AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de J.A. Flanigham (54)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Meurtres pour zéro

Cette nouvelle des années 1950 est un ovni de la littérature populaire. En raconter l’histoire ne sert à rien, il faut que chacun se fasse sa propre idée de cette histoire. Ce que je peux en dire, c’est que l’auteur, un parfait inconnu ayant écrit sous différents pseudonymes, réussit un tour de force incroyable: raconter en peu de pages une histoire à la vitesse grand V dont certains auteurs actuels auraient réussi à narrer avec moult détails les événements relatés dans un pavé de 500 pages. C’est ce qui m’a plu chez ce mystérieux Flanigham: la concision, qui n’est plus du tout au goût du jour. Son style vif et incisif, sans fioritures, a également trouvé mon assentiment.



Le hic, parce qu’il y en a un bien entendu pour que ma note ne soit pas meilleure, c’est que l’histoire s’emballe si vite qu’elle s’embrouille tout aussi vite et que l’on n’assiste plus qu’à un jeu de massacre. C’est bien regrettable, l’histoire avait pourtant bien commencé.

D’une noirceur difficile à dépasser, l’intrigue se mue en farce, à moins que l’auteur l’ait conçue comme une illustration parfaite du nihilisme, auquel cas j’adhère.

Comme annoncé d’entrée, au lecteur de s’en faire sa propre idée. Une histoire écrite pour tous ceux et celles qui sont prêts à s’évader pour quelques minutes dans un monde fou, fou, fou.
Commenter  J’apprécie          226
Bill Disley, tome 20 : Le fabuleux héritage d..

Mon second J.A. Flanigham, cet auteur mystérieux des années 1950 dont l’identité réelle n’a jamais pu être dévoilée. Cette fois-ci, je me suis lancé dans une enquête de Bill Disley, reporter-détective de son état, qui a été le héros de nombreux récits de Flanigham parus sous forme fasciculaire.

Et bien m’en a pris, car cette seconde lecture d’un titre de Flanigham m’a nettement plus enthousiasmé que la première. On y retrouve la patte de l’auteur, qui sait très bien raconter une histoire policière de manière concise et avec une plume virtuose, mais ce récit m’a particulièrement plu en raison de son approche logique, linéaire (l’histoire se déroule en moins de 24 heures), le lecteur suivant pas à pas les réflexions du détective, d’abord dans le brouillard le plus complet, avant de voir la vérité dans toute sa clarté.

Cette courte enquête est rondement menée et m’a permis de m’évader pour un moment dans le monde de Bill Disley, que j’ai hâte de retrouver dans une prochaine aventure.
Commenter  J’apprécie          211
À corps perdus

Je vous parle souvent d’auteurs que vous ne connaissez pas.



Parfois juste parce qu’ils ont beaucoup écrit pour la littérature populaire fasciculaire que j’affectionne tout particulièrement.



D’autres fois, parce qu’ils ont beaucoup écrit et, qu’en plus, j’adore leurs récits, leurs plumes et leurs personnages.



C’est indéniablement le cas de l’écrivain du jour : J.-A. Flanigham…



Si vous ne le connaissez pas, je vous rassure, moi non plus. Du moins, je ne connais pas l’homme (ou la femme, mais j’en doute) qui se cache derrière ce pseudonyme. D’ailleurs, personne ne semble connaître la véritable identité de l’auteur…



Mais peu importe, la seule chose qui m’intéresse, chez un écrivain, ce sont ses récits et, de ce côté-là, Flanigham ne m’a jamais déçu.



Que ce soit à travers ses différentes séries (« Les aventures de Bill Disley » ; « Dick et Betty, aventuriers modernes » ; « L’agence Garnier ») ou par la lecture des autres récits de l’auteur, je n’ai jamais été déçu.



En effet, même quand l’intrigue était plus faible ou moins intéressante, que les personnages étaient moins attachants ou moins originaux, il y a toujours quelque chose qui me charme dans les textes de J.-A. Flanigham : sa plume.



Et quand je dis « sa plume », je devrais plutôt évoquer sa parfaite maîtrise des incises de dialogues, ces petits passages que l’on peut comparer à des indications scéniques dans une pièce de théâtre et qui permettent, en quelques mots, d’en savoir plus sur l’état d’esprit des personnages et qui rendent l’ensemble du texte beaucoup plus vivant.



Et cette maîtrise, cet art, J.-A. Flanigham le possédait pleinement.



On peut s’en rendre une nouvelle fois compte avec « À corps perdus » un récit noir de 27 500 mots paru initialement sous la forme d’un fascicule de 96 pages dans la collection « Le Verrou » des éditions Ferenczi en 1957.



Mireille est la petite fille riche et inconséquente d’un magnat de la Presse. Quand son père la somme de prendre des responsabilités et de travailler, elle accepte de prendre en main le magazine paternel « Cœurs modernes ». Mais, en fait, elle fait faire tout le travail par Lucile, une fille de famille pauvre qu’elle connaît depuis toute petite.



Un matin, Lucile demande par téléphone à Mireille de venir chez elle, mais, quand cette dernière arrive au domicile, c’est pour retrouver la jeune femme morte, dans sa baignoire, le visage horriblement mutilé, de la même manière que dans ses rêves étranges. Soudain, elle entend sa voix déformée raconter comment, souvent, elle fait ce songe où elle écrase le visage de Lucile à coup de pierre et elle s’évanouit…



Voilà un récit qui est symptomatique du talent de son auteur.



Effectivement, l’intrigue, dans les mains d’un autre écrivain, m’aurait probablement lassé tant elle est à cent lieues de celles que j’affectionne. Faux semblants, relations toxiques, mensonges et trahisons aussi bien entre les deux femmes qu’entre les différents protagonistes à venir, je me serais fatalement ennuyé si ce n’était conté par la plume de Flanigham et si sa maîtrise des incises ne faisait pas toute la différence.



Alors, oui, à chaque fois que je chronique un texte de l’auteur, je mets en avant son art des incises, mais il ne faut pas croire que ce soit là son unique talent. L’écrivain manie parfaitement la langue, les mots, est un excellent conteur et propose parfois (souvent), des intrigues intéressantes. Mais, même quand il faiblit dans l’une de ces qualités, sa maîtrise des incises fait toute la différence à tel point que j’en suis effroyablement jaloux.



Cependant, même si le sujet de fond m’intéresse moins, il faut bien reconnaître qu’en moins de 30 000 mots Flanigham place son ambiance, ses personnages et propose à la fois du mystère et de multiples rebondissements.



Et, comme à chaque fois dans les romans noirs de l’auteur, le noir imprègne tous ses personnages ou presque et, au final, il n’y en a pas un pour racheter l’autre.



Certains pourraient trouver choquant le « s » de « perdus » du titre, avançant que l’expression ne prend pas ce « s ».



Certes, mais le titre prend plusieurs sens et, surtout, correspond plus à « corps perdus », aussi bien physiquement, dans les morts, que moralement, dans l’investissement de certains dans leurs affaires.



Au final, encore un récit noir qui ne démentira pas tout le talent de J.-A. Flanigham qui parvient à subjuguer le lecteur grâce à sa plume, son art de l’incise, même quand on ne l’est pas par l’intrigue.
Commenter  J’apprécie          90
Les aventures de Bill Disley, tome 2 : Baga..

Je poursuis ma découverte de « Les aventures de Bill Disley » de J. – A. Flanigham, une série de 12 livres de 130 pages publiés entre 1952 et 1953 chez les éditions de Lutèce…



Pour rappel, Bill Disley est un journaliste londonien travaillant pour le Star Express et qui passe son temps à vivre de dangereuses aventures en compagnie de son ami-majordome-garde du corps, Jeff, un ancien boxeur propickpocket.



Ces personnages, ainsi que leur ami l’inspecteur Martin de Scotland Yard, sont déjà apparus dans 27 fascicules (sans compter les rééditions ou reprises en changeant de titre) dans la collection « Murmure d’amour » des éditions du Moulin Vert puis dans la collection « Police-Roman » des éditions de Lutèce, dans la seconde moitié des années 1940…



Quant à J.-A. Flanigham, derrière ce pseudonyme se cache un auteur français dont l’identité nous est inconnue, mais qui était doté d’une belle plume et qui eu une imposante production entre 1945 et 1959.



Il a d’ailleurs écrit plusieurs séries (dont trois destinées à Bill Disley, mais également deux courtes regroupant les aventures de Dick et Betty Reutel et, également, des membres de l’agence de détectives Garnier) et de nombreux récits noirs d’excellentes factures.



« Bagarres autour de l’atome » est initialement paru en 1952 et est le second opus de la série.



Bill Disley reçoit la visite de Jane, une espionne avec laquelle il travailla pendant la guerre et qui vient lui confier sa jeune sœur le temps de remplir une mission dangereuse… tellement dangereuse qu’elle va y laisser sa vie. Bill et la sœur de Jane vont tout faire pour venger Jane, mais les risques seront nombreux, car l’ennemi n’est autre qu’un ancien membre de la Gestapo, le terrible Krals, maître du déguisement…



On retrouve Bill Disley, cette fois mêlé à une affaire d’espionnage autour d’une usine où est tripatouillé l’atome.



Bien que le sujet abordé soit donc celui de l’espionnage, le genre du récit, lui, ne diffère guère des autres aventures de Bill Disley.



Si le genre est le même que d’ordinaire (je compte dans l’ordinaire les 27 fascicules de 32 pages que j’ai déjà lus) par contre, le plaisir semble faiblir dans le passage à un format plus long (plus de 30 000 mots à la place des moins de 10 000), du moins dans les deux premiers épisodes de cette nouvelle série.



Dans celui-ci, en plus, j’ai été perturbé par le passage entre Madeline et Krals, passage que j’ai déjà lu dans un autre titre sans réussir à l’identifier, ce qui a tendance à m’agacer. Ce passage se trouve-t-il également dans un des courts Bill Disley, un autre titre de l’auteur ou bien même un titre signé par un autre que J.-A. Flanigham ? Pour l’instant, je ne saurais dire, ce qui m’irrite, donc, et, du coup, a nui un peu à ma lecture.



Ce n’est pourtant pas le format de 30 000 mots qui perturbe l’auteur, puisqu’il a écrit également des récits noirs de cette taille, mais peut-être Flanigham a-t-il peiné à trouver le bon dosage pour que ses personnages s’épanouissent sur un plus long format.



D’ordinaire, deux éléments forts faisaient la qualité des petits épisodes : l’art de l’incise (dont j’ai très souvent parlé) et les dialogues entre Bill et Jeff.



Là, les dialogues sont forcément plus espacés, et les incises me semblent moins pertinentes (mais ce peut être uniquement un ressenti du fait de mon agacement).



Malgré tout, l’ensemble demeure plaisant à lire même si, pour tenir la distance, l’auteur est obligé de compter sur des rebondissements inhérents à des réactions bébêtes des personnages (bon ou mauvais) qui, ayant leurs adversaires à leur merci, tergiversent pour laisser leur laisser la possibilité de s’en tirer.



