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Critiques de Jean-Christophe Attias (17)
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Nos conversations célestes

Aaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhh… mais quel CALvaire, ce bouquin ! Un universitaire érudit ne fait pas forcément un bon romancier. Ce livre en est la démonstration. Le début est prometteur. Un style gentiment désuet avec de belles formules pour parler du physique des femmes (« sa tenue légère et simple rendait sa silhouette fort lisible et son joli collier rose et bleu attirait l’œil sur une partie de son anatomie qu’elle aurait peut-être pu rendre plus discrète » et du couple « Du donjon branlant que forme notre couple, je suis de toute évidence la moitié effondrée, celle qu’on ne visite pas ». Un peu comme si Beigbeder avait cessé de ricAner pour se concentrer sur son écriture. Les propos de l’historien Jean-Christophe Attias sont parfois luMIneux : « les synagogues pour prier, les églises pour se recueillir et les mosquées pour rêver ». Mais son intrigue est abracadabrante, construite sur une fausse énigme, sur de pseudo mystères que l’auteur justifie involontairement page 253 : « Voilà bien un truc de prophète, ça vous balance un message soi-disant codé, qui n’a ni queue ni tête, que personne ne comprend, ça fait sérieux, ça fait profond, et il se trouve toujours un tordu d’exégète pour donner un sens à l’absurde… ». L’absurde ? Parlons-en. Attias abuse des rêves boiTEUX pour justifier ses égarements narratifs. Au final, il ne sait plus de quoi il parle, il en fait même l’aveu dans son exergue final, avouant que tous les personnages lui ressemblent et qu’il s’agit surtout de lui. Merci pour les lecteurs ! À propos d’énigme, si vous lisez les caractères en majuscule les uns après les autres, vous saurez ce que je pense de ce livre.

Bilan : 🔪🔪
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Les juifs ont-ils un avenir ?

C’est un beau tollé qu’a provoqué la publication en 2001 de ce dialogue au titre iconoclaste. Il met aux prises deux savants du judaïsme, chercheurs à l’EPHE. Jean-Christophe Attias a fait de la philosophie juive médiévale et moderne le terrain favori de ses recherches érudites. Français, de mère chrétienne, il s’est converti au judaïsme, mais vit sans déchirement sa « francité ». Esther Benbassa, spécialiste des Juifs méditerranéens, a une généalogie plus complexe : née à Istanbul d’un père bulgare et d’une mère grecque, elle se définit comme une « juive du hasard », sans « aucun attachement territorial », « intellectuellement attachée à l’Occident, émotionnellement à Israël et ataviquement à l’Orient ».



La polémique provoquée par cette discussion stimulante vient de la remise en cause de trois fondements du judaïsme. D’abord le culte de la Shoah : « cette histoire, cette mémoire de la souffrance commune soude à défaut d’autre chose les liens d’un judaïsme en perte de sens » (p.109). Ce culte est paradoxalement fort récent ; il date des années 70. Il s’inscrit dans un mouvement plus vaste de survalorisation du statut de la victime. Les auteurs n’ont de cesse de dénoncer cette « passion morbide », ce « culte de la mort », voire cette « christologisation du destin juif ». Et, brisant un tabou, ils remettent en cause la soi-disant unicité de ce génocide qui, enfermant les Juifs dans une absolue singularité, obère leur réceptivité à la douleur de l’Autre : Arméniens, Rwandais, Bosniaques,…



