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Critiques de Jean-Claude Mézières (294)
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Valérian et Laureline, tome 16 : Otages de l'..

QUE PERSONNE NE BOUGE !



Avec tous les poutibloks (monnaie intergalactique très en cours outre-terre) qu'ils ont empoché lors de leur précédente aventure (NB : Les cercles du pouvoir), nos deux ex-agents spatio-temporaux ont désormais de quoi voir venir : Finie la dèche, vive les vacances à perpette ! C'est donc sur un immense croiseur paquebot intersidéral que nous retrouvons, pour la seizième fois, l'intelligente et charmante Laureline ainsi que son compagnon de fortune et d'infortune, le trépidant Valérian.



Mais le jeune homme s'ennuie à ne presque rien faire et, de plus en plus ronchon, il supporte de moins en moins cette apathie liée à la disparition de Galaxity. Fort heureusement, une bande de joyeux drilles - façon de parler - a décidé de s'emparer de l'insupportable rejeton du non moins insupportable calife d'Iksaladam, un genre d'émir galactique riche à milliards grâce à des réserves quasi inépuisable d'ultralum, une sorte de pétrole de l'espace, et qu'il donne à forer sur les planètes qu'il gouverne à de pauvres hères qui ne vivent malheureusement guère longtemps, tant le produit est toxique et les méthodes de forages délétères (ce qui vaudra d'ailleurs la séquence "Monde Ouvrier vs Capitaliste Exploiteur" de cet album).



C'est dans ce contexte que Valérian va se lancer à la poursuite des quatre étonnants kidnappeurs qui se sont dénommés (non sans quelque morbide humour) «Le Quatuor Mortis» dont l'une des caractéristiques est d'agir de concert - bien entendu - en empruntant aux rythmes du Classique (Allegro, adagio, etc) dans leur modus operandi. Une belle bande de crapules maniaques sans foi ni loi, malgré leurs tenues de gala, costumes et nœuds pap' !

Valérian va doublement entamer la poursuite car, imprévu majeur, le petit califon (c'est ainsi qu'est appelé le fils du sanguinaire, autocratique et cynique Calife) va se saisir des mollets de Laureline avec les tentacules qui lui servent de chevelure au moment du rapt, les rendant dès lors parfaitement inséparables.



Pétrole/Ultralum, Calife spatial/Émirs du Golfe, les allusions sont bien entendu recherchées. Pour autant, cet album est moins une critique (assumée) d'un certain état de fait terrien qu'une aventure menée tambour battant par le duo de choc... Jean-Claude Mézières et Pierre Christin. L'humour est omniprésent, des éléments comiques désormais classiques (ces bons vieux Shingouz ainsi que l'intenable Schniarfeur de Bromn) se surexposant à un nouvel invité, ce petit diable de Califon qui, malgré tous les dénis de leurs créateurs, n'est pas sans évoquer l'odieux petit Abdallah que l'on découvre pour la première fois dans «Tintin au pays de l'or noir».



Si le grand souffle politico-épique qui avait fait la réputation de cette série étonnante et nouvelle dans le paysage de la BD franco-belge des années 70 n'y est plus tout à fait, cet «Otages de l'Ultralum» demeure un cru qui se tient parfaitement bien. Le rythme est vif, efficace, amusant et si la trame est un rien convenue, qu'il est désormais clair qu'il sera malaisé aux deux créateurs de retrouver de cette puissance de feu depuis qu'ils ont pour ainsi dire sabordé la série en faisant disparaître Galaxity, que le dessin de Mézière n'est plus aussi appliqué que quelques albums plus tôt (malgré d'encore belles innovations graphiques et surtout un imaginaire incroyablement foisonnant), on se laisse vraiment emporter par cette course-poursuite entremêlant des éléments de polars intersidéral et quelques considérations de géopolitique qui parfont l'ensemble en lui insérant une toile de fond tout à la fois crédible et questionnante.



Quelques crans en dessous des meilleurs albums de la saga, sans nul doute, mais un titre qui tient tous ses engagements s'ils ne s'agit que de passer un très bon moment en compagnie de nos deux petits héros de papier !
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Valérian et Laureline, tome 15 : Les Cercles ..

LA COURSE À L’ÉCHALOTE.



Il fallait bien que cela finisse par arriver : à force de ne plus pouvoir remettre convenablement en état leur bon vieux vaisseau spatio-temporel pour cause de disparition définitive de base arrière - feue Galaxity - et de dèche conjoncturelle, celui-ci est en rade, et pas sur la planète la plus paradisiaque qui soit. Sur Rubanis, planète déjà entrevue dans un précédent album (Les Spectres d'Inverloch), de même que l'un des principaux protagonistes de cette histoire, le Colonel Tlocq, un grand gaillard faussement débonnaire mais réellement corrompu, âpre au gain et assoiffé de pouvoir - il se proclame lui-même "chef des traîtres") qui va, par l'entremise des irremplaçables Shingouz - toujours plus ou moins dans les coups foireux, pourvu que cela puisse rapporter de l'or, des diamants ou quelque monnaie en cours dans l'espace - confier une mission très délicate à nos (ex) agents spatio-temporels préférés.



Tlocq cherche à savoir quel mystère plane sur le cinquième et ultime cercle formant la structure étatique - si l'on peut ainsi l'exprimer -, politique et économique sur lesquels repose la société hyper-urbanisée de Rubanis : le fameux "Cercle du Pouvoir" qui semble connaitre d'étranges difficultés depuis quelques temps.



