Citations de Hubert Reeves (570)
De la nature
(...)
L'humanité peut s'autodétruire. La prise de conscience de cet avènement terrorisant a eu sur la conscience humaine un effet salutaire. Le technicien le plus téméraire est acculé à réfléchir. L'étique est entrée de force dans le domaine de la science. (p. 42)
D'un phénomène extraordinaire on dit souvent : "Je le croirai quand je le verrai." On pourrait, avec autant de justesse, dire parfois l'inverse : "Je le verrai quand je le croirai." Au dire des psychologues, parmi les perceptions sensorielles qui nous viennent de l'extérieur, nous pratiquons une importante sélection. Nous rejetons celles qui ne cadrent avec rien de connu. Celles qui sont en conflit avec nos idées habituelles.
Des catastrophes "arrivent". Puis, elles "sont arrivées". Et on passe à autre chose.
Les étoiles ne font pas de musique, elle font du bruit. Un vacarme gigantesque !
Mais heureusement, nous ne pouvons pas l'entendre. Il n'y a pas d'air pour transmettre le son dans le vide sidéral.
Il existe un rapport profond entre nous et les étoiles...
C'est ce que je vais essayer d'expliciter dans cette bande dessinée.
Quand on lit des biographies de nos artistes préférés : musiciens, peintres, poètes, quelque chose souvent nous frappe.
Bon nombre de ces personnes créent dans des conditions très difficiles.
(...)
Rembrandt croule sous les dettes.
Mais pourquoi persistez-vous dans une situation si pénible ?
Parce que je ne peux pas faire autrement. Si j'arrêtais de peindre, j'aurais l'impression de mourir.
Il ne s'agit pas d'expliquer l'art. (Il n'a pas besoin d'explication : il se suffit à lui-même.)
Mais d'apporter un éclairage nouveau sur cette activité créatrice.
Chauffons une pierre puis abandonnons-là à elle-même. Elle se refroidit et regagne la température ambiante. Elle cherche à mettre fin au déséquilibre entre sa température et l'extérieur. Un être vivant, au contraire, maintient ce déséquilibre qu'il n'abandonnera qu'à sa mort. Comme un coureur penché vers l'avant, qui doit toujours courir pour ne pas tomber, la multitudes de fonctions vitales a pour but et pour effet de perpétuer les déséquilibres de la vie.
« Ce qui importe, écrivait Nietzsche, ce n'est pas tellement ce qui est vrai, c'est ce qui aide à vivre. »
La vie, c'est comme ça. Si elle nous parait résulter d'une suite de coïncidences, c'est parce que nous oublions les millions de pistes qui n'ont pas abouti. Notre histoire est le seul récit que nous pouvons reconstituer. Voilà pourquoi elle nous semble si extraordinaire.
On peut imaginer que, tout comme nous, des civilisations ont eu à faire face aux difficultés que nous rencontrerons maintenant : coexister avec leurs propre technologie, freiner la détérioration de leur biosphère induite par l'impact de leur industrie... Cette crise écologique que nous traversons pourrait être un phénomène universel, un passage obligé de la croissance de la complexité partout où elle atteint les hauts niveaux de l'intelligence et de la conscience. Une sorte d'examen de passage auquel seraient soumis tous les habitants intelligents des planètes où la vie a pu (ou pourra) apparaître. Là se jouerait le destin de l'intelligence, son aptitude à ne pas disparaître en même temps que la lignée qui en a hérité avec grand dommage pour la biosphère dans laquelle elle est apparue. Notre exploration interstellaire pourrait nous amener à différents cas de figure. Là où l'espèce intelligente a réussi son examen, l'aventure-Univers poursuivrait son évolution vers de nouveaux sommets, que bous ne sommes pas en mesure d'imaginer. A l'inverse, là où l'espèce a failli à la tâche, on trouverait les décombres et les débris de son action. Sur ces vestiges, la vie des êtres vivants qui auraient échappé à l'hécatombe s'épanouirait à nouveau... Et si, sur Terre, notre intelligence conduisait à pareille situation, les fruits de nos facultés créatives -l'art, la science- seraient détruits et bientôt oubliés. Les noms de Mozart et de Van Gogh ne signifieraient plus rien. Et l'admirable entraide entre les humains, leur compassion envers les êtres souffrants serait perdue.
