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Citations de Jean-Christophe Portes (165)


Au téléphone, une dame douce et polie refuse de me donner un nom. Elle me dit qu'elle note et qu'elle transmet. Et je comprends avec une atroce amertume qu'ils sont débordés d'appels, que tous les cinglés, tous les paranos, tous les complotistes de France et de Navarre appellent aussi, et que mon affaire, ma pauvre Manon, est noyée dans ce fatras d'homicides non résolus, de rancœur, de sottise et de terreur ancestrale de la mort.
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Les genoux étaient abîmés, mais rien de plus normal : les noyés masculins, c'était un fait, traînaient face contre le sol au fond de l'eau, tandis que les femmes se retrouvaient toujours sur le dos.
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Saint-Maur était un bourg de quelques dizaines de maisons, certaines en pierre assez cossues. On devinait au-delà un grand parc arboré puis une plaine en pente douce vers ce qui lui parut la boucle d’une rivière. La pluie confondait ciel et terre comme dans une estampe trop encrée.
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Encore une fois, le lieutenant Victor Dauterive s’était montré présomptueux. Les choses s’étaient gâtées dès le faubourg Saint-Antoine. Le temps qu’il arrive à la barrière du Trône entre les deux pavillons de l’octroi1, le ciel était passé à un noir couleur d’encre, le vent s’était levé, avec des tourbillons de pluie et de glace. Le jeune homme – il n’avait pas vingt ans – pestait. Il était encore temps de faire marche arrière, de laisser Gris-Poil à son écurie et de prendre une voiture, mais il ne voulait pas renoncer. Passé l’avenue de Vincennes, il s’engagea dans le bois derrière le vieux château. L’averse, capricieuse, le giflait par bourrasques. De rares paysans quittaient Paris, leurs charrettes vides. Beaucoup s’arrêtaient dans les tavernes, le long de l’avenue. Mais pas Victor qui voulait arriver à Saint-Maur avant d’être totalement trempé.
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La municipalité exposait à la morgue les corps non réclamés à Paris. Au fil des tragédies du siècle, elle subissait de brusques affluences. Au printemps 1770, plus de cent trente Parisiens qui assistaient à un feu d'artifice en l'honneur du mariage du futur Louis XVI étaient morts écrasés dans une affreuse bousculade. Nombre de cadavres s'étaient retrouvés là. Ça avait été la même chose en 1789, après la révolte des ouvriers du fabricant de papiers peints Réveillon : deux cents morts. Même chose encore après la chute de la Bastille ou la fusillade du Champ-de-Mars.
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Au théâtre comme partout ailleurs, l’esprit de concorde des débuts avait fait place à la rancœur et à la violence, si bien que le roi et la reine ne fréquentaient même plus l’Opéra ou le Théâtre du vaudeville, qui pourtant leur restaient favorables. Partout ailleurs, ce n’étaient que sarcasmes, impiété, irrespect. Des pièces mal écrites, pompeuses, flétrissaient la religion et défiaient l’autorité royale. Pour rien au monde les souverains n’auraient mis les pieds dans cette nouvelle salle du Palais-Royal, où se pavanaient ces fanatiques, comme Danton ou Desmoulins
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Elle n’en revient pas, la fille, elle ne s’aperçoit même pas que je tiens à peine debout, choquée. Bonnamy n’a pas démissionné. Il s’est enfui. Il m’a reconnue et il a filé, en route vers d’autres services et d’autres meurtres.
Je suis à nouveau dehors je ne sais comment.
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Jean-Christophe Portes
Cela s'appellerait "La fierté de l'innocence", elle y dénoncerait les monstres de la Commune insurrectionnelle, les Marat, les Charpier, ou les Robespierre, ces hommes qui salissent jour après jour leur sublime Révolution .
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Il ne m’a pas vue. Ou au contraire il m’a parfaitement reconnue, il joue l’innocent en blouse blanche et il se peut que son cerveau malade tourne déjà à toute vitesse, qu’il élabore un plan pour m’éliminer. Moi aussi.
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Depuis dix ans il tue d’autres patients.
C’est aussi simple et net et réel que le bébé de Clara.
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La dérive a commencé dix ans plus tôt, ce soir où Manon a appelé, ce soir où je n’ai pas réagi – lui non plus d’ailleurs, et je lui en veux toujours, je lui en voudrai toujours. Nos vies se sont définitivement séparées quelques semaines plus tard, après l’assassinat de Manon. Assassinat, je sais que ce n’est pas le bon terme, on me l’a souvent reproché, mais pour moi c’est le seul valable.
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C’est tellement étrange d’être à nouveau côte à côte. On dirait des acteurs fâchés qui veulent rejouer une pièce, mais les mots sont anciens, la mise en scène ne colle plus, elle n’a plus de sens.
Même la bonne nouvelle, l’arrivée du bébé, ne change rien à l’affaire.
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Il retient ses phrases pour ne pas envenimer les choses, les yeux fixés sur la route, ses grosses mains appuyées sur le volant, ses mains que j’ai aimées autrefois, mais qui me dégoûtent presque maintenant, ces grosses mains tristes et bêtes qui n’ont plus de charme, qui se sont perdues dans le quotidien, et maintenant dans le passé.
— Je pourrai pas rester longtemps, dit Michel, gêné par mon regard, la voix un peu sourde.
— J’avais compris.
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Michel a pioché dans les dernières économies pour m’emmener à Venise, ce qu’on avait toujours voulu faire, mais ce n’était plus qu’un voyage d’adieu. Et si nous avons parfois ri c’était à propos du passé, il ne nous restait que ça de commun
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D'un tel homme on attendait ni vagues ni indiscrétions. Il était pour ainsi dire transparent. Un tombeau, plus discret que tous les confesseurs du Vatican réunis. Bref, un parfait notaire.
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L’ouvrier haussa les épaules.

