''La France n'a pas de racines chrétiennes'' par Jean-Marc SCHIAPPA
Il n'y a pas liberté, quand on manque de pain. Il n'y a pas égalité, quand l'opulence fait scandale à coté de la misère. Il n'y a pas fraternité, quand l'ouvrière, avec ses enfants affamés, se traine aux portes des palais.
Blanqui, 1848.
Au congrès de la Libre Pensée de Lunel, le 8 juillet 1906, le menu est le suivant :
- Bouchées anti-cléricales
- Filet de boeuf à l'eau du Jourdain
- Lapin à la carmagnole
- Petits haricots à la Léon XIII (pape)
- Chapons de l'évêché
- Desserts fins du Vatican
- Vin de messe
La piété et la charité sont le masque pour suggerer au fanatisme et à l'intolérance l'opposition à la modernité, aux institutions de la République et à ses lois.
Supprimer les congrégations, c'est faire oeuvre de salut public.
Combes
"La volonté de tous ou de la majorité est la suprême loi sociale".
Buonarroti
Lors de la séance de la quatrième commission, la parole a été donnée à l'anarchiste Paraf Javal.
Il déclare qu'il voulait développer cette idée à savoir que si la libre-pensée admettait le principe de la loi et de la politique ils ne sont plus, à son avis, libres penseurs.
"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs".
Première phrase de la Déclaration des Droits qui précède la Constitutions de 1793.
Lecarpentier poursuit :
" C’était à la France, premier foyer des Lumières et premier théâtre des excès de la Cour et de l'Eglise qu'il appartenait de donner le signal de la régénération humaine. Le trône est tombé avec le tyran, le sanctuaire est dégagé de sa profane opulence; mais il faut le dire, la République française n’est pas arrivée au niveau parfait de la dignité d'un peuple libre, à la dignité des mœurs. En effet, citoyens, un peuple n 'est pas encore régénéré, ou, ce qui est la même chose, un peuple n 'est pas sûr ni digne de rester libre, tant que la Raison est encore altérée et sa moralité compromise, tant qu'il existe encore au sein de l'État quelques-uns de ces dangereux éléments qui, après avoir subi le mouvement de la Révolution, dont ils ont été un des mobiles à la vérité, mais non pas portion intégrante et nécessaire, ont transmis et entretiennent, dans le régime nouveau, une partie des abus qui tous ensemble composaient les vices de l'ancien. La régénération d'un empire est comme la refonte d'un métal, le moindre alliage suffit pour gâter l'ouvrage tout entier. La raison et l'erreur ne peuvent subsister ensemble et l'erreur doit disparaître enfin devant la raison."
Il s’agit pour les libres-penseurs de combattre les dogmes, c’est à dire les systèmes de croyance reposant sur des actes de foi fonctionnant en boucle (« il est impossible que Jésus ait marché sur l’eau », « si, cela est possible parce qu’il fait des miracles ») : les Eglises, fonctionnant sur les dogmes, obtiennent des privilèges de toutes sortes qui les mettent au-dessus et à côté de la République, donc ayant un droit différent, distinct du droit commun républicain.
Quand certains députés libre-penseurs demandent que les églises soient mises à la disposition du public, Briand rétorque :
« Je verrais personnellement avec peine et non sans humiliation mes amis de la libre pensée rechercher âprement la possession des églises pour y tenir leurs assises et y formuler leurs espérances. Si ces édifices, par leur structure et leur forme, sont bien aptes à abriter les mystères obscurs du dogme et les inquiétudes d’une foi craintive, ils ne me paraissent pas faits pour donner asile aux espérances généreuses et au rayonnant essor de la Raison. La libre pensée est forte et grande parce qu’elle a pour elle la vérité ; elle doit avoir en elle la possibilité d’élever ses temples en face des temples du dogme. »
A force de susciter des coups d'Etat aussi bien en France que dans les républiques sœurs, états pare-feu entre la France et la coalition, le régime directorial vit l'arme se retourner contre lui ; à vaincre par l'épée, on périt toujours par l'épée.