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Critiques de Jean-Christophe Deveney (210)
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Petit Renard : La Rivière cra-cra

Les auteurs de cette bande dessinée sans texte ont pris un parti intéressant, à savoir de proposer aux enfants non lecteurs une bande-dessinée dont ils pourraient suivre les développements avec les seules images.



Le public visé semble donc les élèves proto-lecteurs de la maternelle. La question est maintenant de savoir si c'est une bonne idée ou pas ? Ici, je me permets d'être plus réservée car, pour quiconque a déjà approché des élèves de maternelle, ce qui est mon cas, on sait que la latéralité gauche-droite est encore extrêmement labile à cet âge.



Les enfants qui apprennent à reconnaître puis écrire leur prénom peuvent sans problème l'écrire en miroir de droite à gauche (même pour les droitiers, la main d'exécution n'intervient pas ou peu dans l'acquisition de la latéralité de lecture) ou choisir une étiquette qui n'est pas la leur juste parce que la dernière lettre est identique.



Or, la règle tacite mais pourtant très présente de lecture d'une bande dessinée occidentale est de gauche à droite et de haut en bas ET sur une même page avant de passer à la suivante. Dit autrement, seul, un enfant ne peut pas suivre une bande dessinée même sans texte, du simple fait qu'il ne sait pas où placer son regard de façon fiable et reproductible.



Donc, le coup des 6 (voire 7) images par page est une aberration totale de mon point de vue. En plus, certains codes graphiques comme les Zzzz d'un dormeur, les étoiles autour de la tête quand on se cogne, les phylactères pointus pour stipuler qu'on crie ou qu'on heurte quelque chose violemment sont eux aussi vides de sens pour des enfants de cet âge.



À mon avis, du " un dessin par page " eût été largement suffisant, réduisant à une chance sur deux les risques de " lecture " à contre-sens et n'effaçant cependant pas le risque d'incompréhension des enfants sur le fait qu'un même personnage apparaisse sur les deux pages adjacentes (souvent perçu comme deux personnages identiques au même moment et non comme un même personnage à deux moments différents).



En plus, là encore l'idée pourrait sembler bonne, de vouloir sensibiliser précocement les enfants à l'écologie et au respect de l'environnement, mais les dessins ternes (beaucoup plus ternes que la couverture qui elle est assez attrayante) avec des cases très grises pour matérialiser la pollution passent eux aussi à côté de l'objectif selon moi.



Donc, des pseudo bonnes idées irréalistes d'après moi. (En couverture on lit : " histoire sans paroles à lire tout seul, dès 4 ans ") Si l'on corrige la donne et qu'on impose la présence de l'adulte pour aiguiller le regard de l'enfant et fournir des explications, l'ouvrage devient acceptable, sans plus, avec toujours cet inconvénient majeur du manque d'attrait des cases grises.



L'histoire, en deux mots, nous présente un renard et une taupe qui veulent aller pêcher mais qui sont confrontés à une rivière largement souillée et polluée. Ils vont donc mettre tout en œuvre pour tâcher de la nettoyer et de la dépolluer.



Malgré une thématique qui m'est chère, une bande dessinée qui totalise de très nombreux défauts à mon avis, mais ce n'est que mon avis cra-cra, c'est-à-dire, pas grand-chose. (Mes 3 étoiles sont très généreuses, je trouve.)
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Le Royaume d'Estompe

Alors que Noémie, une jeune fille de 12 ans, revient dans la maison familiale pour l'enterrement de son grand-père, une étrange voix la réveille au cours de la nuits et soudain, son cochon en peluche, Mr Piggs se met à lui parler. Selon lui, quelqu'un a besoin d'aide dans l'un de ses rêves et ill est bien décidé à l'accompagner dans cette étrange aventure. Il vont alors faire la connaissance du jeune dauphin qui vient d'apprendre la disparition inquiétante de son père, le roi du royaume d'Estampe. Seule son épée demeure. Contrairement à ce que l'on pourrait pense, celui-ci n'est pas mort mais a bel et bien été enlevé par une étrange créature machiavélique : l'Estompe. Ensemble, ils se rendent trouvent le preux chevalier Mulhot pour les aider à sauver le roi et par la même occasion, le royaume tout entier. Arriveront-ils au bout de leur quête et surtout à délivrer le roi contre quelque chose qui est pire que la mort ? In n'y a rien de pire me direz-vous et pourtant oui et cette chose effroyable s'appelle Oubli. Les personnes qui nous sont chères et qui meurent ne le sont pas réellement tant que nous nous souvenons d'elles. Tel est le magnifique message d'espoir transmis dans cette bande-dessinée, admirablement illustrée, à destination a priori d'un public Jeunesse mais j'irai bien au-delà en disant que cette dernière peut être lue à n'importe quel âge car il y a vraiment une explication profonde face au deuil et c'est admirablement mis en scène ici !



Une lecture sur fond d'imaginaire mais qui traite de problèmes de la vie et de la mort auxquels nous sommes confrontés sans cesse, et ce quel que soit notre âge ! Une belle découverte et une lecture que je ne peux donc que vous recommander !
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Haruki Murakami : Le septième homme et autres..

Devant l’engouement de ma moitié pour Murakami (c’est mal fichu cette expression la moitié en question faisant le double de moi, enfin bref…) j’ai tenté la lecture d’un livre de cet auteur avant d’arrêter au bout de 100 pages.