Au final, les aventures de Bill Disley peinent, dans les premiers épisodes, à séduire autant sur un format long qu’elles ne le faisaient sur un format court. Dommage. À voir pour les suivants.
Commenter  J’apprécie          80
Bill Disley, tome 17 : Un corps dans la Tam..

Bill Disley, si vous ne le connaissez pas encore, est le héros d’une série de fascicules policiers de 16 à 128 pages, parus à partir de 1945, tout d’abord mélangés dans des collections plus généralistes (« Murmure d’amour » des Éditions du Moulin Vert puis réédités à partir de 1949 au sein de la collection « Police-Roman » des Éditions Lutèce, en ce qui concerne les fascicules 16 et 32 pages) avant que les mêmes Éditions Lutèce n’offre, au début des années 1950 une collection éponymes aux aventures de Bill Disley sous la forme de nouveaux récits formatés en fascicules de 128 pages puis que les récits plus courts soient à nouveau réédités avec de nouvelles illustrations de couvertures.



En clair, excepté la collection « Les aventures de Bill Disley » qui, pour certaines, sont des réécritures allongées des premiers épisodes, la plupart des autres récits vécurent trois éditions différentes.



Autant vous dire que la série originale « Bill Disley » est un véritable capharnaüm.



Si j’ajoute que l’auteur, J.A. Flanigham, est un écrivain mystérieux. Que sous ce pseudonyme se cache un auteur bien français et bien talentueux (certains disent même « un collectif d’auteur ») dont on ne connaît qu’un autre pseudonyme (Raymond Gauthier) et que ce fameux J.A. Flanigham, en plus des aventures de Bill Disley et quelques romans écrits pour les collections policières des éditions Ferenczi, développa deux autres courtes séries, l’une assez bordélique à lister (« Dick et Betty, aventuriers modernes) et l’autre regroupée au sein d’un magazine qui ne dura que 6 numéros : « Les dessous de l’Agence Garnier)... j’aurai à peu près tout dit de ce que je sais sur l’auteur et sa production.



Pour être totalement exhaustif, “Un corps dans la Tamise” est la 17e aventure éditée de Bill Disley, dont la première parution date de 1946 (collection “Murmure d’amour”), la seconde, en 1950 (collection “Police-Roman”) et la 3e, sous le titre de “Drame in England” en 1957 (toujours dans la collection “Police-Roman”).



Bill Disley s’ennuie. Il veut de l’aventure. Pour cela, il décide d’amener son amie Dora et son pote Jeff dans une taverne mal famée dans l’espoir d’y trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Ce quelque chose se matérialise sous la forme d’un sosie d’une chanteuse de jazz à succès de la capitale.



Chose étrange, le lendemain matin, Bill Disley est appelé par la vedette originale afin de l’aider à découvrir qui lui envoie des lettres de menaces chaque jour, lui lançant un décompte fatal de jour en jour.



Bill Disley met la chanteuse sous la protection de Jeff, mais rien ne se passe, une fois arrivé au terme du décompte.



Quelques jours plus tard, voyant une affiche annonçant le retour sur scène de la chanteuse, Bill Disley, titillé par son 6e sens, décide de se rendre dans le cabaret en question. Mais au moment où la chanteuse aurait dû monter sur scène : personne. Elle semble avoir disparu.



Quand le lendemain, le corps de la chanteuse est repêché dans la Tamise avec une balle dans le corps, Bill Disley est bien décidé à comprendre ce qu’il s’est passé.



Ceux qui lisent mes chroniques régulièrement ne peuvent ignorer que j’adore les récits de J.A. Flanigham, que j’aime son style, notamment son art de l’incise et sa maîtrise du format court et que j’aime tout particulièrement la série des “Bill Disley”, pour ce style, mais également pour les personnages et l’humour toujours présent (notamment dans les dialogues entre Bill et Jeff).



Certes, commençant la série par les formats courts, je sais que je n’y trouverais pas une intrigue digne de ce nom. Que l’ambiance ne pourra être très développée et que les personnages doivent forcément être un brin caricaturaux pour éviter d’avoir à trop les décrire.



Ainsi, Bill Disley est l’image typique du détective des romans “Hard Boiled” à l’américaine (même s’il est un journaliste anglais), personnage beau, jeune, charmeur, intrépide, dur à cuir (d’où le terme “Hard Boiled”) qui aime 4 choses dans la vie : l’alcool, les femmes, les cigarettes et l’aventure (pas forcément dans cet ordre-là).



Jeff, lui, colle à l’image du gros bras un peu bas du front, mais fidèle jusqu’à la mort, courageux et très costaud (c’est un ancien boxeur, ancien pickpocket et toujours un peu malfrat et beaucoup alcoolique).



Les femmes qui papillonnent autour du héros correspondent, elles aussi, aux stéréotypes de la femme dans l’univers du roman noir à l’américaine (que l’on retrouvera également dans les polars français des années 50 - 60) : soit la vamp vénéneuse, soit la femme aimante douce et soumise (potiche, quoi).



Quant aux intrigues, elles sont plutôt prétextes à faire intervenir les personnages, mais sont tout de même très ancrées dans leur époque et donc, pour beaucoup, teintées d’espionnage (ce qui est une nouvelle fois le cas ici).



J.A. Flanigham, quel qu’il soit, avait donc un réel talent d’écriture, une maîtrise des incises et des dialogues qui lui conférait l’art de tenir parfaitement son récit dans des formats courts.



Sans en faire trop, il savait en faire assez pour proposer un style (pas apprécié par tout le monde, apparemment) ce qui lui permettait de se différencier du tout-venant.



Avec ses personnages sympathiques, bien que caricaturaux, l’auteur avait trouvé, également, le bon ingrédient pour produire des récits agréables à lire.



Il ne lui manquait plus, alors, qu’à trouver des intrigues suffisamment intéressantes pour faire carton plein.



Si c’est souvent le cas, même si ces intrigues s’appuient parfois sur des grosses ficelles (là aussi, concision oblige), il faut reconnaître que dans le cas présent, J.A. Flanigham a emmêlé un peu trop de ces grosses ficelles pour totalement convaincre.



Même si j’excuse souvent les auteurs de fascicules de se laisser aller à des simplicités, des raccourcis ou des rebondissements un peu trop usités, il me faut bien, parfois, leur faire la leçon, d’autant que J.A. Flanigham doit totalement s’en moquer pour raison de décès (ou alors, il serait trop gâteux pour comprendre mes griefs).



Je suis donc obligé de divulguer un peu du récit afin de me faire comprendre. Aussi, ceux et celles qui seraient tentés de lire cet ouvrage sont priés de sauter le passage qui suit :



*** Je reproche souvent plusieurs rebondissements aux auteurs de romans policiers : le coup du frère jumeau ou du sosie, soit du côté de la victime, soit du coupable et parfois des deux ; le coup du, c’est le coupable qui embauche le détective pour trouver le coupable pensant que celui-ci se laissera berner alors qu’il choisit le meilleur détective qui soit ; le coup de la chance immense qui fait que le détective tombe avant ou après sur l’élément qui va lui permettre de tout comprendre.



Ici, J.A. Flanigham nous fait un triplé gagnant en réussissant même le coup double sur le coupable qui embauche le détective.



Effectivement, que Bill Disley découvre un sosie de la chanteuse, la veille où ladite chanteuse va lui demander de trouver qui lui envoie des lettres de menaces, voilà qui est un sacré coup de bol (il pourrait jouer à la roulette russe avec un automatique qu’il serait encore capable de gagner).



Que ce soit cette même chanteuse qui s’envoie des lettres de menaces, voilà qui est prendre Bill Disley pour un con en pensant qu’il ne s’en rendra pas compte (et Bill Disley est tout sauf un con).



Quand l’impresario de la chanteuse va embaucher Bill Disley pour retrouver l’assassin de cette chanteuse, alors que c’est lui, l’assassin, cela commence à faire un peu beaucoup.



Et, enfin, quand on découvre (mais le lecteur l’avait déjà compris) que la mort n’était pas la chanteuse, mais son sosie, on a terminé le tour des grosses ficelles indigestes. ***



Mis à part ces quelques éléments que vous avez peut-être sautés, on retrouve Bill Disley fidèle à ses habitudes, la plume usuelle de l’auteur, mais on peut tout de même reprocher la quasi-absence de Jeff, le personnage qui apporte le plus de moments d’humour dans la série.



Reste donc à lire un récit agréable (si on passe à côté des ficelles) à défaut d’être original.



Au final, pas le meilleur épisode de la série, notamment à cause des facilités bien trop grosses de l’intrigue.
Commenter  J’apprécie          72
Bill Disley, tome 16 : Meurtre à Carmen Street

Décidément, je ne cesserai de m’émerveiller des sensations diverses que peuvent me procurer les récits de la littérature policière.



Car, il faut bien l’avouer, il n’y a pas que les intrigues qui recèlent des mystères, les auteurs, mais également le comportement des lecteurs sont empreints de curiosités et de ténèbres.



Le meilleur exemple, en ce qui me concerne, pour démontrer mon assertion, est la série des « Bill Disley » une (deux, en fait... même plus, avec les rééditions) de fascicules de 16 ou 32 ou 48 ou 128 pages, qui content les aventures d’un détective reporter, le fameux Bill Disley, aventures contées par la plume de J.A. Flanigham.



Le premier mystère de ces textes réside dans l’identité de l’auteur.



Effectivement, nul doute que J.A. Flanigham n’est qu’un nom d’emprunt utilisé pour faire plus « anglo-saxon », coutume à l’époque pour charmer le lecteur avide de récits provenant de chez l’Oncle Sam ou de la perfide Albion.



Qui se cache derrière ce pseudonyme ? Nul ne le sait pour l’heure. Tout juste a-t-on identifié un autre pseudonyme du même auteur : Raymond Gauthier.



Certains pensent qu’il s’agit en fait d’un pseudonyme d’un collectif d’auteur (je ne le crois pas) et que d’autres pseudonymes sont à lui accorder (ce dont je ne suis pas certain également).



La seconde énigme provient dès que l’on cherche à établir une liste exhaustive des aventures de Bill Disley.



Pour cela, pas d’autre moyen que de lire tous les titres écrits de la plume de l’auteur (portant, ou non, mention en couverture du héros) afin de ne pas être trompé par les multiples rééditions chez divers éditeurs ou même les coquilles des éditeurs qui, parfois, annonçait en couverture une série alors qu’il s’agissait d’une autre (notamment entre « Bill Disley » et « Dick et Betty » du même auteur).



La troisième étrangeté, et celle-ci est plus récente, c’est le ressenti des lecteurs face à ces courts récits de Flanigham.



Je dis « récente », car je ne connais pas l’avis des lecteurs de l’époque (entre 1945 et 1957).



Par contre, je suis bien placé pour voir que les lecteurs d’aujourd’hui boudent les rééditions numériques récentes.