Ensuite, la relation à la terre d’Israël. Benbassa et Attias avaient déjà traité ce thème dans leur précédent ouvrage « Israël imaginaire » (Flammarion, 1998). Israël possède un statut paradoxal. C’est une composante centrale de l’identité religieuse juive ; mais c’est aussi la réalisation d’un projet fondamentalement laïc, le sionisme, qui d’ailleurs a longtemps tourné le dos à une Jérusalem trop religieuse. Israël, quoi qu’en pense le Goush Emoumin, n’est pas la réalisation d’une prophétie biblique. C’est aussi la terre de Juifs non religieux, d’Israéliens arabes. C’est une terre où, paradoxalement, il est plus facile d’être juif qu’en diaspora (les samedis sont chômés, les restaurants cachers) et aussi plus facile d’être laïc (le seul fait d’habiter Israël confère une judéité dont la préservation en diaspora suppose l’observance de certaines pratiques minimales). C’est en somme une terre comme une autre, enrichie par des vagues d’émigrations successives, enrichie par la coexistence de différents « types » de Juifs, (Ashkénazes, Sépharades, Russes) en voie de levantinisation et confrontée au défi de la paix. Aussi, s’interdire, au nom d’une solidarité imaginaire, de critiquer la politique du gouvernement est rendre à Israël un bien mauvais service.



Reste le dernier pilier : la religion. Etre juif aujourd’hui, c’est pratiquer un culte, adhérer à une Loi. L’époque contemporaine enregistre, selon JC Attias, un inquiétant retour du religieux. Ce retour au Talmud, à la Kabbale repose sur une erreur : la croyance en un âge d’or perdu, en une « espèce de romantisme du shtetl, de la bourgade juive d’Europe orientale, avec ses hassidim » (p.183). Ce repli identitaire et victimaire empêche l’émergence d’un judaïsme créatif, ouvert et optimiste que les auteurs appellent de leurs vœux.



Si cette analyse lucide, politiquement incorrecte a suscité un tel débat, c’est que la communauté juive française n’était pas prête à se voir asséner de telles vérités. Les temps sont durs pour elle, du moins le croit-elle : la nouvelle Intifada depuis octobre 2000, l’antisémitisme obtus manifesté par les pays arabes lors de la Conférence de Durban, les attentats terroristes du 11 septembre ont concouru à renforcer leurs craintes. L’ambassadeur d’Israël en France, Elie Barnavi, avait même stigmatisé un regain d’antisémitisme que ne corrobore pourtant aucune statistique. Courageusement dénoncer cette « dérive victimaire » constitue tout à la fois une salutaire mise en perspective historique et un crime de lèse-communauté.
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Moïse fragile

Et voilà ça tombe longtemps après la période des prix littéraires et c’est très bien car on est bien plus attentif. Le Goncourt de la biographie a récompensé ce livre et c’est justice.

Si on me demande ce que je sais de Moïse je vais faire une réponse courte et mes références sont très cinématographiques ou alors remonte a de très très lointains cours de catéchisme :

l’enfant dans son couffin, l’ouverture de la mer rouge, les tables de la loi et bien sûr l’arche d’alliance !

Bon après ....

Une bio du prophète, du chef des hébreux, du législateur voilà ce que propose Jean-Christophe Attias mais très vite il nous le montre comme un homme fragile, il tient son nom d’une étrangère, la fille de Pharaon, il n’est sans doute pas circoncis, il est bègue « handicapé de la parole » et a besoin d’un intercesseur pour haranguer les foules, il conduit son peuple vers la Terre promise mais lui ne pourra pas y mettre les pieds. Bref on est loin de l’homme parfait.

Les textes bibliques ont tenté de masquer les points les plus litigieux, de gommer les anomalies, Moïse apparait décidément comme un homme qui connait des faiblesses, qui doute, qui souffre de solitude et qui comme un vrai prophète « meurt en exil ».



Dans une interview l’auteur dit de Moïse qu’il est humble, que sa fragilité est notre fragilité et qu’il peut nous aider à assumer nos doutes ou à les surmonter.

j’ai lu cette biographie avec grand plaisir mis à part quelques pages, non en raison d’un défaut quelconque du livre mais bien parce que ma connaissance du texte biblique était insuffisante et m’obligeait à aller relire les passages considérés attentivement.

