Joan Baez Le déserteur.de Boris Vian.
J'ai fait onze jours de prison pour avoir « troublé la paix », alors que j'essayais de troubler la guerre.
Extrait d'un entretien accordé à Valérie Lehoux pour Télérama :
-- Le monde d'aujourd'hui vous semble-t-il meilleur ou pire que celui d'hier ?
-- PIRE , Une génération de dirigeants a vu le jour , dépourvue d'empathie . Je viens de lire les épreuves de " Trump on the couch " ( Trump sur le divan ) signé par un psychanalyste qui avait déjà écrit un livre sur Bush . Eh bien , autant j'avais ressenti de la compassion pour Bush et ses douleurs d'enfant ( la mort de sa petite soeur adorée ) , autant le livre sur Trump m'a convaincue qu'il ne faut s'attendre à aucun changement de sa part . Des think tanks très conservateurs , et qui planifient le monde depuis 40 ans , ont trouvé en lui la marionnette parfaite . Avec leurs médias et leurs mensonges , ils continuent à gagner du terrain .
Plus que le portrait d'une des plus célèbres chanteuses de notre temps, cette autobiographie brosse tableau d'une époque - ces quarante dernières années, telles que Joan Baez les a vécues.
Joan Baez revit ici toutes ces années Woodstock avec une authenticité et une générosité rares. Elle ne cache rien de ses émotions lors de sa liaison avec Bob Dylan, ou de son mariage avec David Harris, ou de sa courte passion pour une femme, ou encore des joies de la maternité.
A chaque page le lecteur est plongé au coeur de l'action : en concert, en tournée, avec Martin Luther King lors des grandes marches pour les droits civiques des noirs, en Pologne avec Solidarnosc, avec Danielle et François Mittterrand...
Joan Baez parle aussi de son enfance "Quaker", de son père d'origine mexicaine, de sa mère écossaise, de ses croyances, de ses combats pour la paix et la justice.
Aujourd'hui si elle considère que beaucoup de choses ont changé pour elle, une seule reste la constante de son existence entière : la non-violence, unique moyen d'influer intelligemment sur l'évolution de la société.
Un document courageux et profond.
(quatrième de couverture de l'édition de poche parue en 1988)
Roland Barthes disait qu'"on échoue toujours à parler de ce qu'on aime" - cela est très juste et vrai. C'est ce que j'éprouve par rapport à Joan Baez. Difficile à dire pourquoi je l'aime, mais le fait est que elle me touche. Elle est sincère et courageuse. Généreuse, travailleuse, entière. Une force tranquille. J'aime quand elle chante a capella très concentrée et sérieuse, ou bien accompagnée de sa guitare. Joan Baez m'épate, elle n'a peur de rien.
DIAMONDS AND RUST
Well I'll be damned
Here comes your ghost again
But that's not unusual
It's just that the moon is full
And you happened to call
And here I sit
Hand on the telephone
Hearing a voice I'd known
A couple of light years ago
Heading straight for a fall
As I remember your eyes
Were bluer than robin's eggs
My poetry was lousy you said
Where are you calling from?