Mieux, on peut constater, à travers certains commentaires sur les librairies virtuelles, qu’une partie des lecteurs ayant tentés l’expérience n’ont pas vu dans ces textes, le même potentiel que j’y ai découvert, n’ont pas été touchés par les qualités que j’y ai trouvé.



Ainsi, face à mon grand enthousiasme, certains lecteurs ne ressentent qu’ennui ou lassitude.



Mais revenons-en au titre du jour.



« Meurtre à Carmen Street » est paru pour la première fois sous le titre « Quatuor macabre » sous la forme d’un fascicule de 16 pages en 1946 dans la collection « Murmure d’amour » des éditions du Moulin Vert, avant d’être réédité en 1949 sous le même titre en 1949 dans la collection « Police-Roman » puis, enfin en 1955 sous le titre « Meurtre à Carmen Street » dans la collection « Police-Roman ».



Bill Disley, journaliste au « Star Express », se lance souvent dans des enquêtes et est secondé par un ancien boxeur pickpocket, le gaillard Jeff et de son ami Martin, inspecteur à Scotland-Yard.



Bill Disley attend sa copine Dora dans un troquet de Carmen Street, quand un homme ayant quitté le bar s’écroule dans la rue, une balle en plein cœur.



Bill Disley s’intéresse à cet étrange crime, d’autant que l’apparence moribonde de la victime ne prête pas à un tel meurtre.



L’enquête menée par l’inspecteur Martin démontre que le défunt a passé une partie de sa vie en Australie et a passé un coup de téléphone du bistrot avant de mourir.



Or, trois coups de fil ont été passés de l’établissement à la même heure, dont un à un magnat du minerai ayant fait fortune en Australie.



Quel plaisir de retrouver Bill Disley après un si long moment d’abstinence !



Dans ce court roman de 10 000 mots, J.A. Flanigham nous propose une intrigue liée à l’immigration australienne, sujet à la mode du fait des multiples vagues d’immigration dans le pays voulues par les dirigeants à la suite de la Seconde Guerre mondiale.



Comme à chaque époque, chaque vague migratoire, la littérature populaire s’en nourrit pour abreuver la soif d’exotisme du lecteur (Indes puis Afrique, Australie...)



Autant le dire immédiatement, cet épisode souffre, par rapport aux meilleurs de la série, de quelques défauts : quasi absence de Jeff, réparties moins cinglantes ou moins drôles, intrigue simple (mais c’est là le lot de tous les récits de cette taille) dont on devine le principal ressort et incises plus faibles (alors que c’est vraiment le grand point fort de la plume de J.A. Flanigham).



Cependant, l’ensemble se lit rapidement et plaisamment, ce qui n’est déjà pas donné à tous les textes de la littérature fasciculaire.



On notera un Bill Disley moins charmeur, probablement du fait qu’il est avec Dora, mais tout aussi attiré par la cigarette et l’alcool, ce qui est le lot de tout bon détective, même reporter, de son époque.



Au final, pas le meilleur épisode de la série, mais le plaisir de retrouver Bill Disley est cependant intact.
Commenter  J’apprécie          70
Les aventures de Bill Disley, tome 1 : L'av..

Bill Disley est un des personnages récurrents de l’énigmatique auteur de la littérature populaire J.-A. Flanigham.



De J.-A. Flanigham, je ne vous en dirai pas plus que pour mes précédentes chroniques sur un de ses titres (et elles sont déjà nombreuses) si ce n’est que sa période d’activité se situe en 1945 et 1959 et qu’entre ces deux dates, il a beaucoup, beaucoup écrit.



S’il a développé plusieurs personnages récurrents comme les aventuriers modernes Dick et Betty Reutel ou les membres de l’agence de détectives Garnier, c’est Bill Disley, un reporter anglais, qui monopolisa principalement sa plume (en dehors des récits indépendants) au point qu’il mit en scène le personnage en trois phases.



La première est celle que j’ai déjà beaucoup évoquée (j’en ai chroniqué chaque titre). Elle s’étale principalement sur les années 1946-1947 (jusqu’à 1950 avec les rééditions) et est publiée dans la collection « Murmure d’amour » des éditions du Moulin Vert puis « Police-Roman » des éditions Lutèce. Elle comprend 27 fascicules de 32 pages (10 000 mots environ).



La deuxième, celle qui nous intéresse aujourd’hui, regroupe dans une collection dédiée titrée « Les aventures de Bill Disley ». Elle démarre en 1952, se termine en 1953 et propose 12 fascicules de 68 pages d’environ 32 000 mots (dont certains sont des récits précédents rallongés).



La troisième, titrée « Nouvelles aventures de Bill Disley » débute en 1955, se termine en 1956 et propose 13 titres dont la plupart résultent d’une réécriture de récits de la première salve.



« L’aventure se joue la nuit » est le premier titre de la seconde salve et est donc paru en 1952 sous la forme d’un fascicule de 68 pages.



Bill Disley est appelé par son ami Martin de Scotland Yard pour venir le rejoindre à la taverne des « Trois corbeaux » où un homme est mort empoisonné par une injection.



Le défunt, au moment de succomber, discutait avec un dénommé Ned Brenton, un escroc sortant tout juste de prison. Celui-ci affirme qu’un curieux marin s’est interposé entre lui et la victime jusqu’avant que celle-ci ne s’écroule.



Plus tard, la taverne explose tandis que l’étrange marin est retrouvé mort…



Bon, j’étais curieux de savoir ce que pouvait donner un épisode de Bill Disley à travers une histoire un peu plus développée.



Bill Disley et son acolyte Jeff sont des personnages auxquels je me suis attaché sur de petits récits. Des histoires de 10 000 mots.



Qu’en serait-il sur plus de 30 000 mots ?



Je ne pourrai pas réellement répondre après cette lecture puisque, malheureusement, pour des raisons indépendantes de ma volonté, ma lecture a été par trop hachée, morcellée pour que je puisse savourer pleinement le texte (du moins à sa juste valeur).



Du coup, mon ressenti s’appuie principalement sur ce que je connais de l’auteur et des personnages.



La plume de J.-A. Flanigham excelle principalement, comme toujours, dans les incises de dialogues, les indications scéniques qui permettent de mieux cerner l’état d’esprit des personnages et qui rythment à la fois l’histoire et les dialogues.



Elle excelle également dans les dialogues, surtout dans les joutes verbales pleines d’humour entre Bill, Jeff et Martin.



Pour l’intrigue, du fait de ma lecture anarchique, difficile de l’appréhender pleinement même si on retrouve les éléments usuels d’une histoire de J.-A. Flanigham, c’est-à-dire une belle femme vénéneuse ou vénale ou les deux qui, soit volontairement soit involontairement est responsable de la déchéance de l’homme…



Ici, on retrouve également des notions d’espionnage, d’inventions, que l’auteur aime manipuler dans ses intrigues.



Pour le reste, j’évoquerais le plaisir de retrouver les personnages, surtout Jeff…



Au final, quel plaisir de retrouver les personnages de Bill Disley et son acolyte Jeff sur un format plus long que d’ordinaire...
Commenter  J’apprécie          60
Plus rien à perdre

J.-A. Flanigham est un auteur qui me tient tout particulièrement à cœur, car j’ai apprécié tous les titres que j’ai lus et j’en ai lu déjà un certain nombre.



Pourtant, je ne sais rien de J.-A. Flanigham, rien, car il s’agit là d’un pseudonyme de la littérature populaire fasciculaire des années 1950 et que personne, aujourd’hui, ne sait quel était l’écrivain qui se cachait derrière ce paravent.



Certains avancent qu’il s’agissait d’un pseudonyme commun à plusieurs auteurs, mais j’ai bien du mal à croire à cette hypothèse tant la qualité de la plume est hétérogène d’un titre à l’autre.



Bref.



J.-A. Flanigham fut en activité entre 1945 et 1959.



Entre ces deux dates, il signa presque une centaine de titres dont une bonne partie fut destinée à faire vivre le personnage de Bill Disley, un journaliste détective anglais.



Mais si l’auteur se consacra à ces récits légers et drôles ou à d’autres un peu plus sentimentaux avec les rares aventures de Dick et Betty Reutel, un couple d’aventuriers détectives, il excella également dans le pur roman noir à l’américaine comme il le démontra dans des récits courts ou dans quelques romans.



« Plus rien à perdre » est le titre d’un fascicule de 128 pages paru en 1958 dans la collection « Le Verrou » des éditions Ferenczi.



Une bande de voleurs de bijoux sévit dans les alentours de New York.



Quand elle dérobe la collection Garfield, sous la garde de la Mondial Company Assurance, dirigée par Léon Briot, Ronald Brent, son ami, détective et aventurier, décide de se lancer sur la trace des bijoux.



Pour ce faire, il se rapproche de la belle Reine Marlox, ancienne maîtresse d’un dangereux gangster et qui s’est rangée en épousant un milliardaire sexagénaire dont elle est devenue la veuve…



Mais, bientôt, les cadavres vont s’accumuler sur sa route sans qu’il parvienne à comprendre ce qu’il se passe…



Dans un roman noir à l’américaine, plus encore dans un récit de J.-A. Flanigham, la femme a une place prépondérante. Pas forcément enviable, mais indéniablement importante.



Car la femme est toujours celle par qui le malheur arrive, que cela soit de sa volonté ou non. Car, si l’enfer est pavé de bonnes intentions, il l’est encore plus de mauvaises et, en la matière, la femme est passée maître… dans les récits noirs de Flanigham.



D’ailleurs, une réflexion d’un des personnages résume assez bien l’image de la femme dans l’univers de Flanigham : « À votre âge… Vous fier aux femmes ».



Hé oui. Il ne faut jamais se fier aux femmes dans une histoire menée de la plume de Flanigham.



Et c’est une nouvelle fois le cas ici puisque le malheur vient des deux principaux personnages féminins.



Mais l’homme n’est guère mieux traité chez Flanigham (excepté le héros, et encore) puisqu’il est soit un malfrat, soit un alcoolique, soit un malfrat alcoolique.



L’alcool et la cigarette sont d’ailleurs omniprésents dans ces récits noirs (comme dans ceux de ses confrères, d’ailleurs).



Autant dire que Flanigham ne cherche pas à innover en la matière et se contente de livrer un récit marchant dans les pas de ceux de ses collègues du genre.



Et il y parvient généralement avec excellence, car, s’il ne cherche pas à se démarquer par le genre, par l’histoire ni par les personnages, il le fait, involontairement, probablement (c’est ce que l’on appelle le talent) par le style.



Un style qui brille par la maîtrise du genre, certes, de la narration, également, mais avant tout et surtout par l’art des incises, ces petites indications scéniques qui émaillent les dialogues (mais pas que) et qui indiquent bien des choses sur les personnages (état d’âme, intentions…) en seulement quelques mots. Un gain place appréciable dans le format fasciculaire, notamment celui très concis du 32 pages, mais également dans celui plus ample du 128 pages.



Car, ici, Flanigham a près de 40 000 mots à disposition (38 000) ce qui correspond à une taille classique des romans policiers de l’époque.



