraphié accompagne la traduction, et de très beaux dessins au fusain, en noir et blanc se découvrent, au fil des pages.( Un beau cadeau peu cher pour Noël!)
" La poésie est illumination silencieuse du Sens, le tao", voilà une belle définition qui nous est donnée en introduction... Dans le silence et la méditation, la solitude aussi ( qui peut devenir pesante et inciter à la mélancolie), au sein d'une nature en osmose, le poète capte les frémissements des joncs, la pureté de la cascade, le scintillement de la neige sur les sommets...
" Dix mille replis de montagnes enneigées
je contemplais sans me lasser"
J'ai été surprise de lire de nombreux textes évoquant des poètes ivres ( pas seulement de mots mais bien de vin!) . On nous apprend dans la précieuse préface que pour le poète chinois, l'ivresse fait partie du processus créatif, elle permet d'être en " phase avec le flux de l'instant"...
Le célèbre poète Li Po l'explique ainsi:
" Après trois coupes on s'accorde au grand processus
après une mesure on se fond dans la nature
seul importe le plaisir du vin"...
Lire ces poèmes fait un bien fou: grâce à Lu Yu, Wang Wei et tant d'autres, j'ai goûté l'instant, l'accord au monde, j'ai eu la sensation, si fugace soit-elle , de m'imprégner de nature, d'être en harmonie avec l'univers. Des moments de grâce et de lumineuse évidence, quelle belle rencontre!
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Ouvrage très complet sur la vie et l'œuvre de Bashô, un des grands maîtres de Haïku du XVII ème siècle. Les auteurs ont eu la brillante idée d'insérer quelques Poèmes sous forme d'illustration de leurs propos.
L'ouvrage est augmentée d'une sélection de Haïku en français et en japonais.
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J'avais beaucoup aime du même auteur, dans la même collection" 365 poèmes de sagesse chinoise". Le principe est le même : un poème par jour, et ce qui est vraiment varié et intéressant, plus de cinquante auteurs de haïkus. Les classiques, bien sûr, sont fort présents: Buson, Issa ( mon préféré ), Shiki, Santoka, mais on trouve aussi beaucoup d'autres poètes, dont on nous donne à la fin les dates de vie et de mort.
Le haïku se prête particulièrement bien à ce défilé d'une année, puisqu'il suit le rythme des saisons. Dans son avant-propos, Hervé Collet évoque avec justesse tout ce que recèle de profondeur ce poème court," un impromptu improvisé dans l'instant, minimaliste dans la forme et maximaliste dans le fond".
Les esquisses en noir et blanc de Cheng Wing Fun s'harmonisent à merveille avec les textes. Certains sont connus, de nombreux autres, une découverte pour moi, comme celui-ci , de Buson, que j'aime beaucoup :
" faisant du rossignol son âme
sommeille
le saule gracile"
Puiser dans ce recueil est un vrai bonheur, une sensation douce, profonde de sérénité, teintée d'humour et d'auto-dérision parfois. De nostalgie aussi. Tout un camaïeu de sentiments sublimés par la nature.
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C'est un recueil de poèmes chinois qui invitent à la méditation et au calme. J'en conseille au moins un avant la sieste et un chaque soir avant de s'endormir.
C'est planant.
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Voici tout simplement un recueil de haikus à lire au jour le jour, au fil des saisons. On passe alors d'un auteur à l'autre et l'on découvre qu'ayant les memes sujets ou les memes préoccupations, leurs arts de les regarder et de les mettre en poésie sont multiples et surtout bien personnels. J'ai aussi aimé me noyer dans les versions originales calligraphiées qui, dans leur aspect visuel et concret, ne manquent ni de poésie, ni de charme, ni d'un petit quelque chose esthétique qui conduit souvent à la contemplation ou qui libère l'imagination.
Enfin, la présentation de chaque haiku en noir et blanc sur une page carrée est d'une sobriété parfaite qui nous laisse nous faire nos propres images.
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Li Po (aussi Li Bai ou Li Bo) a vécu de 701 à 762 sous la dynastie Tang.
Quelle surprise ! voici un homme écrivant des poèmes qui auraient pu être écrits hier.
Et l'on se demande pourquoi des poèmes aussi faciles à assimiler ne figurent pas dans toutes les anthologies … '
Ils en disent autant sur la condition humaine que tout ce qui a été écrit depuis.
Si vous lisez avec bonheurMusset (le grand chancelant) Verlaine ou Brendan Behan (qui disait être 'un buveur avec un problème d'écriture') – parmi tant d'autres, alors vous devriez probablement plonger dans la poésie de Li Po .
