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Citations de Jean Grenier (163)


A côté de Venise qui s’ouvre sur la mer et s’étale au soleil, voici Vérone, fermée et impénétrable
Il y a toutes sortes de raisons pour que Roméo et Juliette se passe à Vérone plutôt qu’à Venise. Je ne veux retenir que celle-là .

Quand j’habitais aux environs d’une vieille ville italienne,je suivais pour rentrer chez moi une ruelle étroite et mal dallée, resserrée entre deux murs très hauts . (On n’imagine pas la hauteur de ces murs en pleine campagne). C’était en avril ou en mai. A un endroit où la ruelle faisait coude, une odeur puissante de jasmins et de lilas tombait sur moi . Je ne voyais pas les fleurs cachées qu’elles étaient par la muraille. Mais je m’arrêtais longuement pour les respirer et ma nuit en était embaumée. Comme je comprenais ceux-là qui enfermaient si jalousement ces fleurs qu’ils aimaient !
Une passion veut des forteresses autour d’elle, et à cette minute j’adorais le secret qui faisait toute chose belle, le secret sans lequel il n’est pas de bonheur.

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La Provence donne des leçons d’attachement qui ne sont pas perdues pour celui qui la visite non pas en touriste, mais en ami et qui l’habite au lieu d’y passer.
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Le sage - ou le saint - chinois, même dans une doctrine aussi extrême que celle du Tao, est toujours ici.
La forme même dans laquelle il s’exprime est significative.
Ces anecdotes, ces paraboles, ces exemples, avec leur pointe d’humour si aiguë, indiquent un grand sens de ce qu’on appelle vulgairement la vie et la réalité.
Nous ne sommes pas, en lisant les taoïstes, plongés dans un état hypnagogique comme lorsque nous consultons les traités touffus de l’Inde.
(page 115)
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Le Sage ne thésaurise pas, mais donne.
Plus il agit pour les hommes, plus il peut ; plus il leur donne, plus il a.
Le ciel fait du bien à tous, ne fait de mal à personne.
Le Sage l’imite, agissant pour le bien de tous, et ne s’opposant à personne. (Lao-Tzeu)
(page 38)
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J'aimais les tombes les plus simples, celles qu'on a recouvertes de sable sur lequel se détache une croix faite de coquillages blancs. Mais ce qui par-dessus tout me plaisait, c'était les fleurs qui abondaient de toutes les carnations et dont le parfum me retenait au passage. Le cimetière entier embaumait et, à l'heure de midi, donnait au promeneur non encore fatigué cette légère ivresse que dispensent la maturité, le silence ou la plénitude
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Cette plénitude, quand je fais un retour sur moi, m'attriste. Je me sens homme, je veux dire un être mutilé. Je sais que je trébucherai avant la fin de la comédie et qu'à une question que me posera mon partenaire, j'oublierai ma réplique et resterais sans paroles. Absences. Me voilà ravi à ses êtres que je disais aimer, et à moi-même dont je ne pouvais me détacher. Une nécessité qui me confond m'emporte loin de ma condition. Les hommes n'aiment pas qu'on leur échappe : c'est qu'il n'aime pas s'échapper à eux-mêmes. Ils sont aussi contents d'être homme que Mouloud d'être chat. Mais Mouloud a raison et eux ont tort. Car, lui, fais ce qu'il a à faire et leur position, à eux,est intenable. Je voudrais les en convaincre : nous n'avons rien à faire et notre position est intenable.
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L'autre jour, passant sous des peupliers, j'ai vu leur hautes branches se confondre. Tel midi, devant une pleine éblouie de soleil, j'ai vu et j'ai accepté ; devant des ruines éclairées par la lune, j'ai cru que l'homme pouvait hériter de l'homme et que ce don fragile suffisait. Ce matin en ouvrant la porte une chaleur m'a saisi. - C'est tout.
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J'ai peur de ces moments qui ouvrent une porte sur le vide - quand la nuit montante cherche à t'étouffer, quand le sommeil t'engloutit, quand au milieu de la nuit tu fais le compte de ce que tu es, quand tu penses - à ce qui n'est pas. Le jour t'abuse mais la nuit n'a pas de décor.
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Comment se fait-il qu'avec un pareil tempérament je n'ai pas été indifférent à tout ? Or tout me blessait parce que tout ce qui se passait hors de moi tandait à me faire sentir son peu de valeur vis-à-vis de ce qui seul comptait pour moi. Ma première analyse est incomplète : j'avais un idéal. On peut se refuser aux choses qui vous entourent et s'enfermer dans un domaine neutre qui vous isole et vous protège : cela signifie que l'on s'aime et qu'on peut être heureux par égoïsme. Mais si l'on se met au même rang que n'importe quoi, et qu'on sente la vacuité du monde, on est tout disposé à prendre en dégoût les mille petits accidents de la vie qui viennent à la traverse. Une blessure, passe encore, on en prend son parti ; mais des piqûres d'épingle tous les jours, c'est insupportable. Vu dans sa grandeur, l'existence est tragique ; de près, elle est absolument mesquine.
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Quel âge avais-je? 6 ou 7 ans, je crois. Allongé à l'ombre d'un tilleul, contemplant un ciel presque sans nuage, j'ai vu ce ciel basculer et s'engloutir dans le vide : ça a été ma première impression du néant, et d'autant plus vive qu'elle succédait à celle d'une existence riche et pleine. Depuis, j'ai cherché pourquoi l'un pouvait succéder à l'autre et, par suite d'une méprise commune à tous ceux qui cherchent avec leur intelligence au lieu de chercher avec leur corps et leur âme, j'ai pensé qu'il s'agissait de ce que les philosophes appellent le « problème du mal ». Or, c'était bien plus profond et bien plus grave. Je n'avais pas devant moi une faillite mais une lacune. Dans ce trou béant, tout, absolument tout risquer de s'engloutir. De cette date commença pour moi une rumination sur le peu de réalité des choses. Je ne devrais pas dire « de cette date » puisque je suis convaincu que les événements de notre vie - en tout cas les événements intérieurs - ne sont que les révélations successives du plus profond de nous-mêmes. Alors les questions de date importent peu. J'étais un de ces hommes prédestinés à se demander pourquoi il vivait plutôt qu'à vivre. En tout cas, à vivre plutôt en marge.

