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Citations de Jean Mistler (65)


Le soir, à la maison, il lisait les Fragments de Novalis publiés après sa mort, et, dans la biographie que Tieck avait consacrée à la mémoire du poète rappelé à vingt-neuf ans par les Dieux, il trouva ces lignes : "Novalis était arrivé depuis peu à Cronstadt, en Thuringe, lorsqu'il fit la connaissance de Sophie von Kuhn. Le premier regard qu'il jeta sur elle décida de sa vie. Souvent, dans les yeux et le visage d'une enfant, il y a une expression que nous sommes forcés d'appeler céleste, car elle est d'une beauté trop immatérielle et angélique...Ceux qui ont connu la merveilleuse fiancée de notre ami s'accordent à dire qu'aucune description ne saurait donner l'idée de sa grâce harmonieuse, de sa beauté et de sa douceur. Novalis devenait poète chaque fois qu'il en parlait. Elle venait d'accomplir sa treizième année lorsqu'il la vit pour la première fois ". Hoffmann connut aussi cet enchantement. 3 Tout contact spirituel, disait Novalis, ressemble à celui d'une baguette magique. Que celui qui trouve fabuleux les effets de la baguette des sorciers se rappelle simplement le premier contact de la main de la bien-aimée, son premier regard lourd d'aveux, qu'il se souvienne du premier baiser, du premier mot d'amour, et qu'il se demande si le sortilège et le charme de ces moments ne sont pas fabuleux et étranges, inexplicables et éternels". (...)
Voici maintenant que la petite fille de Bamberg allait, elle aussi, par la vertu de la musique et de la poésie, fleurir aux jardins mystiques de magicien Klngsohr

Troisième partie. La musique
Chapitre II. Julia
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A l'automne de 1809, il fit le portrait des trois enfants Marc. Julia, née en 1796, n'avait pas encore quatorze ans, mais, juive, elle avait la beauté précoce des filles de l'Orient. sa voix émouvante, le regard de ses yeux noirs, l'affectueuse simplicité d'une enfant ignorante encore de son charme, les prestiges de la musique et de la peinture, tout conspirait contre Hoffmann.

Troisième partie. La musique
Chapitre II. Julia
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" La musique de Beethoven fait jouer les ressorts de l'horreur, de l'effroi, de la douleur, et elle éveille en nous cette aspiration vers l'Infini, qui est l'essence même du romantisme...La symphonie en ut mineur conduit irrésistiblement l'auditeur, de degré en degré, par une progression continue, jusqu'au royaume idéal de l'Infini."

Hoffmann
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L'existence orageuse de Werner est le type de ces vies romantiques si nombreuses en Allemagne pendant les premières années du XIXe siècle. On dirait que le désordre des temps empêchait ces hommes de voir le désordre de leu esprit. Le mal du siècle, que les écrivains de chez nous portèrent si allègrement, devint délire mystique chez Werner, phtisie chez Novalis, folie chez Holderlin, suicide chez Kleist, chez Hoffmann consomption dorsale. En France, il faut attendre vingt ans après la génération des romantiques bourgeois et rhéteurs pour trouver chez Nerval le même conflit entre le Rêve et la Vie. Les régions inconnues, indistinctes entre l'ombre et la lumière, entre la folie et la raison, où sont Gérard placera l'idylle de Sylvie et le drame d'Aurélia, sont aussi la terre où naîtront les Contes Nocturnes. Bientôt le rêve et la réalité seront tellement mêlés dans l'esprit d'Hoffmann qu'il aura peine à les discerner, et sa vie imaginaire dépassera en étrangeté toutes les vies réelles.

Seconde partie. Les années errantes (1796-1808)
Chapitre IV. Varsovie
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Une jeune fille en fleur, belle comme la Madeleine du Corège, la taille des Grâces que peint Angelica Kauffmann, m'est apparue cet après-midi -C'était Amélie Hatt. Elle avait le charme de sa mère - l'idéal de mes imaginations enfantines, mon Inamorata plus jeune, était devant moi - une mélancolie douce et inconnue s'empara de mon coeur -plusieurs fois, elle me regarda fixement, sans doute étais-je aussi remarquable à ses yeux qu'elle l'était aux miens. (...) j'aurais voulu l'attirer insensiblement dans le cercle magique de mon imagination, quelques instants d'enthousiasme auraient compensé pour moi la mortelle solitude de la semaine passée.

