Citations de Jan-Werner Müller (22)
Tant qu'il y aura démocratie il y aura populisme.
Les populistes ne sont pas seulement hostiles aux élites, ils sont aussi fondamentalement anti-pluralistes. Leur revendication constante consiste à affirmer: nous - et seulement nous - représentons le peuple véritable. Et leurs distinctions politiques se ramènent inéluctablement à des distinction binaire, à caractère moral, entre le vrai et le faux, et en aucun cas en une unique distinction entre gauche et droite. Le populisme est synonyme de polarisation - une polarisation qui, toujours revêt un fort caractère moral. (p.163).
Le concept de populisme est-il étiré à l'excès (consciemment ou inconsciemment) par les élites européennes de façon à pouvoir ignorer les critiques qu'elles jugent malvenues? La réponse doit être ici fermement affirmative. (p.169).
La vérité du populisme de droite: il constitue un élément stabilisateur du système [néo-libéral]. (p.148).
La technocratie comme le populisme sont, de par leur logique intrinsèque, anti-pluralistes. (p.144).
Dans les sociétés modernes, le pluralisme est inévitable, mais sa reconnaissance se fonde sur des valeurs comme la liberté et l'égalité et non sur l'idée que plus de diversité encore est automatiquement toujours mieux. (p.122).
Trois aspects de cet anti-pluralisme [des populismes] réellement mis en pratique se détachent tout particulièrement: la volonté de s'accaparer la totalité des pouvoirs de l’État; la stratégie consistant à s'attirer la loyauté du peuple en pratiquant un clientélisme de masse; l'hostilité active à l'encontre de la société civile et, notamment, des médias. (p.85).
Personne a priori ne peut connaître la volonté du peuple; c'est toujours a posteriori seulement que nous apprenons l'existence de majorités (qui, souvent, ne sont que relatives). (p.75).
Si les partis populistes ne sont donc en rien des partis comme les autres, c'est en raison de leur revendication morale d'un monopole de la représentation. (p.68).
Les populistes ont besoin d'une sorte de critère moral préexistant à toute décision et séparant le bon peuple des mauvaises élites, d'un critère moral expliquant aussi qui fait véritablement partie du peuple authentique et qui n'en fait pas partie. L'Histoire nous montre que les idées morales de vertu et de dur labeur ont souvent joué ce rôle-là. (p.63).
Le populisme est l'ombre portée de la démocratie représentative; il est un phénomène spécifiquement moderne. (p.23).
" Tout pour mes amis ; pour mes ennemis , la loi. "
Traduction d'une expression anglaise - valable pour monsieur Erdoğan par exemple - " Everything for my friends ; for my enemies, the law ! "
(page 91).
" Tout pouvoir vient du peuple. Mais où va-t-il ? "
Bertolt Brecht : "Trois paragraphes de la Constitution de Weimar", dans "Poèmes" tome III (1930-1939), L'Arche 1966.
(page 81).
Les populistes conçoivent le rapport de représentation comme un mandat impératif: la volonté clairement identifiable du peuple doit tout simplement, et elle seule, être mise en application.[...] (Or,) une telle volonté unique du peuple n'existe pas. Pour les populistes, la représentation du peuple est symbolique. Le véritable peuple doit au préalable être extrait de la totalité empirique des citoyens. Ce qui signifie, par exemples,que 'seuls les travailleurs du cru, seuls les chrétiens-nationaux... sont le peuple authentique. Les populistes jouent systématiquement cette construction symbolique du 'peuple' contre les institutions existantes.
Les partis populistes ne sont pas de simples partis protestataires ou de simples partis de refus du système. Quand ils parviennent au pouvoir, ils gouvernent conformément à la logique intrinsèque du populisme: eux et eux seuls représentent le vrai peuple; en conséquence, il ne saurait exister d'opposition légitime.
Les partis populistes ne sont pas de simples partis protestataires ou de simples partis de refus du système. Quand ils parviennent au pouvoir, ils gouvernent conformément à la logique intrinsèque du populisme: eux et eux seuls représentent le vrai peuple; en conséquence, il ne saurait exister d'opposition légitime.
Les populistes conçoivent le rapport de représentation comme un mandat impératif: la volonté clairement identifiable du peuple doit tout simplement, et elle seule, être mise en application.[...] (Or,) une telle volonté unique du peuple n'existe pas. Pour les populistes, la représentation du peuple est symbolique. Le véritable peuple doit au préalable être extrait de la totalité empirique des citoyens. Ce qui signifie, par exemples,que 'seuls les travailleurs du cru, seuls les chrétiens-nationaux... sont le peuple authentique. Les populistes jouent systématiquement cette construction symbolique du 'peuple' contre les institutions existantes.
La critique des mauvais représentants tourne vite à une critique fondamentales des institutions démocratiques. L'argument des fondamentalistes ... est que ce sont eux qui représentent la majorité silencieuse, et même la totalité de la population. Si les institutions fonctionnaient correctement, ils seraient au pouvoir depuis longtemps.
La démocratie et la représentation sont deux choses différentes. La représentation n'est pas, en elle-même, un principe démocratique. Les populistes ne sont en aucun cas hostiles à la représentation. Tant qu'ils sont dans l'opposition, ils clament à l'envi l'antienne selon laquelle le peuple est représenté par de mauvaises élites, et même des élites corrompues.
Le populisme ne peut être rattaché à des électeurs bien particuliers, à des profils sociologiques bien déterminés ou à un certain "style politique" [...] Les populistes ne sont pas seulement hostiles aux élites, ils sont aussi fondamentalement anti-pluralistes. [...] Mais le populisme montre une logique interne spécifique et identifiable: nous - et seulement nous - représentons le peuple véritable. Et leurs distinctions politiques se ramènent inéluctablement à une distinction binaire, à caractère moral, entre le vrai ou le faux. Le populisme est synonyme de polarisation.