Igor Bergler

Je me suis rarement autant ennuyée qu'à la lecture de ce livre!
Le début était intéressant, la suite terriblement fastidieuse, pesante.

Partout dans le monde, cacher l'argent d'un voleur ou d'un évadé fiscal s'appelle de la complicité. En Suisse, ça porte le nom de "secret bancaire". Mais bien sûr contre un bon pourcentage. Sur de l'argent volé. Ca ne fait pas de vous un voleur?

Je demandais ce que la Suisse avait apporté au monde à part les banques et les horloges? Quel grand artiste, quel grand homme de science? Quel grand homme politique? Quel grand penseur? Rien. De l'ennui médiocre, sans valeur.

Une panne de courant d'une semaine dans le monde ultratechnologique d'une grande ville par exemple ferait aujourd'hui plus de victimes qu'un séisme de magnitude 8 sur l'échelle de Richter.

Le marketing contemporain a découvert que tous les adultes sont des enfants. Pour les empêcher de penser ou - grands dieux - d'agir et éventuellement de s'allier pour une cause qui ébranlerait le statu quo, il faut les occuper. Des jouets. Le goût du jeu est caractéristique de toute créature vivante sur terre. Les animaux jouent, les enfants, en jouant, apprennent à devenir des adultes.

On n'arrive plus à connaître personne vraiment bien. On connaît peut-être leur nom - quand il ne s'agit pas de simples surnoms -, on ne voit de ces personnes que ce qu'elles choisissent de montrer et on ne sait d'elles que ce qu'elles veulent bien dire. En général, des banalités.

Etre en permanence dans une relation à l'autre, éventuellement aux autres, en groupe plus vaste, où règne un bavardage fait de banalités et de pensées préfabriquées supprime toute possibilité de réfléchir, tout accès aux profondeurs de la pensée.

Empêcher l'individu d'être seul, et donc de se retrouver avec ses pensées, représentait le premier pas vers le contrôle total du sujet.

L'hypocrisie de la chose lui semblait très similaire à celle de ces philosophes qui attaquaient les Etats-Unis confortablement installés dans les universités américaines et qui crachaient sur le système leur permettant de vivre comme au paradis. S'ils avaient vécu dans les pays qu'ils admiraient, ils seraient morts de faim ou auraient fini dans un camp de travail.

- Nous sommes des sujets, donc subjectifs. Seuls les objets sont objectifs. Les êtres humains sont tributaires de leur éducation, de leur manière de penser et surtout de l'expérience acquise au fil du temps ou de la manière dont ils l'ont comprise.

Chez lui, même s'il y avait cinq femmes sous le même toit, seul le coq donnait de la voix.

Durant le Moyen Âge et dans toute l’Europe, les corporations avaient initié la plupart des évolutions de la société, en dépit des résistances de la noblesse et de l’Église...

... Elles ont cependant forcé et accéléré l’avènement de la modernité. Au sein de la corporation des artisans et des commerçants a germé la petite bourgeoisie, parmi les banquiers et les notaires a émergé la grande bourgeoisie. De la corporation des maçons s’est élevée la franc-maçonnerie, qui a donné la Révolution Française, qui a fondé l’Amérique, qui a engendré les révolutions de la première moitié du XIXe siècle et qui a formé le monde que nous connaissons aujourd’hui…

L’Institut de recherche et d’expérimentation sur le comportement humain était une institution secrète connue de quelques personnes seulement dans le monde. Il avait été fondé pour étudier le comportement humain dans des situations extrêmes et pour trouver de nouvelles et complexes méthodes destinées à enfermer la population dans une dépendance totale vis-à-vis de l’État.

De la corporation des maçons s’est élevée la franc-maçonnerie, qui a donné la Révolution française, qui a fondé l’Amérique, qui a engendré les révolutions de la première moitié du XIXe siècle et qui a formé le monde que nous connaissons aujourd’hui. Les membres des corporations détenaient un savoir-faire spécifique, à une époque où c’était extrêmement rare. Sans eux, pas de villes, pas de grandes cathédrales, pas d’économie. Surtout, c’étaient des hommes libres, bien informés et actifs. Ces corporations ont été les précurseurs du capitalisme moderne, et leurs membres, ceux de la classe moyenne.

Durant le Moyen Âge et dans toute l’Europe, les corporations avaient initié la plupart des évolutions de la société, en dépit des résistances de la noblesse et de l’Église.

À son retour dans la chambre, il était sorti sur le balcon, avait longuement observé la rue. À l’horizon s’élevait la tour de l’Horloge, la plus haute des neuf qui avaient traversé les siècles depuis le Moyen Âge. Haute de 64 mètres, elle avait été construite vers l’an 1300 pour protéger l’entrée principale de la ville.

On l’appelait la tour de l’Horloge parce que en 1650 environ un immense mécanisme flanqué de statues en bois représentant les dieux latins des jours de la semaine y avait été placé. Mars, Mercurius, Jovis, Veneris, Saturnis et Sol, c’est-à-dire Mars, Mercure, Jupiter, Vénus, Saturne et le jour de Sol, le Soleil. Seul le lundi, au lieu d’être Lunae dies, c’est-à-dire le jour de la Lune, était représenté par Diane, la déesse de la chasse.

Sur le moniteur de l’écran de l’Institut de recherche et d’expérimentation sur le comportement humain, le personnage animé, le diable vert avec quatre griffes crochues au bout de ses quatre membres, cessa de danser et resta bloqué dans un coin de l’écran.

Une lueur passa dans les yeux de Charles, ce que ses interlocuteurs ne manquèrent pas de remarquer.

À l’arrière du cou, le cadavre portait un tatouage large comme quatre doigts de la main. C’était un diable avec deux langues sortant des coins de la bouche, la tête couverte d’une sorte de chapeau de gland d’où sortaient deux cornes rouges, vêtu d’une culotte à pois de la même couleur, avec quatre ongles rouges, longs et crochus, à chaque main et à chaque pied, de petites dents très pointues, des yeux ronds et méchants, le teint vert ; un démon au visage partiellement humain, qui semblait exécuter une danse apocalyptique rappelant la danse de joie de Shiva sur la dépouille d’un monde détruit. Le tatouage était exécuté avec un soin maniaque des détails.

— Vous ne croyez tout de même pas que c’est un vampire qui a fait ça ? Allons, messieurs, soyons sérieux.

Charles Baker ne comprenait pas comment ils pouvaient envisager une telle hypothèse. Certes, les superstitions et les légendes avaient encore prise sur l’imaginaire collectif, les gens ayant besoin de croire au surnaturel : cela entretenait l’espoir d’une vie meilleure ou plus trépidante, d’un miracle. Mais que les autorités puissent en tenir compte, c’était absurde. On revenait plusieurs centaines d’années en arrière !