Jamais avares de rencontres aussi improbables que pimentées - sous les créatifs auspices de Pierre Christin au scénario et de Jean-Claude Mézière au dessin - nos aventuriers des temps présents ou futurs vont ainsi croiser une femme au caractère rien moins que trempé, aussi sexy que dénuée de morale, Na-Zultra, la "méchante" de l'histoire, au destin compliqué et qui éprouve surtout une grande soif de prendre sa revanche sur un monde très machiste dont ses origines sociales l'avaient a priori exclues avant qu'elle parvienne à s'en extirper, et peu importent les méthodes... Mais Valérian et Laureline vont aussi tomber - presque littéralement - sur un jeune garçon nommé Strak's, mi chauffeur de taxi-limouzingue, des voitures volantes capables de se faufiler partout dans les trois dimensions, et surtout dans des lieux dangereux (toute ressemblance avec le 5ème élément de Luc Besson n'est absolument pas fortuit), mi-voyou aux rêves de grandeur pas si démesurés que cela, finalement...



Renouant dans cet album avec un propos volontairement politique, Pierre Christin, l'ancien marxiste revenu d'un peu tout, nous donne, dans ce qui pourrait ressembler à une véritable dystopie, une vision aussi loufoque que désabusée de ces années 90 débutantes (l'album est de 1994) où l'argent est décidément plus que jamais roi, où des "J6M" (souvenez-vous : Jean-Marie Messie, Moi-Même, Maître du Monde) commencent - ce n'est, hélas, que le commencement - à faire la loi, pour ne pas dire les lois, du haut de leur splendeur et de leur morgue financière et industrielle, un monde qui s'est furieusement converti aux préceptes ultra-libéraux d'une certaine Dame de Fer et d'un ancien acteur de western américain, un monde dans lequel Laureline peine à trouver sa place et où Valérian, plus pragmatique sans doute, moins idéaliste certainement, s'en sort mieux... dans la médiocrité.



Après quelques albums en demi-teinte et où le couple de créateurs semblait chercher un second souffle après s'être quasiment sabordés en faisant disparaître Galaxity, voici donc un opus foisonnant, envolé, très rythmé mais aussi riche de réflexion sur le monde, le pouvoir, l'argent, etc. Sans compter que le dessin de Jean-Claude Mézière semble parvenu à un compromis entre les planches très travaillées des meilleurs albums du début et ce trait grossier des quelques précédents. On en redemande !
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Valérian et Laureline, tome 14 : Les Armes vi..

À LA GUERRE COMME À LA GUERRE !



Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce bon vieux vaisseau spatio-temporel n'est pas au mieux, depuis qu'il est devenu impossible aux agents Laureline et Valérian de trouver refuge ou subsides à Galaxity pour son entretien régulier. Laureline le reconnait : ils sont devenus de véritables «clodos de l'espace»...!



L’atterrissage sera un peu rude pour nos deux compagnons, d'autant que le premier contact avec la planète Blopik n'est pas des plus accueillants : une forêt totalement carbonisée, un extra-terrestre étrange, qui s'avérera doué d'un talent incroyable de transformiste, mais dont l'odeur corporelle ferait rougir de honte le plus affiné des Munster ou des "Vieux Lille" (deux armes gauloises de destruction olfactive massives par ailleurs succulentes...). Cet être à l'apparence vaguement informe et répondant au doux nom de Brittibrit va expliquer à Laureline la présence de cette forêt incendiée - une guerre sans merci et d'une stupidité bornée sans égale - entre les deux chefs de guerre qui enrégimentent la planète depuis des lustres, ainsi que sa présence à elle : elle appartient à une troupe d'artistes qu'un producteur fêlé a engagé là.



Après avoir enfin rencontré le peuple de va-t'en guerre violent, totalement idiot et parfaitement buté qui s'affronte sans merci sur Blopik - une espèce de croisement improbable entre des minotaures décérébrés et des centaures détraqués -, un des deux seigneurs de guerre nommé Rompf va nous être présenté, qui ne se fait d'ailleurs pas d'illusion sur les propres capacités intellectuelles de ses troupes (sauf, en quelque sorte, les siennes) puisqu'il affirme que «sur Blopik, on est des bêtes, même moi Rompf. Quoi que je sois moins bête que les autres» !



Bien qu'il faille attendre une trentaine de planches pour découvrir ce que cache la valise hermétique que transporte Valérian à chaque pas, on comprend très rapidement que cette arrivée sur cette planète folle n'est pas liée à un accident de vaisseau mais fut parfaitement programmée, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes en échange du mystérieux contenu de sa valisette. Et ce qu'il transporte, c'est rien moins que la (ré)solution apportée à cette affirmation inégalable du fameux Rompf : «Faire la guerre à la guerre»...



Evidemment, rien ne va se dérouler exactement comme il avait été prévu, d'autant plus que les artistes de music-hall intergalactique, assistés de la jolie Laureline - revêtant les oripeaux d'une Madame Loyal de circonstance -, vont y apporter un grain de sel déjanté aussi cocasse qu'inattendu.



