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Critiques de Jean-Paul Goux (11)
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Le Séjour à Chenecé ou Les Quartiers d'hiver : To..

Nécessité de silence dans ce monde agité qui est le nôtre.

Désir de solitude dans la frénésie des rencontres, dans le tourbillon des rapports sociaux.

Parfois, silence et solitude s'offrent doucement, fragilement entre les pages d'un livre parvenu jusqu'au lecteur, par on ne sait quel sortilège, offrant à contempler la magie de l'instant.





Est-il simple d'esprit, celui qui désire se mettre en retrait des autres ? Est-il à honnir celui qui n'a point d'attirance pour les études et d'aptitude à briller aux examens qui jalonnent l'existence de l'écolier-étudiant ? Est-il à juger celui qui s'emmitoufle de solitude, pour mieux respirer, qui s'écarte des autres pour mieux apprendre à habiter son existence ? Est-il si pauvre d'esprit celui que n'habitent aucun souhait de reconnaissance, aucune aspiration de considération, aucune ambition, celui qui ne demande qu'à être transparent, à ne se vêtir que de discrétion, à faire en sorte qu'on oublie et sa présence et son existence ?



Alexis Chauvel est ainsi, toujours à disparaître, à dissimuler ses gestes et sa présence. Enfant, il trouve refuge dans une pièce oubliée de l'abbaye, bien national racheté par un ancêtre et lieu de villégiature et de retrouvailles de la grande famille. En grandissant, il n'aspire qu'à continuer à être le plus humble possible, à être le moins considéré… Ayant échoué aux examens, c'est un parent, qui sans doute rêvait d'avoir ce courage d'être "Autre" et ne l'a pas eu, qui le conseille pour trouver quelques heures de travail et Alexis, désormais, en plus de vacations, sans dévoiler son identité, d'aide dans une librairie de bourg, devient celui qui garde l'abbaye, celui qui prend soin de Chenecé au fil des mois, celui qui en observe, au fil des saisons, la seule présence des arbres et de la faune discrète qui habite les murs de pierres ou les bois...



En abdiquant une présence au monde, Alexis rend davantage perceptible le rapport au temps, l'enchevêtrement des instants, la mesure du temps qui passe. Pour arrêter ce déroulement des heures, des jours, des semaines, c'est la volonté de faire revivre les daguerréotypes trouvés dans "sa" cachette qui finalement arrête la danse des horloges, il est occupé, son temps est employé, la solitude tranquille l'habite entre deux invasions familiales des lieux… La photographie comme un arrêt, comme un retour au passé, un art qui s'affranchit des pendules.



Et puis, c'est le désir de rattraper ce qui lui a échappé au cours de ses études, subies plutôt que vécues, qui le fait se plonger dans les livres, d'abord ceux traitant de sa passion du moment, puis ceux qui l'aideront à recréer ce verger de l'abbaye… Et puis c'est une rencontre comme seuls les livres l'autorisent, la rendent possible, une rencontre qui murmure à Alexis la légitimité de sa démarche, la cohérence de ses choix… Puisqu'un autre l'a désirée avant lui, cette vie en retrait, en oubli...





Un tout petit livre mais si dense d'un style d'écriture qui se déplie et se déroule pour l'enchantement de celui qui lit. Des pages qui laissent échapper ces silences peuplés seulement d'arbres et de nature, partageant une forme de sérénité. Une solitude justifiée et s'apprivoisant comme un oiseau à retenir sur la main. C'est tout cela que contiennent les mots de ce récit.

Une halte, un havre si précieux dans nos vies troublées quand le regard embrasse le monde si tourmenté…
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Les jardins de Morgante

J'ai lu ce livre pour mon cours d'Esthétiques comparées et je dois dire que j'ai plutôt bien accroché.

