Les principes de Saint-Saëns sont simples et peu nombreux : tout d'abord, chaque œuvre relève d'un genre défini par la tradition. A chaque genre correspond une forme et un mode d'expression idoines qu'il convient de respecter, ce qui n’exclut pas certains écarts, eux-mêmes très encadrés et justifiés. D'autre part, la tradition fournit de nombreux exemples à imiter. Elle offre, pour chaque domaine, des formes parfaites que l'on ne doit pas copier selon la lettre mais dont on doit s'inspirer en esprit. Puis, la musique étant un art de la communication, elle doit s’adresser au public le plus large, sans tomber dans la facilité.
Qui pourrait croire que Rêverie et Le Pas d’armes du roi Jean, composés à la même époque sur des vers du même Victor Hugo, sont sortis de la même plume ? Dans les deux cas, l’on a affaire à une vraie personnalité musicale et Saint-Saëns se montre beaucoup plus avancé et original que Fauré au même âge.
Et surtout, à partir de l'année 1861, Camille Saint-Saëns, son aîné de dix ans, qui fut beaucoup plus qu'un professeur de piano. Un ami, un frère, un conseiller morale est esthétique frémissant parfois devant les audaces de son cadet, un véritable compagnon de route dont seule la mort le séparera, après plus de soixante ans (un bel et rare exemple d'amitié musicale, attesté psr une importante correspondance).
Saint-Saëns s’est toujours voulu un compositeur de musique pure. Pourtant, il fut l’initiateur du poème symphonique en France. Cette symphonie [Urbs Roma] est en fait, malgré sa forme traditionnelle, une sorte de poème symphonique en quatre mouvements qui évoquerait, plus qu’il ne la décrirait, la ville de Rome.
L'émotion ne vient pas de l'insistance pathétique mais de la maîtrise formelle, de la ligne et du dessin.
Composer une messe ou un opéra est un acte social qui peut permettre à l’artiste de progresser et de se faire remarquer favorablement des autorités et du public.