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Critiques de John Arcudi (120)
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B.P.R.D. - L'Enfer sur Terre, tome 5 : Sur ..

Ce tome comprend l'équivalent des tomes 9 et 10 de la version originale en anglais, soit les épisodes 115 à 124 de la série BPRD, Mike Mignola et Dark Horse ayant décidé d'instaurer une numérotation continue, en lieu et place de du format de publication en une suite de miniséries, utilisé jusqu'alors. Les scénarios sont de Mike Mignola et John Arcudi.

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Tome 9 - The reign of the Black Flame, épisodes 115 à 119, initialement parus en 2014, dessinés et encrés par James Harren, avec une mise en couleurs de Dave Stewart.



Comme convenu dans le tome précédent, Kate Corrigan a pris la décision d'envoyer une équipe à New York pour une mission de reconnaissance. Cette équipe est composée d'agents du BPRD et d'agents du RSSS (Russian Special Science Service). L'équipe se divise en 2 groupes, celui composé de Liz Sherman, Fenix Espejo, Johann Kraus, et quelques agents normaux aborde la ville par un point. Le groupe composé de Iossif Nichayko, Carla Giarocco et des agents Gervesh, Nichols, et Enos (avec quelques blindés) aborde la ville par un souterrain. La première équipe comprend rapidement que New York est sous la coupe de l'entreprise Zinco, elle-même dominée par une nouvelle incarnation de Black Flame.



Cela faisait quelques tomes que Mike Mignola et John Arcudi reconfiguraient l'équipe du BPRD en mettant en scène plusieurs de ces principaux agents (anciens et nouveaux) pour montrer comment ils évoluaient dans ce nouvel ordre mondial. Pour les lecteurs de longue date, ce récit est une forme d'aboutissement et de récompense pour leur patience. Enfin une mission proactive du BPRD en ordre de bataille.



Ça commence tranquille par l'approche de chacune des 2 équipes de New York, dans les décombres de milieu urbain, avec une tension née de la certitude de bébêtes inamicales pullulant dans le coin. Étonnement le soleil brille. Très vte, une équipe aperçoit un énorme monstre immobile à la morphologie écœurante, dans le lointain, l'ambiance tourne au glauque. L'autre équipe tombe sur une zone préservée, une oasis de verdure, pourtant des plus macabres. James Harren réalise des images fouillées, des monstres à la conception élaborée, des êtres humains normaux au comportement en alerte. Dave Stewart met en place des couleurs naturalistes, apaisantes.



Sans grande surprise l'équipe menée par Iosif Nichayko doit passer par un tunnel sans lumière, où ils pataugent avec de l'eau jusqu'à la taille et un monstre surgit. Le lecteur est emporté par une mise en scène au cordeau rendant compte de la tension de chaque personnage, de leur degré de préparation et de la supériorité que leur confèrent leurs armes puissantes. Il rend compte à la fois du sentiment de claustrophobie et de la soudaineté des attaques du monstre ; le lecteur accélère sa lecture s'accordant au rythme de l'action haletante.



Mike Mignola et John Arcudi prennent le lecteur au dépourvu avec les événements suivants. D'un côté, il s'agit exactement de ce à quoi il pouvait s'attendre, de l'autre rien ne se passe comme prévu. La narration des auteurs (les 2 scénaristes et le dessinateur) réussit à amalgamer la personnalité des personnages (bien établie depuis plusieurs tomes), avec des séquences d'action époustouflantes, une ambiance de fin du monde, et un suspense, le lecteur se demandant bien qui va y passer et où cela va mener. Ils réussissent même à inclure une composante superhéroïque (en tout cas avec un superpouvoir identifiable) sans donner l'impression de faire ni du Marvel, ni du DC.



James Harren est impressionnant de naturel et de maestria, dessinant tout comme si ça allait de soi, rendant tout crédible. Au terme de ce tome, le lecteur en ressort avec des images mémorables plein la tête, qu'il s'agisse d'un monstre à la peau translucide coincé dans le plancher d'une maison, de l'attitude calme et méprisante d'Herr Marsten dirigeant les massacres depuis son bureau comme un bon fonctionnaire nazi, de la carrure incroyable de Black Flame, du flegme de Liz Sherman (qui a tout piqué à Hellboy), de ce havre de paix arboré qui glace le sang, des monstres lovecraftien débarrassés de tout stéréotype.



James Harren est encore plus incroyable dans sa maîtrise graphique des personnages. Il sait montrer la sauvagerie de l'agent Howards (celui avec l'épée bifide) grâce à mouvements francs et massifs (à la limite de la caricature, mais sans jamais franchir la ligne). Ses représentations d'Iossif Nichayko sont d'une justesse épatante, rendant compte à la fois de sa morphologie monstrueuse, de sa détermination, et même de ses sentiments. Au fil des pages, le lecteur finit par retrouver les sensations qu'il pouvait éprouver lorsque la série était illustrée par Guy Davis, même si ces 2 artistes n'ont pas exactement la même sensibilité.



De leur côté, Mignola et Arcudi ne sont pas en reste. Non seulement ils ont mitonné une mission de tous les dangers, émaillée de confrontations dantesques, mais en plus ils n'ont pas oublié leurs personnages, du grand art. Le lecteur est épaté de pouvoir ressentir la confiance en elle de Fenix (épaulée par Panya), de voir la détermination de Liz (retrouvée dans les tomes précédents). Il est ému par Iossif Nichayko qui prend soin de ménager les sentiments de Johann Kraus (moment étonnant et parfait). Il est emporté par la démence de Black Flame. Il aimerait pouvoir frapper Herr Marsten pour son absence de pitié, et sa froide efficacité à implémenter une administration cruelle et assassine.



Mike Mignola, John Arcudi, James Harren et Dave Stewart ont réalisé un tome parfait du BPRD, capitalisant sur tous les aspects conçus et développés jusqu'alors dans la série. Le lecteur dispose de plusieurs points d'ancrage émotionnels au travers des personnages. Il jouit de scènes d'action spectaculaire, il se laisse promener par un scénario malin et intelligent.