Le caractère illusoire des choses fut encore confirmé en moi par le voisinage et la fréquentation assidue de la mer.
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Cette réalité suprême est inconnaissable parce que, si on la connaissait, elle tomberait dans le domaine du relatif et par conséquent perdrait son caractère d’Absolu.
On n’en peut rien dire parce que, si l’on en disait quelque chose, elle deviendrait sujette à l’affirmation et à la négation.
(page 14)
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Pendant un intervalle de temps que je ne puis mesurer, je me suis désintéressé de lui.
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A quoi bon vouloir faire croire, avec ce qui ne prouve rien ? Quelle proportion ont, avec les mystères de l’au-delà, les rites et les offrandes ?
Les sens ne suffisent que pour l’observation superficielle, l’esprit seul pénètre et fait conviction.
Cependant le vulgaire ne croit qu’à ses yeux, et n’use pas de son esprit. De là les vains rites et les simulacres factices, pour lequel le Sage n’a que du dédain. - Tchoang-Tzeu, 32.
(page 45)
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Quand l’action conforme au Principe dépérit (quand les hommes cessèrent d’agir spontanément avec bonté et équité), on inventa les principes artificiels de la bonté et de l’équité ; et ceux de la prudence et de la sagesse qui dégénérèrent bientôt en politique. - Lao Tzeu, 18.
(page 98)
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Il est un être d’origine inconnue, qui exista avant le ciel et la terre, imperceptible et indéfini, unique et immuable, omniprésent et inaltérable, la mère de tout ce qui est.
Je ne lui connais pas de nom propre. Je le désigne par le mot Principe.
S’il fallait le nommer, on pourrait l’appeler le Grand, grand aller, grand éloignement, grand retour (le principe de l’immense évolution cyclique du cosmos, du devenir et du finir de tous les êtres). - Lao-Tzeu
(page 22)
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Celui (le Principe) qui a fait que les êtres fussent des êtres, n’est pas lui-même soumis aux mêmes lois que les êtres.
Celui (le Principe) qui a fait que tous les êtres fussent limités, est lui-même illimité, infini. Il est donc oiseux de demander où il se trouve.
(page 27)
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Ne demandez pas si le Principe est dans ceci ou dans cela.
Il est dans tous les êtres. C’est pour cela qu’on lui donne les épithètes de grand, de suprême, d’entier, d’universel, de total.
Tous ces termes différents s’appliquent à une seule et même réalités l’unité cosmique.
(page 27)
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On aurait tant de choses à dire sur les être qu’on a aimés qu’il faut se rappeler à temps que ces choses-là n’intéressent que vous. Seules les idées générales ont des chances de toucher les hommes car elles ont la prétention de s’adresser à leur « intelligence ». C’est pour la même raison qu’on préfère au reste ce qui fait « réfléchir » et ce qui attriste. «Joue-t-il toujours déguisé ? » demandait quelqu’un à propos de Charlot. Mais ce n’est pas Charlot ni Don Quichotte qui jouent déguisés, ce sont les autres. On se demande comment on peut oser s’intéresser à un chat et si le sujet est digne d’un homme pensant et raisonnant, qui vit dans les « problèmes » et qui a des idées politiques, religieuses et autres. Des idées, grand Dieu ! Et pourtant le chat existe, et c’est la différence qu’il y a entre lui et ces idées-là.
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TORINO,XXIV Settembre 1921
Je suis arrivé hier soir et il me semble que je suis ici depuis dix ans.L'Italie ne m'a pas déçu et tu sais quelle idée je me faisais d'elle,avec quelle passion je désirais ce pèlerinage depuis des années...
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LIRE: Ne lire que ce qui donne envie d'écrire
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