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Citations de Jean-Christophe Portes (165)


La Nation tout entière se sentait orpheline, et l’on avait décidé d’inhumer les cendres du grand homme dans un imposant édifice religieux tout juste achevé, sur la montagne Sainte-Geneviève. Ainsi, depuis le matin, une foule immense s’amassait sur le trajet des funérailles, entre la Chaussée-d ’Antin et ce Panthéon digne de la Rome antique, désormais consacré aux grands hommes de la patrie. On ne voyait plus d’uniformes dans les rues. Les six mille hommes de la Garde nationale soldée – des soldats professionnels – s’apprêtaient à escorter le cercueil, l’arme basse et un flambeau à la main.
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Une foule bigarrée déambulait lentement dans l’une des galeries en bois du Palais-Royal. Sans l’ombre qui obscurcissait les jardins, on aurait pu se croire en pleine journée, tant l’animation était grande. Partout, ce n’étaient que lumières, parfums, odeurs de cuisine et bruissements de tissu, une effervescence qui chaque jour se prolongeait bien au-delà de minuit. Depuis bientôt dix ans, l’ancien palais des ducs d’Orléans avait été transformé en un gigantesque lieu de plaisirs, une ville dans la ville, où la police était proscrite. On trouvait dans cette capitale de Paris plus de quatre-vingts boutiques de toutes sortes, des restaurants, des librairies, mais aussi des établissements de jeux ou de plaisirs, une fête permanente, où venaient se perdre les visiteurs de tous âges, origines et conditions. Oisifs et étrangers y étaient fort nombreux, mais moins que les prostituées, les voleurs et les joueurs.
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Il est si troublé qu’il oublie de me redemander pour qui je travaille. Donc, il sait quelque chose, il y a quelque chose. Mais quoi ? Pourquoi n’en aurait-il pas parlé à la justice, pourquoi le procureur n’a-t-il rien fait ? Pourquoi n’y a-t-il rien dans la presse, pourquoi Bonnamy n’a-t-il pas été condamné à quelque chose, ou fait au moins l’objet d’une enquête à l’époque ? J’aurais forcément trouvé une trace sur Internet. Ça ne colle pas, ça ne tient pas debout.
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Il n’y a pas que les fraudes. Il y a autre chose. Autre chose que cette histoire de fraude à la Sécu. Il sait autre chose. Jamais sinon il ne me poserait cette question, il ne parlerait pas de cette manière-là, il n’aurait pas cette voix, cette espèce d’hésitation.
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C’est Clara, elle cache à peine son anxiété, comme une infirmière psychiatrique qui redoute en permanence la crise d’un patient, souriante mais ne lui tournant jamais le dos. Une bouffée de remords monte, mêlée de tendresse. Elle devrait m’en vouloir, me détester même, mais elle ne le fait pas. Ma petite Clara, toute propre et toute belle, pour toujours.
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Non. Je n’ai pas pu me tromper à ce point. Manon n’est pas morte pour rien. Catherine non plus. Je ne suis pas folle. Bonnamy n’est pas juste un petit fraudeur à la Sécu.
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Que faire, avec elle ?
Retrouver son adresse a été très facile. Une certaine Clara Leclerc avait accouché à l’hôpital. L’autre fille sûrement. Manon m’en avait parlé. Manon, c’est ça, je me souviens. Elle, la mère, habite seule un studio dans un quartier minable. Je m’y suis rendu, j’ai même sonné mais ça ne répondait pas. Je suis revenu à la voiture, j’ai attendu la nuit, pour voir, pour réfléchir.
Sonner chez elle ? Et après ?
Engager un avocat ? Mais pour quel motif…
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Nous nous sommes retrouvés seuls tous les deux, Michel grossi, Michel et ses soucis d’argent, toujours plus terne et bourru, aigri par ce quotidien qui tournait au vinaigre. Nous deux, on aurait dit des voyageurs d’un long train qui se sont oubliés en cours de route, n’ont ni vécu ni ressenti les mêmes choses et se redécouvrent avec surprise sur le quai à l’arrivée, subitement des étrangers.
