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Citations de Jean Grenier (163)


Il est vrai que certains spectacles, la baie de Naples par exemple, les terrasses fleuries de Capri, de Sidi-Bou-Saïd, sont des sollicitations perpétuelles à la mort. Ce qui devait nous combler creuse en nous un vide infini. Les plus beaux sites les plus beaux rivages sont plantés de cimetières qui ne sont pas là par hasard. On y voit le nom de ceux qui, trop jeunes, ont été pris de panique devant tant de lumière projetée en eux-mêmes. À Séville, si l'on néglige les palais, les églises, le Guadalquivir et le reste, la vie est agréable pour bien des raisons. Mais on ne sent vraiment l'attrait profond du pays que lorsque, voulant monter au sommet de la Giralda le gardien vous en empêche : « Il faut être deux, vous dit-il. - Et pourquoi donc? - Il y a trop de suicides »
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Les grands paysages lumineux de Toscane et de Provence où l'on voit des plaines que l'on a peine à mesurer de l'oeil et où pourtant tous les détails sont écrits, ces paysages à la Lorrain sont propices entre tous à ces révélations (ndlr : se contempler soi-même, p. 73)
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Ces gens dont je parle sont pénétrés du sentiment que tout ce qui est honneur ou déshonneur, richesse ou pauvreté et en général différences conventionnelles entre les hommes, est une ridicule comédie. Ce sentiment n'est pas un simple sentiment de dilettante ni un sentiment révolutionnaire d'homme d'action. C'est une révolte intellectuelle, une colère intérieure contre le rôle misérable que les hommes sont destinés à jouer et qu'ils prennent tant au sérieux. De là l'envie de scandaliser. On se trompe de nom en s'adressant à une personne : qu'importe les noms ! On rédige une lettre à l'envers. On considère comme joyeuses les choses tristes et comme tristes les choses joyeuses. On invente des règles pour les actions qui n'en comportent pas et on les supprime pour celles qui en comportent.
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Une passion veut des forteresses autour d'elle, et à cette minute j'adorais le secret qui fait toute chose belle, le secret sans lequel il n'est pas de bonheur.
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Une vie secrète. Non pas une vie solitaire, mais une vie secrète. J'ai longtemps cru ce rêve réalisable.
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Autrefois, le soleil pouvait lui sembler cuisant ou la nuit glacée. Désormais il n'était pas un endroit du monde pour qu'il ne pût se concilier. Partout il serait accueilli et fêté. Il épouserait la forme du lieu qui le recevrait et peu à peu se confondrait avec lui. Une résistance opiniâtre se changeait en stricte obéissance pour resurgir en révolte dans une nouvelle existence, et cette alternance de rumeur et de paix composait la vie universelle.
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« Vous avez raison quand vous me conseillez de m’inscrire au parti communiste. Je le ferai à mon retour des Baléares. Je vous avoue que tout m’attire vers eux et que j’étais décidé à cette expérience. Les obstacles que j’oppose au communisme il me semble qu’il vaut mieux les vivre. Je verrai mieux les plans et quelle valeur il convient d’attacher à certains arguments. J’y pense beaucoup et il me semble jusque-là que les outrances du communisme reposent sur un certain nombre de malentendus qui peuvent être répudiés sans dommage. C’est aussi que le communisme diffère quelquefois des communistes. »

Lettre d’Albert Camus à Jean Grenier
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Il ne comprenait pas qu’il me fût indifférent de connaître la terre de l’indifférence.
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L’important n’est pas de voir l’Inde telle qu’elle est, d’après les Européens ou les Indiens – c’est d’ailleurs une ambition absurde. Il faut voir l’Inde avec le même parti pris que Corneille et Barrès ont vu l’Espagne. Et c’est en considérant l’Inde comme un pays imaginaire qu’on s’approche le plus de sa réalité. Nous ne voulons pas la considérer autrement.
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Je voudrais pouvoir regarder en face ceux qui vont mourir puisque j’en suis, moi. Mais nous ne mourrons pas en même temps et il y a toujours des profiteurs.