J’ai donc tenté la lecture d’une nouvelle (L’étrange bibliothèque) à laquelle je n’ai pas tout compris il faut bien l’avouer mais j’avais bien aimé les illustrations et la plume. Donc quand chéri-chéri (bof c’est pas beaucoup mieux que ma moitié) a reçu par le père noël (qui nous dit que ce n’est pas une mère noël d’ailleurs… !? Comment ça je m’égare ?) un roman graphique (toujours pas convaincue par la distinction avec la BD… comment ça il faut que j’arrête de digresser ?).



Oui donc, je disais, quand j’ai eu sous la main le roman graphique « Le septième homme et autres récit » je me suis dit bonne aubaine ! Et bien non.

Alors, excusez-moi mais je ne vais pas essayer de jouer les pros de la BD (ou du roman graphique que je trouve toujours que la … ok j’arrête !) en vous disant que les couleurs ceci ou le coup de crayon cela j’ai tout simplement trouvé les dessins moches. Des illustrations tout en angles, des traits grossiers, des couleurs criardes et des personnages très laids !



Le scénario ? Rebelote je n’ai rien compris. D’une part je ne saisis pas tout et d’autre part j’ai l’impression qu’il n’y a jamais de « vrai fin ». Je suis peut-être un peu vieux jeu mais j’aime bien moi quand il y a un début et une fin.

Comme on est dans l’esprit fable/conte on pourrait s’attendre à une morale, non plus !



Difficile d’apprécier un livre (roman machin, BD, livre je ne sais plus !) dont je n’ai pas compris l’histoire, pas trouvé la fin, et trouvé les dessins moches. Je proteste on m’avait vendu un univers onirique, poétique la quatrième de couverture parle d’histoires « entre réalisme social et romantisme fantastique », … j’ai vraiment dû rater un truc !!! Moi tout ce que j’ai vu c’est un crapaud géant tout moche et un ver géant encore plus moche qui livraient bataille en mode ninja. Cerise sur le crapaud, je n’ai même pas compris le rôle du pauvre type qui était censé être le héros de l’histoire. J’ai vu un couple qui tentait de braquer une boulangerie pour des raisons qui m’échappent toujours et la fin de l’histoire je ne m’en souviens même plus. Ah mais oui c’est normal, suis-je bête il n’y a pas de fin je viens de le dire.



Non vraiment Murakami c’est fini !



Hein ? Quoi ? Comment ça ce n’était pas mon cadeau de la mère euh…du père noël et je devrais déjà m’estimer heureuse de l’avoir piqué à son propriétaire? Oui, bon, c’est vrai, j’arrête de me plaindre ! Ah et l’avis de « chéri-chéri moitié » ben lui il a adoré… pourquoi ? Encore un truc qui m’échappe…

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Géante - Histoire de celle qui parcourut le m..

En cet après-midi de printemps, alors que le bûcheron, une fois son travail accompli, remonte vers sa ferme, il entend un bruit bizarre dans le forêt. Et quelle n'est pas sa surprise de tomber nez à nez avec un bébé géant. Si Jean ne peut décemment pas le laisser ici et encore moins, aux yeux de sa femme, l'abandonner à l'hospice, ce gros poupon, prénommé Céleste, vient ainsi agrandir cette famille, qui ne compte déjà pas moins de six enfants, tous l'accueillant avec joie. Céleste grandit, s'épanouit au sein de cette famille aimante et tisse, avec chacun de ses six frères, un lien particulier. Mais, au fil des ans, chacun quitte progressivement la ferme, l'un partant travailler chez un éleveur, l'autre embarquant à bord d'un navire marchand, un autre s'installant dans sa propre exploitation ou encore entrant en apprentissage chez un imprimeur. Chaque départ remplit la jeune fille d'un mélange de tristesse et d'envie, puis d'amertume, d'autant que ses parents lui interdisent de quitter la ferme. C'est en croisant, par hasard, un colporteur qui lui propose de la conduire dans la vallée, à la découverte du village voisin, que Céleste partira à la découverte du monde...



Une découverte qui sera, immanquablement, enrichissante, bourrée d'imprévus, de rencontres plus ou moins joyeuses, de joies mais aussi de déceptions, d'amitié et d'amour, de violence... et qui, à coup sûr, la fera grandir et lui fera prendre conscience aussi bien de son corps que de sa féminité ou sa sexualité. Ce récit d'aventures en compagnie de Céleste, jeune fille puis jeune femme attachante, curieuse, au caractère bien trempé, nous emmène dans des contrées dépaysantes. L'on y croise un chevalier blanc, une troupe de théâtre, des femmes Amazone, un futur roi ou encore des religieuses ou des sirènes. Si Céleste détonne de par sa taille, elle comprendra bien vite que c'est sa condition de femme dans un monde traditionnel et patriarcal qui l'empêche d'être elle-même et d'acquérir sa liberté. Ce conte, dense et riche, parcourt ainsi des thèmes divers et variés, empruntant aussi bien aux contes connus qu'à des sujets plus contemporains. Avec cet album, Jean-Christophe Deveney a fait un travail remarquable en dépoussiérant les contes. Graphiquement, le dessin de Núria Tamarit bien qu'épuré nous offre de jolies planches éclatantes, pleines de lumière et de vie.