A booth in the midwest
Ten years ago
I bought you some cufflinks
You brought me something
We both know what memories can bring
They bring diamonds and rust
Well you burst on the scene
Already a legend
The unwashed phenomenon
The original vagabond
You strayed into my arms
And there you stayed
Temporarily lost at sea
The Madonna was yours for free
Yes the girl on the half-shell
Would keep you unharmed
Now I see you standing
With brown leaves falling around
And snow in your hair
Now you're smiling out the window
Of that crummy hotel
Over Washington Square
Our breath comes out white clouds
Mingles and hangs in the air
Speaking strictly for me
We both could have died then and there
Now you're telling me
You're not nostalgic
Then give me another word for it
You who are so good with words
And at keeping things vague
Because I need some of that vagueness now
It's all come back too clearly
Yes I loved you dearly
And if you're offering me diamonds and rust
I've already paid
Lorsque je lui demandai pourquoi nous étions si différents, il me répondit que c’était très simple : je pensais pouvoir changer les choses tandis que lui savait que c’était impossible. Je fus perturbée par sa réponse. Peut-être finirait-il comme Roi du rock and roll et moi comme Reine de la Paix. Un jour nous allâmes diner avant le spectacle. Bob avait posé ce que j’appelais sa « veste torchon » sur un porte manteau dans la loge. J’avais tenté de le convaincre de porter un vêtement moins dégoûtant que cette veste trop grande et archi usée qu’il adorait. Je remportai une victoire puisqu’il mi autre chose pour aller manger. Mais lorsque nous sommes rentrés, la veste avait disparu. Je me senti terriblement coupable et Bob hurla, le visage cramoisi au gardien noir d’un mètre quatre-vingts de « foutre le camp d’ici ». Le gardien disparu immédiatement. Bob se tourna alors vers moi toujours en hurlant. Ses traits étaient tordus, ses yeux étaient cernés de rouge. Je me ressaisis et lui ordonné de plus jamais parlé ainsi ni à moi ni à personne d’autre.
En 1972 Ginetta me parla d’une organisation qui s’appelait Amnesty International et de son travail en faveur tous les prisonniers politiques, quelle que soit leur idéologie, leur race et leur religion. Au cours des années qui suivirent, je découvris l’incroyable passé de Ginetta. Je n’en donnerai ici que quelques anecdotes car elle rédige enfin le livre que nous l’avions tous pressé d’écrire et elle y décrira les horreurs qu’elle a vécu à l’âge de dix-neuf ans. Membre de la résistance en Italie du Nord, elle a été arrêtée et a passé quarante jours épouvantables dans une prison où on a tenté, par toutes les formes de tortures, de lui extirper des informations. Elle survécut à grandes peines. Ginetta est dotée par naissance d’un esprit vif, d’un amour de la vie et de la beauté, d’un humour inébranlable et d’une foi dans les gens qui font pensé à Anne Frank. Son expression favorite, « Il y a tant de gens merveilleux au monde ! »
Le stade n’est pas encore plein, mais le public est fou d’enthousiasme. Ma seule surprise est de découvrir l’air uniformément frais et radieux des spectateurs. Des jeunes battants américains mordus de rock. « Bonjour, enfants des années quatre-vingt ! Aujourd’hui c’est votre Woodstock, et il était temps ! » Il y a une immense clameur que j’interprète comme une approbation. « Et il est agréable de savoir que l’argent sorti de vos poches va servir à nourrir des enfants qui ont faim. Leur vie s’en trouvera enrichie et la nôtre n’en sera que plus vraie. Amazing Grace, How Sweet de Sound … (Grâce merveilleuse, quels doux accents … .) Je suis contente de leur réaction. Il y a un bon esprit dans l’air ce matin, un esprit de bonté et de générosité. Je ne saurai que plusieurs jours plus tard que mes paroles et mes chansons ont touché beaucoup de monde ; je n’en demande pas d’avantage.
Vous ne pouvez choisir ni comment mourir,
ni quand. Mais vous pouvez décider de
comment vous allez vivre. Maintenant.
Je me représente parfois Dieu comme un vieil homme à barbe blanche avec une robe ample. J’aime ce vieil homme et lui aussi m’aime. Mais l’état de son petit monde l’attriste : il hoche la tête et fronce les sourcils lorsqu’il voit le champignon de la bombe A. Je pense que ce Dieu va nous laisser tout régir. Il va vouloir voir ce que nous faisons. Il ne nous mettra pas en garde contre le geste fatal mais sera triste et déçu lorsqu’il verra notre monde détruit par les guerres. Je veux rendre ce vieil homme heureux par mes actes. Je ne veux pas être égoïste. Lorsque je pense à Dieu, je considère la terre comme un tout petit point et moi comme un atome. Et je me dis qu’il est inutile que ce petit atome passe son temps à ne penser qu’a lui. Autant passer sa très courte vie à distraire les autres atomes moins heureux.