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Tome 10 - The Devil's wings, épisodes 120 à 124, initialement parus en 2014.



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- Épisodes 120 & 121 "The devil's wing" (dessins et encrage de Laurence Campbell) – L'action se déroule au quartier général du BPRD dans le Colorado. Le professeur James Henry O'Donnell est en train de lire des dossiers papier pour les enregistrer sous formats de fichier audio. Il parcourt celui ayant trait au Capitaine August Breccan. Au même moment, une panne de courant survient, plongeant toute la base dans le noir, alors que Kate Corrigan et Panya attendent l'arrivée de Liz Sherman, Fenix et Carla Giarocco.



Après l'intensité du tome précédent, le lecteur revient aux affaires courantes du BPRD, courantes comme celles d'une fin du monde, d'un nouvel ordre mondial. Mignola et Arcudi ont concocté un conte macabre en 2 épisodes, une histoire de possession bien tordue dont ils ont le secret. Ils jouent habilement avec l'investissement émotionnel du lecteur dans le personnage de Katherine Corrigan.



Comme à leur habitude, ils savent donner corps à leur histoire de fantôme, grâce à ce professeur spécialisé dans l'occulte, aux emprunts à des mythologies variées, et à un lien avec le passé. Le lecteur a le plaisir de voir Hellboy en action, encore enfant, mais contraint de commettre un acte irréparable.



Laurence Campbell réalise des dessins aux encrages soutenus, et aux bords tranchants. Il installe une ambiance noire et mystérieuse, avec des personnages dessinés de façon réaliste. Le niveau de détails permet au lecteur de se projeter dans chaque lieu. Les couleurs de Dave Stewart habillent et complètent les dessins en leur apportant de la substance, et en rendant spectaculaires les explosions.



"The devil's wing" constitue une bonne histoire de fantôme, noire à souhait, avec un apport intéressant à l'histoire personnelle d'Hellboy. Les personnages se comportent conformément à leur personnalité. Néanmoins il s'agit d'un récit qui n'apporte pas grand-chose à l'intrigue principale ou aux membres du BPRD. 4 étoiles.



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- Épisodes 122 & 123 "The broken equation" (dessins et encrage de Joe Querio) – L'action se déroule à Satama, au Japon. Johann Krauss se trouve au pied d'un Ogdru Hem qu'il cherche à détruire, avec l'aide des forces armées. Dans un blockhaus souterrain, des agents du BPRD (les agents Enos, Sansom et Hasimoto) découvrent une expérience scientifique permettant de communiquer avec une autre dimension. Ils sont accueillis par les professeurs Atama, Miwa et Shonji qui leur expliquent la situation du professeur Shun Kukyo.



Pour cette deuxième histoire, Mignola et Arcudi changent de personnages principaux, et se concentrent sur Johann Kraus et sur les 3 équipiers du BPRD. Ils accommodent à leur sauce le concept d'une dimension parallèle pour parfaitement l'intégrer dans la mythologie du BPRD. Le lecteur découvre petit à petit ce dont il retourne, l'histoire mystérieuse de ce vieillard aux ongles d'une longueur démesurée. Le récit se termine sur un combat dantesque contre un Ogdru Hem, évoquant des combats titanesques de Godzilla contre d'autres grosses bébêtes (un hommage au genre kaiju).



Joe Querio sait donner une apparence intéressante et originale aux concepts des scénaristes. Le lecteur n'éprouve ni l'impression d'être dans un récit de superhéros, ni dans un récit de science-fiction au rabais. Ses dessins savent laisser planer le doute sur la nature de ce qui se trouve réellement de l'autre côté du portail. Le dispositif technologique apposé sur la tête du professeur Shun Kukyo dispose d'une conception originale. Par contre le combat final entre les 2 monstres propose des visuels plus convenus, sans réussir à impliquer le lecteur dans cet affrontement entre 2 créatures très éloignées de l'humanité.



Ce deuxième récit se concentre à nouveau sur une intrigue secondaire, plus que sur les personnages, ou l'évolution de la domination de la Terre par les Ogdru Hem. À nouveau Mignola et Arcudi font preuve de leur talent de conteur, avec une mise en images de bonne qualité. 4 étoiles.



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- Épisode 124 "Grind" (dessins et encrage de Tyler Crook) – À Santa Fe, Aaron travaille dans un café Steelkilt. Lorsqu'une équipe du BPRD intervient à proximité, il demande à Johann Kraus et Liz Sherman d'intervenir dans son quartier.



La première chose que le lecteur observe est que les auteurs ont décidé de promouvoir une marque fictive, celle des cafés Steelkilt (apparaissant déjà un autre épisode de ce tome). La deuxième chose qui ressort est qu'il s'agit d'une histoire vécue du point de vue d'un individu normal, qui tente de préserver son quotidien, au travers d'un emploi banal (mais utile), pouvant disparaître à la seconde en cas de réveil d'un monstre, et donc de destruction du bâtiment abritant le café.



Mignola et Arcudi savent établir en peu de page le quotidien d'Aaron, montrer les bouleversements occasionnés par ce nouvel ordre mondial, mettre en lumière à quel point il n'a plus aucune prise sur son quotidien. Ils terminent leur récit avec retournement de situation, une chute horrifique. Le lecteur prend plaisir à contempler une intervention du BPRD du point de vue du vulgum pecus, mais l'histoire en elle-même ne tient pas ses promesses.



Tyler Crook réalise une mise en images un peu plus épurée qu'à son habitude, avec une capacité surnaturelle pour faire s'incarner les personnages, les rendre proches et touchants. Il leur donne une gestuelle naturelle, un comportement ordinaire, dans un décor extraordinaire.



Du fait d'une histoire un peu courte et un peu faiblarde, le lecteur a du mal à trouver son contentement dans cet intermède dispensable. 3 étoiles.
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The Complete Major Bummer Super Slacktacular!

Ce tome regroupe l'intégralité des 15 épisodes de la série, en couleurs, initialement parus en 1997/1998, écrits par John Arcudi, dessinés par Doug Mahnke et encrés par Tom Nguyen. À l'origine, cette série a été publiée par DC Comics ; elle est ici rééditée par Dark Horse Comics.



