Durant l'hiver 1972-1973 , Jeanne entraîna Pasdeloup dans toutes les salles obscures du quartier, le Studio de l'Etoile, la Boîte à Films , le Demours Palace , le Mac-Mahon .
Parfois , ils allaient jusqu'au Studio de la Huchette à Saint-Michel ,ou pire , au Cocorico ou aux Folies-Belleville dans le 20ème .
[...] il reçut en pleine figure le cinéma du monde entier où régnait à cette époque , une vitalité, un vent de liberté , une intelligence , un engagement et une ouverture qui ressemblaient à Jeanne et qui le ravissaient .
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C’est un de ces moments miraculeux où l’eau s’ouvre devant elle. Elle respire une fois sur quatre sans jamais se désaxer, son gainage est parfait, ses battements de jambes rapides et réguliers, elle glisse en jouissant de la glisse, encore un peu et toute résistance aura disparu, seul son nombril effleurera la surface.
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- Vous parliez quelle langue avec la dame ?
[...]
- De l'hébreu.
- Ah... Vous êtes juifs ? En quelque sorte.
Daniel hoche la tête avec un air de commisération.
- Moi, vous voyez, j'ai rien contre les juifs. Ça non, rien de rien ! Mais je préfère quand même être breton !
Il se met à rigoler d'une façon un peu niaise.
- C'est moins dangereux !
Padeloup opine très sérieusement.
- il y en a moins qui sont partis en fumée.
Daniel exulte.
- Exactement ! Et ça fait une grande différence !
Padeloup conclut sur un ton docte.
- D'autant plus qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil, et que ce qui a été, c'est ce qui sera. Je suis de votre avis, Breton, c'est un plan plus sûr !
Daniel rigole faiblement avant de s'arrêter devant le dojo des Grandes-Bornes.
- Je suis devenu un bon musher.
- Un quoi ?
- Un conducteur de chiens. À l’époque, les Canadiens français disaient « marche » pour faire avancer les chiens. Avec l’accent du XVIIIe siècle ça devait ressembler à « mach » ou « mech ». Voilà comment c’est devenu « mush » en anglais !
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À 19 ans, elle en paraît seize et ressemble à une adolescente qui a trop fêté la nuit précédente. Elle a des jambes musclées, des seins petits, portés haut, de grosses lèvres sensuelles et un nez en trompette. Seuls ses grands yeux bleus en amande ne vont pas avec la fraîcheur du reste. Ils sont glauques comme un marécage, appuyés sur des cernes violets et surmontés d’une paupière lourde.
(page 56)
Au travers de leur grosse parka respective, Lilie sent l’épaule d’Aby collée à la sienne. Du coin de l’œil, elle voit son joli profil noir cerné d’une fourrure synthétique jaune fluo, le nez pointé vers l’horizon, un léger sourire aux lèvres.
(page 299)
Christian est de la même taille que Lilie, mince et costaud. Rien de remarquable chez lui sinon ses yeux bleus et vifs et un je-ne-sais-quoi qui le rend immédiatement séduisant. Le genre de garçon que les filles trouvent « sexy ».
(page 17)
J’ai été excisée au Sénégal à l’âge de 4 ans. Ce sont mes tantes qui m’ont maintenue au sol pendant qu’on me coupait le clitoris, conformément à la volonté de mon père et de ma mère et selon la tradition chez les Soninkés. Je ne me souviens que de la brûlure horrible et de l’alcool à 90° versé pour me désinfecter.
(pages 200-201)
Lilie a un beau visage ovale au menton volontaire, un nez fort, légèrement retroussé, des lèvres fines, un front haut, des cheveux noirs et courts en bataille. Ses traits respirent la vivacité, l’intelligence et la détermination. Seuls ses grands yeux gris contredisent la désinvolture élégante de sa dégaine. Ils sont remarquables par leur intensité permanente.
(page 3)
Ses parents ont été déchus, c’est sa grand-mère paternelle qui est en charge. Je l’ai eue au téléphone tout à l’heure, elle est complètement dépassée, et autant que j’ai pu en juger, elle se trimballe un QI de toile cirée.
(page 219)