Jean-Christophe Attias fait évidement preuve d’érudition avec légèreté mais aussi d’un certain humour qui rend certaines formules très réjouissantes, comme celle ci « Quant à Dieu, qui n’existe pas, je suis encore assez déraisonnable pour espérer en sa miséricorde »


Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Les Juifs et la Bible

L'essai historique de J. C. Attias retrace la longue et complexe histoire du peuple juif et d'un des trois livres (ou bibliothèques) qu'il a écrit : la Bible, devenue livre commun de toute l'humanité grâce aux traductions et au détriment, parfois, de la fidélité à son message. L'histoire des diverses étapes de la réception de ce livre par les héritiers et successeurs de ses auteurs couvre plusieurs dizaines de siècles d'histoire culturelle juive, que l'auteur parcourt avec science et compétence, sans jamais rebuter le lecteur.
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Nos conversations célestes

Livre lu dans le cadre de la masse critique de janvier 2020 :

Jean-Christophe Attias, historien des religions, signe ici son premier roman.

L'histoire : celle de la disparition de Ben Hafman, professeur d'un grand Institut. Plus aucune nouvelle de lui depuis six semaines. Plus aucune manifestation sur les réseaux sociaux alors qu'il publie quotidiennement des articles sur Facebook

Suite à cette disparition, Charles Honoré, le doyen de l'institut, va missionné Jacques (le narrateur), piètre professeur et Mauricette sa secrétaire, très belle femme et coquette. Il va leur donner huit jours pour le retrouver.

Leur enquête va donc les emmener, de découvertes en rencontres. Du domicile du disparu à la Maison des roses.. De plusieurs rabbins aux personnes qu'ils l'ont côtoyé. Cette enquête va les conduire de chambres d'hôtel jusqu'en Israël pour pouvoir découvrir la vérité sur Ben.

Mais surtout, Mauricette et jacques vont se confié sur leur rapport qu'ils avaient avec le disparu.

Mais les anges et le judaïsme ont leur place dans cette enquête.

Ce roman qui part comme une enquête policière, se pose comme une enquête entre la religion et le mystère des êtres humains.

Personnellement, je me suis perdu dans ce roman. Peut-être suis-je un peu trop athée pour comprendre les subtilités de ce roman.

J'ai dû donc bataillé pour allé au bout de cette histoire. Même si je reconnais une belle écriture, ce roman ne s'adressait pas forcément au lecteur que je suis.
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Moïse fragile

J'ai ouvert ce livre avec étonnement et méfiance : je ne voyais pas très bien la pertinence de la notion de fragilité dans le domaine biblique. Je ne dis pas dans l'exégèse, car l'auteur n'est pas un exégète de profession, ni dans la cohérence de la tradition juive comme Léon Askénazi, ni en dehors, comme tous les biblistes dont on trouve les ouvrages en librairie.

L'avant-propos, par son ton familier et ses truismes, m'a considérablement inquiété. Mélange de remarques à la première personne qui ont peu d'intérêt et de sociologisme à la mode. Attias face à Moïse ? Quel intérêt ?

Heureusement, l'auteur se reprend dans la suite, et utilise pour comprendre Moïse et parler de lui aussi bien le texte hébreu que les grands commentateurs médiévaux, irremplaçables par leur esprit critique, leur science et l'acuité de leur lecture du texte. En fin de compte, le Moïse d'Attias apprend quelque chose au lecteur, et c'est bien l'essentiel.
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Moïse fragile

Dans "Moïse fragile", l'historien des idées Jean-Christophe Attias se livre à une analyse décoiffante sur la vraie nature du mythe biblique.
Lien : http://www.lepoint.fr/livres..
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Juifs et musulmans. Une histoire partagée, un..

Cet ouvrage fait suite à des rencontres (mai 2004) à la Sorbonne et à l’Institut du monde arabe.



Les auteur-e-s rappellent que « Le dialogue ne consiste pas à effacer ce qui fut, mais à le considérer avec distanciation et à cerner précisément ses rapports avec notre vécu actuel, pour forcer des portes, pour créer des passerelles, parfois sans indulgence, mais avec espoir. ».



Il faut constater qu’une forte majorité de juifs et de musulmans (j’utilise les minuscules sans considération des notions de religion, peuple ou nation) en France développent plus ou moins une identification à la lutte du peuple palestinien ou à Israël comme marqueur identitaire. Cet attachement à distance peut être renforcé et déformé par la situation des uns et des autres dans les réalités concrètes présentes et passées.