Si l’intrigue est un peu moins tortueuse et sombre (quoique) que celles ordinaires des récits noirs de l’auteur, elle n’en demeure pas moins sanglante et nous livre un panel de personnages à l’âme pas très reluisante…



On pourra regretter que le héros de l’histoire, Ronald Brent, ne soit pas plus étoffé, plus approfondi, ce qui aurait, à mon sens, donné de l’épaisseur à l’ensemble, mais c’est sûrement la volonté de l’auteur de laisser son détective marcher sur les traces des clichés en la matière.



Malgré tout, ce roman se lit agréablement (pour peu que l’on apprécie le roman noir) même si le début du texte manque un peu des fameuses incises dont je parlais, rendant celui-ci un peu plus plat.



Heureusement, avec l’action, ces indications de gestes et d’humeur reviennent et rendent alors le récit plus consistant et, du coup, plus prenant.



Au final, un bon roman noir de la part d’un auteur qui mériterait d’être plus lu de nos jours. Mais qui peut bien se cacher derrière la plume de J.-A. Flanigham ?....
Commenter  J’apprécie          60
Les jeux sont faits

J.-A. Flanigham est un auteur que j’adore tout particulièrement sans savoir pour autant qui il est.



Effectivement, le pseudonyme de J.-A. Flanigham apparaît en 1945 dans les collections policières des éditions du Moulin Vert, notamment à travers les récits sur les aventures du journaliste Bill Disley.



Après plus d’une vingtaine de fascicules de 32 pages (ou 16 pages, double colonne, selon), ce personnage se verra consacrer deux collections de fascicules plus consistants « Les aventures de Bill Disley » et « Les nouvelles aventures de Bill Disley ».



Mais, jusqu’en 1959, J.-A. Flanigham signa d’autres récits, quasi tous policiers, certains autour d’autres personnages récurrents comme le couple de détectives Dick et Betty Reutel, ou des membres de l’agence de détectives Garnier, et d’autres, indépendants, publiés dans la « Série Noire et Rose » des éditions Lutèce ou encore dans les collections « Le Verrou » ou « Police et Mystère 2e série » des éditions Ferenczi…



En tout, 90 titres dont certaines rééditions.



Si l’auteur maniait la légèreté, l’amour, l’humour, dans les récits autour de Bill Disley ou ceux mettant en scène Dick et Betty Reutel, le reste de sa production est dirigée vers le roman noir à l’américaine.



Dans tous les cas, on reconnaît la patte de l’auteur (quel qu’il soit) par sa maîtrise et l’utilisation poussées des incises dans ou autour des dialogues, des indications scéniques permettant, en quelques mots, de rythmés les récits, mais, surtout, d’étoffer les personnages, de leur donner une âme, de permettre aux lecteurs de suivre les pensées de chacun.



« Les jeux sont faits » est un fascicule de 128 pages publié en 1958 dans la collection « Le Verrou » des éditions Ferenczi.



C’est bien la première fois que Marc Rogerel amène une femme à Little House, la pension tenue par la vieille Martha dans laquelle il vit depuis des années.



Pour l’occasion, Martha appelle tous les amis de Marc pour organiser une fête.



Pourtant, Clotilde, la femme en question, est persuadée que Martha ne voit pas d’un bon œil sa présence et que Marc n’avait aucune envie de voir ses amis. Pis, il semblait craindre quelque chose.



Et, quelques heures plus tard, alors que tout le monde est à moitié ivre, Marc est assassiné dans sa chambre d’un coup de poignard…



Clotilde appelle alors son ami Fred Mathieu, un journaliste, pour venir la chercher tandis que le commissaire Durteil et ses hommes débutent leur enquête.



Pour innocenter Clotilde, qui, après tout, figure au nombre des personnes des potentiels suspects, Fred Mathieu va mener ses propres investigations et découvrir la face cachée et sombre de la victime ainsi que les liens ténébreux qu’il a tissés autour de lui…



Le lecteur se retrouve donc dans le monde obscur de J.-A. Flanigham, un auteur mystérieux, mais assurément empreint de l’univers du roman noir à l’américaine.



Je fais souvent le parallèle entre Flanigham et Vernon Sullivan, le pseudonyme de Boris Vian pour écrire des romans noirs à l’américaine, notamment et surtout à cause des dates d’activités.



Vernon Sullivan est inventé en 1946 et meurt avec Boris Vian en 1959.



La période d’activité de J.-A. Flanigham se situe entre 1945 et 1959.



Tous les deux ont œuvré, mais pas que, dans une sorte de parodie du roman noir à l’américaine.



Mais, là où le sens de la parodie de Vian le pousse dans certains extrêmes (violence, sang, sexe, outrance, rocambolesque), Flanigham, lui, se concentrait sur l’âme noire des êtres humains… et plus particulièrement des femmes.



Il faut dire que la femme a une place prépondérante dans le roman noir à l’américaine même si celle-ci n’est pas toujours (rarement) enviable.



Celle-ci est soit la traînée, soit la vipère, celle par qui tous les malheurs arrivent (un peu comme dans la Bible).



Au mieux, elle devient l’ingénue, réconfort du héros et qui, par sa naïveté, peut également être source de problèmes.



Ici, Flanigham propose tout le panel de la femme du roman noir à travers différents portraits.



Clotilde, celle par qui le malheur arrive, car Marc Rogerel veut changer par amour pour elle.



La vieille Martha, une vieille belle, Maud Dartois, Magda, Annie, dont je ne dévoilerai pas les travers pour ne pas déflorer l’intrigue.



Toutes, qu’elles aient bons ou mauvais cœurs, sont source de malheurs pour les hommes…



Une nouvelle fois, Flanigham nous livre donc une sorte d’étude de mœurs à travers les méandres d’une intrigue dont les tenants et les aboutissants sont liés aux deux choses qui dirigent le monde : le cul et le pognon (l’amour et le pouvoir pour être moins cru).



Et les méandres de l’intrigue sont nombreux et tortueux autant que les secrets.



On retrouve l’art de la narration de Flanigham, sa maîtrise parfaite des incises qui permettent de mieux cerner ses personnages et apportent à chacun de ses textes une épaisseur, une densité, qui permet aux lecteurs de sentir l’ambiance étouffante du récit.



Mais on retrouve aussi, comme personnage central, comme enquêteur principal, un journaliste, corporation appréciée par l’auteur puisque celle de son héros récurrent fétiche : Bill Disley.



Certes, moins d’humour dans « Les jeux sont faits » que dans les aventures de Bill Disley.



Car, quand Flanigham trempe sa plume dans le noir, il ne fait pas semblant.



Pourtant, malgré le sombre, Flanigham se montre ici moins violent que dans certains de ses récits noirs même si la violence physique est remplacée par celle morale, bien plus perverse.



Bref, encore une fois un excellent récit qui rivalise allègrement avec ceux des auteurs américains ou des auteurs français de collection à succès, mais qui n’offrira pourtant pas à Flanigham la notoriété et, surtout, l’immortalité acquise par les auteurs dont les textes leur survivent et c’est fort dommage.



Ô, combien j’aimerais converser avec d’autres fans de l’auteur, (tout comme avec ceux d’Albert Boissière, de Maurice Lambert, de Charles Richebourg, de René Byzance…), mais je peine à en trouver.



Au final, un roman de J.-A. Flanigham ! C’est-à-dire, excellent, maîtrisé, sombre, tortueux, voire désabusé.
Commenter  J’apprécie          60
Bill Disley, tome 19 : Le meurtre du quarti..

Bill Disley est un reporter-détective né sous la plume de l'énigmatique J.A. Flanigham.



De l'auteur, on ne sait rien, tout juste a-t-on identifié un autre pseudonyme, Raymond Gauthier.



Le pseudonyme de J.A. Flanigham a été principalement utilisé pour signer les diverses aventures de Bill Disley, quelques épisodes d'un couple d'aventuriers (« Dick et Betty ») et quelques romans policiers noirs.



Bill Disley a vécu de nombreuses enquêtes, tout d'abord sous la forme de fascicules de 16 pages à partir de 1946 au sein de la collection « Murmure d'amour » aux éditions du Moulin Vert. La plupart de ces récits ont été réédités sous la forme de fascicules de 32 pages au sein de la collection « Police-Roman » des éditions Lutèce et même édités plus tard dans la même collection sous de nouvelles couvertures et parfois de nouveaux titres.



Ainsi, « Le meurtre du quartier Chinois », que l'on peut considérer comme la 19ème aventure de Bill Disley, est paru tout d'abord en 1946 (collection « Murmure d'amour ») puis réédité sous le même titre en 1949 (Collection « Police-Roman ») puis en 1956 sous le titre stupide de « Un chinois sort de l'ombre », car il n'y a pas de chinois dans l'histoire, avec une couverture couleur toute aussi stupide puisqu'elle n'a aucun rapport avec l'histoire.



Notons que Bill Disley vécu une série d'aventures plus longues sous la forme de fascicules de 128 pages contenant des récits d'un peu plus de 30 000 mots.



Alors que Jeff a soif (pléonasme), il entre dans un bouge du quartier chinois. Là, à côté de lui, un type qu'il a déjà vu quelque part sans réussir à se souvenir où. Le gonze semble parler à un autre gus, plus étrange encore. Ce dernier semble attendre quelque chose, quelqu'un, regarde l'heure, puis dehors.



D'un coup, il attire l'attention du premier qui se tourne vers lui. La porte du troquet s'ouvre, un couteau vole et se plante entre les deux omoplates du type que Jeff a déjà vu quelque part.



Le manche du couteau est significatif de ceux de Jack-le-Borgne, une sorte de justicier qui sévit bien des années auparavant mais qui n'avait plus fait parler de lui depuis des années.



Très intéressé par l'histoire, Bill Disley va tenter de retrouver la piste de Jack-le-Borgne...



Dans ce court récit d'un peu moins de 10 000 mots, J.A. Flanigham semble faire un peu de recyclage de ses idées.



Effectivement, l'idée du mondain se transformant en justicier a déjà été utilisée dans un titre précédent et le fait que Bill Disley puisse être pris pour ce justicier par Scotland Yard, déjà abordé à ce moment là.



Cependant on pardonnera l'auto-emprunt du fait des conditions d'écriture de cette littérature populaire qui nécessite une production importante et rapide.



Si l'histoire est classique et fait intervenir les trois principaux protagonistes de la série (Bill Disley, Jeff, l'inspecteur Martin) elle manque cependant d'un peu de rythme et d'humour.



L'omniprésence des points pour séparer des chapitres renforce l'impression d'un récit haché et empêche la fluidité de lecture habituelle des épisodes de la série.



Quelques incises (la grande force de J.A. Flanigham) un peu trop répétitives ajoutent une impression de non relecture et de manque de fluidité.



Avec, enfin, une fin un peu trop expéditive, l'ensemble du récit est marqué par ce sentiment général d'harmonie. Dommage



Pour autant, du fait du format court, des personnages auxquels on est attaché, l'épisode se lit tout de même agréablement.