Une véritable ode à la Femme...



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Haruki Murakami : Le septième homme et autres..

Ça fait des années que je me promets de lire Murakami. C'est un classique, incontournable, tout le monde en parle toujours dans les milieux littéraires. Alors bon, quand je suis tombé sur une adaptation en BD de ses meilleures nouvelles, je me suis dit que le moment était venu.



Donc : Dès la première nouvelle, je me sens gagné. C'est original, un peu cynique, ça flirte avec l'imaginaire et tout ça. Je me maudis d'avoir attendu si longtemps pour le lire. Je commence déjà à regarder la bibliographie et Murakami pour trouver quel livre je lirai par la suite.



Puis, je poursuis la lecture, nouvelle après nouvelle, jusqu'à avoir en bouche ce décevant goût de répétition.



Dans chaque nouvelle, on a un type blasé, féru de culture occidentale. La nouvelle se déroule dans un monde qui ressemble au nôtre mais avec une certaine aura d'étrangeté. Le type fait face à un délire métaphorique, onirique, psychédélique ou psychotique, tout ça pour finir dans l'incertitude la plus complète dans une conclusion ouverte à interprétation.



Mais bref, c'est bon, si on passe outre la répétition. Peut-être que le réalisme magique n'est juste pas fait pour moi.



Les illustrations sont bien travaillées dans un style volontairement déplaisant pour susciter cette aura d'étrangeté que je mentionnais.
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Haruki Murakami : Le septième homme et autres..

Une adaptation graphique de neufs nouvelles de Murakami, avec toujours, le beau risque du fantastique.



Par exemple, dans la première nouvelle, un homme ordinaire, employé de banque, reçoit la visite de rien de moins qu’un crapaud géant. Vous voyez tout de suite si c’est le genre d’imaginaire qui risque de vous plaire. Si vous êtes de ceux qui seront immédiatement rebutés par l’idée d’un crapaud géant dans votre ville, passez votre chemin, cet album n’est pas pour vous.



Par contre, si vous appréciez déjà l’univers déjanté de Murakami, vous pourrez avoir du plaisir à comparer les scénarios et dessins de Deveney & PMGL aux images mentales que vous vous faites habituellement.



Pour ma part, je n’ai pas été complètement charmée, il y avait parfois un peu de mou, dans le flou des dessins. Mais dans une longue randonnée de plus de 400 pages, il est un peu normal qu’on ne soit pas éblouie à chaque tournant, je suis quand même contente de ma lecture.

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Le Royaume d'Estompe

Une bien jolie BD qui traite du thème du deuil avec justesse et délicatesse.



Noémie, une jeune fille de douze ans, se rend à l'enterrement de son grand-père avec ses parents.



"Mon grand-père allait disparaître avalé par la terre et tout continuerait sans lui, comme si de rien n'était. J'ai senti mon père trembler et j'ai compris que je me trompais."

Cette nuit là, alors que son père contemplait le portrait de son père, envahi par la tristesse, Noémie s'endort et rejoint le pays des rêves.



Entre rêve et réalité, conte de fée et monde fantastique, univers médiéval et paysage fabuleux, Noémie nous entraîne au Royaume de l'Estompe.

De toute beauté, d'un lyrisme simple et enchanteur, cette BD m'a vraiment ravie. J'ai aimé cette façon d'aborder la mort d'un être cher. Le ton est loin d'être péremptoire mais il peut apporter des réponses à qui en cherche encore.

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Haruki Murakami : Le septième homme et autres..

Comme très souvent dans les recueils de nouvelles, j'ai trouvé un intérêt très variable parmis celles de cet album. Globalement j'ai retrouvé avec plaisir l'univers singulier d'haruki Murakami avec ses frontières perméables entre rêve et réalité,l'attirance pour des forces et une influence " para normale". Le jazz et la philosophie sont bien sûr au rendez-vous ,ainsi qu'en second plan les chats! Cependant,j'avoue ne pas avoir été touchée du tout par le graphisme. Les personnages sont laids sans que j'en ai vu une explication , comme cela est parfois voulu dans des bd comme Blast. Il y a en revanche une vraie recherche dans le jeu des couleurs. Un moment agréable de lecture mais pas la" vraie immersion" dans "le Murakami" que j'aime.
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Les naufragés de la Méduse

En 2020, Jean-Sébastien Bordas (scénario, dessins et couleurs) et Jean-Christophe Deveney (scénario) se sont associés pour présenter leur vision d’un chef-d’œuvre qui commémorait une tragédie, c’est là le début de leurs Naufragés de la Méduse, paru chez Casterman.



À la poursuite de Géricault

Théodore Géricault est un jeune bourgeois du début du XIXe siècle ; son statut lui permet de vivre aisément et de se consacrer à sa passion, la peinture. Cela marche relativement bien, mais il recherche activement le sujet de son prochain tableau, au point de délaisser sa famille. Il s’intéresse de près à un événement marin qui a eu lieu un peu plus d’un an auparavant, l’échouage de la frégate La Méduse. Cela a donné lieu à un procès par la suite, à quelques règlements de comptes au sein des ministères concernés et Géricault remonte peu à peu la piste pour comprendre ce qu’il s’est passé afin de comparer le fil de cet événement avec les informations connues du grand public. Il recueille le témoignage de deux survivants de cet échouage et sent qu’il tient là de quoi faire un tableau à la fois épique dans son sujet et dantesque dans sa conception. C’est aussi l’occasion de voir surgir de nouvelles oppositions entre les royalistes et les bonapartistes qui se disputent les lieux de pouvoir en ce début de Restauration.