Seconde partie. Les années errantes (1796-1808)
Chapitre III. L'exil (1802-1804)
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Le 13 février, il put lire dans la gazette un avis encadré de noir :

" Hier, à onze heures du matin, en notre ville, Emmanuel Kant est mort de vieillesse, dans la quatre-vingtième année de son âge. Le monde entier connaît et estime ses travaux qui ont renouvelé la philosophie spéculative, mais les remarquables vertus du défunt, fidélité, bienveillance, droiture, amabilité, font que sa perte ne sera pleinement ressentie que dans notre ville, où sa mémoire sera honorée de la manière la plus durable."

Seconde partie. Les années errantes (1796-1808)
Chapitre III. L'exil (1802-1804)
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Le lendemain, pour chasser les spectres, il lira Candide. Ainsi, lentement, le monde fantastique d'Hoffmann se forme sous deux de ses aspects essentiels : d'un côté, les machines des charlatans , automates, miroirs magiques, têtes parlantes que décrit Wiegleb, de l'autre, les cauchemars de l'ivresse et les forces ennemies qui nous environnent. Il viendra un jour où le rire de Voltaire ne suffira plus délivrer Hoffmann de ses fantômes.

Seconde partie. Les années errantes (1796-1808)
Chapitre III. L'exil (1802-1804)
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(...) : le 31 décembre de l'an 1798, il rêve à son passé avec quelque mélancolie, mais sans tristesse, et il se rappelle les nuits de la Saint-Sylvestre à Koenigsberg, quand il était tout petit. " A minuit, j'étais réveillé par la douce musique des cors et des clarinettes, sur la tour du château, et je croyais dans mon imagination enfantine que c'étaient les anges qui apportaient la nouvelle année comme une étoile au ciel bleu ".

Seconde partie. Les années errantes (1796-1808)
Chapitre II. Berlin et Posen (1798-1802)
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Le premier amour va revenir. Il suffit de si peu pour remuer les sentiments les plus profonds de notre âme : la pauvre mélodie d'une horloge à musique évoque Cora Hatt ; une pervenche bleue dans une haie ressuscite Mme de Warrens et rajeunie Rousseau de trente ans ; le parfum d'une tasse de thé arrache au passé tout le côté de chez Swann.

Seconde partie. Les années errantes (1796-1808)
Chapitre I. Glogau (1796-1798)
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Au début de 1797, Hoffmann parle dans ses lettres d'une jeune fille dont nous ne savons pas le nom. Plusieurs fois, pour la voir, il va entendre la messe à l'Eglise des Franciscains, il danse avec elle à la Redoute, il garde son portrait dans son portefeuille. Un soir, au mois de mars, il est assis près d'elle. "Le soleil printanier se couchait, lançant ses derniers rayons par la fenêtre -que tout cela était charmant ! - sa figure semblait flotter au milieu des atomes que le soleil rendait visible ; à demi penché sur elle, je sentais sa douce haleine sur mes joues en feu - j'étais heureux, je voulais le lui dire, les mots s'arrêtèrent sur mes lèvres : (...)

Pense que c'est moi
Quand une voix parle en ton âme
Ne m'oublie pas...

Seconde partie. Les années errantes (1796-1808)
Chapitre I. Glogau (1796-1798)
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Vers cette époque Hoffmann rencontra un homme dont la vigoureuse personnalité le frappa, c'était un peintre italien nommé Molinari, qui était venu décorer l'Eglise des Jésuites.
(...) Molinari avait un air de fierté et de noblesse qui imposait, mais son regard prenait parfois une expression diabolique. c'était avant la lettre le type des héros ténébreux de Byron, beaux comme des archanges foudroyés, et rendus plus séduisants encore par la malédiction qui pèse sur eux.