Au final, un épisode qui pêche par un manque de fluidité flagrant qui nuit à la lecture.
Commenter  J’apprécie          60
Les aventures de Bill Disley, tome 3 : Une ..

Depuis le moment, il y a quelques années, où j’ai découvert le personnage de Bill Disley et la plume de son mystérieux auteur, J.-A. Flanigham, je n’ai de cesse, régulièrement, de me plonger dans les récits de cet écrivain dont j’affectionne tout particulièrement le style…



Car, de J.-A. Flanigham, on ne connaît que les textes et sa période d’activité (1945-1959). Probablement, un autre pseudonyme peut lui être accordé : Raymond Gauthier.



Mais, le principal à savoir est l’excellence de sa plume et sa maîtrise des incises de dialogues (ces indications scéniques qui, en quelques mots, en disent plus sur l’état d’esprit des personnages que de longs discours), sa maîtrise également du récit noir et l’humour dont il fait preuve dans certains de ses textes, notamment dans les aventures de Bill Disley.



Quant à Bill Disley, il s’agit d’un reporter londonien travaillant pour le Star Express et qui, en compagnie de son ami-garde du corps-majordome-ancien boxeur-ancien pickpocket, n’hésite jamais à se lancer dans l’aventure.



On retrouve, en plus du duo, généralement l’ami de Bill Disley, l’inspecteur Martin de Scotland Yard.



Ces personnages sont apparus dans des fascicules de 32 pages à partir de 1946 dans la collection « murmure d’amour » des éditions du Moulin Vert. Ils vécurent ainsi 27 petites aventures, rééditées à partir de 1949, en changeant parfois de titre, dans la collection « Police-Roman » des éditions Lutèce.



À partir de 1951, les mêmes éditions Lutèce offriront une collection propre au personnage : « Les aventures de Bill Disley », qui regroupera 12 petits livres de 132 pages, la plupart s’appuyant pour tout ou partie d’intrigues empruntées à la première salve.



Une troisième fournée de 13 titres verra le jour en 1955, regroupée dans la collection « Nouvelles aventures de Bill Disley »…



« Une certaine Priscilla Smith » est le troisième épisode de la collection « Les aventures de Bill Disley ». Il est initialement paru en 1952.



Bill Disley est contacté par son ami Bob qui lui demande d’enquêter sur la mort de Priscilla Smith, une jeune femme dont il était proche depuis 5 ans pour habiter des chambres sur le même palier d’un hôtel.



Dans la foulée, c’est M. Streep, un riche exportateur, qui le mande pour lui confier la même tâche, lui révélant que Priscilla Smith était sa fille illégitime qui s’était présenté à lui il y a quelques années.



Invité à une soirée chez M. Streep, Bill Disley va se rendre compte qu’il a affaire à une famille dysfonctionnelle entre le père droit et vertueux, l’épouse qui ne semble par partager ces traits de caractère, le beau-fils détestable et dédaigneux, la nièce aux troubles psychiatriques évidents et une jeune fille, amie de Priscilla Smith et qui semble bien connaître le beau-fils de la famille.



Si on ajoute d’autres meurtres, un trafic d’armes, des agressions… l’aventure va être mouvementée.

Bon, on retrouve donc Bill Disley dans un troisième épisode où il navigue en terrain connu, du moins dans une ambiance qui lui est plus habituelle que l’histoire d’espionnage du précédent épisode.



Ici, tous les éléments d’un récit de Flanigham sont présents entre les femmes volages ou vénéneuses ou vénales (ici, il y a des trois), des hommes pervertis, de l’argent, de la misère, de la rancœur, de la vengeance, de la noirceur, des troubles psychiatriques, une ambiance délétère…



À la lecture de cet épisode, je me rends compte que, comme le précédent, l’histoire reprend un bout d’intrigue d’un des récits courts de la première fournée.



Malheureusement, comme pour le précédent, impossible de remettre la synapse sur le titre concerné.



Pas très grave, mais cela a tendance à m’agacer.



Peu importe, car, ce récit-ci faisant 32 000 mots, on se doute qu’il diffère grandement de celui dont il s’inspire et qui ne devait pas atteindre 10 000 mots.



Durant la lecture, difficile de ne pas penser que ce texte a été rapidement écrit, peu ou pas relu, que ce soit par l’auteur ou par l’éditeur.



Effectivement, outre les nombreuses fautes dans la version originale, on constate également des problèmes de noms erronés, l’auteur se mélangeant les crayons par moment dans ses personnages, ce qui arrive à tout le monde, mais que l’auteur, normalement, détecte à la relecture (erreurs qui ne sont pas présentes dans la réédition numérique récente).



Autre chose qui « choque », c’est que le prénom du Boss du Star Express a changé. Il ne se prénomme plus Bob, mais Ned.



Peut-être est-ce dû au fait que l’ami de Bill se prénomme Bob et que Flanigham a voulu changer celui du boss pour que le lecteur ne soit pas perdu. Ou alors, est-ce tout simplement une inversion entre les prénoms des deux personnages, l’ami devant s’appeler Ned… allez savoir.



Malgré ces « coquilles », la lecture est agréable, plus que celle des deux premiers épisodes, car Bill est plus à l’aise dans cette ambiance un peu délétère. De plus, Jeff est plus présent, plus important dans cette intrigue et les dialogues entre les deux amis sont un des points forts de la série.



Pour le reste, du classique dans l’univers de Bill Disley même si, pour l’instant, le personnage est plus à l’aise dans un format fasciculaire de 32 pages que dans ce format un peu plus long.



Peut-être les épisodes suivants me feront mentir. Du moins, je l’espère.



Au final, un troisième épisode qui monte un peu en puissance et dans lequel Bill Disley est plus à l’aise et plus accompagné par son alcolyte (un acolyte alcoolique) Jeff.

Commenter  J’apprécie          50
Mort deux fois

J.-A. Flanigham est un auteur énigmatique de la littérature populaire fasciculaire qui œuvra entre 1945 et 1959.



Dans ce laps de temps, ce pseudonyme (on ignore quel auteur se cachait derrière) signa plus d’une centaine de titres (130 en comptant les quelques rééditions) que l’on pourrait diviser en 4 catégories.



La première, la plus conséquente, est consacrée aux aventures du reporter Bill Disley.



Effectivement, le personnage eut le droit à trois séries distinctes, d’abord sous la forme de fascicules de 16 ou 32 pages, puis des épisodes plus imposants pour ses nouvelles aventures.



La deuxième est destinée aux aventures de Dick et Betty Reutel, un couple d’aventuriers détectives. Elle compte 7 ou 8 titres d’environ 10 000 mots.



La troisième comprend les aventures de l’Agence Garnier. Six épisodes d’environ 20 000 mots.



Puis vient celle regroupant les récits noirs de l’auteur, des fascicules de 32, 64, 96 pages destinées à des collections policières telles « Police et Mystère - 2e série » de Ferenczi.



C’est à cette dernière catégorie qu’appartient « Mort deux fois », un fascicule de 64 pages paru en 1958 dans la collection « Police et Mystère - 2e série » des éditions Ferenczi.



Maria est la secrétaire de l’écrivain à succès Fabienne Plessy. Quittée par l’homme qu’elle aime, elle s’en épanche envers sa patronne et se rend alors compte que celle-ci était la maîtresse de son amoureux.



Quand les deux jeunes femmes apprennent la mort de ce dernier, elles ne se doutent encore par que ce crime n’est que la pierre d’achoppement d’une sanglante affaire…



Dans ce court roman de 20 000 mots, J.-A. Flanigham met en place une intrigue à la fois simple et complexe avec de multiples personnages, tant du côté des suspects que de celui des enquêteurs puisqu’en plus des deux policiers, l’affaire avancera grâce au travail d’un journaliste, d’indics et autres…



Comme dans tout récit noir de J.-A. Flanigham, celui-ci étant inspiré par les romans noirs à l’américaine, la femme est au centre de tout. Femme vénale, femme fatale, femme vénéneuse, les femmes sont, pour la plupart, jeunes, belles, et sources des pires travers de la société.



« Mort deux fois » n’échappe pas à la règle d’autant que ce n’est pas une, ni deux, mais trois femmes qui sont au cœur de ce drame.



L’auteur relie le crime français à celui d’outre-Atlantique à travers une double passerelle, celle mise en place par le personnage de Frédo, un gangster américain venu en France et celle d’un consortium du crime américain ayant lancé des tueurs dans l’hexagone.



Si l’on retrouve également l’art des incises de l’auteur, on peut cependant reprocher qu’il n’est pas ici porté si ce n’est à son paroxysme, du moins au niveau habituel.



L’auteur abuse effectivement de certaines incises, soit par manque de temps, soit par manque de relecture à moins que ce ne soit pour signifier des tics des personnages, mais j’en doute (ou alors, ce n’est pas assez explicite).



On peut également regretter qu’il n’y ait, dans cette histoire, aucun personnage attachant, les deux devant jouer ce rôle (l’inspecteur et la secrétaire de la romancière) n’étant pas assez fort ou assez développés pour attirer l’empathie du lecteur.



Heureusement, même quand J.-A. Flanigham n’est pas au meilleur de sa forme, cela ne l’empêche pas de livrer un texte appréciable et de proposer une lecture agréable à défaut de très agréable.



N’oublions pas que le format fasciculaire 64 pages est un format dans lequel il est difficile de s’épanouir. On en attend logiquement bien plus qu’un fascicule de 32 pages à qui on pardonnera un scénario basique ou certaines facilités, en oubliant qu’il ne permet pas de livrer autant que dans un roman de taille classique.



Au final, un récit noir à l’intrigue un peu complexe qui pâtit d’un trop grand nombre de personnages (même si certains n’apparaissent qu’en filigrane) et, surtout, de personnages principaux auxquels on a un peu de mal à s’attacher.
Commenter  J’apprécie          50
Les aventures de Dick et Betty, tome 6 : Le..

Les couples de détectives, dans la littérature, ne sont pas si nombreux que cela. Bien évidemment, je ne parle pas de duos dont les partenaires, hommes et femmes, femmes et femmes ou hommes et hommes entrent dans une relation de séduction, ou ont des relations plus poussées, mais bien d’un homme et d’une femme mariés (pour la littérature populaire du siècle dernier) ou, pourquoi pas, de deux hommes mariés ou de deux femmes mariées voire, même pacsé(e)s.



D’ailleurs, comme ça, sans trop chercher, je n’en vois qu’un, que la plupart d’entre vous ne doivent pas connaître : Dick et Betty Reutel, un couple d’Anglais nés de la plume de l’énigmatique auteur J. A. Flanigham au milieu des années 1940.



Que vous ne connaissiez pas l’auteur, je vous rassure, cela est totalement normal, déjà parce qu’à l’heure actuelle on ignore qui se cachait sous ce pseudonyme actif entre 1946 et 1959, ensuite parce qu’il ne signa que des fascicules policiers pour les collections « Murmure d’amour » des éditions du Moulin Vert et pour les collections « Verrou » et « Police et Mystère - 2e série » pour les éditions Ferenczi (plus une série de 6 titres autour de l’Agence Garnier pour un magazine).



