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Citations de Jean-Pierre Abraham (66)


Il nous reste à repeindre le nom du phare, tracé en grosses lettres noires sur la tour. Elles ont un peu viré au gris au cours de l’hiver. J’ai fait le A. Martin, le R, ce R dont il affirme, dans ses jours sombres, qu’il est de trop. Nous avons écrit ensemble le M.
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Au fond toutes les heures de la nuit sont utiles. Elles s’opposent souvent, se renient, sœurs qu’une pâleur à peine, un pli des lèvres distingue. Mais parfois elles vont ensemble, elles se donnent la main. Alors la nuit glisse souveraine. Nous glissons ensemble vers un commun épuisement.
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Je n’oublierai pas ce travail acharné, qui m’a trouvé tour à tour enthousiaste, dépité, inquiet, sanglotant. Je n’aurais jamais cru que l’emploi des mots puisse faire tant de mal. A la fin, toujours les mêmes revenaient, pierre, sel, écume, verre, brume. Je les mettais en présence, je les voyais s’unir ou s’écarter. Ils se figeaient parfois en courtes phrases molles que je ne pouvais plus modifier, aussi lourdes à remuer que des cadavres. J’étais paralysé pendant des heures. Puis, sans raison, ou peut-être parce que j’avais beaucoup marché sans le savoir, tout s’animait à nouveau.
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Mais j’aimais surtout les retours. Je ne suis pas de ceux qui s’en vont très loin, la main ferme, imposer à la mer leur dépit.
Moi je me peuple de reflets prudents.
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Les perles de Vermeer. Peut-être que rien au monde ne m’a touché plus. La lueur des perles. Mais pourquoi ? " On n’a aucune prise sur vous, disait Marion, vous êtes lisse comme une bille, tout serré à l’intérieur. Vous n’avez donc jamais explosé, crevé, pleuré ? " Est-ce que ça vous regarde ?
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20 décembre, 17 h.

Patience. Choisir d’habiter près d’une lampe, c’est tout de même choisir la couleur de sa vie. Une lumière violente fait écran. Ici, entre les lueurs et les ombres on doit pouvoir avancer lentement. Peut-être vaudrait-il mieux flamber d’un coup, vivre en torche, se consumer dans un éclair de folie ?
(...)
Soleil, noroît vif aujourd’hui. Ombres striées, frissons intermittents, c’est aussi fatigant que de la musique.
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- Ca va. Il y a de la vue. Le vent est remonté à l’ouest. Le feu est clair.
Les murs blancs bougent doucement sous la lumière de ma lampe. Pourquoi ces mots simples, proférés au cœur de la nuit, dans l’escalier endormi depuis des heures, m’émeuvent-ils ainsi ? Comme s’ils écartaient toute crainte de la mort.
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Sans m'en rendre compte je suis entré dans l'hébétude de ces vieux marins. Naguère encore, quand je descendais, quand je retrouvais l'île après vingt jours, je les admirais, tous alignés sur le quai Nord, immobiles, l'oeil fixé sur un point de l'horizon. Je les imaginais pleins de sagesse et de souvenir. Je sais maintenant qu'ils sont sans pensée. La mer est entrée par leurs yeux, leur a vidé lentement l'intérieur de la tête.
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Le feu de Sein est trop net, le mauvais temps va revenir.
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À chacun de se mettre en fête, lorsqu'il en perçoit au fond de lui le carillon.
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Saurais-je seulement veiller sur le sommeil de quelqu'un, surveiller les ombres, surveiller les rêves, assurer la bonne marche de la nuit pour quelqu'un que j'aimerais ?
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Sur le quai nord on se salue
Les têtes tombent
Et roulent à la grève
Parmi le goémon noir

Marion qui fait sa ronde
Recueille les moins louches
Décore sa maison et son feu
De leurs yeux

L’ombre s’approfondit
La main dans les couleurs
Et l’heure prise au plâtre
Éclot rose de neige


A côté l’on entend
La maitresse d’école
Vanter d’une voix claire à six enfants fanés
Des pays différents
Aux très hautes églises
Qu’ils ne verront jamais

La mer au coin du mur
Elle-même s’étonne
Elle qui en a tant
Des tours
Dans son ressac


…………………
Un pays très lointain
Où ton œil et la mer
S’aiment exactement
Sans toi
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Compère qu’as-tu vu ?
J’ai vu la haute mer
Dévorer des cailloux
Compère tu es fou

J’ai vu le printemps
Couleur de poisson
Naitre sur le sable
J’ai vu jean Cajean
Derrière sa maison
Noyer son cartable

Et j’ai vu des gens
Riant s’enlaçant
Courir sur les grèves
On ne disait plus
Tu es un salaud
On se regardait
Avec des beaux yeux

La mer pour un soir
Était sans mépris

Compère allons boire
J’aime ton histoire
Elle est ténébreuse
On en pleurerait
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Il y a une chose dont je suis sûr : cette lumière connue dans l'enfance, pour la retrouver maintenant, il faut s'appliquer tous les jours à vivre dans la plus grande inquiétude.
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Oui le paysage était inaccessible ce matin, aussi lointain et mystérieux pour moi qu'une forêt. Inutile de regarder, mes yeux travaillent ailleurs, j'engrange la nuit. J'engrange ? En tout cas la nuit est moins vaine que ce soleil perclus.
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Qu'est-il arrivé ? Maintenant on ne saura plus pousser de grands cris de joie. La vie sera toujours un peu glacée. On se tiendra à l'ombre, avec quelques objets de distance à distance. On recevra des lettres fantastiques de voyageurs. On suivra leur trace au mur sur les cartes. On fredonnera pour faire revenir le silence, l'oubli.
Puis on recommencera à guetter. Au coeur du monde.
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Cette passion des lueurs ! Est-ce la vie, cela : regarder une vieille peinture craquelée, près d'une lampe, tandis qu'au dehors l'espace vibre à mort, que la mer est folle ?
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J'aperçois très faiblement les faisceaux du feu, et parfois le blanc livide d'une lame qui déferle. Sans bruit. Le bruit est si ancien qu'une sorte de silence s'y est creusé.
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3 mars, 7h.

Je n’ai pas dormi. Je me suis installé devant ce pupitre gorgé d’eau. Je n’ai pas vu le temps passer. Nos planches ont été réduites en miettes évidemment. Comme un cageot qu’on écrase d’un coup de pied, un bruit ridicule. Martin n’est pas descendu. Je ne suis pas sorti de ma chambre.
L’aube approche. Je me sens incapable de bouger. Cependant je vais bien. Au fond toutes les heures de la nuit sont utiles. Elles s’opposent souvent, se renient, sœurs qu’une pâleur à peine, un pli des lèvres distingue. Mais parfois elles vont ensemble, elles se donnent la main. Alors la nuit glisse souveraine. Nous glissons ensemble vers un commun épuisement. 
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Le vent du nord joue dans les crêtes d'écume. La mer monte, elle semble légère, un peu pâle. Elle frémit. Cette innocence!
La mer et moi on dansait dans le temps.
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J'enjambe depuis 2000 ans une rivière du sud de la France et, sans me vanter, je ne fais pas mon âge ! Il faut dire que les Romains étaient de sacrés bâtisseurs.... et que j'ai "subi" un petit lifting en 2000. Je suis :

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