Véritable parodie de Western - on songe inévitablement à certains Blueberry, pour ne citer que lui - dans laquelle ce sont les bœufs qui se battent les uns contre les autres, non des cow-boys et des indiens, ce quatorzième album apporte un vent de bouffonnerie décapante à cette saga qui n'en manque pourtant pas mais où, pour une fois, les réflexions philosophiques, politiques, écologiques, souvent sous-jacentes mais essentielles aux albums précédents, sont mises quelque peu à l'écart (bien que présentes malgré tout : on ne se refait pas !). L'ensemble fait penser à du "Grand Guignol" où deux auteurs désormais bien rodés ont décidé de se faire plaisir au moins tout autant qu'à leurs lecteurs. S'il est cependant vrai que l'on y rit de bon cœur, le résultat demeure en demi-teinte car l'on sent bien, derrière la pantalonnade, que Jean-Claude Mézière et Pierre Christin cherchent à donner un second souffle - et des objectifs - à leur série culte, désormais que les aventures de leurs deux jeunes héros ne peut plus se placer sous la protection d'ailleurs pas toujours si bienveillante que cela de feue Galaxity.



Au final, un album plaisant, certes, et d'un abord aisé, drolatique, mais pour un résultat sans grande conséquence, qui prend un peu le risque de tourner en rond.
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Valérian et Laureline, tome 13 : Sur les fron..

C'EST LA DÈCHE !



Tandis que très loin dans l'espace deux fiers extra-terrestres d'une race presque éteinte malgré leurs pouvoirs faramineux sont parvenus à se rencontrer dans l'immensité de l'univers et fricotent dangereusement (surtout pour la destinée de madame), nos deux héros Valérian et Laureline, agents spatio-temporels sans emploi fixe depuis que Galaxity a disparu (voir «Les foudres d'Hypsis») et surtout dans la dèche et, à terme, l'impossibilité de maintenir leur vaisseau en bon état sans leur base arrière évaporée dans les abîmes de temps qui n'ont jamais eu lieu !



Ainsi retrouve-t-on ce cher Valérian dans les entrailles d'une centrale nucléaire soviétique dans laquelle a eu lieu un étrange et inquiétant accident, tandis que Laureline l'attend, de l'autre côté de la frontière russo-finlandaise en compagnie de ce cher vieux sympathique Monsieur Albert.



Le constat est sans appel : l'accident n'en était pas un mais un pur sabotage destiné à faire exploser intégralement la centrale ! L'affaire est, semble-t-il, des plus inquiétantes puisqu'elle va se poursuivre un temps dans le désert tunisien puis au-dessus d'un pont dans le Colorado, pour voir le début de sa résolution dans un tripot de luxe à Hong-Kong et s'achever sur cette étrange planète fondée de toute pièce par ses habitants successifs qu'est Point Central. Quant à sa conclusion, nous n'en dirons pas plus. Pour aller vite, l'idée de l'un des protagonistes de cette treizième aventure (un "ancien" collègue de Laureline et Valérian) procédait, en quelque sorte, de la bonne intention, sauf que pour la voir se réaliser, il aurait fallu en passer d'abord par la pire des épouvantes...



Avec cet album, Pierre Christin et Jean-Claude Mézière nous font entrer en plein dans ce que la série sera après la destruction irrémédiable de Galaxity. L'originalité y est encore, de même que l'attachement que peut avoir le lecteur pour nos deux personnages de papier préférés mais le compte n'y est plus tout à fait. Certes, les thématiques abordées sont toujours aussi en avance de quelques temps sur l'actualité du moment. Ainsi, Monsieur Albert n'annonce-t-il pas, prémonitoire : «Islamisme ! Terrorisme ! Mondialisme ! Il ne manquerait plus que l'étincelle atomique pour tout faire exploser !» ?



Certes, nos auteurs nous baladent, avec un grand savoir-faire, d'un monde à l'autre, d'une frontière à une autre (pour la petite histoire, Jean-Claude Mézière expérimenta lui-même le choc culturo-climatique en sautant de la Laponie à la Tunisie, via une brève escale parisienne : il en retira une crève carabinée !), mais la passion, l'enthousiasme débordant de jeunesse et d'extravagance sidérante des dix premiers albums s'est quelque peut affalée et si l'ensemble se tient évidemment fort bien, si le scénario tient parfaitement la route (pour autant que l'on ait admis d'emblée les incohérences liées aux sacro-saint paradoxes spatio-temporels), demeure cette sensation que cela ne repose plus désormais que sur de l'expérience acquise, du "métier", peut-être aussi sur le désir de faire perdurer ce double duo Valérian/Laureline et Christin/Mézières le plus longtemps possible. Les amateurs du dessin de Mézière pourront par ailleurs constater une véritable baisse dans le graphisme jadis précis, bariolé jusqu'à l'extase ayurvédique, atteignant à une sorte de folie géniale dans certains des précédents albums tandis qu'ici le dessin, d'une qualité d'ensemble bizarrement irrégulière, se fait de plus en plus stylisé, parfois presque grossier, les traits des personnages - Laureline et Valérian en tête - se trouvant parfois réduits à une sorte de résumé d'eux-mêmes, sans finesse ni grâce alors que quelques planches plus loin, tout semble être revenu quasiment à la normale !