À la recherche de la Méduse

Ce premier récit sur Théodore Géricault est ainsi entrecroisé avec le récit le plus historique possible du dernier voyage de la frégate nommée La Méduse. C’est un navire lancé en 1810, qui a servi a quelques missions ponctuelles vers l’Indonésie et les Antilles. En 1816, elle sert à organiser une mission de colonisation (des fonctionnaires et des militaires, avec quelques familles) en direction du Sénégal. L’expédition en cortège est dirigée depuis la Méduse par le commandant Duroy de Chaumareys, vieux noble royaliste mais sans expérience maritime récente et en conflit constant avec ses lieutenants. Jour après jour, la tension monte dans cette expédition et ce qui devait arriver arriva, la Méduse, séparée du reste du convoi, s’échoue au large du Sénégal sur un simple banc de sable, dont la dangerosité était pourtant connue, le banc d’Arguin aujourd’hui en Mauritanie. Les conflits reprennent de plus belle, l’alcool est consommé à la va-vite, les conditions sont dantesques. Le drame se noue avec la constitution d’un convoi de chaloupes trop petit pour accueillir tout l’équipage (et le reste du cortège n’a pas été attendu donc ne peut pas les secourir). Le commandant passe dans les premières chaloupes, mais certains restent sur l’épave et beaucoup doivent construire un radeau qui est bien vite séparer du reste des chaloupes : là, les auteurs prennent le parti de donner une raison claire au « largage » du radeau. Et le dernier acte est forcément le devenir de ce radeau qui inspira Théodore Géricault : manque d’eau, de vivres (ils n’ont que des barriques de vins et quelques poissons volants qui passent), dérive pendant des jours et des jours, mutineries, combats et même faits de cannibalisme, etc. Seules 15 personnes seront secourues… Cela fait écho à bien d’autres épisodes dramatiques de la mer comme Les esclaves oubliés de Tromelin.



Construction d’un chef-d’œuvre

Pour cette mise en abîme du récit graphique de l’élaboration d’un chef-d’œuvre graphique (Le Radeau de la Méduse s’appelle originellement Scène d’un naufrage et est désormais visible au musée du Louvre), les deux auteurs ont donc choisi un petit côté « enquête » de la part du peintre. Lui-même a un intérêt, si ce n’est financier, au moins du point de vue de sa réputation : c’est là l’occasion de paraître dans cette société très conservatrice de la Restauration comme un artiste d’avant-garde. La mise en parallèle des deux récits se fait beaucoup par la psyché du peintre : un brin romantique parfois, acharné sur la quête du détail souvent (les anecdotes sur l’usage de membres humains en décomposition sont toujours véridiques), il s’enferme de plus en plus sur son sujet au détriment du reste de sa vie. Tout cela pour dire que les détails historiques fourmillent et on sent particulièrement combien les auteurs ont fouillé dans les archives de cet événement pour tout remettre à plat. Cela ne donne pas lieu à une composition graphique particulière de la part de Jean-Sébastien Bordas : nous avons ici un gaufrier relativement classique, avec des décors d’arrière-plan sûrement trop peu développés en raison du grand nombre de planches (167 !).La multiplication des cases donne un rythme soutenu à l’ensemble, ce qui contraint à multiplier le dessin de certains personnages mais permet parfois de se passer de certains dialogues qui n’auraient pas apporté grand-chose.



Les Naufragés de la Méduse est donc un roman graphique particulièrement intéressant, riche en informations historiques, par un duo d’auteurs que je ne connaissais pas encore



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Géante - Histoire de celle qui parcourut le m..

Dans les bois de la montagne, en rentrant chez lui, Jean, bûcheron de son état, entend des pleurs dans un trou profond. Il descend pour voir s'il y a un besoin de secours. Il découvre alors un énorme poupon aux mensurations monstrueuses. Il décide de l’amener chez lui.



Ils choisissent, avec sa femme, de le garder malgré déjà une famille nombreuse de 6 garçons. C’est alors que la Maman découvre qu’il s’agit d’une fille. Il la prénomme Céleste. Tout va bien dans le meilleur des mondes, Céleste grandit au milieu de ses frères.



Peu à peu, ceux-ci quittent la maison et Céleste grandissant souhaiterait descendre dans la vallée. Un jour, gardant le bétail dans les prés, Céleste est abordée par Nando le colporteur. Bonimenteur comme peuvent l’être les camelots, il persuade Céleste de le suivre jusqu’à la ville voisine où à lieu une fête. C’est là que tout bascule…



Il s’agit là d’un très joli conte qui aborde beaucoup de sujets de société. Pour n’en citer que quelques-uns : l’acceptation de la différence, le sexisme, l’onanisme, l’avortement, l’égalité des femmes, l’intégrisme, la solidarité, le respect, le pardon, la guerre, la politique, etc. …

Toutes ces sujets sont abordés, parfois très superficiellement et parfois en profondeur, au fur et à mesure du voyage de Céleste.