Des jeunes « musulmans » réagissant « aux maux d’une société bloquée, rigide, fermée au pluralisme, impuissante à remédier au chômage, à la discrimination, à une éducation inégalitaire, au logement ghéttoïsé » et au racisme subit, peuvent s’approprier des stéréotypes antisémites classiques. Leur recherche d’une identité, peut se cristalliser dans une opposition à l’Autre, en l’occurrence le juif (souvent originaire des mêmes contrées qu‘eux et semblant avoir mieux réussi en France).



Une partie des juifs issus des pays arabes et notamment d’Afrique du nord, réécrivent « le passé juif en terre d’islam comme une série continue d’humiliations et de violences ». Cela ne peut que renforcer leur attachement à Israël, refuge imaginaire à l’antisémitisme d’ici et aux souffrances passées ; sans compter l’invention d’un « racisme » musulman d’hier à aujourd’hui.



Les premiers chapitres de ce livre reviennent donc sur l’histoire « plutôt grise » du passé juif en terre d’islam.



Les imprégnations et différenciations purement religieuses entre judaïsme, chrétienté et islam sont analysées et restituées historiquement. Les différentes périodes, lieux et donc relations sont étudiées (par exemple Andalousie, Iraq, Empire ottoman).



Un long développement est consacré au statut juridique (après la conquête arabe) des minorités « protégées » (dhimmi-s) pour les juifs, les chrétiens ou les mazdéens. Ce statut comporte à la fois des droits : liberté d’exercer son culte, latitude de pratiquer différentes professions (« Cette liberté est assortie de plusieurs limites, comme dans le domaine militaire, réservé aux musulmans, et dans la hiérarchie administrative et politique, où les dhimmi-s ne doivent pas occuper des postes de commandement trop élevés les mettant en position de donner des ordres à des musulmans ») et des devoirs : paiement d’un impôt de capitation et loyauté politique et militaire au pouvoir musulman.



Comme les auteur-e-s le soulignent « Ce serait verser dans l’anachronisme que de comparer le statut des minoritaires aux normes actuelles de droits de l’homme. Par rapport au niveau de violence latente au Moyen Age, la vie des communautés juives fut plutôt paisible, davantage en tout cas que sur la rive nord de la Méditerranée. De surcroît, on ne trouve pas en terre d’islam l’équivalent de l’antijudaïsme historique occidental. ».



Reste comme le rappelle Mohammed Harbi que ce statut dans la période précoloniale fut « un régime de subordination assez humiliant et qu’il en est resté des traces extrêmement fortes »



Les ingérences occidentales puis l’occupation coloniale auront des répercutions importantes dans les rapports entre juifs et musulmans (par exemple Décret Cremieux (1870) accordant aux juifs la nationalité française alors que la majorité de la population en sera exclue).



Hors engagement dans des mouvements d’émancipation général (communisme) la très grande majorité des juifs ne se sentiront pas concernés par les nationalismes arabes, d’autant plus que « ces mouvements, dans la plupart des cas, apparurent comme des organisations populaires de défense de l’islam plutôt que comme de véritables mouvement d’émancipation nationale ».



Faut–il aussi rappeler que « la décolonisation fut le principal levier du départ des juifs des pays arabes ».



La seconde partie de l’ouvrage est consacrée aux relations entre palestiniens et israéliens avec, entre autre, un très beau texte d’Elias Sanbar « Le sionisme dans le regard du monde arabe » qui termine sur « le sentiment de rage impuissante » qui pourrait à terme se « manifester de la pire des façons ». Il insiste pour nous prenions l’exacte mesure de la gravité de la situation.



Le livre se termine par des extraits de plusieurs débats sur « Les leçons du passé pour comprendre le présent : qu’en est-il aujourd’hui des relations judéo-musulmanes ? » et « Juifs et Arabes : comment après les accords de Genève, dialoguer aujourd’hui en rance sur le conflit israélo-palestinien ? »



La lecture de ce livre peut-être utilement complété par celui de Leila Shahid, Michel Warschawski et Dominique Vidal : « Les banlieues, le Proche-Orient et nous » (Les Editions de l’Atelier 2006) faisant suite à une tournée de débats dans des lycées des banlieues et quartiers périphériques en France.