Manque de temps, d'envie, d'intention ? Désir de s'essayer à autre chose ? Difficile à dire, sauf qu'il en résulte un album en demi-teinte, dans lequel les bonnes idées, l'arrivée de nouveaux personnages des plus intéressants (on songe évidemment à Jal et Kistna dont on aurait souhaité savoir un peu plus), des rebondissement bien rythmés se trouvent noyés dans le flot des à-peu-près graphiques et scénaristiques. Réjouissons-nous cependant : Nos deux héros sont en vie, bien en vie, tandis que leur monde futur s'est écroulé, les laissant un peu orphelin d'eux-mêmes. Cela promet encore de belles aventures en leur compagnie !
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Valérian et Laureline, tome 12 : Les Foudres ..

Mais où se trouve Hypsis, et que s'y trame-t-il ?

Il ne faudra rien moins qu'un Glapum'tien aussi gourmand que mathématicien pour aider à trouver cette planète dont les maîtres sont surprenants.

Donc, après l' Écosse aux hauteurs tourmentées, direction le grand-large sidéral et ses énigmes des replis de l'espace-temps.

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Valérian et Laureline, tome 11 : Les Spectres..

Un diptyque de Valérian et Laureline, qui commence sous les auspices gris et pluvieux de l' Écosse.

Et, quoi de plus civil que de se retrouver entre gens de bonne compagnie tels ce couple de châtelains anglais et l' excellent Monsieur Albert?

...Ces anglais qui ne perdent jamais leur flegme aussi exquis que parfois irritant, même quand on saccage leur sacro-saint gazon.

L' occasion, pour Mrs Christin et Mézières, de faire un retour dans ce vingtième siècle pré-apocalyptique en déroulant cette mission spatio-temporelle sur deux tomes.

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Valérian et Laureline, tome 15 : Les Cercles ..

Jamais Christin et Mézières, depuis qu'ils envoyèrent Valérian et Laureline sillonner l'espace infini, n'ont déçu leurs lecteurs émerveillés, captivés et conquis.

Dans cette planète urbaine, qui servit de maquette au cinquième élément de Luc Besson, nos agents spatio-temporels de la (défunte?) et disparue Galaxity,se glissent entre les strates et factions qui lorgnent et intriguent pour la domination de Rubanis.

Du grand space - opéra, où l'on retrouve ces attachants shingouz toujours au cœur de trafics louches et magouilles diverses et variées.
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Valérian et Laureline, tome 12 : Les Foudres ..

À LA RECHERCHE DE L'HYPSIS PERDUE...



Ouf !

Après un album préparatoire en demi-teinte, voilà que les affaires reprennent pour notre duo de choc et de charme, j'ai nommé Laureline et Valérian. Mais ils ne seront pas seul, cette fois, dans ces aventures qui vont les faire passer d'un navire de la marine de sa Gracieuse Majesté au vaisseau susceptible de traverser l'espace et le temps de nos agents de (feue...?) Galaxity.



Ils sont en effet accompagnés de deux terriens bon teint du milieu des années 80. Monsieur Albert d'abord. Français type, malgré sa culture très supérieure et son train de vie particulier en tant qu'aimable correspondant du futur de notre planète, Monsieur Albert, son imper de flic de seconde zone, son galurin et son humour mordant sont devenus incontournables depuis sa rencontre avec Valérian dans l'opus 9 de la série : Métro Châtelet - Direction Cassiopée. Il y a ensuite Lord Seal, dont on apprendra que le délicieux prénom n'est autre que Basil. British jusqu'au bout de la moustache, pour lui aucune machine n'est finalement plus compliquée à utiliser que le spitfire qu'il pilotait en 40... Il va sans dire qu'élégance et distinction ne sont pas de vains mots pour cet homme-là !



On retrouve par ailleurs ce fameux "spectre" du volume précédent qui n'est, en fait, que le Big Boss de Valérian, le chef incontesté de Galaxia, mais qui connait une profonde période de doute et de déshérence, tout ce qui faisait ses certitudes semblant désormais lui échapper, jusqu'à imaginer que sa chère Galaxia ne sera peut-être bientôt plus qu'un lointain rêve plus qu'oublié n'ayant jamais existé.



Côté invités vedettes non-terrestres, on retrouve bien évidemment nos inséparables Shingouz (ils vont toujours par trois). Ceux-ci poursuivent leur découverte des liquides terriens divers et variés que leurs goûts particulier et leur résistance digestive à toute épreuve (sauf à une petite houle en haute mer...) leur permet d'avaler à leur plus grande joie (et la notre), ce qui ne se lit pas exactement sur leur drôle de face à trompe, tenant plus du tapir à lunette de soleil et ailes de gargouilles que du noble éléphant, le Shingouz traînant sa tristesse et la misère crasse de sa planète d'origine partout où il trimbale sa carcasse. Ce qui ne les empêchera pas de "gagner", à force de duperies au cartes, le bâtiment de la Royale qui les mène vers les rivages glacés de l'océan arctique !

L'autre invité surprise, c'est le fameux Ralph de la planète Glapum. S'il tient autant de la coquille Saint-Jacques géante que du poulpe, il n'en demeure pas moins un être subtil, délicat, intelligent et ses pouvoirs métapsychiques sont incomparablement indispensables à la bonne tenue de cette aventure qui va embarquer le lecteur des eaux frisquettes du nord de notre planète jusque dans l'amas globulaire de Climphus, le but ultime de cette stupéfiante odyssée n'ayant pour autre objectif, au-delà de la découverte de l'étrange et insaisissable planète Hypsis, que de sauver la terre du cataclysme nucléaire qui doit avoir lieu dans quelques temps, en 1986 !