Lou Martin est un jeune adulte, flemmard invétéré, adepte de jeux vidéo, avec un petit boulot de réparateur de produits électroniques (énervant son patron par ses retards répétés). Son film préféré est Abbott et Costello contre Frankenstein dont il possède une version "director's cut". Un matin il se réveille avec un corps de culturiste à l'épreuve des balles, la capacité inconsciente de maîtriser des technologies d'anticipation et toujours la même flemme. En rentrant chez lui après avoir rendu inconscient 2 voleurs qui en avaient après la caisse du magasin où il se trouvait, il découvre un groupe de gugusses devant sa porte. Il y a Gecko (capable d'adhérer aux murs et de sculpter des formes dans la bière), Val Andrist (capable de vol aérien autonome), Francis Dutton (cri destructeur), Lauren Isley (capable de prédire l'avenir, à condition de se souvenir de ses visions et de ne pas s'endormir entretemps) et un chat noir capable de prendre une taille géante. Ils lui proposent d'intégrer leur équipe de superhéros pour lutter contre le mal. Sans aucune hésitation, Lou Martin les prie d'aller voir ailleurs. Arrivant enfin dans son salon, il y trouve Yoof et Zinnac (2 extraterrestres) qui lui expliquent qu'il y a eu une petite méprise et que ce n'est pas lui qui aurait dû bénéficier de ses pouvoirs, mais qu'il est trop tard pour changer. En outre l'implant lui donnant ses pouvoirs agit également comme un attracteur de catastrophes en tout genre. Bien contre son gré, Lou Martin sera plus ou moins inutile et incompétent pour s'occuper d'un groupe de loubards ayant eux aussi bénéficié d'implants (Nunzio, Carlos, Nancy, Reggie, et 2 autres), d'une invasion de vers extraterrestres omnivores et voraces, d'un tyrannosaure anthropomorphe nazi venu d'une autre dimension, d'un fan acharné voulant faire de lui un vrai superhéros, d'un enfant à qui il doit servir de baby-sitter le temps d'une soirée, de Nunzio, d'un procès pour avoir tué Nunzio, d'un futur dystopique, et de la fragmentation du temps.



Dans la page d'introduction, John Arcudi annonce clairement la couleur. Même quand il n'avait que 10 ans, les superhéros lui étaient insupportables. Il ne comprenait pas qu'ils puissent être altruistes à ce point (faire le bien tout en étant conspués), et porter des costumes moulants aux couleurs criardes. Arcudi s'est fait connaître en créant le personnage de "The Mask, série à l'humour bien noir et provocateur (2 miniséries rééditées dans The Mask, omnibus Vol. 1) déjà dessiné par Doug Mahnke, qui a eu les honneurs d'une adaptation en film avec Jim Carey dans le premier rôle (The Mask). Par la suite, il est devenu le bras droit de Mike Mignola pour la série dérivée d'Hellboy : Bureau of Paranormal Research and Defense (depuis The dead, en 2005). Il a également réalisé des histoires indépendantes comme A God somewhere ou The Creep. Doug Mahnke a acquis plus de notoriété en illustrant les aventures de Green Lantern scénarisée par Geoff Johns, à partir de Blackest Night (Green Lantern), en dessinant sa relance dans le cadre de l'opération "New 52", à partir de Sinestro.



À condition de ne pas être averse à une histoire tournant en dérision l'un des fondements des superhéros (l'altruisme jusqu'au sacrifice, ou "À grands pouvoirs, grandes responsabilités"), le lecteur plonge dans des aventures tournant en dérision la majeure partie des stéréotypes propres au genre "superhéros". Pour commencer, Lou Martin ne change pas de personnalité du jour au lendemain parce qu'il a acquis la carrure d'une armoire normande et la force d'un éléphant. Il reste égal à lui-même, avec aucune application pratique (ou presque) de sa force physique démesurée dans le monde réel. Ensuite il a reçu ses pouvoirs par erreur (ils étaient en fait destinés à Martin Lewis, un homme pour le coup altruiste) du fait de l'incompétence des 2 extraterrestres (ils ne savent pas lire correctement un annuaire) qui sont en fait 2 étudiants effectuant une thèse sur les superhéros.



Les autres "superhéros" font preuve d'une inefficacité à la hauteur de leur entrain. Valerie Andrist a acquis la capacité de voler dans le ciel : superpouvoir totalement inutile dans un affrontement physique, sauf pour s'enfuir. Gecko adhère aux murs comme... une araignée (remarque sarcastique de Lou Martin), totalement inutile dans un combat, sauf... pour s'enfuir. Les visions du futur de Lauren Isley sont sujettes à caution du fait de leur caractère partiel. Elle est capable de dire qu'une catastrophe majeure va se produire, mais sans date précise, ou sans en connaître la nature, ou en en ayant oublié une partie. Seul Francis Dutton dispose d'un pouvoir offensif mais il suffit de lui couvrir la bouche pour l'empêcher de l'utiliser. Il faut voir leurs costumes (faits maison avec des plis partout et des couleurs qui inspire plus la moquerie que la peur ou même le respect) pour se rendre compte à quel point ils sont ridicules, tout en reflétant la personnalité de celui qui l'a conçu. Dans l'un des derniers épisodes, Gecko se plaint à Lou qu'il n'a jamais fait attention à lui, à commencer par ses modifications de costume. Devant la réaction ahurie de Lou, Gecko lui montre qu'il a découpé son masque pour laisser apparaître ses oreilles à l'air libre.