Ensuite, parce que Dick et Betty Reutel ont vécu de trops rares aventures, moins de 8.



Mais précisons que J. A. Flanigham, derrière lequel certains voient le même auteur que celui qui signe Raymond Gautier à la même époque, ou, d’autres, un collectif d’auteurs (je ne crois ni à l’une et encore moins à l’autre théorie), est l’auteur d’une série (trois, en fait) autour du personnage du reporter détective Bill Disley, des récits brillant par une plume experte dans les incises de dialogue et dans l’humour.



Bref, « Dick et Betty, aventuriers modernes » virent leurs courtes aventures publiées au sein de la collection « Murmure d’amour » des éditions du Moulin Vert, sous la forme de fascicules de 16 pages double colonne contenant des récits indépendants d’environ 10 000 mots.



« Le meurtrier assassiné » est l’une de ces aventures.



Dick Reutel est invité pour une soirée organisé par Larry Hooper, un homme excentrique qu’il connut adolescent. Déjà à l’époque, Larry était considéré comme excentrique, alternant phases de spleen et moments de folies. En grandissant, les choses se sont empirés, sombrant dans la drogue, passant de femmes en femmes, surtout des femmes mariés et faisant des affaires un peu louche.



C’est dire si le bonhomme peut avoir des ennemis. D’ailleurs, il en a, probablement une dizaine, selon sa confession, et l’un d’eux veut plus sa mort que les autres puisqu’il lui a envoyé des lettres de menaces dont la dernière le prévient qu’il mourra dans la soirée, raison pour laquelle il a convié Dick Reutel pour identifier son meurtrier…



On retrouve le charmant couple que forment Dick et Betty Reutel, un couple dit « moderne » à l’époque, mais dont les vouvoiements et les minauderies fleur bleue rendent plutôt, à l’heure actuelle, quelque peu surannés.



Et c’est donc ce côté ampoulé de la relation, cette désuétude, qui donne, désormais, tout son charme à la série.



J. A. Flanigham, on le sait, maîtrise correctement le format court, habilement l’humour et parfaitement les incises de dialogues.



Si, notamment, dans les aventures de Bill Disley, où les personnages sont moins lisses, ces fameuses incises permettent de donner une meilleure idée des protagonistes à faible renfort de mots, elles demeurent, dans les aventures de Dick et Betty, agréables bien que moins productives.



De même quant à l’humour de l’auteur, humour qui passe le plus souvent, dans les aventures de Bill Disley, dans la relation et les dialogues entre Bill Disley et son ami Jeff.



Forcément, dans ce couple charmant, difficile de proposer des dialogues aussi railleurs et drôles, du coup, les personnages, et Dick en particulier, manient plutôt l’ironie désabusée.



Si l’on sait que le format court ne permet pas de développer une réelle intrigue, J. A. Flanigham tente, parfois, de proposer tout de même une histoire qui réservera quelques rebondissements et surprises.



C’est le cas ici même s’il ne faut pas s’attendre à l’intrigue du siècle.



Cependant, l’histoire est suffisamment intéressante, au départ, pour regretter que l’auteur n’ait pas le loisir de la développer plus, notamment à travers l’étude des dix assassins potentiels.



Certes, le début d’histoire n’est pas sans rappeler le fameux livre d’Agatha Christie, et je pense que la référence est volontaire, mais Flanigham s’en détache très vite, déjà en retournant l’intrigue : dix suspects potentiels pour un meurtre à venir et non dix personnes qui deviennent suspectes suite à un meurtre ; mais également dans la poursuite de son histoire.



Pour le reste, rien à dire de réellement pertinent à part deux trois répétitions un peu gênantes qui auraient pu être facilement évitées par une relecture (ce que les auteurs et les éditeurs de cette littérature fasciculaire n’avaient probablement pas le temps de faire).



Au final, un récit policier charmant, à l’intrigue pas si inintéressante que cela, et qui occupe très agréablement un petit moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          50
Bill Disley, tome 15 : Le complot diabolique

« Le complot diabolique » est ce que l’on pourrait annoncer comme le 15e épisode des aventures de Bill Disley, le journaliste détective né de la plume de l’énigmatique auteur de littérature populaire J.A. Flanigham.



Je dis, « pourrait annoncer », car les premières aventures de Bill Disley, du moins celles publiées en fascicules 16 pages aux Éditions Moulin Vert à partir de 1946 et rééditées en fascicules 32 pages dans la collection « Police Roman » des Éditions Lutèce à partir de 1949, contrairement aux épisodes suivants édités dans des collections éponymes, ne sont pas numérotés.



Cependant, à partir des dates d’éditions et des numéros d’impression des ouvrages, il est possible d’établir une liste numérotée dans laquelle « Le complot diabolique » occupe la 15e place.



Dans sa première édition, le titre en était « Complot dans l’ombre ».



Concernant J.A. Flanigham, je n’ai toujours pas grand-chose à dire sur cet auteur dont on ne sait rien... tout juste quelques autres de ses pseudonymes, dont Raymon Gauthier (peut-être même est-ce son nom).



On sait qu’il fût publié entre 1946 et 1959, que la majorité de sa production fût dirigée au développement des aventures de Bill Disley, mais qu’il développa également deux autres séries policières : « Les aventures de Dick et Betty » et « Les dessous de l’agence Garnier ».



Ses derniers récits, des titres indépendants, furent destinés à deux collections des éditions Ferenczi : « Police et Mystère » 2e série et « Le verrou ».



Jeff, le fidèle ami de Bill Disley, ivrogne notoire et ancien pickpocket et boxeur, s’étonne que le milieu de la pègre se vide mystérieusement de ses forces vives.



Pour en savoir plus, il n’hésite pas à passer la matinée dans les divers troquets. La seule chose qu’il en tire c’est que l’un des malfrats s’est installé à Mallourn.



Le nom du bled fait alors réagir Bill Disley qui se rappelle l’avoir entendu il y a peu sortir de la bouche d’une jeune femme croisée dans un bar... jeune femme ayant eu pour fiancé un homme pas très franc du collier.



Il n’en faut pas plus au reporter pour relier les deux évènements et partir à la chasse à l’information sans se douter alors qu’il est sur une affaire d’une importance internationale...



Comme bien souvent, l’épisode débute par une scène anodine dans laquelle le flair de Bill Disley va sonner l’alarme. C’est en discutant avec Jeff, le bon Jeff, le fidèle Jeff, l’assoiffé Jeff, que le tocsin va résonner.



On retrouve dans cette première scène ce qui fait le sel de la série, l’humour et la relation affectueuse et alcoolisée qui relier Jeff et Bill.



L’inspecteur Martin de Scotland Yard, qui est le troisième pilier des aventures de Bill Disley sera également mis à contribution même si les trois personnages ne vont pas briller par leurs omniprésences.



Car, en parallèle, ce sont les mésaventures de la jeune femme du bar qui vont être contées.



Ces premières aventures de Bill Disley s’étendent toujours dans les environs de 10 000 mots (pile-poil dans ce cas), ce qui, on le sait, ne laisse pas la place à une intrigue échevelée. Mais, quand l’auteur s’attarde sur un personnage subalterne, on se doute que l’intrigue va en être affaiblie.



Et c’est un peu ce qui pêche dans cet épisode, car, un complot aussi diabolique aux portées à ce point destructrices, aurait probablement mérité que l’on s’étende un peu plus sur le sujet.



Effectivement, il y avait matière à un développement plus poussé. Malheureusement, contraint à un format très court, l’auteur a préféré utiliser son scénario quitte à ne pas en tirer sa pleine puissance plutôt que de le réserver à un format plus long (à moins qu’il ne l’ait réutilisé par la suite dans une autre histoire, ce qui est bien possible).



Pour respecter les contraintes du format, J.A. Flanigham est alors obligé de pratique l’ellipse à outrance, ce qu’il faisait déjà d’ordinaire, mais encore plus dans le cas présent jusqu’à priver le lecteur d’une partie de l’enquête concernant pourtant des révélations importantes se contentant de les apporter sur un plateau, via son héros, lors d’un final abrupte et concis.



On notera cependant toujours le talent de l’auteur pour les incises et les indications scéniques lors des dialogues qui rajoute un réel plus à chacun de ses textes.



Au final, un scénario qui aurait mérité et nécessité un peu plus de développement et qui crée une petite déception en partie compensée par la plume de l’auteur et l’attachement aux personnages de la série.
Commenter  J’apprécie          50
Les dessous de l'Agence Garnier, tome 6 : F..

« Filles au rabais » est le 6ème et ultime épisode de la série « Les dessous de l'Agence Garnier » signé de l'énigmatique J.A. Flanigham.



La série, publiée entre 1955 et 1956 dans le magazine « Miroir-Police », un magazine aussi ephémère que la série, est composée d'épisodes comprenant entre 22 et 25 000 mots et s'inspirant très fortement de la mode de l'époque du roman noir à l'américaine (comme toute la production de Flanigham ? probablement).



6 épisodes, 6 magazines et puis s'en vont. Dommage.



L'agence Garnier est une agence de détectives dirigée par Georges Garnier, alias Jo, le patron, et qui comprend Bernoux, alias « La fouine », comme homme de terrain et la belle Christiane, alias Cricri, la secrétaire. Pour l'occasion, un collaborateur fait son apparition. Aujourd'hui, ce sera le replet Mathieu qui sera chargé de filer un curieux individu.



Je ne reviendrai pas sur J.A. Flanigham et pour cause, on ne sait pas qui se cachait derrière ce pseudo, si ce n'est un autre pseudo, Raymond Gauthier. Mais pour me délecter depuis quelques temps des divers écrits de l'auteur, je sais qu'il s'agissait d'un écrivain de talent qui maîtrisait à la perfection le format très court (10 000 mots) (voir la série « Bill Disley, reporter détective » ou « Dick et Betty, aventuriers modernes ») ainsi que le format court (20 000 mots) et qu'il était très inspiré par le roman noir à l'américaine des années 1950 et qu'il excellait dans l'art de l'utilisation des incises et des indications scéniques dans ses dialogues.



Georges Garnier est embauché par un veuf éploré qui veut comprendre le suicide de sa femme alors que leur couple était heureux et amoureux. Jo ne tarde pas à découvrir que l'épouse cachait des choses à son naïf de mari et, notamment, des rentrées d'argent élevées. Le détective imagine que la défunte pratiquait le 5 à 7 tarifé et ne tarde pas à se mettre sur la piste d'un réseau de traite des blanches. Mais l'adversaire va s'avérer coriace et dangereux et tous les membres de l'agence vont devoir mettre la main à la pâte pour faire tomber le réseau, avec tous les dangers que cela implique.