Les trois entités, à l'origine de cette affaire, que notre petite bande découvrira sont tellement surprenantes et inattendues qu'il nous est impossible de le dévoiler ici, même derrière un cache virtuel. Mais ce n'est certainement pas pour redorer son/leur blason que nous découvrons enfin qui il/ils est/sont véritablement : un peu bête/s et méchant/s, un brin looser/s, franchement caricaturaux de lui/eux même/s, avec ce petit quelque chose de périmé, de dépassé qui le/les ferait presque prendre en pitié ! Quoi qu'il en soit, ce/ces personnages primordiaux de notre histoire (principalement occidentale) font peine à voir dans leurs défroques volontairement très décalées et à mille lieues de leurs représentations habituelles : une trouvaille graphique absolument géniale de Jean-Luc Mézières !



Loufoque, rocambolesque, très critique aussi (sur la vénalité des hommes, sur leurs faiblesses, sur leur difficulté à s'entendre même face à un danger commun, sur la religion, etc), ce douzième volume renoue avec le grand Valérian des volumes inter-galactiques. Les deux concepteurs sont ici à leur zénith et, même si le scénario souffre parfois d'être un peu brouillon, que l'histoire fait sombrer l'ensemble de la série dans le pire des paradoxes temporels (comment Valérian, Laureline, leur chef et le vaisseau spatio-temporel peuvent-ils encore exister si le drame qui est à l'origine de leur future existence et compétence n'a jamais eu lieu...?) mais il en est ainsi de tout ouvrage faisant fi de ces paradoxes bien connus des scientifiques comme des passionnés de SF : ou bien on accepte l'impossible, ou bien on s'abstient de les lire.



Malgré ces quelques remarques, Jean-Luc Mézières et Pierre Christin signe une fois encore un excellent album que d'aucuns, parmi les fans de la saga, estiment comme le dernier d'une époque, la suite étant de qualité et d'intérêt souvent estimés moindre. À suivre...
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Valérian et Laureline, tome 11 : Les Spectres..

MEURTRE D'UN GAZON ANGLAIS...



Que peuvent bien faire ensemble une Laureline cantonnée à de la pure représentation - mais avec quel style, quelle élégance, quelle assurance ! - auprès d'une vieille et sympathique héritière, Lady Charlotte Seal, du clan Mac Culloughs, épouse de Lord Seal le chef du "Joint Intelligence Committe" de Sa Gracieuse Majesté, qui enquête sur la mystérieuse attitude de tous ceux ayant responsabilité de la force de frappe nucléaire, à l'ouest comme à l'est ; un Monsieur Albert toujours aussi pince-sans-rire, pris en charge, avec toute la "smartitude" britannique possible, par deux vieilles anglaises dans le train hasardeux - pour cause de grève générale, petit clin d’œil aux terribles années Tatcher - qui doit le mener jusqu'à la demeure écossaise des Lord et Lady précédemment cités ; trois Shingouz (souvenez-vous, on les rencontre pour la première fois sur Point Central dans le très réussi, sans doute l'un des meilleurs : L'Ambassadeur des Ombres) ayant réussi à s'approprier quelques informations cruciales auprès du Colonel Tloc, le chef corrompu des polices de Rubanis ; d'un Valérian, enfin, qui revient d'un petit saut dans l'espace, parti chasser, pour une raison de lui inconnue, le Glapum'Tien de la fameuse planète Glapum, lequel répond au charmant prénom de Ralph...



Et bien, que fait-on dans tout château écossais qui se respecte - en dehors d'une destruction consciencieuse et répétée - façon "running gag" -, bien que parfaitement involontaire, de ce gazon auquel Milady apporte un soin quotidien et amoureux ? On va y rencontrer des fantômes, pardi ! Mais comme nos amis sont les hôtes de la haute, on vous priera de parler plus précisément de spectre, c'est tout de même moult plus classieux !



De ce fameux spectre, nous ne vous diront rien de plus à moins de démonter l'ensemble car, il faut bien le reconnaître, ce onzième volet, Les Spectres d'Inverloch, sans être vraiment loupé est tout de même très en-deçà de ses prédécesseur. D'un faux rythme pas toujours convaincant, souvent bavard, passant d'un de nos petits héros de papier à un autre sans logique apparente, son principal défaut est de n'être - et vraiment que cela - qu'un album de présentation, le "drame" ne devant se résoudre que dans la seconde partie de ce second diptyque - trop de diptyques tuent le diptyque ? -, intitulé "Les Foudres d'Hypsis" et dont la planète terre est à nouveau le nœud central.



On aura cependant plaisir à retrouver nos trois petits espions préférés, les tristement drôles Shingouz (qui, découvrant notre planète, vont aussi en savourer les charmes buvables. résultat : les voila passablement éméchés et pour longtemps...), ce couple de nobles "so british" ainsi que Monsieur Albert à l'humour toujours aussi acide. On y découvrira, par la bande et sans ajouter grand chose à l'histoire, que Laureline et Valérian sont ENFIN ensembles : Ouf ! mais... pourquoi de cette manière ? Et l'on appréciera les petites références pop de ces années 80 que les moins de quarante ans ne peuvent qu'à peine connaitre... (Un "E.T" et un "Snoopy" accompagnés d'un modèle réduit de fusée Pershing, ces missiles nucléaires qui firent tant parler d'eux en ces années de fin de guerre dite froide). On goûtera aussi la référence pas voilée du tout au dessin d'Enki Billal, à travers la copie d'une photo de groupe faisant directement référence à son cultissime "Partie de chasse" que Pierre Christin scénarisa pour le dessinateur franco-yougoslave.