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Respirer l’odeur du nourrisson, presser ses doigts incroyablement petits et tendres, croiser les yeux de Clara me plonge dans des océans de tendresse, des mots tournent lentement en moi, des mots merveilleux que je ne lui ai jamais dits et que je n’ose toujours pas lui dire, et pourtant je sais qu’elle les attend.
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J’avais pensé que tout s’effacerait, que le temps guérit les blessures, c’est ce qu’on dit, que j’accepterais le suicide, que je ne parlerais plus d’assassinat.
Mais non. Je suis plus ridée et plus sèche, mais je suis la même, ma colère intacte. Pendant dix ans tout était resté caché sous un mince vernis minuscule, comme un volcan endormi prêt à ressurgir.
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Un tueur, en plein hôpital. C’est impossible, ça se verrait forcément, ça se saurait, on finirait forcément par lui mettre la main dessus, il commettrait forcément une faute. Je repense aux traits fatigués de Girard, à Royan. À ses mots quand il m’a exposé la conclusion de son enquête.
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Et je tremble de haine en pensant à sa joie perverse, à son impunité et sa disparition, et ces idées se balancent dans mon crâne comme autant de vagues en furie, se fracassent derrière les orbites et je traverse le hall en planant, sans rien voir ni personne, filant vers les ascenseurs qui mènent à la maternité. J’entrevois mon reflet dans une vitre, l’air évadée d’un asile de déments.
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Je suis sûre que quelqu’un d’autre doit savoir quelque chose, quelque part. Impossible qu’il en soit autrement.
Je frissonne de colère en me garant. Je revois ses yeux durs, son allure de garçon sage d’une autre époque, je devine son arrogance, son obsession de se venger de Manon parce qu’il ne supportait pas qu’elle ait voulu le quitter, parce qu’elle était belle et insouciante, parce qu’elle refusait d’être un jouet entre ses mains.
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Il a pris des risques, c’est vrai. Mais il pouvait très bien penser qu’il n’avait plus le choix, que c’était sa seule option. Catherine avait compris son jeu de mort, son faux intérêt pour ces vieilles dames, ses présences et ses visites injustifiés, ses pulsions secrètes, qui dilataient parfois ses pupilles, qu’on pouvait déceler dans son attitude, malgré lui.
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J’ai vu un autre avocat plus jeune, en grosse cravate et belle chemise gaufrée, les cheveux plaqués en arrière, un sourire en carton-pâte. Il m’a assuré qu’on pouvait tenter quelque chose, mais ça me coûterait cher.
Malgré ma détresse j’ai compris que c’était un escroc et je suis sortie en ravalant ma rancœur.
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Les mots sortaient sans fin comme d’une fontaine absurde, toujours les mêmes, et finalement ils m’ont fait sortir, une fois calmée. Girard m’a même raccompagnée à mon hôtel, j’étais raide sur mon siège, avec l’impression que le monde entier m’était hostile. Je détestais la police et la terre entière, et moi plus encore.
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J’ai parlé à tort et à travers, je devais avoir une tête de folle, décoiffée et les lèvres sèches, j’étais livide, je tremblais de faim et d’énervement, je répétais tout cinq ou six fois de suite.
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J’ai eu l’impression d’être vidée de l’intérieur, une enveloppe informe, j’avais conscience de son regard pesant par-dessus sa tasse, dans la pénombre, mais je n’avais pas le courage d’y répondre.
Tout ce qu’elle m’avait appris ne me servait à rien.
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Il se servait d’elle comme un jouet, il était méprisant, comme il est toujours. Si vous l’avez vu, vous devez savoir. Arrogant, toujours sûr de lui. Il n’a pas dû supporter qu’elle le quitte. Il lui a… enfin il a dû faire comme pour les trois femmes, une surdose de morphine ou de potassium, avec un arrêt respiratoire… Vous devriez demander l’autopsie…
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Tout le monde s’en foutait de la photocopieuse, tout le monde se foutait de tout, de ces pauvres vieux qu’on laissait à la merci d’un fou. Il avait fallu deux hommes pour la maîtriser, la pousser dans une chambre et lui injecter une dose de calmant, et on avait appelé le Samu.
Elle avait été mise à pied et n’était plus jamais revenue à la clinique.
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