J’ai adhéré totalement à l’histoire mais je n’ai pas été emballé par le graphisme plutôt lourd et les couleurs ternes.

Une belle BD à découvrir surtout pour son scénario.

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Haruki Murakami : Le septième homme et autres..

J’ai voulu tenter d’entrer dans l’univers de Murakami par le biais de cet album, mettant en scène 9 nouvelles de l’écrivain. Evidemment, on ne peut pas rater l’univers déjanté de ce dernier ! Je le savais mais même avertie, j’ai été surprise. Et autant le dire de suite, je n’ai pas accroché.



J’ai lu les trois premières nouvelles (plus de 100 pages et j’ai arrêté. Déjà, la première histoire mettant en scène un monstrueux crapaud ne m’a pas emballée. Je me suis entêtée, j’ai lu la deuxième nouvelle, l’histoire d’un couple ayant une faim atroce et allant braquer un fast-food… mouais… et la troisième, une femme couchant avec un homme, lui racontant ses désirs, lorsqu’elle était plus jeune, pour un camarade de classe, m’a faite capituler.



Pourquoi ? Déjà, les dessins. Je n’ai pas aimé. Ensuite, les histoires en elle-même… je n’ai pas compris, à trois reprises, où l’auteur voulait en venir. Je suis certainement passée à côté de quelque chose. Tant pis !
Lien : https://promenadesculturelle..
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Les naufragés de la Méduse

Deux récits en parallèle, l’un nous raconte le naufrage de la méduse et l’horreur de la dérive sur le radeau, et l’autre, la genèse de la création du tableau par Théodore Géricault et sa quête artistique. Projet très ambitieux et pour ceux qui suivent mes chroniques sur Babelio, ils doivent connaître mon extrême exigence en matière de bande dessinée sur l’univers de la peinture, et mon constat est malheureusement très cruel : cette bande dessinée n’est pas à la hauteur de ses (trop grandes) ambitions. Il faut dire qu’il s’attaque à un des plus grands tableaux de la peinture française.





Tout d’abord, d’un point de vue graphique, je constate que le dessin est terne et académique, de plus, la colorisation est monotone et triste, l’effet aquarellé manque de vie et ne sert pas le contraste et la finesse de la lumière romantique. On confond les personnages, et on sent le dessinateur soucieux des postures, du trait faussement léger, il tente d’y apporter du naturel, mais on est loin de l’audace du modèle, c’est très stéréotypé, le tableau de Géricault est aux antipodes du stéréotype. Jamais le graphiste ne tente de s'en imprégner, au contraire, il l’intègre dans son propre style au risque de le dénaturer. On s’attend, sur un sujet pareil, à ce que le trait, la couleur, la technique et les formes questionnent sur la compréhension et l’interprétation du tableau en question, il n’en est rien malheureusement.





Second point, le récit est découpé entre les deux récits, on passe de l’un à l’autre brusquement, sans transitions, chaque passage est trop court pour s’immerger, une petite scène et on change d’année, c’est un effet de style qui casse complètement le rythme, on sent l’effet artificiel qui ne se justifie pas vraiment, une astuce sortie du chapeau, mais dont le seul but est une recherche d’originalité avant le sens. Les réflexions du peintre sont éludées en quelques phrases lapidaires, et l’incompétence du capitaine est traitée avec une désinvolture caricaturale.





Ensuite, les anecdotes reportées, au lieu d’apporter un éclairage au tableau, l’enfoncent dans le fait divers sordide. Les coucheries de Géricault changent-elle le point de vue sur le tableau, si c’est le cas, c’est franchement gênant. Il y a évidemment le drame du naufrage et les cas de cannibalisme avéré, mais là c’est pareil, on tombe dans le récit d’horreur et le tableau de Géricault n’a plus rien à y voir. Est-ce que la valeur du tableau tient à cette histoire de cannibalisme, et c’est bien là la plus grosse erreur de cette bande dessinée. On nous présente un Géricault comme une sorte de reporter de guerre, une vision ancrée dans notre culture de 2023, mais qui n’a rien à voir avec le sujet. J’ai appris des choses sur la vie de Théodore Géricault, sur le drame du naufrage, mais absolument rien sur le tableau, sur la peinture romantique, bref, rien d’intéressant, et même, je ne suis pas loin de penser que cette lecture aurait plutôt tendance à dénaturer notre vision du tableau.





Nulle part il est question de la puissance du tableau, qui est peut-être le plus grand chef d'œuvre de la peinture romantique française, d’ailleurs, il est presque mis à l’écart, on n’y voit que quelques ébauches académiques faites à la manière de Jean-

Sébastien Bordas, sans tentatives de comprendre le trait, la lumière, l’esprit de Théodore Géricault. Ce chef d'œuvre est ramené au rang de fait divers, exactement le contraire de ce qu’il représente, c’est-à-dire la puissance du romantisme, son ouverture vers le naturalisme, et le lyrisme tragique de l'aventure humaine face à sa nature profondément sombre. Les vagues du tableau nous soulèvent, nous secouent, celles de la bande dessinée sont désespérément plates, il n’y a dans cette bande dessinée, ni espoir ni désespoir.





