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Biographie :

Jean-Pierre Winter est psychanalyste. De formation philosophique et juridique il est diplômé de psychologie clinique. Elève de Jacques Lacan, il lui doit l'essentiel de sa formation psychanalytique dans le cadre de l'Ecole freudienne de Paris dissoute en Janvier 1980. Il co-fonde en 1983 le « Mouvement du Coût freudien » dont il est l'actuel Président.


Source : L'Harmattan éditeur
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Que peut encore le politique ? - Séminaire RDJ .
Que peut encore le politique ? le dimanche 21 avril à 11 heures Avec : Maurice Szafran, président-directeur général de Marianne, Alain-Gérard Slama, historien, éditorialiste au Figaro, et professeur à Sciences-Po, Sihem Habchi, ancienne présidente de « Ni putes ni soumises », Jean-Pierre Winter, psychanalyste. Un débat animé par Alexis Lacroix. Poursuivez la réflexion avec les ouvrages de Sihem Habchi et de Jean-Pierre Winter : " Toutes libres ! : rebels et insoumises, exigeons l'impossible " Sihem Habchi, Pygmalion, 2013, 236 pages " Les hommes politiques sur le divan " Jean-Pierre Winter, Calmann-Lévy, 2012, 264 pages

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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
ce qui se transmet le plus inéluctablement, ce n'est pas le bien ou le mal, le bon ou le mauvais, c'est l'angoisse.
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La religion passe par la transmission, qui ne va pas sans paroles.
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Très rapidement, lors de mes toutes premières séances d'analyse, j'avais apporté un rêve à mon analyste, un rêve où je dois faire un exposé au séminaire de Claude Lévi-Strauss, que je suis à l'époque au Collège de France. Lévi-Strauss me demandait de dessiner mon arbre généalogique.
J'allais donc au tableau et y dessinais selon la méthode des ethnologues des ronds pour les femmes, des carrés pour les hommes, et des lignes qui joignaient les uns aux autres. (...) Sur la première ligne, je pouvais inscrire le nom de mon père et celui de ma mère, à la génération précédente je pouvais inscrire le nom de mon grand-père maternel, mais toutes les autres cases étaient vides. Le rêve était assez angoissant.

En me réveillant, puis en racontant ce rêve à l'analyste, je m'étais posé cette question : "Mais en quoi est-ce un rêve ? Si la même demande m'avait été faite dans la réalité, cela eût donné exactement le même résultat."

(...) Survivant de la Shoah, mon père était particulièrement mutique, il n'avait pas cru bon de me dire comment s'appelaient son père et sa mère, son grand-père et sa grand-mère, etc.

C'est pourquoi la question de la transmission familiale se posait d'emblée pour moi du côté de la blessure. Ou du côté de l'absence. Ou du côté du manque.
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Revenons maintenant au petit miracle dont nous parlent Dolto et Lacan.
J'ai finalement trouvé un autre témoignage de l'éclair de compréhension, cette fois chez un adulte, qui nous apporte lui aussi quelques clés pour comprendre ce qui peut bien se passer en nous au moment où nous apprenons à lire.

Il s'agit du déchiffrage des hiéroglyphes par Champollion.
Nous sommes au XVIIIe siècle, tous les savants européens sont alors à la recherche de la clé qui permettrait non plus de continuer à déchiffrer hiéroglyphe par hiéroglyphe ce qui est gravé ou peint sur les pyramides, mais de sortir du B-A-BA hiéroglyphique pour passer à une véritable lecture.
Tous ces savants ont beaucoup avancé. A Londres, à Berlin, à Munich, à Paris, à Rome, on sait déjà beaucoup de choses sur l'écriture et la culture égyptiennes.

Mais ce milieu reste prisonnier d'une conception qui veut que les hiéroglyphes soient des images. C'est précisément cette conception du hiéroglyphe comme image qui bloque l'avancée. Certains ont émis l'hypothèse que peut-être ces images pouvaient de temps en temps être autre chose que des images, mais quoi ? (...)

Depuis son enfance, Champollion est passionné par l'Egypte ancienne.
C'est un jeune homme assez bizarre, incapable de suivre un cursus scolaire et qui a des évanouissements à répétition. (...) En étudiant un cartouche sur lequel bien des savants se sont déjà penchés, Champollion a une idée concernant le sens d'un hiéroglyphe qui se trouve au milieu du cartouche. Il s'agit d'un rond, qui signifie "ra" et tout le monde pense qu'il désigne le dieu Ra. Et puis il y a un signe qui se lit "ms", et une espèce de trident. Personne ne sait lire ce cartouche (...)

Et voilà que le jeune Champollion, tout à coup, comprend que "ra" pourrait aussi représenter le son "ra", et pas seulement le dieu du Soleil.
"Ra" est une syllabe. En appliquant le même raisonnement aux deux autres syllabes, il peut lire le nom qui est inscrit dans le cartouche : "Ramsès".
En un éclair, comme dans la description de Françoise Dolto, il a trouvé la clé que tout le monde cherchait. (...) Puis il commence à déchiffrer, comme un fou, les hiéroglyphes.

(...) il n'est pas sans importance de rappeler qu'avant même de maîtriser le sens de ce qu'il lisait là, Champollion s'était révélé capable de lire la langue égyptienne quel que soit le mode graphique sous lequel elle se présentait.

(...) Loin de moi pourtant l'idée qu'il ne faille exercer aucune contrainte.
Mais il faut s'entendre. Pour revenir à l'exemple de Champollion, pourquoi est-ce lui qui trouve, et pourquoi pas les autres ?

