Isabelle Rozenn-Mari - Amazon Prix Kindle Autoédition 2015 Prix des lecteurs pour son livre « Souviens-toi Rose
: Suspense».
Ou alors... Cette maison avait-elle vraiment une âme? Une âme sombre et maléfique qui attendait sa prochaine proie.
La jeune fille avait une sorte de don. Parfois il lui rendait service, parfois il lui rendait la vie tout simplement impossible. Lorsqu’elle avait un interlocuteur en face d’elle, elle pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert. Oh, rien de surnaturel ! Mais elle comprenait et interprétait le moindre changement d’attitude, le moindre geste. Et elle se trompait rarement. Cela s’appelait de l’empathie d’après ce qu’elle avait pu lire dans un livre. Et c’était réellement épuisant. Pourtant, à présent qu’elle se lançait dans des études d’avocate, elle comprenait combien cela pourrait lui être utile.
Les images de cette nuit fatale assaillaient la mémoire d’Alyssa par vagues tranchantes et glacées. Des images qui la torturaient, mais qui gonflaient également son cœur d’une chaleur rassurante.
Elle revoyait son visage. Son sourire.
Malheureusement, ses traits lui échappaient de plus en plus.
Seules les photos permettaient de consolider ses souvenirs fuyants. L’une d’elles ne quittait pas son sac, et elle était pliée et écornée à force de l’avoir trop sortie et contemplée.
Plus jeune, sa taille et sa plastique lui avaient permis de gagner un peu d’argent en tant que mannequin occasionnelle. Elle se prêtait encore parfois à cet exercice, mais ses études lui laissaient de moins en moins de temps, au grand dam de son agent. Elle n’avait pas souhaité en faire son métier. Elle, elle voulait défendre des causes nobles et défier les injustices. Du moins était-ce ainsi qu’elle voyait son futur métier d’avocate.
Je suis quelqu’un de rationnel. J’écris des livres partant de faits divers ou plausibles même si souvent mes méchants sont un peu plus machiavéliques que la plupart des vrais psychopathes à qui la justice a à faire. Le surnaturel et le fantastique ne m’ont jamais attirée. Je crois même que je n’ai jamais lu de livres de ce genre. Pas envie. Je serais incapable de monter une histoire autour de sujets farfelus et parfaitement improbables. Je ne crois tout simplement pas au paranormal et il faut un minimum de conviction pour écrire des livres sur les thèmes que l’on traite, même si souvent je lance mes lecteurs sur ce genre de pistes. Mais l’issue de mes livres est toujours rationnelle. Alors, le surnaturel, très peu pour moi.
Sauf que…
Il se passe vraiment des choses bizarres dans cette maison.
Je suis assise sur mon lit et je guette le moindre bruit, surtout qu’à présent, la nuit commence à tomber.
Aujourd’hui encore, j’ai ressenti comme une menace dans une des chambres du premier étage, et j’ai vu… j’ai cru voir le visage d’une femme dans le reflet d’un miroir. Sûrement un mirage dû au stress, mais j’étais totalement tétanisée, terrifiée…
Ses dernières pensées cohérentes furent qu’elle faisait probablement là une monumentale erreur, mais à cet instant, plus rien n’avait vraiment d’importance…
Toute sa vie, elle avait vécu sans prendre de risques. Le temps était venu pour elle de se mettre en danger et d’affronter ses peurs.
Le temps était venu pour elle de vivre, et non plus de survivre…
Et d’aimer enfin…
Je n’ai jamais ressenti de telles émotions. J’ai l’impression que cela me ronge comme de l’acide et me détruit de l’intérieur.
Je ne me reconnais plus.
Je ne sais même plus qui je suis…
J’ai peur.
Peur de ces spectres, peur de cette maison, peur de moi…
J’ai même peur des sentiments que je commence à ressentir pour Alex ! J’ai peur d’Alex lui-même, malgré tout le réconfort que je trouve auprès de lui. Et cela non plus, je ne l’explique pas.
J’ai rencontré sa famille, et en dehors de sa sœur Laurette, ils forment une belle brochette de tarés. Sa mère est une mégère sans aucun scrupule derrière ses airs de bourgeoise « très comme il faut » – elle a carrément dit que j’étais une trainée comme toutes les femmes de ma famille ! Quant à son mari, qui n’est autre que l’ex-amant de ma mère, il a un regard vicieux et fourbe. Pour finir, il y a Rodrigue, son frère, il n’a fait aucun mystère sur l’attirance qu’il éprouve pour moi. C’était carrément indécent.
Alex la dévorait à présent du regard et elle ne savait plus très bien où se mettre. Elle se tortilla sur son siège puis s’absorba dans la dégustation d’une palourde dont elle sentit à peine le goût.
Ainsi, il avouait qu’il avait envie d’être avec elle…
Elle tenta de se composer une attitude neutre. Il ne fallait pas qu’elle perde de vue qu’elle ne resterait probablement pas plus d’une semaine. Elle ne pouvait pas se permettre de tomber amoureuse de lui.
Mais était-ce la vraie raison ?
En réalité elle avait peur de lui. Peur de ce qu’il était. De ce qu’il représentait à ses yeux.
Mais quoi au juste ?
Elle ne comprenait pas très bien ce qui lui arrivait. Jamais elle n’avait ressenti ce genre de choses en présence d’un autre homme. Elle en eut le tournis.
« Une maison ne pouvait être menaçante, c'était évident !
Ce n'était pas une entité. »
Elle n’essayait pas à tout prix de lui faire comprendre que le temps se chargerait de tout effacer, que tout irait bien pour elle, bientôt… qu’elle finirait par faire son deuil et rencontrer quelqu’un d’autre.
Qu’elle finirait par l’oublier.