Dans ce roman ce n'est pas l'intrigue qui domine, le mécanisme de l'histoire et l'avancée dans les jardins et la maison de Morgante, un auteur imaginaire du XVe siècle, se fait avant tout par la description. Bien que je préfère généralement les romans avec pas mal d'action, il m'arrive d'apprécier faire des pauses et respirer. Simplement lire pour lire les mots et c'est le cas avec Les Jardins de Morgante.

Le style est très particulier, labyrinthique comme les jardins et avec de longues phrases à la Proust. Pourtant c'est beaucoup plus facile à lire que du Proust. Malgré la longueur peut-être affolante des phrases certains morceaux importants du début sont repris après une digression. Il est donc beaucoup plus aisé de suivre le sens du texte et l’on n’a pas à rebrousser chemin sans arrêt. Cela dit, le style demande quand même une concentration relaxante. On adopte un rythme de lecture qui nous fait prendre la mesure du temps qui passe et qui nous fait l'apprécier comme le jardin (bien qu'après 400 pages on n’ait toujours pas vraiment de représentation exacte des jardins).

Les différents arts s'affrontent entre eux par l'intermédiaire des personnages et il est assez intéressant de découvrir le point de vue de chacun. Le bémol c'est que j'aurais aimé en apprendre un peu plus Thubert, mais je pense que le fait qu'il soit un peu effacé en dise paradoxalement beaucoup sur lui.

La narration pourrait un peu perdre le lecteur et participe à nous maintenir dans le flou de la révélation finale sur laquelle repose la raison d'être même du roman. En effet la construction temporelle est étrange et pleine de "disait-il, racontait-elle". Pourtant ce n'est pas ce qui m'a dérangé le plus.

Cette impression de sérénité s'estompe vers la fin et rend le roman assez oppressant. L'effet recherché est atteint sans pour autant que le lecteur ne décèle un grand changement de style (le changement est visible dans le paysage mais je n'ai pas su le retrouver dans les mots bien que je ressente une étrange angoisse, c’était peut-être l’impression de répétition qui exprimait la folie de l’un des personnages). L’élément un peu frustrant cependant est de ne pas obtenir de réponse sur l’événement final .

En bref, une petite pause lecture très agréable, particulièrement le soir pour se détendre (du moins pendant 3/4 du livre) et apprécier le temps.

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Les hautes falaises

Une histoire d’amitié, écrite d’une façon moderne, c’est-à-dire à la façon de la fin du dernier siècle. D’abord on épuise un lieu Havrais, le quartier autour du funiculaire, l’endroit où se rencontrent les deux amis durant leur enfance, puis ils se perdent de vue, se retrouvent, se séparent encore et les choses évoluent.

Les phrases sont très longues et très descriptives – c’est un roman d’espaces, d’architecture –, l’ambiance est légèrement mélancolique. Les moments de leurs relations sur lesquels Simon s’arrête sont des moments où le monde s’est ouvert, que ce soit pour lui ou pour son ami Bastien. Que dire d’eux ? Ce sont deux garçons de bonnes familles, très bien éduqués, l’un un peu strictement, l’autre plus librement, deux bons élèves sans histoires, c’est-à-dire qu’ils vivent ce que tout le monde a vécu : les premiers camarades, les premiers amours. Les sentiments qu’on éprouve à ces moments, quand le monde s’ouvre à travers l’autre, sont parfaitement restitués. Les souvenirs…

Mais tout n’est pas que souvenir. J’ai beaucoup aimé le passage sur les relations entre les hommes et les femmes, le questionnement de Simon lorsqu’il voit Bastien tombé amoureux, c’est un point de vue de jeune garçon des années 1960 ou 1970, mais tout le monde gagnerait à le lire aujourd’hui. Il est beaucoup question des rapports de domination en général, car Simon est un garçon embarrassé, pour ne pas dire qu’il fait un petit complexe d’infériorité, ou alors est-il vraiment soumis par Bastien ou alors est-ce une part d’envie inavouée ? Est-ce dû à son éducation ? En tout cas il ne se sent pas sur un pied d’égalité avec Bastien qui est la perfection incarnée d’après ce qu’il raconte : beau, intelligent, aimé, libre et bon, en plus d’être socialement privilégié.
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Les hautes falaises