« À l’abattoir, disait-il, on égorge les moutons en série – et moi, ils me font mourir seul. »
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La lune, paraît-il, ne nous montre jamais que la même face ; certaines vies humaines, plus nombreuses qu’on ne croit, sont ainsi. On ne connaît leur zone d’ombre que par le raisonnement et c’est pourtant celle-là qui seule compte.
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On peut se cacher sans avoir rien à cacher.
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Ce n’est pas de savoir la vanité d’un rêve qui le fait évanouir.
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J’ai beaucoup rêvé d’arriver seul dans une ville étrangère, seul et dénué de tout. J’aurais vécu humblement, misérablement même. Avant tout j’aurais gardé le secret. Il m’a toujours semblé que parler de moi-même, me montrer pour ce que j’étais, agir en mon nom, c’était précisément trahir quelque chose de moi, et le plus précieux. Quoi ? Ce n’est sans doute qu’un signe de faiblesse, un manque de la force nécessaire à tout être pour non seulement exister mais affirmer son existence. Je ne suis plus dupe et ne présente pas cette infirmité de nature pour une supériorité d’âme. Mais il me reste toujours ce goût du secret. Je cache des actions insignifiantes pour ce plaisir d’avoir une vie à moi seul.
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Cette érudition dans une matière aussi futile ne me déplaisait pas. Au moment où je croyais la vie humaine une folie et le monde une vapeur sans consistance, rien ne pouvait mieux me convenir qu’une grave étude sur un sujet « frivole ». Cela aide à vivre, à se survivre. Veut-on supporter le jour qui vient, rien de mieux que de s’acharner plusieurs heures sur un objet quelconque. Renan compulsait son dictionnaire d’hébreu tous les matins et cela le consolait de vivre. Je ne crois pas que « les études » puissent avoir un autre intérêt. Tout ce qu’on apprend est méprisable, mais il n’est pas méprisable d’apprendre le jeu de patience qui nous fait attendre la fin.
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On aurait tant de choses à dire sur les êtres qu’on a aimés qu’il faut se rappeler à temps que ces choses-là n’intéressent que vous. Seules les idées générales ont des chances de toucher les hommes car elles ont la prétention de s’adresser à leur « intelligence ».
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Un chat digne du nom de chat doit porter un collier. Tout de suite il obtient auprès des chattes un succès extraordinaire, il prend une plus haute idée de lui-même et de la maison à laquelle il appartient. Le voilà anobli pour la vie. Ses enfants auront à leur naissance un air de dignité que n’ont pas les autres petits chats. Ils refuseront le ragoût et n’accepteront que le bifteck. Ils ne fréquenteront que les gens de leur classe et concluront des mariages avantageux. C’est le collier qui rend les chats très humains. Essayez de parler à un chat qui n’ait pas de collier, vous verrez la différence.
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Mais si l’on se met au même rang que n’importe quoi, et qu’on sente la vacuité du monde, on est tout disposé à prendre en dégoût les mille petits accidents de la vie qui viennent à la traverse. Une blessure, passe encore, on en prend son parti ; mais des piqûres d’épingle tous les jours, c’est insupportable. Vue dans sa grandeur, l’existence est tragique ; de près, elle est absurdement mesquine.
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Il existe dans toute vie et particulièrement à son aurore un instant qui décide de tout. Cet instant est difficile à retrouver ; il est enseveli sous l’accumulation des minutes qui sont passées par millions par-dessus lui et dont le néant effraie. Cet instant n’est pas toujours un éclair. Il peut durer tout l’espace de l’enfance ou de la jeunesse et colorer d’une irisation particulière les années en apparence les plus banales. La révélation d’un être peut être progressive. Certains enfants sont si ensevelis en eux-mêmes que l’aube ne paraît jamais se lever sur eux, et l’on est tout surpris de les voir se dresser comme Lazare, secouant leur linceul qui n’était que des langes. C’est ce qui m’est arrivé : mon premier souvenir est un souvenir de confusion, de rêve diffus s’étendant sur des années. On n’a pas eu besoin de me parler de la vanité du monde : j’en ai senti mieux que cela, la vacuité.
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Beaucoup de pages blanches dans ma vie. Le plus grand luxe est, avec une vie qui vous est donnée gratuitement, d’en user avec la même prodigalité que celle du donateur, et de ne pas transformer en objet d’intérêt local une chose d’un prix infini.
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