Dernier épisode, donc, et comme tous les ultimes épisodes de séries que j'aime beaucoup, c'est avec un pincement au coeur que j'ai lu cette histoire. Pincement au coeur car, même si je déplore l'image de la femme véhiculée par Flanigham en général et par « Les dessous de l'Agence Garnier », en particulier, j'apprécie tellement la plume de l'auteur et ses personnages sont si drôles et touchants, que c'est une séparation à regret qui s'opère avec le point final de cette aventure.



Car, bien que les personnages semblent tous plus ou moins superficiels, les fameuses incises dont je ne cesse de clamer l'importance parlent plus que de longues descriptions et apportent sur chacun d'entre eux une foultitude d'informations qui permet de cerner leurs caractères et de se rendre compte qu'ils sont bien plus consistants qu'ils n'en avaient l'air.



Ainsi, si Bernoux apparaissait déjà comme un homme drôle, optimiste invétéré mais coeur d'artichaut, Georges Garnier, qui pouvait passer pour un coureur de jupons intelligent et courageux, mais insensible et sans combat à mener, se révèle bien moins détaché que cela.



Et j'irais presque jusqu'à en dire autant de l'auteur et de sa vision de la femme. Car, si la femme, en général, ne sort toujours pas grandie de cette histoire, il nous démontre, et par la volonté de ses héros de détruire un réseau avilissant la femme, et par certains rôles féminins (du moins dans les deux derniers épisodes) que sa vision du sexe dit faible, n'est pas si noir que cela. Mais il le fait avec autant de maladresse (pour être gentil) que Georges Garnier lui-même qui, d'un côté, risque sa vie pour défendre les femmes mais, d'un autre les traite d'une façon très machiste.



J.A. Flanigham nous livre là un épisode dans la veine des précédents, usant des mêmes qualités (incises, indications scéniques, maîtrise de la narration, des ellipses de temps, humour, personnages attachants, rythme...) et possédant les mêmes défauts qui peuvent se résumer dans le fait que les personnages même secondaires sont presque toujours beaux et attirants et que les femmes sont vénéneuses.



Au final, un bon épisode qui a pour défaut d'être le dernier. Heureusement, J.A. Flanigham a beaucoup écrit et je n'ai pas fini de me délecter de sa plume...
Commenter  J’apprécie          50
Jeux dangereux

C’est toujours exaltant de découvrir une œuvre ou l’auteur d’une œuvre que personne ou presque ne connaît.



Mais, en parallèle, c’est très frustrant de ne pouvoir parler de cette œuvre ou de cet auteur, faute de trouver des personnes connaissant l’une ou l’autre.



C’est ce que je ressens souvent, lors de mes découvertes, qu’elles soient littéraires ou cinématographiques, du fait que mon intérêt se porte presque toujours vers des œuvres oubliées ou méconnues dans notre Pays.



C’est gênant quand il s’agit de films étrangers (de Hong Kong, de Corée du Sud, du Japon ou plus récemment d’Inde), ça l’est encore plus quand ladite œuvre provient de notre si beau patrimoine.



En clair, j’aime la littérature populaire fasciculaire du siècle dernier, une immense part de notre patrimoine boudé, oublié ou méconnu des lecteurs d’aujourd’hui.



Dans cette immensité (et encore, je ne m’intéresse qu’au genre policier), le nombre d’auteurs sur lesquels j’aimerai échanger est grand.



Et, parmi ce grand nombre, je suis las de ne point trouver d’autres lecteurs des textes d’Albert Boissière, de Maurice Lambert ou, plus sûrement, de J.-A. Flanigham.



C’est de ce dernier dont il est question aujourd’hui puisque « Jeux dangereux », un fascicule de 64 pages publié en 1958 dans la collection « Police et Mystère - 2e série » des éditions Ferenczi, est signé J.-A. Flanigham.



De l’auteur, je ne peux rien vous dire, car on ignore qui se cachait derrière ce pseudonyme.



Certains avancent l’hypothèse qu’il s’agisse d’un pseudonyme commun à plusieurs auteurs. Mais, après lecture de plusieurs dizaines de titres signés J.-A. Flanigham, j’ai bien du mal à croire à cette thèse tant le style est homogène et excellent d’un texte à l’autre.



Tout ce que je puis vous apprendre c’est que le pseudonyme apparaît en 1945 et signe des textes pour les Éditions du Moulin Vert, puis pour les éditions Lutèce et, enfin, pour les éditions Ferenczi, jusqu’en 1959.



Que le même auteur utilisait probablement un autre pseudonyme, Raymond Gauthier.



Qu’il écrivit plusieurs dizaines de récits autour du personnage Bill Disley, un reporter anglais, puis de Dick et Betty Reutel, des aventuriers (anglais eux aussi) ainsi que 6 aventures des membres de l’Agence Garnier sans compter un bon nom de récits noirs.



Enfin, que l’auteur était passé maître dans l’art de l’utilisation des incises, ces indications scéniques souvent insérées dans les dialogues et qui permettent d’appréhender mieux l’état d’esprit des personnages.



Peter est un diplomate anglais en poste à Paris. Ronald, qu’il a bien connu durant la guerre et avec lequel il est demeuré ami, est un agent des services secrets américains chargé de négocier des documents avec un traître d’une organisation de Défense des Intérêts Orientaux. Raoul, un agent de la D.S.T., pilote l’affaire.



Aussi, quand Ronald trouve la mort suite à un sabotage de son véhicule, Raoul propose à Peter de prendre du service et de découvrir qui a assassiné son ami et pourquoi.



Pour ce faire, il devra se rapprocher d’une chanteuse de cabaret, Maryse Dahl, qui est très proche d’un espion italien au rôle énigmatique…



C’est donc à un récit d’espionnage que nous convie cette fois J.-A. Flanigham.



Si l’intrigue se déroule à Paris, elle met en scène protagonistes de différents pays : Égypte, pays de l’Orient, anciens nazis, Américains, Français…



Comme souvent chez Flanigham et dans ce format médiant (fascicule de 64 pages ; récit d’environ 20 000 mots ; moitié d’un petit roman) son intrigue est à la fois simple et complexe.



Ici, une affaire d’espionnage assez simple : des traîtres dans une organisation cherchent à vendre des informations ; et une double affaire de vengeance impliquant des civils.



Et comme toujours, il y a au moins une femme au centre de l’intrigue (ici, une seule, la chanteuse de cabaret).



Généralement, la femme n’a que deux rôles chez Flanigham : l’oie blanche ou la femme vénéneuse et/ou vénale.



Ici, la même femme joue les deux rôles…



Il faut bien avouer que l’intrigue, format oblige, n’est pas haletante.



Et c’est là que l’on constate que le talent de Flanigham, notamment son art des incises, fait toute la différence.



Car, grâce à ces indications scéniques nombreuses, l’auteur parvient à la fois à densifier son récit et ses personnages. Par ces incises, il donne corps aux personnages, dépeint leurs sentiments en quelques mots, en un geste décrit, ce qui rend l’ensemble à la fois plus consistant et surtout plus intéressant à lire.



On pourrait presque se dire que peu importe l’histoire, ces incises rendent forcément le texte plaisant et c’est un talent rare que celui-ci et difficile à acquérir.



C’est pour cette raison que je ne crois pas à la thèse du pseudonyme commun. J’ai bien du mal à imaginer plusieurs auteurs maîtrisant aussi bien ce talent rare.



Bref.



Malgré cette intrigue qui n’est pas la plus intéressante au monde, J.-A. Flanigham parvient, parfois, à toucher le lecteur, ainsi que certains personnages qui, pourtant, se vantent de n’être point sentimentaux.



Pour le reste, une histoire d’espionnage, de meurtres, de mystification, de vengeance qui se révèle agréable à suivre même pour ceux qui, comme moi, ne sont pas fans de récits d’espionnage.



Au final, le talent de J.-A. Flanigham parvient à rehausser l’intérêt d’une histoire qui, écrite par un autre auteur, aurait pu me lasser. Ce n’est pas cette fois-ci que je serai déçu par la plume de J.-A. Flanigham…
Commenter  J’apprécie          42
Bill Disley, tome 26 : L'insaisissable Mons..

Bill Disley est un journaliste reporter anglais né de la plume de l’énigmatique J.A. Flanigham.



Il vécut, entre 1946 et 1959, plus d’une vingtaine d’aventures en deux salves, la première sous la forme de fascicules de 16 ou 32 pages contenant des récits d’environ 10 000 mots, la seconde sous forme de petits livres de 128 pages.



Bill Disley, reporter au « Star Express » est toujours ou presque accompagné de son ami Jeff, un ancien boxeur, ancien pickpocket et de son autre ami, l’inspecteur Martin de Scotland Yard.



Ses aventures sont contées avec un humour certain et dans le genre du roman noir à l’américaine, mais en plus léger.



J.A. Flanigham est indéniablement un pseudonyme, mais l’on ne sait qui se cachait derrière. On ne peut avancer qu’un probable autre pseudonyme de l’auteur : Raymond Gauthier.



Les premières aventures de Bill Disley vécurent plusieurs éditions. En effet, après avoir débuté dans la collection « Murmure d’amour » des Éditions du moulin vert (au milieu des années 1940), ces récits ont été réédités dans la collection « Police Roman » des éditions Lutèce (vers la fin de la même décennie) et, souvent, réédités quelques années plus tard dans la même collection (au milieu des années 1950), en changeant de titre ou non.



« L’insaisissable M. John » peut être considéré comme la dernière aventure de la première série des Bill Disley.



Tranquille fondé de pouvoir dans une importante bijouterie, Herbert Meurisse ne rêve que d’aventures, lui qui mène une vie si rangée et si calme.



Aussi, quand il s’éprend de sa jeune et nouvelle secrétaire, après un repas où elle lui avoue avoir toujours rêvé de faste et de luxe, lui propose-t-il d’aller dans son bureau pour voler les bijoux de son employeur.



Sur place, alors qu’il ouvre le coffre-fort, un rire retentit.



La secrétaire est retrouvée chloroformée dans le bureau, le fondé de pouvoir a disparu, du sang est retrouvé.



La police ne tarde pas à mettre les faits sur le dos de John-le-Balafré, un mystérieux cambrioleur qui sévit à Londres depuis quelque temps.



Bill Disley, le célèbre reporter qui vient tout juste de faire publier un article sur l’insaisissable John, va s’intéresser à l’affaire et, surtout, à la secrétaire...



Je retrouver, probablement pour la dernière fois, Bill Disley dans ses premières aventures (les plus courts, en moyenne 10 000 mots), les ayant toutes lues sauf une que je n’arrive pas à me procurer.



Heureusement, par la suite, je pourrais me délecter des nouvelles aventures de Bill Disley, parues, qui s’étalent sur la taille d’un petit roman.



« L’insaisissable M. John » peut être considéré comme la 26e et dernière, dans l’ordre de première parution, de ces courtes aventures.



Il faut rappeler que ces récits ont été édités plusieurs fois (la plupart du temps, dans fois dans la même collection « Police Roman » [fin 1940 puis milieu 1950] après avoir été d’abord publié dans la collection « Murmure d’amour » au milieu des années 1940. Bien souvent, le titre changeait en cours de route, le formatage également.