Un opus en demi-teinte, il est vrai, même si le dessin de Jean-Luc Mézières sauve, en grande partie, le résultat. Il faudra donc attendre le second volet pour apprécier intégralement ce diptyque dont on devine qu'il se rattache imperceptiblement au premier titre de la série, La Cité des eaux-mouvantes, comme une sorte de pause, presque un retour aux sources, une grande boucle, souhaités par les auteurs afin de contempler tout le chemin parcouru, de la terre à la terre, en passant par les étoiles : vivement la suite !
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Valérian et Laureline, tome 6 : L'Ambassadeur..

Une promenade dans un monde d'êtres surnaturels parmi des galaxies toutes aussi imaginaires.
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Valérian et Laureline, tome 2 : L'Empire des ..

Nos deux héros partent aux confins inconnus de la galaxie pour explorer la mystérieuse cité de Syrthe, lieu d'échange et de commerce. Mais rien ne se passe comme prévu....Lorsqu' ils découvrent la présence de nos deux amis terriens, les connaisseurs passent à l'action...
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Valérian et Laureline, tome 5 : Les Oiseaux d..

Une histoire de despote moyenne en qualité de récit. Les dessins restent toutefois bien et plaisants.
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Valérian et Laureline, tome 4 : Bienvenue sur..

Une gentille petite histoire sympathique. On retiendra le côté écologique qui montre comment une planète peut être facilement détruite par une exploitation débridée, tout comme une population d'autochtones peut se voir expulser de son territoire historique. L'auteur a intelligemment utilisé beaucoup de bon humour.
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Valérian et Laureline, tome 3 : Le Pays sans ..

Ce 3e volume est une apothéose de couleurs, nous sommes en plein space-opera avec des combats dans le cosmos avec des vaisseaux vivants sortant d'imagination débridée utilisant des bases de science, d'astronomie de botanique. Les dessins sont superbes avec ce style retro évident.
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Valérian et Laureline, tome 2 : L'Empire des ..

Super voyage dans l'empire galactique et sur la planète Syrte où l'on retrouve les problèmes usuels d'une civilisation, incluant les dangers mortels du nucléaire. Les dessins sont extra, surtout dans les grandes planches, le rythme de l'histoire est palpitant et nos deux héros sont bien sympas ! Pour seulement le 2e tome de la série la satisfaction est totale.
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Valérian et Laureline, tome 1 : La cité des eau..

Une série culte que je découvre un peu tardivement. De la très bonne science-fiction, les dessins d'époque sont extras et le tout forme une distraction bien plaisante.
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Valérian - Intégrale, tome 1

Une très belle découverte en ce qui me concerne. Le film m'a donné envie de découvrir la Bd et même si je dois bien avouer que le début est assez chaotique je me suis assez vite prise dans l'histoire des deux héros. J'ai très envie de découvrir la suite.
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Valérian et Laureline, tome 10 : Brooklyn Sta..

LE CREDO DES CRÉDULES CRAPOTEUX...



Après s'être perdu - corps et peut-être âme - dans la France et le Paris des années 80, nous retrouvons donc notre agent spatio-temporel préféré (manière de parler puisque le présent album donne une fois encore à suivre une Laureline décidément merveilleuse sous tous rapports...) plus que jamais perdu dans ses pensées saumâtres et dans sa vie, surtout lorsqu'on le retrouve dans les bras d'une superbe blonde américaine en mal de sensations fortes, de boites de nuit, de champagne et de mâle... Sauf que ce n'est pas bien malin d'agir ainsi lorsqu'on s'est fait poser un petit appareil permettant une communication tant auditive que visuelle instantanée avec sa compagne du bout de l'univers.



Mais laissons-là nos deux amis régler leurs comptes plus tard - «cela ne nous regarde pas» auraient faussement clamé trois comiques télévisuels ayant débuté cette même décennie -, car ce qui attend Valérian c'est une fois encore aventures (qui le dépassent), réflexions (qu'il ne comprend guère), espions (qui le manipulent), monstres élémentaires (contre lesquels il ne peut plus rien) et voyages (qui le déphasent encore un peu plus). À se demander s'il est de quelque utilité, finalement, notre sympathique agent (la réponse est dans l'interrogation)...? Valérian qui se retrouve, toujours en compagnie du délicieux et élégant Monsieur Albert, en plein cœur de Brooklyn dans la seconde partie de cet opus. Brooklyn et ses secrets, son petit monde des juifs hassidiques de New-York, Brooklyn et ses terrains vagues.