Certes, il a du génie et il a une passion.
Mais il y a aussi que dès son plus jeune âge, il a appris l'hébreu, il a appris l'araméen, il a appris l'assyrien, il a appris le chaldéen, le grec, le latin ...
Il sait déchiffrer un texte dans plusieurs écritures, comme pour la pierre de Rosette, et il est un savant bibliste. Tout cela, il a bien fallu l'acquérir.
Tout ne peut pas être mis au compte du seul génie.
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Cette énigme dont Freud avait eu l'intuition dès 1882, il en proposera une première résolution formalisée dans "L'Homme Moïse et la religion monothéiste" quand il montrera l'importance décisive pour la "vie de l'esprit" du commandement qui interdit aux Juifs la représentation imagée et sculptée.
Ce n'est plus la seule destruction du temple de Jérusalem qui associe les Juifs dans une même construction psychique mais l'énoncé d'une loi privilégiant la parole au détriment de l'image.
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Revenons à la remarque freudienne. L'indication d'âge, quatre à cinq ans, ne vient pas au hasard. C'est celui à propos duquel Freud dit : "Le petit bonhomme est un métaphysicien." Dans le même temps, remarquons-le, ou juste avant, l'enfant est aussi désigné comme un "pervers polymorphe", ce qui veut dire qu'il cherche le plaisir sans retenue, par toutes les voies possibles et préférentiellement au contact des autres corps.

Pour le moment, c'est le "petit métaphysicien" qui nous intéresse.
Pourquoi ce terme ? Parce que cet âge, quatre à cinq ans, est aussi celui où l'enfant commence à se poser et à nous poser les grandes questions, les questions existentielles, celles auxquelles les philosophes n'ont jamais fini de répondre. Il est au moins deux de ces questions auxquelles aucun enfant n'échappe : "D'où viennent les enfants ?" et "Qu'est-ce que la mort ?"

Autrement dit, la prise de conscience d'une énigme aux deux extrémités de la vie est contemporaine de l'âge auquel l'enfant apprend à lire.
Ca n'a l'air de rien, mais il n'est pas indifférent que précisément au moment où il se pose ces questions, il se trouve confronté à une autre énigme : l'usage des lettres, l'écriture, la lecture.
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Avec des mots, un homme peut en faire souffrir un autre, le faire pleurer ou le faire rire, l'apaiser, l'agacer, l'aguicher, le rendre fou.
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La transmission, nous en avons une idée a priori qui serait celle d'une continuité. Quelque chose passerait et serait repris de génération en génération, de professeur à élève, de parents à enfant, alors que l'exemple que je viens de donner montre une transmission biaisée, si ce n'est arrêtée, ou déformée, inversée, déviée, etc. C'est souvent le cas.

Certaines fois, ce sont les circonstances, par exemple des guerres de religion, qui l'arrêtent ou sont le prétexte à y mettre un frein, par exemple l'expulsion des Juifs d'Espagne avec les conversions forcées, l'Inquisition, etc.
La Shoah a tranché net bien des fils de la transmission. Il est intéressant de constater comment ils sont repris ou abandonnés.

Mais il n'y a pas que les grandes circonstances pour interrompre la transmission. Des micro-événements peuvent s'avérer d'une portée plus déterminante que les événements historiques. (...) Quand on travaille comme je le fais, on observe que ces micro-événements ont souvent eu lieu dans l'enfance.
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Or ce que j'essaie de soutenir, c'est la dimension aléatoire de ce par quoi un sujet est concerné.
Pour certains, le fait d'avoir des aïeux ou d'appartenir à une ethnie ou à un peuple représente un poids considérable, alors que ce n'est pas le cas pour d'autres de la même famille. (...) Il serait donc absurde de soumettre l'un et l'autre à un "bilan transgénérationnel" comme cela se fait de plus en plus souvent. J'insiste sur le fait que ce n'est pas du tout la perspective de Mme Schutzenberger. Elle n'est peut-être pas pour rien dans cette systématisation, elle l'a peut-être laissée s'installer, mais on ne peut pas lui jeter la pierre.

L'expression d' "héritage archaïque" semble plus juste parce qu'un héritage s'accepte ou se refuse. Il y a place pour ce qu'on appelle ailleurs le "libre arbitre". Ou pour ce que Freud nomme "le choix de la névrose".
Nous n'avons pas affaire à un déterminisme radical.

Or il y a dans l'idée du transgénérationnel tel qu'il fonctionne aujourd'hui quelque chose qui se présente presque comme une prédétermination.
Alors que dans la psychanalyse, si on peut parler de "déterminisme", c'est seulement après coup, une fois qu'on a procédé à une reconstruction de l'histoire et qu'elle s'est avérée efficiente. C'est très important.
Freud a très tôt mis en garde contre ce qui pourrait apparaître comme une version, disons, "superstitieuse", ou "métaphysique", de la théorie psychanalytique.
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L'enseignement commence par l'apprentissage de la lecture. Or il est rare qu'on s'interroge sur ce qui se passe, du point de vue psychique, quand on apprend à lire. Bien sûr, de nombreux pédagogues se sont penchés sur la question en termes de techniques d'apprentissage : méthode syllabique ou méthode globale ? Faut-il attendre que l'enfant manifeste le désir de lire, ou au contraire le lui imposer ? Et quel serait le meilleur moyen : par le jeu, avec des images, sans images, etc. ?
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