Arcudi et Mahnke ne se sont pas contenté d'accumuler les moqueries les unes après les autres. Arcudi raconte des histoires complètes en 1 à 3 épisodes, avec une forme de continuité légère qui émerge peu à peu. Chaque histoire peut être lue au premier degré, avec un début et une résolution satisfaisante, racontant la vie pathétique mais palpitante de ces individus improbables. Au deuxième niveau, le lecteur apprécie la caricature des histoires de superhéros, avec un humour polymorphe et drôle. Ce dernier naît aussi bien du scénario, que des dessins, que de l'alliance des 2. Alors que Lou Martin a empêché le cambriolage d'une superette (sans faire exprès), il demande au gérant s'il pourrait avoir 2 barres chocolatées gratuites. Ce dernier s'offusque qu'il soit déjà en train de monnayer ses capacités et son aide. Reggie a obtenu une superintelligence, le conduisant à s'exprimer dans des phrases si complexes qu'aucun de ses collègues ne le comprend. Il n'arrive même pas à commander des œufs au plat de manière intelligible, finissant par exaspérer la serveuse. Parmi les supercriminels, celui qui a le plus de pouvoirs (superforce) est aussi le plus bête et le plus crédule. D'un côté, il peut enfin imposer sa volonté aux autres (le choix du restaurant) ; de l'autre la jolie donzelle le mène par le bout du nez.



Comme dans "The Mask", l'apport de Mahnke est déterminant dans le niveau comique. Il a l'art et la manière d'exagérer les expressions, mais aussi de mettre en scène la dérision et l'absurde. Chaque épisode comprend plusieurs moments énormes, rendus encore plus irrésistibles par les images. À l'évidence, une simple énumération écrite dans ce commentaire ne permettra pas de se faire une idée de ce don pour l'humour visuel. Il y a la tronche et l'apparence grotesque des 2 extraterrestres avachis sur le canapé devant la télévision, attendant le retour de Lou Martin, l'un des 2 avançant les bras tendus en avant se plaignant que le bonnet est défectueux (il l'a rabattu jusque sur ses yeux), le slip léopard de Nunzio, un extraterrestre éternuant sur le lecteur avec un strabisme convergent, les couvertures de chaque épisode (mention spéciale de celle avec les figurines de Lou, en particulier sur le siège des toilettes), etc. Quand scénario et dessins se combinent pour un moment comique, le résultat emporte tout sur son passage. Cela va de la super équipe attendant le cambrioleur dans la salle de bains exigüe de Lauren Isley, à une électrocution au popcorn, en passant par une dissection à la tronçonneuse.



Au troisième degré, le lecteur peut déceler des clins d'œil à une sous-culture de divertissement de deuxième choix. Il y a bien sûr le film préféré de Lou Martin ("Abbott et Costello contre Frankenstein"), mais aussi ce tyrannosaure nazi, ou encore ces extraterrestres dotés d'une technologie époustouflante, et totalement incompétents. Il y a la couverture qui rend hommage à James Bond (avec 2 James Bond Girls assez particulière) et celle qui rend hommage à l'une de Crisis on infinite earths (Superman tenant le cadavre de Supergirl dans ses bras, épisode 7).



"The complete Major Bummer super Slacktacular" constitue une lecture drôle, une parodie savoureuse de superhéros, avec des vraies histoires dedans, c'est-à-dire un petit bijou d'humour doublé d'un véritable numéro d'équilibriste, le genre "superhéros" étant déjà outré de nature.
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Hellboy & BPRD - 1952

Ce tome regroupe une histoire complète qui ne nécessite pas beaucoup de connaissance sur Hellboy et le Bureau for Paranormal Research and Defense (BPRD). Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2014/2015, coécrits par Mike Mignola et John Arcudi, dessinés et encrés par Alex Maleev, avec une mise en couleurs de Dave Stewart.



L'histoire commence dans une chambre d'un hôpital en France, en 1946. Varvara (sous sa forme de fillette dans sa belle robe blanche) rend visite à Trevor Bruttenholm alité du fait de ses blessures, pour évoquer les résultats du projet Ragna Rok.



En 1952, le professeur Trevor Bruttenholm réunit dans son bureau une équipe de terrain : Archie Muraro, Jacob Stegner Susan Xiang, et Robert Amsel. Ils doivent se rendre dans le village de Terroso au Brésil pour enquêter sur 33 meurtres et des apparitions surnaturelles. Il leur demande d'emmener Hellboy avec eux, malgré son jeune âge. Arrivés sur place, ils sont accueillis et logés dans la seule auberge, et passent devant un château servant à des tournages de films.



C'est donc le sixième récit consacré aux premières années d'existence du BPRP (après 1946,1947,1948,The midnight circus et Vampire). Le lecteur se délecte à l'avance de voir Hellboy et le BPRD interprétés par un artiste aussi talentueux qu'Alex Maleev, célèbre pour sa prestation sur la série Daredevil (voir Daredevil by Brian Michael Bendis & Alex Maleev) et pour d'autres séries comme Scarlet (magnifique). Dès le début, l'enthousiasme du lecteur est un peu tempéré par le fait que Maleev ne se soit pas chargé des couleurs. Dave Stewart est un excellent metteur en couleurs, mais Maleev a prouvé dans Scarlet qu'il s'en sert pour apporter des informations graphiques allant bien au-delà de ce que fait Stewart.



Deuxième constat : la localisation du récit ne lui permet pas d'exprimer tout son talent pour la représentation des décors urbains. De fait, il s'affranchit de dessiner les arrière-plans dans quelques cases, en quantité restreinte (sans commune mesure avec l'ordinaire des comics de superhéros). Les pages de bonus en fin d'ouvrage donnent un aperçu captivant de la manière dont il utilise un logiciel de modélisation (Sketchup) pour construire certains décors et structurer certaines cases. Loin d'être un expédient pour dessiner plus vite, il s'agit d'un outil complexe pour réaliser des prises de vue complexe, en particulier en ce qui concerne les angles de vue.



Le lecteur constate également que Maleev a beaucoup simplifié la représentation des textures par rapport à ce qu'il faisait sur la série Daredevil. Il s'en suit une forme de désappointement compréhensible, mais grandement immérité. Pour commencer, le dessinateur a adapté son usage des aplats de noir pour se conformer à la charte graphique des apparitions d'Hellboy, définie par son créateur Mike Mignola. Ils sont donc plus massifs, sans pour autant être aussi conceptuels et envahissants que ceux de Mignola. En particulier Maleev préfère leur donner des contours plus déchiquetés, des formes plus torturées, et plus adaptées au reste de son mode de représentation. Le lecteur plonge donc dans une ambiance bien ténébreuse, marque de fabrique de la série Hellboy, comme de la série BPRD.