L’inscription dans des perspectives historiques, la volonté de dépassionner et donc d’asseoir politiquement les ressentis et les colères, la connaissance des faces cachées des réalités juives, musulmanes, israéliennes et palestiniennes, semble être un nécessaire prélude pour agir collectivement sur la situation, ici et là-bas, pour que le «taayoush » (vivre ensemble en arabe) prenne la place des divisions communautaires.



Le rejet de l’autre vit de nos renoncements, de l’absence d’inscription des particularités dans une vision dynamique de l’universel permettant aux un-e-s et aux autres de « sortir des tribus et reconstruire des alliances » en « ne pas restant prisonniers de nos passés ».



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Dictionnaire des mondes juifs

Critique de Jean-François Colosimo pour le Magazine Littéraire



De A comme ablution à Z comme Zohar, mais aussi d'Algérie à Zimbabwe, ou encore d'Agnon à Zweig, voici le fait juif dans tous ses lieux et tous ses temps, décliné en religion, histoire, géographie, politique, culture. Il fallait l'exigence d'Esther Benbassa et de Jean-Christophe Attias (lire aussi p. 60-62), leur double qualité de savants et d'intellectuels, pour réussir une telle somme plurielle, et toujours décisive. À la question la plus insondable, « Qui est juif ? », l'ouvrage répond de bout en bout en opposant aux définitions restrictives la multiplicité de la vie juive, judaïsme et judéité mêlés. D'où l'importance accordée à des facettes habituellement minorées - les femmes, les agnostiques, les gestes de la quotidienneté. Mais qui veut s'efforcer de penser Moïse, le Messie ou le post-sionisme se verra de même éclairé. Une petite encyclopédie indispensable qui, à rebours de la tentation « marketing » que subit dernièrement Larousse, sait en retrouver l'antique tradition de service.
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Un juif de mauvaise foi

Cette histoire est celle de Jean-Christophe Attias, c'est également celle d'un voyage initiatique lorsqu'à 20 ans il décide de se convertir au judaïsme.

Le ton est tantôt drôle, tantôt émouvant et ponctué de ses réflexions, de ses rencontres souvent décisives dans son parcours. Il se revendique comme non-croyant mais désigne les pratiques comme constitutives de son évolution.

Notamment sa femme, Esther Benbassa, qui lui a permis de grandir et de devenir qui il est réellement aujourd'hui.

L'écriture est fluide, l'auteur nous plonge dans ses divagations tourmentées dont le regard critique est salutaire, mais ça ne m'a pas suffit et je suis passée à côté, un livre qui ne me laisse pas un souvenir impérissable.
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Nos conversations célestes

J’ai lu un drôle de bouquin. J’étais à la fois à fond et complètement perdue, surprise par ce que je tenais entre mes mains. Des romans comme ça, aussi déjantés, aussi étranges, aussi OVNI je n’en ai lu que deux : La Guerre des Bulles et Un truc à finir. Ce qui est drôle c’est que le premier s’attarde beaucoup sur des éléments irréels et que le second ressemble à une enquête… deux caractéristiques de Nos Conversations célestes. Reçu dans le cadre d’une Masse Critique Babelio.

Mon avis



Avec ce roman, impossible de rester concentré, de s’en tenir au texte coûte que coûte, ou de réfléchir. Non. Il faut lâcher prise, s’abandonner au livre, à ses absurdités, à ses lubies d’Auteur, à ses trucs bizarres auxquels on ne comprend rien (et Jean-Christophe Attias non plus, j’en suis sûre), à ses corps qui changent sans qu’on ne s’en préoccupe vraiment… bref, à l’imaginaire planté dans ce premier roman qui dét(c)onne complètement dans le paysage de la rentrée littéraire d’hiver.