Seconde partie. Les années errantes (1796-1808)
Chapitre I. Glogau (1796-1798)
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Des collines grises, de tristes étangs, de sombres bois de spins dominés parfois par le squelette géant d'un vieil arbre desséché que les corbeaux hantaient comme un gibet.

Seconde partie. Les années errantes (1796-1808)
Chapitre I. Glogau (1796-1798)
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Mais il semble que cette puissance fatale dont plus tard Hoffmann devait peindre si tragiquement les effets sur notre destinée, ait tout mis en oeuvre pour assombrir les derniers jours qu'il devait passer à Koenigsberg.

Première partie. Koenigsberg.
Chapitre IV. Cora Hatt
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Lorsque le juge siégera,
Tout ce qu'on cache apparaîtra,
Impuni rien ne restera.

Dies iræ

Première partie. Koenigsberg.
Chapitre IV. Cora Hatt
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Quand Ernest eut six ans, l'oncle Otto estima qu'il était temps de songer à son éducation et le fit entrer à l'Ecole luthérienne que dirigeait M. Wannowski. (...)
A l'école, Hoffmann n'avait pas de camarades. Sa timidité l'empêchait de se livrer facilement, et ses railleries ne donnaient guère envie à ses condisciples de l'approcher.

Première partie. Koenigsberg.
Chapitre II. L'amitié de Théodore Hippel
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A neuf heures on l'envoyait se coucher. Son bougeoir à la main, il traversait sur la pointe des pieds les chambres désertes, il passait vite devant les glaces, parce que, si les enfants se regardent la nuit devant les miroirs, des figures horribles leur apparaissent. La vieille servante le lui avait affirmé bien souvent. Une fois dans son lit, il écoutait, tenu en éveil par le craquement d'un meuble ou le trot menu d'une souris. Les cloches des églises égrenaient des heures : dix...onze coups, on s'embrouillait à vouloir les compter. cette fois, c'est bien minuit qui vient de sonner : dans la pièce voisine, ce pas lourd qui se rapproche, sûrement c'est un fantôme, ou bien le terrible homme au sable qui crève les yeux des petits enfants.

Première partie. Koenigsberg.
Chapitre I. Les premières années
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Au second étage de la maison, la femme du professeur Werner, la folle, hurlait, ou bien, sur un ton prophétique, annonçait que son fils Zacharias était l'ange des Ecritures, le Messie nouveau qui sauverait l'humanité.

Première partie. Koenigsberg.
Chapitre I. Les premières années
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(...), Mme Doerffer passait ses journées dans son appartement : assise en un grand fauteuil, elle lisait la Bible, Hoffmann, dès qu'il sut dessiner, en couvrit les marges de diables encornés et de dragons épouvantables; sa mère ne sortait presque jamais de sa chambre où elle prenait tous ses repas. L'enfant voyait surtout sa tante Sophie, qui tout doucement devenait vieille fille en s'occupant du ménage et en faisant des confitures, et son oncle Otto-Wilhelm, dont il partagea longtemps la chambre et le bureau.

Première partie. Koenigsberg.
Chapitre I. Les premières années
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Chaque jour, la tante Sophie et sa jeune soeur, qu'Hoffmann appelait Tante Fusschen, venaient voir le petit garçon, il avait trois ou quatre ans lorsqu'elle mourut, mais l'image de la tante musicienne était restée au seuil de sa mémoire avec ses couleurs de rêve qui parent les souvenirs de notre première enfance, ces souvenirs qui ont grandi avec nous et sont le meilleur de nous-mêmes, et nous reviennent chaque fois que nous sommes plus heureux ou plus malheureux, plus fort ou plus faibles : à chaque visite que nous fait l'amour.

Première partie. Koenigsberg.
Chapitre I. Les premières années
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(...) : de père en fils, les Hoffmann étaient pasteurs ou homme de loi, les Doeffer, magistrats ou fonctionnaires.

Première partie. Koenigsberg.
Chapitre I. Les premières années
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