-[...] Pourquoi ne pas réussir à relever ce défi dès maintenant ?
-La réponse appartient aux Terriens actuels.
Je voudrais d'abord citer une boutade de Woody Allen dans son film Hannah et ses sœurs. "Il y a quatre grandes questions : d'où venons-nous ? qui sommes nous ? où allons-nous ? et qu'est-ce qu'on va manger ce soir ?" La question prend toute sa portée si le soir en question se situe en 2050...
L'observation demeure la clé de toute démarche en agriculture. Il faut d'abord se demander: qu'est-ce qui pousse tout seul ici sans intervention? Puis il faut s'attarder à reconstituer la biodiversité du lieu.
- Notre espèce a disposé de tout ce qui lui convenait pour se nourrir, se vêtir, se soigner, s'amuser... Elle a largement puisé dans ce "coffre de richesses"... Elle vient de se rendre compte que ces richesses sont en voie d'épuisement... le coffre se vide ! Dans la fantastique spirale de la biodiversité, notre espèce, Homo Sapiens, est la seule à pouvoir prendre conscience de la situation qu'elle a provoquée. En même temps, son propre avenir est lié à celui de la biodiversité puisqu'elle en fait partie et en dépend. Car la biodiversité c'est la vie... Alors tous pour la biodiversité (p. 61)
En nous parlant de l’Univers, la science nous parle de nous-mêmes. Elle cherche à connaitre tous les évènements qui se sont succédé dans le ciel et sur la Terre et qui ont eu pour résultat notre propre existence…Elle nous raconte notre propre histoire.
Pour explorer le champ des possibles, le bricolage est la méthode la plus efficace.
Tournons à rebours du temps le film de l’univers. En parallèle avec la croissance de la température et de la densité, on verra les astres se défaire, se disperser dans l’espace en une nuée ardente, homogène et isotherme. Cette substance incandescente est la source du rayonnement fossile.
Aux théologiens qui refusaient, pour des motifs bibliques, la rotation de la Terre, Galilée répondait : « Contentez-vous de nous dire « comment on va au ciel » et laissez-nous le soin de dire « comment va le ciel ».
Les hérésies jouent un rôle essentiel. Elles tiennent les esprits en état d'alerte.
Je ne puis songer que cette horloge existe et n'ait point d'horloger (Voltaire)
Nous menons une guerre contre la Nature.
Si nous la gagnons, nous sommes perdus.
La terre vue du coeur pour moi, ce n'est pas simplement le regard de celui qui veut comprendre, mais le regard de qui est capable de s'émouvoir. Le regard scientifique ne peut voir la vie que sous forme de molécules, d'atomes, de lois de la nature, etc. Voir avec le coeur, c'est prendre pleinement conscience de l'interdépendance des êtres vivants et partager leur sort avec un respect amoureux
La démarche qui consiste à inventer une nouvelle entité (ici la matière sombre) à partir d'une seule observation (ici, la mesure de la vitesse des étoiles) laisse toujours insatisfait. On peut évoquer la période alexandrine où, pour rendre compte du mouvement des planètes, on palliait chaque difficulté en inventant un nouvel élément d'orbite appelé "épicycle". La panoplie des épicycles a disparu quand Kepler a montré que les orbites planétaires ne sont pas circulaires mais elliptiques. L'introduction dans le domaine de la connaissance de nouveaux éléments doit d'abord être regardée comme provisoire, et demande à être pleinement critiquée et justifiée.