Pendant ce temps-là, c'est bien entendu Laureline qui accompli l'essentiel, quoi que le moins visible, comme c'est si souvent le cas. Cependant, celle-ci prend non seulement de l'assurance mais aussi une certaine maturité - à l'instar de la série qui s'éloigne à grand pas d'une BD encore très "jeunesse" pour quelque chose de bien plus mûr -, et l'on peut dire que d’héroïne de premier plan encore un peu "adulescente" elle se transmue en femme vraiment très femme et sûre de ses attraits, lorsqu'il devient indispensable de s'en servir... Puisqu'au bout, il faut tout de même sauver la Terre ! Que le lecteur se rassure : rien de dégradant ni d’obscène chez Mézière... Mais reconnaissons que le dessinateur sait mettre les atouts physiques de son petit personnage de papier en valeur lorsqu'il la revêt d'une tenue digne de la littérature gentiment sado-maso de ces années-là. Et puisqu'on vous dit que c'est pour la bonne cause !



Il n'empêche, entre tromperie plus ou moins avérée d'un Valérian - il ne semble pas avoir mémoire de grand'chose - complètement déphasé avec une fausse touriste-vraie espionne américaine (savourons l'ironie puisqu'il est supposé "en phase" directe avec Laureline) et une féminisation assumée et décidément très adulte de la jeune femme, voilà nos deux héros entrant de plain-pied dans des thématiques intimes auxquelles les auteurs ne nous avaient pas habituées à ce niveau-là. Et qu'ils savent traiter sans mauvais goût ni facilité caricaturale.



Par ailleurs, nous voici plongé dans le monde merveilleux des multinationales, prêtes à tout - y compris à s'associer avec des voyous intergalactiques - pour peu que les bénéfices, dont ils ne comprennent absolument pas les enjeux ni les règles, leur semblent insurpassables. On peut, avec le recul, estimer que ce monde-là était déjà bien en cours mais ce sont tout de même ces années Tatcher et Reagan, promoteurs cyniques de ce capitalisme financier et industriel surpuissant, de cet ultra-libéralisme effrénés, qui allaient être à l'origine des monstres économiques qui règnent désormais en maître presque absolus tout autour de notre petite planète. Pierre Christin et Jean-Claude Mézières en font une dénonciation claire et prophétique, même si ce n'est pas le seul propos de ce dixième opus. L'autre grande critique concerne toutes ces églises, croyances, religions dirigées par des gourous tous plus intéressés ou stupides, alcoolisés ou illuminés (voire le tout à la fois) les uns que les autres. Certes, les auteurs ont fustigé à plusieurs reprises les églises "officielles" et "monopolistiques" mais il montrent ici qu'ils ne trouvent guère plus de salut ni de grâce parmi ces pseudo-croyances, ces "néo-philosophies" et autres théogonies aussi absconses que débiles pour gogos crédules. Pour preuve, la présentation mêlée d'une ironie bien trempée, d'un certain nombre de gourous engagés par l'une des multinationale, par un «petit juif hassidique de Brooklyn» et néanmoins «l'un des meilleurs spécialistes mondiaux de la kabbale», Shlomo Meilsheim. Certes, on pourra reprocher aux auteurs de faire condamner ces néo-religieux par un homme qui professe l'une des plus vieilles religions qui soit mais ce Shlomo est ici plutôt comme représentant d'une certaine sagesse éternelle que comme religieux en mal de prosélytisme. D'ailleurs, ce qu'il fustige avant tout c'est cette immuable alliance contre nature entre le matérialisme le plus veule - celui des Grandes Compagnies - et la spiritualité la plus insane - celle des sectes -.



La fin de l'album s'achève d'ailleurs sur des pensées quasi philosophiques... Ce que Valérian constate d'ailleurs, rappelant qu'il n'y est pas très habitué. Quand à l'ultime page, elle vient en écho légèrement nostalgique au premier album de la série : La Cité des eaux-mouvante.

Une très belle réussite pour cette première aventure menée en deux volume (ce qui sera aussi le cas des deux titres suivant), entre notre petite planète bleue et le grand opéra universel ! On a tout de même hâte de voir nos deux tourtereaux à nouveau rassemblés...
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Valérian et Laureline, tome 9 : Métro Châtelet, d..

TOUT LE MONDE DESCEND !



Entre une Aureline plus charismatique, envoûtante, futée et belle que jamais - bien que songeusement solitaire dans les immensités intersidérales de son vaisseau - et un Valérian paumé, s'alcoolisant en terrasse à coups de "blanc-cass" ou de champ' dans des discothèques branchées du Paris des années 80', et qui ne comprend franchement rien à rien au fil de cette aventure, sauf qu'il ne comprend rien à rien, ce qui n'est peut-être pas si mal, ce neuvième opus a tout pour surprendre le lecteur, après huit albums plus "space-opera" les uns que les autres (à l'exception notable du premier).



Pour autant, le génie véritable de Pierre Christin au scénario et de Jean-Claude Mézière (accompagné de sa propre soeur, Evelyne Tranlé, très douée dans les couleurs en demi-teintes subtiles qu'elle a su appliquer à cette série) ne défaille pas une seule seconde, bien au contraire. Car si le premier album de ce qui est un véritable dyptique, composé de "Métro Châtelet - Direction Cassiopée" puis de "Brooklyn Station - Terminus Cosmos" se passent en bonne part sur terre - et pour ce premier à Paris et en France comme vous l'aurez compris - ce n'est pas pour autant un album en deçà des précédents. Mieux : tandis que beaucoup d'auteurs auraient pu commencer à se répéter à l'abord des dix volumes produits - ce qui se sentait d'ailleurs légèrement dans les deux opus précédents -, nos deux français parviennent à imprimer à ce nouvel album un rythme et des atmosphères très différentes et très neuves si l'on considère les titres antérieurs.