Ensuite, Alex Maleev a accompli un bon travail de conception graphique pour donner une morphologie et un visage différent à chacun des personnages. Le lecteur les distingue au premier coup d'œil. En outre ses dessins des personnages récurrents (Bruttenholm, Varvara) sont ressemblants et cohérents avec leurs précédentes apparitions. La coiffure toute en nattes de Varvara est impeccable. L'Hellboy de Maleev est tout aussi réussi, conforme à la vision de Mignola, avec ses épaules tombantes et son poing droit massif et pierreux. L'artiste sait se montrer respectueux sans en devenir servile.



En ce qui concerne les environnements, Maleev est plus à l'aise avec le QG du BPRD à Fairfield dans le Connnecticut, qu'avec l'urbanisme en toc du village de Terroso au Brésil. Heureusement, ses représentations en intérieur s'avèrent plus convaincantes, avec un bon niveau de détails pour les aménagements. Il se montre très convaincant pour utiliser des éléments gothiques, et pour mettre en scène les différentes créatures monstrueuses. Dans la première catégorie, les aubes blanches du prêtre et de l'enfant de chœur font leur effet dans la noirceur de la nuit. Dans la deuxième catégorie, les créatures simiesques (pourtant mille fois vues) présentent la sauvagerie nécessaire pour les rendre repoussantes, dans leurs 2 formes.



Au final la prestation d'Alex Maleev est de très bonne qualité, et assure une narration visuelle en phase avec le récit, lui apportant une consistance remarquable, mais elle est en deçà de ses meilleurs travaux (difficile de battre ses propres records). Le lecteur suit donc l'intrigue avec une belle tension instaurée par les images. Sans grande surprise, le BPRD doit donc se rendre dans un endroit exotique pour endiguer une manifestation surnaturelle létale. Une fois passé le côté toc du village, le lecteur se laisse porter par la force de conviction des dessins. Du point de vue de l'intrigue, il apprécie le caractère des membres de l'équipe... pendant leur présentation. Passée cette scène d'introduction, ils ne sont plus que des dispositifs narratifs dans l'intrigue, sans personnalité.



L'un des autres intérêts du récit est de découvrir la première mission sur le terrain d'Hellboy, un événement historique dans la vie du personnage, et dans sa mythologie. Là encore, les séquences le montrent déjà aussi bourru qu'il le sera des années plus tard, aussi déterminé quels que soient les coups qu'il reçoit, aussi obsédé par sa volonté d'exterminer les monstruosités surnaturelles. Du coup, le lecteur découvre une aventure de plus d'Hellboy, aussi bonne que d'habitude, avec son quota de monstres, d'affrontements physiques, et d'horreur, mais sans grande originalité par rapport au reste de la série.



Il reste donc l'intrigue pour elle-même. Hellboy et le BPRD se rendent dans un endroit reculé, se confrontent aux monstres, découvrent qui les a lâchés sur les villageois et pourquoi. Il s'agit d'une aventure de plus pour le BPRD, sans la tension dramatique habituellement générée par les enjeux personnels des membres de l'équipe (pas de crise existentielle liée à l'utilisation d'une capacité, comme pour Liz Sherman, ou Roger l'homuncule). Il reste néanmoins l'apparition d'un personnage lié à l'apparition d'Hellboy, c’est-à-dire un point de continuité assez sympathique pour le lecteur assidu de la série Hellboy depuis le premier tome.



Au final ce tome souffre de la comparaison avec l'excellence des 2 séries Hellboy et BPRD. Pris à part de ces références, "1952" constitue une histoire de lutte contre des créatures surnaturelles de facture classique, avec un bon dessinateur. Le lecteur se plonge dans cet environnement nocturne propice à l'apparition de monstres à l'apparence bien pensée, dépassant la cohorte de créatures génériques et fades qui peuplent les comics industriels mensuels. L'équipe du BPRD est constituée de professionnels compétents sans être invincibles et à l'épreuve de tous les coups. Il y a des personnages hauts en couleurs êtres humains normaux (le prêtre ou l'aubergiste), comme monstres (Varvara ou les singes). Les dessins sont plus que compétents, donnant une réelle cohérence et consistance au récit.



Comparé à d'autres récits du BPRD et d'Hellboy, "1952" constitue une expédition de routine pour le BPRD (découvrir les monstres, les combattre et neutraliser leur maitre), sans créatures vraiment marquantes, sans protagoniste assez développé. L'histoire se lit très rapidement (3 fois plus vite qu'un autre recueil de même épaisseur), du fait d'une narration assez décompressée. Le lecteur finit par se demander si cette histoire n'était pas avant tout une occasion pour Mike Mignola et consort de collaborer avec Alex Maleev, sur un récit un peu trop mince, avec des délais de production un peu trop courts, ou une rémunération pas assez élevée pour que Maleev puisse investir d'avantage de temps sur ses planches. Entre 3 et 4 étoiles en fonction de l'horizon d'attente du lecteur.
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B.P.R.D., tome 11 : Le Roi de la peur

Ce tome constitue la conclusion de la trilogie "Scorched earth" (tome 1 The Warning et tome 2 The Black Goddess). Il comprend les 5 épisodes de la minisérie du même nom, ainsi que les esquisses préparatoires de Guy Davis, avec quelques brefs commentaires.



