Jean-Luc Douin

Dans " Le juge et l'assassin", la césure est nette, scandaleuse, entre le peuple et la classe dominante. " On voit que vous ne connaissez pas les vrais pauvres, dit Bouvier au juge rousseau, vous habitez trop loin de la grande route".

Et la domination des puissants se manifeste implacablement par le biais des institutions. La justice, certes, mais aussi l'Eglise. Bouvier s'en prend au supérieur des maristes : " Vous n'êtes bon qu'à excommunier ceux qui manifeste le 1er Mai! Curé de riches !".

Un soir, Dexter Gordon m'a dit : "Sais-tu pourquoi ce film me demande tant d'efforts ? C'est parce que je dois prendre aussi en charge l'image d'un Charlie Parker et d'un Lester Young qui n'ont jamais eu la chance de s'exprimer à l'écran. Je dois les faire revivre en moi".

Dans sa loge, il avait accroché deux grandes photos de Duke et Lester qu'il contemplait avant de se rendre sur le plateau.

A propos du film " Autour de minuit".

Faisant l'éloge du cinéma de Jean Renoir, François Truffaut écrivit que "le cinéma n'est jamais plus pur, jamais autant lui-même que lorsqu'il parvient, en utilisant le dialogue comme musique de contrepoint, à nous faire entrer dans les pensées des personnages".
Nous y voilà. Bertrand tavernier est le successeur de Jean Renoir.

Un tournage, ce sont des moments d'angoisse, de violence, de tension. C'est une drogue, c'est un moment de communion que l'on a avec ces personnages qui s'incrustent en vous. Et quand on retombe sur terre, les choses de la vie quotidienne vous paraissent sans intérêt. On a du mal à revenir à la vie.
Je comprend les gens comme Raoul Walsh qui sautaient d'un tournage à l'autre.

Tavernier se livre avec pudeur mais aussi avec une sincérité, une honnêteté effrénées. Il n'est pas homme à assener ses vérités. Seulement ses doutes.

Généreux, mais anxieux de tout, il nous fait partager ses incertitudes sur la justice, l'éducation, l'amour ou la religion.

Pour Jacques Tati, le facteur à bicyclette de Jour de fête était trop typé, trop français. Il voulait imposer à l'écran un gogo tombé de la Lune, un zozo universel, un monsieur Tout-le-monde. Ce sera Hulot. L'Homo sifflotant, le piéton occidental. Imper passe-partout, falzar trop court du flâneur immature, parapluie symptôme de prudence et de perplexité. Pipe d'enquêteur du quotidien, tétine de dadais effaré, et brûle-gueule d'épicurien têtu.

Mon père, qui à l'époque dirigeait une revue littéraire, Confluences, avait abrité Louis Aragon et Elsa Triolet pendant la guerre. Pendant cette période, Aragon avait écrit " Il y a pas d'amour heureux". Un peu pour ma mère.

...Plus tard, je me souviens très bien de Roger Nimier. Je l'aimais bien. Une ou deux fois, il m'avait aidé à faire une dissertation...

Monsieur Hulot habite un quartier pittoresque et vieillot dans la banlieue de Paris. Sa soeur a épousé monsieur Arpel, un directeur d'usine et vit dans la villa ultramoderne 'un quartier résidentiel. Monsieur Hulot est un atypique qui exerce une influence jugée néfaste sur Gérard, son jeune neveu. Tandis que madame Arpel s'est mise en tête de trouver une femme à monsieur Hulot, monsieur Arpel tente de lui trouver un emploi. Les deux projets échouent piteusement.

Appelé a Londres pour tourner un film sur les problèmes d'avortement en Angleterre,Godard se retrouve sans sujet : l'avortement est légalisé peut aprés son arrivée.Il songe alors a un film sur Léon Trotski avec John Lennon dans le role du révolutionnaire.Les Beatles déclinent son offre,mais les Rolling Stones se déclarent prets a l'accueillir pour qu'il tourne un documentaire sur eux.Godard filme Mick Jagger et ses camarades composant ( Sympathy for the Devil),de la conception a l'enregistrement.Un conflit s'ouvre avec les producteurs: Godart tient a ce que la chanson ne soit jamais entendue dans son intégralité.Lorsque One + One est projeté le 29 novembre 1968 au London National Film Theater dans une version retouchée par les producteurs,il quitte la salle,frappe l'un des commanditaires et hurle : "vous etes tous des fascistes!"