Nous retrouvons donc notre agent spatio-temporel à la terrasse d'un de nos bons vieux cafés parisiens des années 80 ' - reconnaissons que Mézière s'en tire splendidement pour transmettre l'ambiance des rues de la capitale de même que celle des anciens faubourgs pas encore totalement recouverts de barres d'immeubles gris. Son trait excepté, on se croirait presque chez Tardi ! -. Celui-ci est, pour tout dire, alcoolisé, perdu (plus que jamais), presque dépressif tandis que Galaxity lui a confié la mission de détruire d'étranges monstres venus des confins de l'univers mais sans qu'on sache encore bien comment ni pourquoi, sauf que cela intéresse de manière un peu trop vive deux géants internationaux de l'industrie. Industrie lourde et à l'ancienne d'un côté, avec la Sté Nelson et Gambler qui promet «Demain l'atome domestique», la W.A.A.M de l'autre eavec ses technologies de pointe porteuses d'avenir. C'est en tout cas ce que découvrira Monsieur Albert, ce nouveau personnage attachant, fin, cultivé et efficace, quoi que peu sportif avec sa cinquantaine, voire soixantaine, imprécises et son goût immodéré pour les profiteroles au chocolat, agent terrien de Galaxity et guide de Valérien dans les méandres de ce vingtième siècle dans lequel notre héros semble parfois perdu. On ne se retrouve pas impunément au beau milieu de ses ancêtres sans en payer le prix.



Dans son éloignement abyssal, c'est toutefois Aureline - une fois n'est pas coutume, mais cela semble devenir tout de même une sacré habitude ! - qui enquête sur diverses planètes plus ou moins ragoûteuses afin de découvrir la raison de ces apparitions. Notons que cette éloignement vaut au lecteur certains des plus beaux portraits vus jusqu'à maintenant de la jeune, charmante et subtile héroïne, dont on constate qu'elle est bien plus que la tête pensante de la série mais, pour ainsi dire, son acteur central, attractif et son réel héros, Valérian ne servant, en bien des situations, que de faire-valoir, sympathique certes mais un peu plat, godiche.



Une belle introduction à cette histoire en deux étapes que cet album. On y retrouvera, une fois encore et sous-jacentes, des thématiques chères aux deux auteurs : une critique virulente à l'égard des religions, ici, celle des malheureux "Zoms" de la spongieuse planète "Zomuk", véritable dépotoirs galactique, ainsi qu'à l'égard de certaines dérives de notre monde moderne : on ne peut évidemment s'empêcher de songer à ces zones mondiales devenues peu à peu les décharges de notre contemporanéité triomphante, peuplées de quasi sous-hommes subsistant comme ils le peuvent de ce qu'ils glanent de nos déchets, mais que l'absence de culture, de connaissances, d'éducation, d'hygiène précipitent dans les bras de religions aussi stupides que monstrueuses pour eux-même et parfois pour autrui.



Les amateurs de "vintage" (pardon, pardon, pardon) se délecteront aussi de cette vision d'une France que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître (et dont les moins de quarante doivent plus ou moins bien se souvenir). Une France encore à cheval entre traditions, tranquillité poussive mais sereine, grisaille assumée et, pour tout dire, un certain "art de vivre", qu'il parait qu'on nous envie encore, et une France futur terrain de jeu des grandes multinationales, un pays qui, pour une part de sa population, ne rêve que d'entrer enfin dans la post-modernité libérale, technologique et consumériste.



Une très belle réussite qui se trouvera parfaitement confirmée dans le second volet.
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Valérian et Laureline - Intégrale, tome 1

Les aventures de Valérian et Laureline m'étaient réellement inconnues. Je croyais en avoir feuilleté quelques tomes enfant mais, en voyant la bande-annonce du film de Besson, et surtout en commençant la lecture de cette intégrale, je me suis rendu compte que je confondais avec le Vagabond des limbes. Bref... J'avoue que je n'attendais pas forcément grand chose de cette lecture et c'est en réalité une très bonne surprise ! Cette intégrale regroupe les trois premiers tomes (Les mauvais rêves, La Cité des eaux mouvantes, L'empire des mille planètes), ainsi qu'une préface de Stan Barets, auteur et spécialiste de la SF et de la BD (décédé en juillet 2017). La préface permet de découvrir le parcours de Mézières et Christin et de bien comprendre ce qu'a apporté la série au moment où elle a débuté (1967) et dans les décennies qui ont suivi. Et ces trois premiers tomes, que valent-ils finalement ? Le premier pose les bases de l'univers, avec une écriture parfois en peu laborieuse et verbeuse et un style graphique en construction. Dès le 2e et surtout avec le 3e, les choses sont plus abouties et les différentes étapes de l'aventure, les décors, les éléments de SF sont vraiment bien réalisés et les thématiques abordées en arrière-plan vraiment intéressantes. On comprend très bien la rupture qu'a pu constituer cette série lors de sa sortie. Je vais m'empresser de lire la suite, surtout pour voir si le personnage de Laureline gagne encore en épaisseur, parce que oui, elle est moins passive que certains personnages féminins mais j'attends un peu plus vu tout ce qui a pu parfois en être dit.
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