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Citations de Joachim Schnerf (70)


Qui sommes-nous quand les aînés ne sont plus là pour désigner le passé ?
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Par tous les moyens, je dois raconter à mon fils, je dois lui parler d’Auschwitz et de Rosa avant qu’elle s’éteigne. Qu’il entende son nom en la sachant en vie. Sinon, comment nous croiront-ils?
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Mon père me racontait cette célèbre histoire, l'arrivée d'un capitaine sur une île déserte où avait échoué un Juif quelques années plus tôt. Il avait eu le temps et la force de se construire une maison et deux synagogues. "Pourquoi ?" l'interrogea le marin. L'une pour prier, l'autre pour ne surtout pas y mettre les pieds."
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je n’ai plus de mère… quelle phrase atroce, je ne verrai plus ma mère que j’aimais, tu le sais, papa ? je l’aimais, j’aimais sa douceur et son courage, mais elle n’est plus là, et je déjeune seule avec mon père, en tête à tête, car me voici à moitié orpheline, infirme, papa ne me quitte pas, si tu pars je n’ai plus de pieds… »
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Comme à Shabbat, comme à chaque fête, la prière qui clôt le repas débute par ce psaume que toute la famille récite par coeur, l'histoire des rêveurs aux bouches remplies de joie, aux langues pleines d'allégresse. « D'ieu a ramené les exilés comme des ruisseaux, et nous a ainsi faits rêveurs. Celui qui marche en pleurant revient en chantant, il plante ses semences en larmes et récole dans la joie. De ces deux moments naît le songe, d'une larme, puis d'un rire. »
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Sarah. J’aime murmurer son nom, j’aime la murer dans mes pensées pour empêcher l’oubli d’effectuer ses rondes. J’enroule ma femme dans nos tapis, dans nos rideaux, je démembre son image pour qu’aucun nazi ne puisse la rafler tout entière. Je remplace les abat-jour par ses prunelles bleutées, les oreillers par ses mains accueillantes.
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Elle raconte la préciosité de la capitale, la rudesse des garçons de café, elle manie l’ironie et le cynisme avec la même énergie qu’elle met à tirer les larmes des spectateurs lorsque, avant que le rideau retombe, elle énumère tout ce dont elle n’aura pas la force de parler mais qu’il ne faudra jamais oublier : la rafle, les wagons, la sélection, sa mère à l’entrée des douches. Et l’odeur. Incapable de détailler, abandonnant sa gouaille incroyable, elle se contente d’une longue énumération morbide. Chaque soir dans une tenue différente, Rosa aux identités infinies liste sans raconter, elle nomme, martèle, pour qu’on ne puisse jamais nier.
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Ma famille était belle. Avec ses défauts programmés et ses surprises.
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Je me demande où Sarah se trouverait en ce moment. Sans doute en train de marcher discrètement dans la pièce, essayant de se préparer sans me réveiller. Ses pieds effleuraient les lattes du parquet, ils caressaient le sol sans fausse note. Je me demande, mais je sais que Sarah est partout. Sarah. J'aime murmurer son nom, j'aime la murer dans mes pensées pour empêcher l'oubli d'effectuer ses rondes. J'enroule ma femme dans nos tapis, dans nos rideaux, je démembre son image pour qu'aucun nazi ne puisse la rafler tout entière. Je remplace les abat-jour par ses prunelles bleutées, les oreillers par ses mains accueillantes.
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Raconter jusqu'à qu'il se souvienne et qu'à son tour il transmette, pour que toujours revienne la lumière.
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Des soupirs et des corps exténués. Un crématoire. De la fumée humaine. Des cendres qui s’accumulent dans mes narines et m’empêchent de respirer. Suis-je seulement éveillé ? Sinon comment expliquer cette sensation d’essoufflement. Pourquoi cette impression de faiblesse, comme si mes poumons étaient envahis d’images impossibles à dissiper ? La fumée se concentre, je ne parviens plus à tousser, à cracher ces visions qui ont le goût de mort. Ma poitrine s’affaisse et je déglutis. Mon organisme est trop vieux pour supporter les souvenirs. Et puis comment imaginer, m’imaginer sans Sarah ?
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Peut-être ne suis-je pas prêt. A être père et à partager ce spectre qui me pourchasse depuis toujours. Je le pensais endormi depuis l’enterrement de mon grand-père, mais il s’est brusquement mis à gesticuler lorsque j’ai décidé d’écrire à Rosa, il y a six mois. Elle a répondu à ma lettre en précisant qu’elle ne donnerait pas suite à d’autres courriers.
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Le génie séfarade réside peut-être dans cette jovialité à toute épreuve, cette insouciance parfois énervante. Eux aussi sont des errants après tout, comment auraient-ils survécu sans le rire ?
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... parler d'Israël à table est le péché ultime dans la famille, personne n'est du même avis, le sujet dérape à la vitesse d'une roquette.
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Les rêveries que mes paupières protègent du jour ...
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Les rêveries que mes paupières protègent du jour s’échappent à chaque battement.
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Car il en est ainsi, la soirée de Pessah est la nuit de la transmission aux plus jeunes, la nuit des interrogations. Celle de la découverte du deuil.
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Près de dix mois plus tard, quand je voulu la serrer contre moi, son corps était lourd comme une pierre enchaînée, abandonnée à sa pesanteur. L’étreinte la plus froide, la dernière. Plus jamais je ne pourrais m’asseoir près d’elle pour les chuchoter mon amour. À côté de cette femme à la force divine. Ma femme. Morte et encore si belle dans mes souvenirs qui s’épuisent.
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Comment une juive avait-elle pu être si fertile en plein Holocauste ? Je ne le comprends toujours pas.
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La mélodie me gagne et mes lèvres murmurent des mots oubliés, "Quand demain reviendra la lumière, Fais-nous revoir la clarté du ciel". Je fais mine de m'étirer mais mon corps ne répond plus. Moi Salomon, fils de David, fils de Jacob. Moi Salomon qui ne sait plus si mes chants sont réels, si mon appel résonne au milieu de la pièce. "Que cette nuit ne soit pas la dernière..." Le visage de Michelle est près de moi mais c'est Sarah qui me parle. Elle me réconforte, me promet que demain reviendra la lumière. Et nous serons alors ensemble? Amoureux aux cuisses mêlées, tous deux enfin rattachés. Et nos ailes repousseront, ainsi que tout le reste. Et nous nous élèverons un peu. Nous volerons un peu.
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