Tom Manning (le directeur du BPRD) est reçu à Washington avec Liz Sherman et Abe Sapien. Un comité restreint dresse le bilan de leur intervention en Mongolie et décide que dorénavant le BPRD ne pourra plus avoir recours aux forces armées américaines. Kate Corrigan effectue un voyage en Autriche en compagnie de l'homme qu'elle a rencontré à Munich, et d'un spectre encombrant. Liz Sherman subit des remontées de souvenirs datant de son séjour à Agartha. Panya papote avec Andrew Devon. Après ces mises au point, Abe Sapien et Liz Sherman (avec une équipe d'agents de terrain) retournent dans les souterrains situés sous Agartha pour mener une opération de nettoyage. La mission s'avère plus dangereuse que prévue : ils tombent sur une poche de résistance ennemie importante, avec en plus la présence de Black Flame (M. Pope, ex-PDG de Zinco). Memnan Saa a trouvé le moyen de revenir dire un dernier petit mot à Liz Sherman. Bornéo a été rayé de la carte. Un monstre gigantesque s'est installé à l'emplacement du lac salé de Salton Sea en Californie.



Lors de la parution en épisodes, Mike Mignola et John Arcudi avaient annoncé que ce tome marquait la fin de la première époque des aventures modernes du BPRD, sous-entendant une forme de clôture de la guerre contre les monstres grenouilles. À la lecture, il s'avère que ce tome est dans la continuité des précédents avec une quantité de péripéties qui ne diminue pas et un suspense toujours aussi prenant. Déjà, dans The Black Goddess, le BPRD avait remporté une victoire significative contre ses adversaires, tout en payant un prix élevé. Fort logiquement, ils mènent au bout leur action en retournant sur place. Mais Mignola et Arcudi ne se contentent pas de revenir sur les lieux du crime, ils continuent de faire évoluer la situation et les personnages. Le récit s'inscrit dans une dynamique de progression, échappant ainsi aux poncifs des comics dont les héros ne changent que pour mieux revenir au point de départ quelques mois plus tard. Dans la série du BPRD, il n'y a jamais de retour à un statu quo confortable. Ainsi la guerre contre les monstres grenouilles a pris des proportions mondiales et ce tome revient sur la position du BPRD dans ce conflit planétaire. Il en va de même de pour les personnages. Il n'y a pas de retour à un état antérieur réconfortant. Abe Sapien continue d'évoluer en chef de terrain atypique. Liz Sherman continue de subir les conséquences des manipulations de Memnan Saa. Mignola et Arcudi apportent également un dernier épisode dans la vie de Lobster Johnson qui clôt ses interventions de manière satisfaisante. Chaque personnage principal a droit à ses moments sous le projecteur qui lui permettent d'évoluer en parfaite cohérence avec les événements qu'il a vécu et son profil psychologique. Avec ce tome, Mignola et Arcudi reviennent également sur la notion de destin. Comme dans la série Hellboy, plusieurs individus agissent en croyant que le futur est déjà écrit (en particulier les nombreuses prédictions de Memnan Saa dans les tomes précédents). Les agents du BPRD doivent eux aussi porter ce fardeau et choisir s'ils veulent faire mentir les prédictions, et s'ils en ont le pouvoir.



Guy Davis poursuit son travail d'illustrateur attitré de la série pour mon plus grand plaisir visuel. Il continue de dessiner de manière un peu plus lâche, plus esquissée, comme il avait déjà commencé à le faire dans le tome précédent. Ses traits rapides ont un peu gagné en efficacité et il a gagné en capacité de suggestion ce qu'il a perdu en finesse. Pour le reste, il a su conserver le sens du détail pertinent au bon endroit et la mesure juste des décors. Dans la première scène (l'audition de Manning par les décideurs de Washington), le décor de cette salle de réunion repose sur quelques éléments peu nombreux (table, tableaux au mur et fauteuil). La mise en couleurs de Dave Stewart complète parfaitement les quelques traits de Davis pour donner une texture palpable aux fauteuils. Dès que les personnages sortent dans le couloir, Davis s'attache à mettre un peu plus d'éléments pour donner une identité réelle à cette portion d'espace. Lors du déplacement en voiture de Kate Corrigan, le décor est plus ou moins développé en fonction de l'attention qu'elle et son passager y portent. La scène suivante emmène le lecteur dans la base du BPRD dans le Colorado, et là Davis fait surgir chaque mur, chaque caisse et chaque chariot élévateur pour transmettre le niveau d'activité et l'atmosphère fermée de ce lieu. À chaque nouvelle scène, Davis trouve le juste milieu entre ce qu'il montre, ce qu'il esquisse et ce qu'il laisse de coté. Cet équilibre subtil assure une lecture qui permet au lecteur de se projeter dans chaque environnement, tout en gardant une grande fluidité dans le déchiffrage des cases et des planches. Il croque toujours avec la même efficacité les visages humaines et les difformités des monstres. Avec un coup d'oeil trop rapide, ses illustrations donnent l'impression de croquis trop rapides et peu esthétiques ; mais à la lecture les émotions apparaissent clairement sur les visages et l'inhumanité des créatures surnaturelles devient plausible, tout en restant étrangère à l'humanité.



Mike Mignola, John Arcudi, Guy Davis et Dave Stewart encerclent les agents du BPRD par des visions du futur implacables. À nouveau, leur savoir faire emmène le lecteur aux cotés de ces héros très humains, face à des monstres aux motivations complexes. Encore un très bon tome.
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B.P.R.D., tome 10 : The Warning

Cette histoire se déroule juste après Killing Ground et ce tome comprend les 5 épisodes de la minisérie du même nom, ainsi que 8 pages du prologue paru à l'occasion du Free Comic Book Day. Il s'agit du premier tome d'une trilogie intitulée "Scorched Earth", complétée par The Black Goddess et War on Frogs.



Dans le prologue, Abe Sapien fait le point sur la situation avec les troupes (un membre du BPRD perdu dans les neiges autour de leur base du Colorado) ; Johann Kraus contemple ce qui lui a servi de corps ; Kate Corrigan s'inquiète de la disparition d'un couteau aux propriétés magiques.



Abe Sapien prend la tête du groupe fouillant les pentes enneigées alentour pour retrouver le disparu. Johann Kraus s'est lancé dans des recherches personnelles sur les documents retrouvés dans la base. Liz Sherman organise une séance de spiritisme avec Kraus, Panya et Kate Corrigan pour invoquer l'esprit de Lobster Johnson qui semble en savoir long sur Memnan Saa (le personnage asiatique qui s'invite régulièrement dans l'esprit de Liz). Par un autre biais, l'équipe du BPRD localise enfin la base de Memnan Saa, mais l'expédition est un désastre. Seul point positif : Saa leur donne les moyens de savoir où se produira la prochaine apparition des grenouilles : Munich (la ville natale de Kraus).