Ce roman est à la fois absurde, surréaliste, complètement barré, tendre, presque dramatique, mais surtout très drôle. Une sorte d’ironie, de gentille moquerie qui teinte chaque dialogue, chaque personnage. J’ai par exemple beaucoup aimé la façon dont était dépeint le personnage de Ben, le fameux universitaire disparu, qui semblait avoir une aura charismatique inébranlable, mais surtout un culot remarquable. Presque caricatural, il avait un côté Magicien d’Oz, le genre de copain à te faire voir la magie un peu partout, mais à t’oublier souvent. Magnétique.



Aimé aussi celui de Mauricette, la gentille secrétaire avec qui Jacques part à la recherche de son collègue, reste pour le moins énigmatique. De blonde péroxydée aux doigts roses, à blonde naturelle aux mains grâcieuses, en passant par brune, rousse, hâlée, pâle, on la dit « toutes-les-femmes ». Mais sa personnalité reste en revanche constante. Ce qui est remarquable dans un récit aussi décousu et polymorphe.



Jacques, le narrateur, n’a quant à lui pas grand chose pour le mettre en valeur. Ami de Ben, amoureux de Mauricette, ça aurait pu être ses seules caractéristiques, si, de temps en temps il ne se sentait pas habité de souvenirs qui ne sont pas les siens, faisait des rêves bizarres où des objets lui sortent du corps (dont il garde des cicatrices au réveil), et s’inventait femme et enfants qui au bout de quelques pages finissent par disparaître et n’être que de lointains mirages.



Et encore, tout ceci serait sans compter sur la galerie de personnages plus invraisemblables les uns que les autres, de Mme Da Silva au Doyen, des rabbins (fils de trafiquant pour l’un, sorcier pour l’autre), des médecins qui n’en sont pas, des serveurs étranges, des hotelliers qui prêtent leur propre chambre, des agents de sécurité étranges et discordants qui s’empressent de mettre des bracelets électroniques à tout le monde pour les « écouter », et j’en passe. Tous ont un rôle étrange à jouer, réunis pour une dernière ovation dans les derniers chapitres.



Vous êtes déjà perdu.e.s ? Moi aussi. Pourtant, au delà de cette perte de repères, ce roman n’a rien à envier à ceux d’aventures, ou de suspens. De bout en bout on veut savoir la fin, quitte même à lire la dernière page (si si je l’ai fait, mais j’ai rien compris, donc j’ai rebroussé chemin) pour avoir le fin mot de l’histoire. Qui est Ben ? Qui est Jacques ? Qui est Mauricette ? Même les lieux sont changeants, les rues décrites pourraient exister…mais n’existent pas, et d’autres ressemblent à des visions du passé. Des villes entières sont inventées, tandis que d’autres prennent leur marque dans une étrange réalité. Il y a aussi des coups d’élan : couteau disparu, fuite, fou dangereux. On peut dire ce qu’on veut ce roman ne manque pas de panache !



Il ne manque pas, non plus, d’une belle prose. Si elle peut paraître un peu trop littéraire à certain.e.s, j’ai vraiment eu l’impression que c’était une écriture qui appartenait pleinement à Jean-Christophe Attias. Ni trop érudite, ni trop relâchée, ni trop chiante, ni trop drôle. Non il y avait de l’ironie douce, et le ton, un peu châtié, correspondait parfaitement au récit.



Il me reste encore en mémoire des parts d’ombre : qui sont ces « espions » qui parsèment le roman et rendent rapport sur rapport sans qu’on en sache réellement la teneur, à écouter les conversations célestes des autres. Que signifie réellement cette fin ? Tragédie ou romantisme ?

Qu’apprenons-nous des anges, de Dieu ou de Rien ? Y a t-il un message à reconnaître, à décrypter ? Le mystère reste entier, mais il me va très bien comme ça. Curieux, intrigant.