J'ai le même avis que cdezingues. J'ai pu lire ce livre jusqu'à la dernière page, mais que ce fût difficile ! Des phrases interminables qui ne disent rien ou si peu ! Un galimatias indigeste dont ne sort pas indemne. C'est la première fois que j'écris sur la première page tout mon désarroi et ma colère qu'un auteur puisse nous infliger cela, et comment un éditeur peut il s'investir dans une telle opération ?

Le seul moyen de s'en sortir est de se jeter sur un bon polar pour ne pas perdre à jamais le goût de la lecture !

C'est aussi la première fois que je critique une oeuvre, d'habitude quand elle ne me plaît pas, je le garde pour moi, mais là NON, on ne peut pas ennuyer le lecteur à ce point. La lecture doit rester un plaisir, pas un combat contre le texte et le nombre de pages qui restent à lire.
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Les hautes falaises

Impossible pour moi de terminer ce roman, que j'ai arrêté à la page 60. Le thème est très intéressant et bien emmené. Seulement, le style de l'auteur m'a été insupportable. Les grandes envolées poétiques se perdent dans des phrases à rallonge et des énumérations difficiles à suivre. Aucun dialogue, uniquement des souvenirs, développés sans but sur des pages et des pages. On se demande où tout cela nous mène.

Si le livre n'est pas mauvais en soi, la plume n'était tout simplement pas à mon goût.
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Tableau d'hiver

Il y a quelque chose de proustien, toute mesure gardée naturellement, dans ce livre subtil et délicat. L'amant arpente la propriété qui porte le nom évocateur de "Au milieu des bois", contemple, à la quête de Claire, qui y venait régulièrement. Depuis sa mort, la maison est désespérément vide. Démarche émouvante et touchante du narrateur dévasté par le chagrin, vaine puisque sans retour possible, qui est en vérité un pèlerinage, décrite avec une acuité vive par Jean-Paul Goux. Un roman qui fait comprendre la vérité de la solitude.
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Le Séjour à Chenecé ou Les Quartiers d'hiver : To..

"Je suis Alexis Chauvel, pauvre d'esprit comme ils disent..."

habitué au mépris, à la compassion ou au mieux à l'indifférence des autres membres de sa famille, Alexis aime s'isoler "armoirer" dans un recoin secret et "nébuler". Resté gardien à Chenecé, une ancienne abbaye, il ira travailler chez un libraire et vivra en ascèce, "incognito".

Ce récit est un bel hommage à la solitude, une réflexion sur la façon d'appréhender le temps qui passe, une analyse de la pensée en formation.

Quelques descriptions un peu longue cependant.
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Le Séjour à Chenecé ou Les Quartiers d'hiver : To..

Un livre à ranger plutôt dans "un placard" que dans une armoire, à moins bien sûr de chérir l'isolement et d'armoirer comme on porte armoiries.
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Tableau d'hiver

Le monde de Jean-Paul Goux est celui du secret, du silence, du cloisonnement que même l’amour ne peut rompre. Le salut pourtant pourra peut-être venir. De l’extérieur, des autres.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
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Sourdes contrées

Très beau dialogue intérieur entre Vivien qui se rend compte que son épouse aimée perd la mémoire, à moins que les souvenirs laissent simplement la place à l'imagination ?

Livre à prescrire aux amoureux des (très) longues mais belles phrases et des personnes qui ont un proche qui devient amnésique. À moins que ce ne soit vous qui fabriquez une autre réalité ...

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Le Séjour à Chenecé ou Les Quartiers d'hiver : To..

Qu'il est bon de « nébuler », d'« armoirer » dans cet immense roman d'apprentissage d'à peine cent pages...
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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