« L’insaisissable M. John », lui, fait figure d’exception, car, publié en 1955 dans la collection « Police Roman », je n’ai pas réussi à lui trouver d’édition antérieure [peut-être suis-je passé à côté].



Toujours est-il que ce récit de presque 12 000 mots peut être considéré comme la dernière aventure de ce format de Bill Disley.



On y retrouve le fameux trio composé par Bill Disley, le journaliste, Jeff, son ami ancien boxeur, ancien pickpocket et son autre ami, Martin, inspecteur de Scotland Yard.



Les épisodes ne sont jamais aussi bons que lorsque le trio est présent [un peu comme pour les San Antonio] et c’est confirmé par cet épisode.



Si l’intrigue est légère [format court oblige] et que le lecteur aguerri aura rapidement saisi le nœud de l’histoire et anticipé la révélation finale, le plaisir de lecture n’en est pas moins présent grâce aux personnages, mais surtout à la plume de l’auteur qui continue d’exceller dans l’art des incises qui, durant les dialogues, servent d’indication scénique et permette de comprendre la psychologie des personnages à faible renfort de mots.



L’humour est une nouvelle fois présent et passe principalement par le personnage de Jeff et sa relation faite d’amitié virile et vacharde avec son pote Bill.



Pour une fois, on pourra dire que le seul personnage féminin du récit n’est pas aussi noir que dans la plupart des épisodes même si, au final, le goût du luxe qui lui est donné est à la base du récit.



Au final, un très bon épisode de Bill Disley [mais je n’en ai encore trouvé aucun de mauvais, juste des rares un peu décevant], le dernier dans ce format particulier. J’ai hâte de découvrir comment se comportera Bill Disley sur un format plus long.
Commenter  J’apprécie          40
Bill Disley, tome 18 : Lord Darnell est mor..

La littérature populaire fasciculaire policière est un monde un peu opaque où, tout comme dans une affaire criminelle, il est parfois difficile d’identifier l’auteur, mais également de lister les méfaits de celui-ci.



C’est un peu le cas pour le titre qui m’intéresse aujourd’hui : « Lord Darnell est mort à l’aube ».



Publié à l’origine en fin 1946 dans la collection « Murmures d’amour » des éditions du Moulin Vert, sous la forme d’un fascicule de 16 pages, double colonne, contenant un récit d’un peu plus de 11 000 mots, ce court roman s’avère, en fait, un peu plus complexe.



Signé par l’énigmatique J.A. Flanigham, un pseudonyme sous lequel on ne sait quel auteur se cachait, ce récit conte une des aventures du détective reporter anglais, Bill Disley.



Ce même Bill Disley vécut plusieurs dizaines d’aventures dont la plupart ont été mélangées au sein de collections généralistes (« Murmure d’amour ») avant d’être, pour la plupart, rééditées, plus tard, sous la forme de fascicules de 32 pages (contenant les mêmes textes), dans la collection « Police-Roman » des éditions Lutèce avant d’être à nouveau rééditées, parfois, dans la même collection, plus tard, sous un autre titre et encore, pour certains d’entre eux.



En parallèle, Bill Disley vécut également des aventures un peu plus longues, sous le format 128 pages (un peu plus de 30 000 mots), dans une collection dédiée (« Nouvelles Aventures de Bill Disley »), toujours aux éditions Lutèce (13 titres dont certains sont des réécritures d’anciennes aventures).



En ce qui concerne « Lord Darnell est mort à l’aube », je n’ai recensé, à l’époque, qu’une seule édition, celle de la collection « Murmure d’amour ».



Bill Disley, ami de la jeune Lydia Darnell, fille de Lord Darnell, est invité à une soirée chez les Darnell.



Au cours de la nuit, Lydia Darnell semble étrange, apeurée et, quand elle s’apprête à avouer au journaliste ce qui la tracasse, Jerry, le frère de Lydia, débarque et pousse sa sœur à aller se coucher.



Le matin même, Lord Darnell est retrouvé mort, deux balles dans le corps, sur sa terrasse.



Bill Disley, partagé entre sa curiosité de journaliste et son amitié pour les Darnell, va tenter de comprendre le mystère qui se cache derrière cette affaire, mais son affect risque de nuire à son flair...



Avec ce court roman, J.A. Flanigham propose une intrigue mêlant mystère, affection et passé, une histoire bien étrange dans laquelle Bill Disley, pourtant habituellement clairvoyant, va patauger tandis que son ami l’inspecteur Martin du Scotland Yard, lui, va y voir bien plus clair.



Il faut dire qu’en tant que proche de la famille de la victime, le journaliste n’a pas forcément suffisamment de recul pour être totalement lucide.



Avec une intrigue à la fois simple et complexe, du moins, autant que le format court le permet, J.A. Flanigham nous livre un récit dans la veine de ses précédents, faisant avancer l’intrigue à coup de chance, comme c’est la coutume dans le récit policier, surtout quand il doit être concis.



Sa plume use autant, si ce n’est plus, des incises lors des dialogues, permettant de développer une ambiance à moindres mots et d’éclairer l’état d’esprit de chacun des protagonistes.



On retrouve, heureusement, Jeff, ce qui offre aux lecteurs quelques dialogues savoureux, ainsi qu’un Martin un peu plus las que de coutume... désabusé, probablement, du moins désintéressé par un crime dont il semble avoir compris les tenants et les aboutissants assez rapidement, contrairement au reporter.



Au final, une bonne lecture, bien que ce titre ne soit pas le plus exaltant de la série.
Commenter  J’apprécie          40
Meurtres pour zéro

J'ai lu, j'ai vu, je n'ai pas été convaincu.

Je ne connaissais pas le vaudeville noir, maintenant c'est fait.

Les amants et maîtresses se croisent et se re-croisent.

Les meurtriers sortent du placard en claquant la porte bruyamment derrière eux.

Les assassins assassinent avec cruauté.

Les mourants meurent avec atrocité, une lueur d'effroi effroyable dans leurs yeux, une grimace grimaçante aux lèvres.

Désolé, ce très court roman n'est pas pour moi ; peut-être plaira-t-il à certains.
Commenter  J’apprécie          31
Les aventures de Dick et Betty, tome 5 : L'..

« L’aventure commence à cinq heures » est un fascicule de 16 pages, double colonne, publié dans la collection « Murmure d’Amour » des Éditions du Moulin Vert, en 1947.



Il contient un récit indépendant de 11 500 mots, signé J.A Flanigham et met en scène Dick et Betty Reutel un couple glamour de détectives anglais.



Derrière le pseudonyme de J.A. Flanigham, nul ne sait, désormais quel écrivain se cachait.



Certains prétendent qu’il s’agirait d’un pseudonyme commun à plusieurs auteurs (ce dont je doute), la BNF le rapproche d’un certain Raymond Gauthier (les deux noms se côtoient dans diverses collections).



Toujours est-il que ce nom apparaît en 1945, disparaît en 1958 et, qu’entre, on peut lui accorder une centaine de récits de 10 à 30 0000 mots (je ne compte pas les rééditions).



J.A. Flanigham a œuvré uniquement dans le récit policier, développant, notamment, plusieurs personnages récurrents dont le principal est le journaliste anglais Bill Disley (presque la moitié de la production de l’auteur) accompagné de son ami Jeff, ancien boxeur et pickpocket. Mais on trouve également 6 enquêtes de l’Agence Garnier et quelques-unes de Dick et Betty Reutel.



L’auteur brillera principalement par la qualité de ses incises et indications scéniques qui, dans un format court, lui permettait d’insuffler rapidement une certaine ambiance et d’étoffer ses personnages à peu de renfort de mots.



Lors d’un défilé de haute couture auquel elle assiste, Betty, la charmante épouse du célèbre détective Dick Reutel, est témoin d’une scène étrange. Une jeune femme, près d’elle, s’écroule dans un râle et a juste le temps de lui dire « À cinq heures, en bas, le taxi vert et jaune » avant de mourir visiblement empoisonnée. De plus, le sac à main de la morte est introuvable.



Poussé par la curiosité, Betty décide d’attendre dans la rue voir si un taxi arrive à cinq heures. À l’heure dite, un taxi vert et jaune s’arrête devant elle, elle décide de monter dedans et, alors qu’elle n’a rien dit, le véhicule démarre et traverse la ville.



Quelques heures plus tard, Dick Reutel s’inquiète de l’absence de sa femme auprès de son ami l’inspecteur Brenny…



C’est un plaisir de retrouver Dick et Betty Reutel (c’est surtout un plaisir de retrouver la plume de J.A. Flanigham), car leurs aventures sont assez peu nombreuses et les fascicules d’origine rares à trouver.



La lecture de ces récits policiers fait l’effet de bonbons acidulés où le piquant du mystère laisse souvent place à la relation très fleur bleue et désuète des deux personnages. Le vouvoiement, les mots d’amour, dans ce couple qualifié, à l’époque, de « aventuriers modernes » instille un charme suranné à l’ensemble qui contraste plaisamment avec le genre dans lequel ils se meuvent.



Sur 11 500 mots, on sait l’avance que l’intrigue ne sera pas le point fort du récit. D’ailleurs, celle-ci est relativement simple, et quelques points manquent un peu de crédibilité, mais, qu’importe, le principal réside, comme toujours chez Flanigham, dans sa plume.



Sa plume, raison principale qui m’empêche de croire au pseudonyme commun à plusieurs auteurs, est facilement reconnaissable dans l’utilisation permanente et judicieuse des incises lors des dialogues et des indications scéniques qui permettent à l’auteur, en quelques mots, de préciser l’état d’esprit des protagonistes, permettant ainsi de donner l’impression d’un récit plus fourni qu’il ne l’est réellement.



Cette qualité, effectivement, se retrouve chez peu d’auteurs de l’époque (un peu chez Boris Vian quand il se cache derrière Vernon Sullivan) et est très identifiable et, surtout, très agréable.



Ici, ce ne sont pas tant les personnages qui prévalent que cette relation de couple très marquée dans son temps, mais qui nous change de celles des séries actuelles tant littéraires que télévisuelles.



Certes, l’humour est du coup moins présent que dans les aventures de Bill Disley où, là également, le point fort réside dans les relations, mais entre Bill Disley et ses amis Jeff et Martin, mais cela se déguste comme une guimauve fondante et sucrée à souhait.



Au final, J. A. Flanigham s’avère être une valeur sûre, d’autant plus quand le charme suranné du couple de détectives Reutel est de la partie.
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de J.A. Flanigham (6)Voir plus

Quiz Voir plus

Mémoire et souvenirs dans les titres

Complétez le titre du roman d'Edmonde Charles-Roux qui a obtenu le Prix Goncourt en 1966 : Oublier ...

Florence
Palerme
Venise
Naples

10 questions
193 lecteurs ont répondu
Thèmes : mémoire , souvenirs , oubliCréer un quiz sur cet auteur

{* *}