Ma note est sévère, ma critique est sévère, sans doute que cette bande dessinée ne méritait pas tant d'opprobre, elle est assez belle, soignée, documentée, mais pour moi, l’objectif ambitieux est loin d’être atteint et elle ne correspond pas à mes attentes. Si vous cherchez une bonne bande dessinée sur la peinture romantique française, lisez plutôt le Delacroix de Catherine Meurisse.





Sinon, allez au Louvre et plantez vous devant le tableau, prenez votre temps, regardez le dans son ensemble, ensuite, attardez vous sur les détails, les personnages, leur peau, leurs mouvements, la forme des vagues, les traces de pinceau, les nuances de couleurs, tout cela vous racontera une histoire qui ne sera que la vôtre, vous serez alors servis en émotions, la claque garantie. C’est vrai qu’aller au Louvre à l’heure actuelle vous incite à en voir le plus possible, mais contentez vous d’y aller pour deux ou trois tableaux et savourez, la peinture ce n’est pas fait pour le pas de course des tours operators, bouchez vous les oreilles pour éviter les commentaires, et si quelqu’un vient vous suggérer que le peintre couchait avec sa tante, envoyer lui une mornifle.

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Les naufragés de la Méduse

J'ai beaucoup aimé cette B.D. qui nous permet de découvrir l'histoire des naufragés de la Méduse, tout en suivant en parallèle le cheminement qui permettra à Géricault de peindre le célébrissime tableau Le Radeau de la Méduse quelques années après les événements.



Le déroulement des faits correspond bien aux souvenirs que je gardais du reportage "La véritable histoire du radeau de la Méduse" que j’ai vu il n’y a pas très longtemps et qui est évoqué dans les annexes. On comprend très vite que l'échouage de Méduse aurait pu être évité et que beaucoup de mauvaises décisions ont été prises pour de mauvaises raisons (orgueil, convictions politiques, opposition de classes sociales...) avec les terribles conséquences qu'elles ont eues (morts dans des conditions atroces, cannibalisme...).



En plus des recherches de Géricault pour la conception de son tableau (rencontre avec les survivants pour essayer de comprendre ce qui est arrivé, visite d'hôpitaux pour s'entraîner à représenter mourants et morts, etc), la B.D. évoque la société de l'époque où l'on retrouve les mêmes factions que sur la Méduse ainsi que la vie personnelle du peintre, notamment ses amours malheureuses avec Alexandrine, l’épouse de son oncle. J'ai apprécié d'avoir l'occasion d'en apprendre plus sur ce peintre dont je savais finalement peu de choses.



Les dessins aussi m'ont beaucoup plu. J'ai presque été surprise que, malgré une certaine douceur dans les traits et les couleurs, les dessins restituent finalement si bien la violence de ce qui se passe sur le radeau aussi bien que des émotions du peintre en proie à la passion ou au désespoir.

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Géante - Histoire de celle qui parcourut le m..

Géante, c'est Céleste, trouvée bébé par un couple de fermiers et ses six garçons. Céleste n'est pas une petite fille comme les autres, car Céleste est une géante. Elle grandit (c'est peu de le dire !) au milieu des siens préoccupés de la protéger des autres, des hommes qui pourraient se moquer, avoir peur ou profiter de sa différence...mais Céleste est curieuse et souhaite découvrir le monde. Et c'est parti pour près de 200 pages d'aventures. Céleste découvre la guerre, la violence, mais aussi l'amour, la communauté, la solidarité, prend conscience de son corps, de son sexe, de sa féminité.

Inspiré par les récits picaresques, les personnages de Gargantua et Pantagruel (pour ma part, j'y ai vu passé l'ombre de Charlotte Perkins Gilmman quand Céleste découvre l'île aux sirènes) et reprenant les codes des contes de notre enfance et ses personnages fantastiques (une géante donc, un chevalier blanc, un prince, une méchante reine et belle-mère, des sirènes, des sorcières), Géante est plus qu'un conte, c'est aussi un roman d'initiation, féministe et universel avec des niveaux de lecture multiples s'adressant à tous les âges.

L'humour et la poésie de JC Deveney sont parfaitement servis par le dessin toute en rondeur de Nuria Tamarit. le tout est serti dans un livre bijou très agréable pour les yeux.

Ce roman graphique est une petite pépite !
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Géante - Histoire de celle qui parcourut le m..

J’avais découvert Nuria Tamarit avec “Le Conte du Genévrier“, une adaptation d’un conte de Grimm, déjà j’avais apprécié son talent graphique, avec un dessin un peu naïf, d’album jeunesse, avec une ambiance de conte bien maîtrisée. Il m’avait manqué une pointe d’ambition, j’aurais aimé qu’elle modernise l’univers du conte, qu’elle actualise les problématiques, qu’elle s’émancipe des auteurs anciens, et bien voilà qui est tout à fait rectifié avec “Géante”. On démarre sur des références inversées, Tom Pouce, le Petit Poucet, pour revenir aux géants de la littérature ancienne, Gulliver, Gargantua, Pantagruel… Et il y a plusieurs étapes bien distinctes dans le récit, le conte devient une grande saga teinté d’humanisme et d’émotions. C’est une réappropriation moderne de l’univers du conte, à la manière d’Hubert dans la bande dessinée, s’attaquant à des sujets bien actuels, féminisme, racisme, guerre, religion, avortement… revenant à des temps anciens pour nous parler indirectement du nous d’aujourd’hui. Voilà deux auteurs que je trouvais bien timide jusqu’alors, qui, en osant élever leurs ambitions, se révèlent dans cet album de grande qualité.
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Les naufragés de la Méduse

Le récit du naufrage de la Méduse, je le connaissais, mais cela change tout lorsque c’est dessiné et qu’il y a une mise en abyme entre le naufrage de la frégate et celle de la vie de Géricault, qui, à cette époque, se noie aussi.