En résumé



Nos conversations célestes fait partie de ces ovnis littéraires, inclassables et inclassés, qui dansent joyeusement entre raison et absurdité. Non content de nous laisser nous enfoncer dans un récit surréaliste où le narrateur n’est pas un narrateur, la femme est toutes-les-femmes et l’Auteur pourrait se rapprocher de Dieu, Jean-Christophe Attias nous laisse une fin délicieusement ouverte et mystérieuse. Pour rentrer dans ce roman, mettez votre raison logique au placard et laissez vous porter par cette imagination dét(c)onnante.
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Nos conversations célestes

Je remercie très chaleureusement Babelio et Alma éditeur pour l'envoi de Nos Conversations célestes.



A quoi est-ce que je me suis attendue en lisant cette 4ème ? Franchement, aucune idée. Et qu’est-ce que j’ai finalement lu ? Eh bien… Aucune idée non plus. Je sais, c’est une manière terrible de commencer une chronique, mais pour être parfaitement honnête avec vous, je suis totalement déboussolée par ce roman !



L’intrigue est pourtant claire : le protagoniste et narrateur, Jacques, part avec Mauricette à la recherche de son collègue professeur d’université, qui ne donne plus de nouvelles depuis 6 semaines. Ils vont donc mener l’enquête, rencontrer des gens susceptibles de les renseigner, faire des haltes dans des bistrots pour faire le point, et même voyager un peu pour en savoir plus. Jacques est un personnage plutôt morne, il a raté sa carrière qui ne le motive pas une seconde, observe le monde autour de lui, débite de longs monologues ponctués d’humour noir et sa mémoire fluctuante en fait un protagoniste dur à suivre. Mauricette, quant à elle, a « un physique très changeant » (ce qui est vrai, la fausse blonde finit rousse, en passant par une peau mate, mais aussi blanche aux veines bleues), et ce n’est pas la seule chose changeante chez elle : son caractère est changeant, sa beauté est changeante, ses sentiments sont changeants. Parfois, elle disparaît juste, et d’autres fois, elle est simplement présente. Finalement, dans ce roman, rien n’est figé. Les photos se modifient, les souvenirs se télescopent, les histoires se mélangent. Les conversations entre les personnages sont parfaitement irréelles (voire irréalistes) et parfois insaisissables ; elles sont « célestes ».



Et le lecteur dans tout ça, où -comment- se situe-t-il ? Est-ce vraiment l’histoire, est-ce vraiment l’intrigue qui importe ? Si je disais que oui, j’oublierais un sacré morceau du roman. Je pense qu’on peut y voir un tas de problématiques, plus ou moins finement (si c’est très finement, peut-être que c’est seulement mon interprétation ou une vue de l’esprit) dissimulées. La question de la religion, déjà, est la plus évidente. Plusieurs fois dans le roman, lors de leurs conversations, les personnages font référence à « l’Auteur ». Au début du livre, on apprend que Mauricette est une grande lectrice de romans, ce qui déplaît légèrement à Jacques qui lit plutôt des essais et publications scientifiques. Mais avec la mission qui leur est confiée, Mauricette se sent de plus en plus l’âme d’une héroïne de littérature et parle régulièrement de « l’Auteur » de leur aventure. Peut-être pouvons-nous voir ici, au lieu d’un regard caméra, une réflexion autour de Dieu. Dieu n’est-il pas l’auteur, pour un personnage comme Ben, qui est Juif ? L’enquête tournera d’ailleurs beaucoup autour de sa confession (sa mezouza, les rabbins…). C’est donc Dieu, comme un auteur de roman, qui déterminerait le destin des Hommes (ses personnages). Mais n’est-ce pas un peu prétentieux aussi, dans un sens ?… « Et je suis Dieu, enfin. » nous confie Jean-Christophe Attias dans ses lignes de suite.



Autre piste de réflexion possible, l’irréalisme du souvenir. Je m’explique : nous savons que les souvenirs que l’on a sont altérés. Par le temps, déjà, mais aussi par nos sentiments, notre appréciation… et parfois ceux des autres. Ainsi, dans mon souvenir, ma professeure de mathématiques au collège a les cheveux gris. Mais je sais pourtant que ce n’était pas le cas à l’époque. Mauricette, donc, peut très bien être blonde et rousse ; Mauricette peut être un souvenir. Comme tout le reste du roman, d’ailleurs. Jacques fait souvent allusion aux changements autour de lui ; souvent, il oublie une partie de sa mémoire immédiate. Parfois, nous avons de quoi reboucher les trous, parfois pas. Si finalement, les trous de mémoire finissent pas avoir une autre raison que celle à laquelle je pense, je me plais à croire aux deux possibilités.