— Vos espions vous auront menti.

Les gardes se regardaient entre eux, ne sachant quelle attitude adopter. Plus hardi, le jeune homme au chapeau à plumet bouscula une pile d’imprimés. L’employé ne le regardait pas. Il posa une feuille vierge sur la forme, puis referma le cadre et le fit glisser sous la platine. Ses gestes étaient rapides, ses mains, noueuses. L’homme aux lunettes et au visage triste revint à la charge :

— Où est parti votre maître ?

— Il n’y a point de maître ici.
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Les ouvriers n’avaient pas bougé. Ils avaient l’habitude. Depuis que L’Ami du peuple existait, jamais la répression n’avait vraiment cessé.

— Nous cherchons le sieur Marat, déclara l’officier, un grand jeune homme bien rasé, l’uniforme flambant neuf, le chapeau orné d’un plumet tricolore.

Sans même lui jeter un regard, l’ouvrier marmonna qu’on ne l’avait point vu ces temps-ci. Entièrement vêtu de noir, la bouche pincée, le visage triste et sévère orné de lunettes à branches d’argent, un homme plus âgé s’approchait à son tour.

— Vous mentez. C’est votre directeur et je sais qu’il surveille toujours l’impression des épreuves.

Quelques journaux s’empilaient sur la table, mais des centaines d’autres séchaient, suspendus à de longs fils. Demain, on les assemblerait avant de les porter au plus tôt chez les libraires.
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Une quinzaine de gardes nationaux envahirent l’imprimerie, apportant la fraîcheur glacée de la nuit. Armés de mousquets et de fusils, ils portaient l’habit à la française en drap bleu de roi, à revers et parements écarlates, la veste et la culotte blanches, et le chapeau noir à cocarde nationale. Les retroussis étaient ornés de fleurs de lys, et leurs gibernes portaient cette inscription :
La Nation, le Roi, la Loi.
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— Cent mille livres ? sursauta l’un de ses deux interlocuteurs. C’est exorbitant !

— Il dit qu’il s’agit du remboursement de sa charge d’avocat.

— Mon cher Talon, cela vaut dix fois moins ! Que faisons-nous ? demanda-t-il à son acolyte. N’est-ce pas trop payer ?

Son voisin réfléchit un court moment. La taille haute, le visage impassible, il semblait cacher son regard derrière des paupières mi-closes.

— Ce prix est-il le dernier ? demanda-t-il lentement, d’une voix grave.

Le dénommé Talon hocha le menton. Son beau visage restait impénétrable.

— Je conviens que c’est beaucoup. Mais Danton est le plus populaire et le plus écouté de tous ces brigands.

D’une chiquenaude, il fit basculer sa pile de jetons dans un brusque fracas.

— Dans ce cas, donnez-lui son argent, répondit son interlocuteur. Lorsque le roi aura repris Paris en main, il sera toujours temps de pendre ce fripon, lui et tous ses amis…
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La chambre, élégante et riche, s’éclairait d’à peine deux bougeoirs. Dans la pénombre, on distinguait un lit de repos, des fauteuils et quelques meubles de prix. Deux hommes d’âge mûr attendaient là, préoccupés, leurs traits à demi noyés dans la pénombre. Le visiteur qui leur faisait face avait jeté son manteau et un chapeau perlés de grésil sur une bergère. La trentaine, ses yeux bleus, ses traits dégageaient l’irrésistible charme d’une statue grecque, un mélange viril où la bouche gourmande se mariait à un menton fort et volontaire.

— Danton réclame cent mille livres, déclara-t-il après un silence.

Il s’était assis devant une table de trictrac et s’amusait à empiler les jetons en alternant l’ébène et l’ivoire.

— Cent mille livres ? sursauta l’un de ses deux interlocuteurs. C’est exorbitant !

— Il dit qu’il s’agit du remboursement de sa charge d’avocat.
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