Les auteurs, en alternant le récit du voyage/naufrage de la Méduse et des recherches de Géricault pour son tableau ont donné une autre approche à la tragédie et ont évité de sombrer dans le glauque.



Les dessins, en aquarelles, mettent cette histoire bien en valeur : tons chauds lorsque nous sommes en mer et tons plus froids lorsque nous rejoignons Géricault. C’est donc avec les yeux grands ouverts que j’ai commencé ma lecture en découvrant les différents protagonistes : d’un côté, ceux de la Méduse et de l’autre, tous ceux et celles qui gravitaient autour de Géricault.



Les auteurs ont fait un véritable travail d’enquêteurs et Theodore Géricault aussi. Ce dernier voulait peindre de manière originale les naufragés, sortir des tableaux à connotation biblique et frapper un grand coup avec sa toile.



Le montage est lui aussi bien fait puisque l’on a quelques pages sur le voyage de la frégate et ensuite les recherches de Géricault, ses ennuis, ses amours contrariés. S’il n’avait pas de soucis d’argent et pouvait prendre son temps pour exercer son art, notre peintre avait des soucis ailleurs.



Notamment il en aura avec les survivants et témoins du naufrage : Corréard et Savigny qui ne sont pas honnêtes, l’un se mettant en scène comme un héros et l’autre trouvant une fièvre tropicale pour excuser le cannibalisme qui saisit certains des naufragés, quand d’autres mettaient en cause les Noirs qui se trouvaient sur le radeau.



Hé oui, les riches, les bourgeois, le commandant, les dirigeants, eux sont allés dans les canots et les autres, les troisièmes classe, sont allés s’entasser sur un radeau que l’on n’a pas hésité à rompre les amarres pour s’en débarrasser… Titanic avant l’heure.



Si vous connaissiez les erreurs qui furent commises lors du naufrage et les imbécilités faites par un commandant qui n’avait plus navigué depuis des lustres, pas de panique, cet album vous rafraîchira la mémoire et vous ravira au passage car c’est avec minutie que Géricault mène son enquête, cherche les zones d’ombres, les non-dits, les incohérences dans les différents témoignages, le peintre s’écorchant même avec quelques racistes de bas-étage au passage.



Et en prime, vous saurez tout sur cette toile célèbre, sur son peintre, sur sa réalisation, sa vie, ses amours, ses emmerdes. En prime, vous croiserez Horace Vernet et Delacroix !



Si vous ne saviez rien de rien, pas de soucis non, car après cette lecture, vous saurez tout sur le naufrage ET sur l’élaboration de ce tableau qui est maintenant célèbre. Vous pourrez briller aux repas de famille et en société. Moi-même je me suis cultivée avec délectation car la bédé est un petit bijou de mise en scène intelligente et de dessins superbes.



La folie qui saisit les naufragés sur le radeau est elle aussi bien mise en scène, faite avec réalisme, sans juger, car nous ne savons pas comment nous réagirions, perdu sur un radeau, les pieds dans l’eau salée, sans nourriture, sans eau, sans espoir et sous le soleil…



Certains ont sans doute fait des témoignages douteux afin de ne pas se mettre en cause et se faire juger par une populace toujours prompte à s’enflammer et à vilipender.



Une magnifique bédé qui alterne le récit de la frégate La Méduse avec les recherche de Géricault pour son tableau, une mise en abyme réalisé de main de maître, une biographie de Géricault sans en être une, un récit de naufrage qui tournera à l’horreur mais sans que les auteurs ne sombrent dans le voyeurisme.



Bref, un making of superbement bien fait et si on parle de naufrage, la bédé, elle, ne sombre jamais.



PS : merci à ma sœur de m’avoir offert cet album graphique pour ma Noël. C’était totalement inattendu, surprenant et une putain de bonne idée !


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Géante - Histoire de celle qui parcourut le m..

GÉANTE est un conte féerique, fantastique, onirique tissé dans un sens par les frères Grimm et dans l'autre par un poète fou nageant dans une rêverie des plus inattendue.

Les éditions Delcourt nous proposent ce bel album dont la couverture est à mi-chemin entre un coffret magique et un précieux grimoire enluminé d'or et de vermeil.

Il s'agit de l'histoire de Céleste, une géante qui sut parcourir le vaste monde à la recherche de sa liberté.



Le scénario très original de JC. Deveney est mis en valeur par le joli dessin de Nuria Tamarit, moitié naïf, moitié réaliste.

Voici donc l'histoire d'un pauvre bûcheron qui vivait avec son épouse et ses 6 garçons dans la montagne. Un beau jour… ou peut-être une nuit… il fit une trouvaille pour le moins originale alors qu'il transportait le fruit de son travail ; une enfant, certes un peu plus grande que la normale, vagissait seule dans la mousse des bois.