Dans la page de texte final, John Arcudi explique qu'avec ce tome, les aventures du BPRD prennent une dimension plus globale. Arcudi et Mignola relient entre eux plusieurs éléments présents depuis longtemps dans cette série : les grenouilles bien sûr, mais aussi Black Flame (tome 5), une race souterraine (Tome 1 "Hollow Earth"), Lobster Johnson (avec des éléments repris de Iron Prometheus), et même un individu croisé dans Witchfinder. La première partie est magnifique comme d'habitude : le dosage entre les moments consacrés aux individus, ceux consacrés aux manigances, ceux consacrés aux monstres et aux combats est parfait. Johann Kraus est indéchiffrable, Liz est résolue mais toujours fragile, Kate n'a rien perdu de son caractère, Abe a pris la dimension de sa fonction de chef de terrain. Et puis Panya ne reste pas un simple cliché : elle a une vraie personnalité charmante et des souvenirs liés aux phénomènes paranormaux du dix-neuvième siècle. À mon goût, la deuxième partie souffre un peu de sa nature : le BPRD est au milieu d'un affrontement provoquant des destructions massives. Du coup le grand spectacle prend le pas sur la dimension humaine et les personnages ont un peu moins de place pour exister.



Pour ce tome, le style de Guy Davis a encore un peu évolué en ce qui concerne le rendu des visages. Son parti pris graphique s'est encore radicalisé pour les expressions faciales, et je trouve qu'il a un peu perdu en finesse. La contrepartie est que les monstres deviennent de plus en plus étrangers à l'humanité. Pour le reste, le lecteur retrouve tout ce qui rend les pages de Guy Davis si captivantes. Les scènes d'intérieur bénéficient de décors uniques, intelligents et parlants. Par exemple, l'équipe du BPRD est amenée à se rendre sur le site d'un gros chantier. Guy Davis ne se contente pas de mettre plein de boue partout avec de vagues engins de chantier pour faire genre. Il a également inclus les treillis métalliques pour armer le béton, ainsi que les étais pour les excavations. Lors de la visite d'un modeste pavillon allemand, il suffit au lecteur d'examiner l'ameublement pour savoir quel genre de personne habitait là. Le passage dans la jungle évoque avec conviction les temples d'Angkor Vat. Et les monstres ont encore gagné en horreur. Il suffit d'un cadavre d'animal égorgé dans la neige pour que l'horreur et l'angoisse s'invite dans le récit. Et comme d'habitude, il sait tout dessiner : les scènes de destruction massive en milieu urbain, les monstres préhistoriques, les créatures dégénérées et abâtardies, les robots géants, etc. Parmi les personnages, il faut aussi mentionner le travail impressionnant effectué sur l'apparence d'Abe Sapien dont le simple langage corporel suffit à rappeler son histoire compliquée. L'apparence de Memnan Saa permet de faire comprendre visuellement au lecteur que sa véritable nature dément ses propos rassurants. Et puis Davis s'autorise quelques touches humoristiques telles que la tenue de Johann Kraus, avec son rabat sur le postérieur qui évoque des sous-vêtements masculins d'un autre âge (avec un rabat pour aller au toilettes). Et comme d'habitude, la mise en couleurs de Dave Stewart est un ravissement enchanteur.



Avec ce tome, Arcudi, Mignola et Davis ont choisi d'emmener le BPRD dans une aventure aux conséquences planétaires. Le savoir faire de ces 3 créateurs aboutit à un récit haletant dans lequel le grand spectacle phagocyte une partie du récit. D'un autre coté, le lecteur assiste à l'agrégation de plusieurs composantes narratives au sein d'une continuité déjà très riche, avec de nombreux clins d'oeil aux tomes précédents dont certains irrésistibles (Andrew Devon hésitant à entrer dans une cabine téléphonique après ce qui lui est arrivé dans "Universal Machine").
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B.P.R.D., tome 7 : Garden of Souls

Ce tome est le septième dans la série BPRD et il vaut mieux avoir lu les précédents. Il fait suite à The Universal Machine et il comprend les 5 épisodes de la minisérie du même nom.



L'histoire commence en 1859 avec la mise à nu du corps d'une momie devant une grande foule comprenant Langdon Everett Caul. Puis, de nos jours, un grand gaillard débarque à Balikpapan pour une raison inconnue. Enfin la scène passe au quartier général du BPRD dans le Colorado. Benjamin Daimio a droit à une séance d'acupuncture très musclée et très tranchante. Johann Kraus continue de farfouiller dans le quatrième sous-sol où il découvre un dossier comprenant des informations sur la grand-mère de Daimio. Abe Sapien reçoit un message dans un étui à cigares qui lui désigne Balikpapan comme étant un endroit où il devrait trouver des informations concernant sa vie avant qu'il ne devienne un amphibien.



À chaque fois que je commence un nouveau tome du BPRD, je m'attends à être déçu en me disant que les auteurs n'arriveront pas à faire aussi bien que le tome précédent. Pour mon plus grand plaisir, à chaque fois j'ai tort et cette histoire ne fait pas exception à la règle. Encore une fois, la scène d'ouverture est magistrale dans son atmosphère, son propos et sa mise en images. Depuis The Dead, Abe Sapien est à la recherche de son passé ; il a pu découvrir qu'il s'appelait Langdon Everett Caul. Mignola et Arcudi captent donc immédiatement l'attention de leur lecteur en évoquant une scène du passé d'Abe Sapien, avec des individus du Club Oannes et une momie. La scène suivante passe à un personnage inconnu avec un gag visuel bien trouvé relatif à sa carrure. Enfin le récit réintègre des lieux familiers (le QG du BPRD) mais pour des scènes aussi intrigantes que troublantes. Arcudi et Mignola rappellent gentiment que le lecteur ne sait finalement pas grand-chose des individus qui évoluent sous ses yeux, ce qui est renforcé par les visions de Liz Sherman. Avec ces avertissements en tête, le récit prend une direction plus resserrée sur l'enquête que mène Abe Sapien avec l'aide de Daimio sur les vestiges de son passé. Sur ce moteur très classique de recherche d'indices et de la vérité, le caractère mélancolique d'Abe Sapien continue à émerger pour prendre tout son sens alors qu'il découvre l'homme qu'il a été et dont il ne se souvient plus. Cette variation sur le thème de l'amnésie apparaît comme d'autant plus originale que la personnalité d'Abe Sapien en fait un individu touchant que le lecteur n'a aucune envie de voir disparaître au profit de L.E. Caul.



