À LA RECHERCHE DE L'HYPSIS PERDUE...
Ouf !
Après un album préparatoire en demi-teinte, voilà que les affaires reprennent pour notre duo de choc et de charme, j'ai nommé Laureline et Valérian. Mais ils ne seront pas seul, cette fois, dans ces aventures qui vont les faire passer d'un navire de la marine de sa Gracieuse Majesté au vaisseau susceptible de traverser l'espace et le temps de nos agents de (feue...?) Galaxity.
Ils sont en effet accompagnés de deux terriens bon teint du milieu des années 80. Monsieur Albert d'abord. Français type, malgré sa culture très supérieure et son train de vie particulier en tant qu'aimable correspondant du futur de notre planète, Monsieur Albert, son imper de flic de seconde zone, son galurin et son humour mordant sont devenus incontournables depuis sa rencontre avec Valérian dans l'opus 9 de la série : Métro Châtelet - Direction Cassiopée. Il y a ensuite Lord Seal, dont on apprendra que le délicieux prénom n'est autre que Basil. British jusqu'au bout de la moustache, pour lui aucune machine n'est finalement plus compliquée à utiliser que le spitfire qu'il pilotait en 40... Il va sans dire qu'élégance et distinction ne sont pas de vains mots pour cet homme-là !
On retrouve par ailleurs ce fameux "spectre" du volume précédent qui n'est, en fait, que le Big Boss de Valérian, le chef incontesté de Galaxia, mais qui connait une profonde période de doute et de déshérence, tout ce qui faisait ses certitudes semblant désormais lui échapper, jusqu'à imaginer que sa chère Galaxia ne sera peut-être bientôt plus qu'un lointain rêve plus qu'oublié n'ayant jamais existé.
Côté invités vedettes non-terrestres, on retrouve bien évidemment nos inséparables Shingouz (ils vont toujours par trois). Ceux-ci poursuivent leur découverte des liquides terriens divers et variés que leurs goûts particulier et leur résistance digestive à toute épreuve (sauf à une petite houle en haute mer...) leur permet d'avaler à leur plus grande joie (et la notre), ce qui ne se lit pas exactement sur leur drôle de face à trompe, tenant plus du tapir à lunette de soleil et ailes de gargouilles que du noble éléphant, le Shingouz traînant sa tristesse et la misère crasse de sa planète d'origine partout où il trimbale sa carcasse. Ce qui ne les empêchera pas de "gagner", à force de duperies au cartes, le bâtiment de la Royale qui les mène vers les rivages glacés de l'océan arctique !
L'autre invité surprise, c'est le fameux Ralph de la planète Glapum. S'il tient autant de la coquille Saint-Jacques géante que du poulpe, il n'en demeure pas moins un être subtil, délicat, intelligent et ses pouvoirs métapsychiques sont incomparablement indispensables à la bonne tenue de cette aventure qui va embarquer le lecteur des eaux frisquettes du nord de notre planète jusque dans l'amas globulaire de Climphus, le but ultime de cette stupéfiante odyssée n'ayant pour autre objectif, au-delà de la découverte de l'étrange et insaisissable planète Hypsis, que de sauver la terre du cataclysme nucléaire qui doit avoir lieu dans quelques temps, en 1986 !
Les trois entités, à l'origine de cette affaire, que notre petite bande découvrira sont tellement surprenantes et inattendues qu'il nous est impossible de le dévoiler ici, même derrière un cache virtuel. Mais ce n'est certainement pas pour redorer son/leur blason que nous découvrons enfin qui il/ils est/sont véritablement : un peu bête/s et méchant/s, un brin looser/s, franchement caricaturaux de lui/eux même/s, avec ce petit quelque chose de périmé, de dépassé qui le/les ferait presque prendre en pitié ! Quoi qu'il en soit, ce/ces personnages primordiaux de notre histoire (principalement occidentale) font peine à voir dans leurs défroques volontairement très décalées et à mille lieues de leurs représentations habituelles : une trouvaille graphique absolument géniale de Jean-Luc Mézières !
Loufoque, rocambolesque, très critique aussi (sur la vénalité des hommes, sur leurs faiblesses, sur leur difficulté à s'entendre même face à un danger commun, sur la religion, etc), ce douzième volume renoue avec le grand Valérian des volumes inter-galactiques. Les deux concepteurs sont ici à leur zénith et, même si le scénario souffre parfois d'être un peu brouillon, que l'histoire fait sombrer l'ensemble de la série dans le pire des paradoxes temporels (comment Valérian, Laureline, leur chef et le vaisseau spatio-temporel peuvent-ils encore exister si le drame qui est à l'origine de leur future existence et compétence n'a jamais eu lieu...?) mais il en est ainsi de tout ouvrage faisant fi de ces paradoxes bien connus des scientifiques comme des passionnés de SF : ou bien on accepte l'impossible, ou bien on s'abstient de les lire.
Malgré ces quelques remarques, Jean-Luc Mézières et
Pierre Christin signe une fois encore un excellent album que d'aucuns, parmi les fans de la saga, estiment comme le dernier d'une époque, la suite étant de qualité et d'intérêt souvent estimés moindre. À suivre...