La famille l'adopta et la prénomma Céleste. Elle grandit dans la joie et dans ce désordre si particulier qui est l'ordinaire des grandes familles de sept enfants.

Un beau jour (il s'agit d'un conte, sachez que les jours sont presque tous beaux) son envie de parcourir le monde fut si forte qu'elle abandonna à son tour père et mère pour gagner la ville à la quête de son avenir radieux. Mais, les hommes, parfois tyrans, souvent enjôleurs et possessifs, ne l'entendaient pas de cette oreille…



C'est une fable moderne, drôle et féministe qui réunit dans son sillage les mères célibataires et celles qui sont isolées. Il réunit aussi les hommes égarés et ceux qui ne seraient pas contre un meilleur équilibre, dixit l'équilibriste.

Et voici toute cette joyeuse ribambelle de jouvenceaux et jouvencelles à l'encontre des règles établies par les archevêques et les baillis, les duègnes et les princes consorts pour fonder une nouvelle société.

Sous un tendre et joli dessin, c'est une ode à la femme et à la philosophie, une ode à la liberté qu'il faut durement gagner et ne jamais lâcher. C'est enfin une ode à la femme protectrice, nourricière, guide parmi les guides. Ni sirène, ni amazone, ni soumise, ni pute non plus.

Juste libre.
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Johnny Jungle 02

En fait, il ne s’agit pas du tout d’une parodie de Tarzan comme nous laissait supposer la première partie, on découvre qu’il s’agit d’une biographie fantaisiste de Johnny Weissmuller, comme arrangé par la perception de l’acteur-nageur vieux, alors qu’il n’a plus toute sa raison. C’est un récit de schizophrénie. Les auteurs sont partis de la fin de sa vie, devenu à moitié fou, dans un asile à Acapulco, où il se prenait pour son personnage mythique, lançant régulièrement son fameux cri dans la maison de retraite. Beaucoup d’anecdotes sont réelles, certaines arrangées pour l’histoire (je ne suis pas sûr que dans la réalité l’entreprise de piscines l’ait arnaqué de cette façon), et les deux tomes sont parsemés de petits détails qui correspondent à de vraies anecdotes, comme la feuille de vigne pour le déguisement de la soirée déguisée sur le bateau. Cette histoire est loufoque, délirante, mais tellement pathétique, l’humour s’efface sur la fin pour laisser la place à un beau récit sur le déclin de stars.

J’avoue que je me suis laissé surprendre, et ça, j’aime bien.
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Ballade

C’est du dessin vectoriel, comme dans Zombillenium, sans cerné, sans traits noirs, entièrement traité en surfaces de couleurs, cela donne un aspect froid et sophistiqué, ça colle bien avec les personnages de cette histoire.

Louis est un fils de famille bourgeoise, très à l’aise financièrement, il vit dans un microcosme détaché des réalités, méprisant la pauvreté, prétentieux, assez puant, mais ce n’est pas le pire dans son milieu. Son projet de vacances tombant à l’eau, il part seul pour la villa de Deauville où, après un pétage de plombs, il va rencontrer et s’attacher à un cambrioleur. S’en suit un road trip à travers la France, de villas bourgeoises en villas bourgeoises. On sent une critique de cet univers sans échelle de valeurs, mais ce road trip idéalisé, ce no futur de riches en manque de repères reste un peu trop conciliant avec ce qu’il dénonce, les deux personnages centraux ne nous touchent pas vraiment, les traits sont trop caricaturaux, on reste en superficie. Maintenant, l’aventure distrait, le graphisme est élégant, cela reste une lecture plaisante.
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Le Royaume d'Estompe

Quand j'ai acheté cet album, ce n'était pas uniquement pour avoir la dédicace de Tatiana Domas (dessinatrice). C'était surtout pour avoir une oeuvre qui est réalisé en aquarelle. La dessinatrice ne maîtrisant pas encore totalement cette technique, je voulais voir les progrès.



A la base, en voyant la couverture, je me suis dit que ce devait être un scénario type "Le royaume" de Feroumont ou "Beauté" de Kerascoët.



Et bien non. Ce n'est pas non plus copié sur Alice aux pays des merveilles.

Ce conte est bien à part. L'action se déroule d'entrée, à notre époque. Une jeune fille, Noémie, assiste avec ses parents à l'enterrement de son Grand-Père paternel. Elle constate à quel point la mort affecte son père. La nuit venue, elle est plongé dans un rêve qui la transpose dans un Royaume où l'Estompe, une créature sombre, cherche constamment le conflit contre le Roi du royaume en question.



Cette fois-ci, le Roi a été capturé et l'équilibre entre les deux états (l'Estompe et le royaume) sera rompue. Toute une aventure s'engage entre les protagonistes représentant le Royaume, Noémie compris, et la créature.



En réalité, dans cet album, se retrouve mélanger, la vie, le songe et la mort.

Mais l'amour semble plus forte entre les êtres ce qui permet une fin heureuse.



Le scénario de Jean-Christophe Deveney m'avait quelque peu chamboulé, dérouté au début. Peut être suis je devenu insensible aux contes, aux merveilleux et à la beauté... Mais "Le royaume d'Estompe" se laisse lire et fait rêvé, non pas à l'histoire que nous avons en main, mais à celui que nous aurions pu vivre quand un évènement identique nous touche.
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