Jane Corry

Souliers d’école immaculés.
Va-et-vient des sacs bandoulière.
Battement des tresses blondes.
Deux paires de pieds. Une légèrement plus grande.
« Avance. On va être bientôt en retard. »
Toucher au but. Bientôt en sécurité.
Bord du trottoir.
Autre paire de pieds.
Non !
Un cri.
Silence.
Le sang qui coule.
La flaque qui s’étend sur le sol.

Je retiens mon souffle tandis que le bord irrégulier entaille ma peau : un frisson sombre me traverse, suivi par la douleur. Les deux me sont nécessaires.
Mais ça n'est pas suffisant. La souffrance n'est pas assez aiguë. Elle ne l'est jamais.
Car ce sont les blessures que nous dissimulons au plus profond de nous qui engendrent les pires dégâts. Celles qui nous écorchent sans relâche, nous meurtrissent irrémédiablement. Et tandis que la douleur et l'angoisse grandissent dans nos têtes, elles deviennent bien plus néfastes qu'une plaie ouverte visible à l’œil nu. Jusqu'à ne laisser d'autre choix que celui d'agir.
Car désormais l'heure est venue.

Puis elle déposera ses offrandes dans l'endroit paroissial, à coté dune pierre tombale qui ne date pas d'hier. Toujours la même chose. C'est la constance du rythme de vie qui fait tenir certaines personnes.
Je m'apprête à briser le mien en mille morceaux.

-Pointure?
- Trente-neuf et demi.
- On n'est pas chez Harrods ici. Trente-neuf ou quarante?
Je choisis le quarante. J'ai les pieds qui nagent dans les chaussures. Mais dix ans, c'est trop long pour avoir les pieds serrés.

Si les choses s'étaient passées différemment, j'aurais pu être l'heureuse élue, d'ailleurs. J'aurais pu mener une vie à l’abri du danger. Pourquoi refusons nous de comprendre que les initiatives irréfléchies prises dans notre jeunesse - où l'on pourrait se croire instinctifs- ont des répercussions sur le restant de notre vie?

Car ce sont les blessures que nous dissimulons au plus profond de nous qui engendrent les pires dégâts. Celles qui nous écorchent sans relâche, nous meurtrissent irrémédiablement. Et tandis que la douleur et l'angoisse grandissent dans nos têtes, elles deviennent bien plus néfastes qu'une plaie ouverte visible à l'œil nu.

La souffrance n’est pas assez aiguë. Elle ne l’est jamais. Car ce sont les blessures que nous dissimulons au plus profond de nous qui engendrent les pires dégâts. Celles qui nous écorchent sans relâche, nous meurtrissent irrémédiablement. Et tandis que la douleur et l’angoisse grandissent dans nos têtes, elles deviennent bien plus néfastes qu’une plaie ouverte visible à l’œil nu. Jusqu’à ne laisser d’autre choix que celui d’agir.

"Si les événements nous avaient laissé l'opportunité de progresser main dans la main vers l'âge adulte, nous aurions pu devenir le genre de soeurs que j'avais toujours enviées".

Un homme est bougon parce qu’il préférerait qu’on allume la télé. Et où qu’elle aille, une femme laisse derrière elle une flaque d’urine. L’odeur me donne des haut-le-cœur.

Les choses auraient peut-être été différentes si ma sœur avait été plus… eh bien comme une sœur. Mais elle était constamment dure, voire tout bonnement hostile. C’était comme de vivre sous le même toit que la brute de l’école sans jamais avoir la possibilité de changer de classe.

L’espace d’un instant, il y a un lien entre nous. De ceux que ressentent les enseignants qui découvrent un don qui, pour une raison ou une autre, a été réprimé chez un élève. Comme la découverte d’une perle après un chapelet de coquilles vides.

Ces hommes, dont les crimes ont fait les gros titres, aiment manifestement retomber en enfance. Peut-être ont-ils l’illusion d’un nouveau départ, pour ainsi dire.

C’est tellement facile d’oublier quelque chose. Avec toutes les règles et les procédures qu’il faut respecter. Et puis parfois, on a l’esprit ailleurs.

Dans le cours que je dispense dans l’école professionnelle, j’utilise des miroirs pour que les élèves puissent copier leur reflet. Mais en prison, c’est interdit. Alors, à la place, ils vont se dessiner mutuellement. Les exercices par deux sont de toute façon un excellent moyen de rapprocher les gens. Ça leur permet de parler, de tisser des liens. À ce qu’on m’a dit.

Quand on est en prison depuis aussi longtemps que lui, l’idée de retourner dehors fait très peur – surtout si des parents de la victime vous attendent au tournant.

J’adore éveiller le talent de tous ces hommes qui m’entourent ! Pour certains, un don enfoui depuis des années, qui n’a jamais eu l’occasion d’émerger. J’aime à penser que mon père aurait été fier de moi. Parfois, j’en oublie même de me taillader la peau le soir. Mon niveau d’adrénaline est si élevé, à rester aux aguets au cas où un détenu ferait quelque chose, que je ne ressens pas la même soif qu’avant.

Ce n’est pas parce qu’on appelle ça une prison ouverte qu’on n’a pas de problèmes. La plupart des détenus sont derrière les barreaux depuis des années. Quand on leur donne un peu plus de liberté, certains se lâchent un peu.

En temps normal, elle est sage comme une image. Mais les gens comme elle peuvent devenir violents par moments, notamment lorsqu’ils sont contrariés. C’est son état de santé qui veut cela.

La classification en Catégorie D signifie catégorie à faible risque. En d’autres termes, nos détenus ne sont plus considérés comme une menace pour la société. Mais ils sont nombreux à avoir commis des crimes graves par le passé. C’est leur dernière escale avant la remise en liberté. À moins, bien entendu, qu’ils ne commettent une nouvelle infraction.

Pourquoi un individu ayant commis un crime devrait-il bénéficier d’un enseignement artistique ? Les gens en prison méritent forcément d’avoir des activités profondément désagréables pendant qu’ils purgent leur peine.