C'était un poète qui escaladait les montagne, se perdait, puis écrivait.
L'oeuvre de Li Po regorge des mêmes images récurrentes : la montagne, la lune, une belle grande jarre de vin. Une grande partie de son travail est imprégnée de ce sentiment de chaleur et d'unité qui vient après les premiers verres, ainsi que de ce regret larmoyant qui accompagne les quelques suivants.
Et que dire des titres de ses poèmes - des oeuvres d'art à eux seuls:
'écrit en errant sur la rivière blanche à Nan-Yang, après avoir grimpé sur les rochers';
'Hier on était au bord de la jeunesse / et aujourd'hui, envahi de cheveux blancs';
'Écrit sur le mur alors qu'il était ivre à la maison de Wang au nord de la rivière Han' ;
'Quelque chose a dit se réveiller ivre un jour de printemps'
Rappelons-nous que ce n'était pas un écrivain blasé du 21e siècle, mais un homme qui écrivait 600 ans avant Villon, 1000 ans avant Molière et 1 100 ans avant Rimbaud, Verlaine ou Baudelaire.
Au centre de są poésie de Li Po, il y a le Wu wei (le non-agir Taoïste)
La légende autour de są mort est d'une grande beauté:
ivre sur une barque, il a voulu pêcher le reflet de la lune dans l'eau, il est mort noyé.
Regardez la silhouette de Li Po par Liang Kai: une splendeur!
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De nombreux haïkus proposés m'ont plus.
Chaque page présente l'écriture verticale en japonais et en dessous la traduction française. Il n'y a pas le nom des auteurs, ils sont à la fin dans une table des auteurs, ce dont je ne suis pas fan (c'est plus difficile de se rendre compte des auteurs et autrices qu'on préfère) mais au moins on peut y avoir accès.
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" aux nuages flottants qui jamais ne se reposent jamais ne s'établissent mon cœur s'apparente tandis que passent ces journées"
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Un bon livre pour découvrir la vie et l'oeuvre de Ryokan (1758-1831), personnage hors norme et très attachant de l'histoire du Zen, et qui reste toujours inclassable.
Considéré comme un Maître, il n'a jamais eu de disciples, reconnu de tous il a jusqu'au bout vécu dans une cabane dans la montagne. Il reste une sorte d'idéal dans l'imaginaire japonais.
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J'apprécie les haïkus de part leur spontanéité. Ce livre regorge de magnifiques petits textes poétiques d'un des plus grands maitres des haïkus dont une partie de ce recueil, nous parle de sa vie et son parcours. Si vous commencez à vous intéresser aux haïkus, je vous conseille généreusement d'acquérir ce bouquin et de lui faire une place dans votre bibliothèque.
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Une réflexion sur le sens de la spiritualité. Pour l'auteur, on parle en fait que le sublime est rien tout comme la notion de Dieu. Et pourtatn il s'agit là de la racine de toutes choses à partir cet univers se déploie...
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J'avoue que c'est le type de livres qui trainent dans les toilettes (avec les recueils de BD d'actualité).
Je lis avec parcimonie ces courts textes et courtes planches pendant le popo matinal.
Ils participent à mon réveil et me lancent vers mes journées de travail.
Bref, il sont fondamentaux !
Gloire à eux !
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L'objet en lui même est plutôt joli avec une allure rustique mais soignée. La couverture en carton épais marron et la reluire en cordelette donne un aspect arrtisanal.
Le texte est composé d'un recueil de 105 poètes chinois de toutes les époques. Le tout est traduit par Collet et le texte original en calligraphie chinoise est réalisé par Cheng Wing Fun.
Les poètes chinois donnent beaucoup de douceur à l'hiver qui n'est pas chez eux la saison de la mort, mais celle des froideurs et des cristaux de neige dont on profite au coin du feu, un verre d'alcool de riz à la main.
Très diux, à savourer avec délectation
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Dans la très belle collection de chez Moundarren une anthologie de Haïkaï consacrés à la période d’été. Chacun des 150 poèmes est présenté en calligraphie japonaise puis en traduction française.
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Page après page, jour après jour, le lecteur découvre un haïku, qui varie en fonction des saisons. Dans ce livre délicatement illustré, on retrouve des auteurs célèbres (Basho, Issa, Buson…) et d’autres moins connus. C’est un bon moyen de découvrir les poèmes courts japonais.
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Un beau cadeau d'une Amie :
Son visage
Pareil
A la pleine lune
/...
Beau
Comme celui de l'enfance
Son sourire
Pat
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