Mais peut-être aussi, simplement, que l’Auteur est Dieu. Et Dieu fait ce qu’il veut, non ?



J’ai cherché en vain sur internet une autre chronique de cet ouvrage, pour avoir un œil extérieur (chose que je m’interdis en général); je me suis dit que peut-être quelqu’un pourrait me dire ce que j’ai raté dans Nos Conversations célestes, car je suis certaine d’avoir raté des choses. J’ai mes petites idées, bien sûr, mais je ne suis pas très coutumière de ce genre de lectures, en tout cas il y avait longtemps que je ne m’étais pas prêtée au jeu.



Bref, avec un style d’écriture souvent soutenu, jamais familier, Nos Conversations célestes est une curiosité littéraire qui, je pense, est dure à conseiller. Public de niche, peut-être pas, mais en tout cas lecteurs vifs et amoureux de la langue, oui !
Lien : https://folitteraires.wordpr..
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Un juif de mauvaise foi



(Je continue de mettre à jour mes critiques sur crocbooks.jimdo.com et http://www.prose-cafe.fr/leblog/ avant d’être trop prise par mon déménagement prévu dans le courant du mois de décembre). Merci aux éditions JC Lattés de m’avoir autorisé à lire le témoignage de cet historien / philosophe de renom.



Je m’intéresse au parcours de Jean-Christophe Attias parce que mes parents n’ont pas la même religion. J’ai été élevée dans les respect de la religion catholique et de la religion juive. Ils ont pourtant décidé de me laisser choisir ma voie, ma foi. Je n’ai fait que suivre mon coeur lorsqu’à l’adolescence, j’ai demandé à avoir une chaîne et un pendentif en or représentant une étoile de David. Mes proches pensaient que c’était ma façon de me rapprocher de mon père absent mais cela allait déjà plus loin qu’un problème d’identité. Je ne la porte plus aujourd’hui mais j’aime la toucher à la veille des événements importants. Je mets aussi un point d’honneur à accomplir mon devoir de mémoire en lisant depuis l’école primaire de très nombreux textes sur la Shoah ou sur l’état d’Israel. C’est encore plus vrai depuis le décès de mes grands-parents paternels. Je sais depuis toujours que c’est la mère qui assure la transmission de la religion chez les descendants d’Abraham mais cela ne m’empêche pas d’avoir des affinités avec eux. Je retire une certaine force, une certaine fierté aussi, de cette mixité offerte à la naissance. J'ai décidé de croire en une puissance supérieure sans la nommer.



Revenons à la production en elle-même. "Un juif de mauvaise foi" retrace le parcours intéressant d’un homme qui a difficilement réussi sa conversion. En devenant juif, monsieur Attias a pris conscience du poids de l’héritage culturel et religieux ainsi que des rites, des secrets intrinsèque de ces deux communautés. C’est avec beaucoup d’audace, d’humour et de bienveillance qu’il nous rappelle que l’essentiel, c’est de croire en soi.

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Un juif de mauvaise foi

Spécialiste du judaïsme, Jean-Christophe Attias raconte dans un livre son parcours hors norme. Celui d'un juif converti qui se revendique comme non-croyant.
Lien : http://www.lepoint.fr/cultur..
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Un juif de mauvaise foi

L’historien et philosophe livre le récit aussi jubilatoire que grave de sa conversion au judaïsme.
Lien : http://next.liberation.fr/li..
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Moïse fragile

Un Goncourt de la biographie passionnant.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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Les Juifs et la Bible

Loin de se réduire à une définition univoque, la Bible fait dans cet ouvrage l'objet d'une méditation sinueuse qui révèle toute la richesse fécondante du rapport qui unit le livre aux Juifs.


Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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