Comme toujours, Guy Davis continue de repousser les limites de ce qu'il est capable de mettre en images. Les pages supplémentaires en fin de volume donnent une idée de l'apport de Mike Mignola pour ce qui est de la conception graphique des monstres et robots. Mais cet apport n'enlève rien au talent de Guy Davis. Il compose des pages d'une lisibilité admirable et il crée des images qui restent longtemps à l'esprit : l'ouverture du rideau pour découvrir la momie dans son sarcophage (hommage aux films de série B en noir et blanc), Abe Sapien en train de dormir dans une baignoire, le langage corporel très particulier d'Abe Sapien, le singe avec le masque de Nô, la cicatrice du capitaine Daimio, la double page consacrée aux Sentinelles, le manoir dans la jungle, le robot dans le jardin anglais, l'ameublement du manoir, le mobilier égyptien d'un autre endroit, le désarroi répété de Liz Sherman, etc. Et comme d'habitude, Dave Stewart effectue un travail de mise en couleurs d'une minutie incomparable. Il marie les nuances entre elles en donnant une teinte spécifique à chaque scène et à chaque décor. Il sait prêter attention à chaque détail pour le faire ressortir chaque élément des compositions très détaillées de Guy Davis. Et quand une scène requière de mettre en valeur de grands espaces, Dave Stewart est tout assez à l'aise pour éviter la multiplication des couleurs et faire des choix dans sa palette pour être au service de l'image, plutôt que de transformer les cases en démonstration de capacité du logiciel qu'il utilise.



Les illustrations de Guy Davis, les couleurs de Dave Stewart complètent harmonieusement le scénario qui fait appel à l'intelligence du lecteur pour lier les faits entre eux sans asséner des kilomètres de dialogues forcés. Grâce à cette approche élaborée de la narration, le lecteur peut apprécier les thèmes sous-jacents (l'incommunicabilité, l'insurmontable altérité) au fil d'un récit d'aventures aussi exotique qu'intelligent. La même équipe continue de nous divertir dans Killing Ground. Pour moi, BPRD n'est plus une série dérivée d'Hellboy, mais une série que je lis pour elle-même.
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B.P.R.D., tome 5 : La Flamme Noire

Ce tome fait suite à B.P.R.D. : The Dead et il contient les 6 épisodes de la minisérie du même nom.



Le mode opératoire est bien rodé : Benjamin Daimio, Liz Sherman, Johann Kraus et Roger l'homoncule effectuent des opérations de nettoyage avec l'aide des soldats du Bureau of Paranormal Research and Defense (BPRD). Des habitants locaux ou leurs correspondants leur signalent une manifestation de grenouilles surnaturelles, ils interviennent pour exterminer le nid, Kate Corrigan et Abe Sapien assurent la coordination technique depuis leur base dans les montagnes du Colorado. Daimio assure un commandement tout ce qu'il y a de plus militaire pour une efficacité maximale. Roger copie son attitude car il voit en lui un modèle à la hauteur de ses aspirations. Kraus vérifie la présence d'éventuels esprits. Et Liz réduit tout en cendres pour purifier les lieux. Arrivent les missions de trop : un membre du BPRD est dans les brumes d'une fleur hallucinogène et un autre meurt dans une explosion (son corps est ramené à la base). Pendant ce temps là, monsieur Pope (un riche industriel à la tête de Zinco) a décidé d'achever la vision de l'équipe de nazis de Conqueror Worm. Il revêt l'armure de Black Flame après avoir établi un contact de maître à animal domestique avec un monstre grenouille. Ce zozo a décidé d'invoquer Katha-Hem (l'un des Ogdru-Hem) sur terre.



Plus je lis les aventures du BPRD, plus je m'enfonce avec délice dans les méandres de cet univers pleinement réalisé. Chacun des membres du BPRD a sa propre motivation pour participer à cette organisation paramilitaire. Chacun a ses petits secrets et ses humeurs qui font de chaque personnage un individu à part entière. Le début fait craindre pendant 2 épisodes que les monstres grenouilles vont servir de chair à pâté sans âme pour occuper les héros et leur permettre d'exercer leurs talents meurtriers contre des ennemis qui peuvent être massacrés sans remords ou crise de conscience. Et puis l'intervention de Black Flame change la donne et ramène le conflit sur un terrain beaucoup plus personnel et qui a plus de sens. Mike Mignola et John Arcudi savent comme personne écrire des scènes de films de monstres dans lesquelles le lecteur se vautre avec délice dans les horreurs de ces créatures immondes et dans leurs ravages et destructions matériels.



Et Guy Davis a également gagné en efficacité. Il est toujours aussi doué pour dessiner les monstres et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne rechigne pas à l'ouvrage. Je ne sais pas combien de monstres grenouilles il a dessiné, mais il y en a des centaines. De la même manière, Katha-Hel a une forme originale, tout en rendant hommage aux monstres en caoutchouc des films de monstres japonais (Mothra contre Godzilla). Chacun des membres du BPRD dispose d'une personnalité visuelle très affirmée et d'une expressivité aussi parlante que nuancée. Comme dans les tomes précédents, cet illustrateur fait preuve d'une incroyable capacité à concevoir et dessiner des décors crédibles et détaillés de toute nature : intérieur d'égouts, salle de réunion spacieuse dans un immeuble high-tech, pièce feutrée dédiée à une collection de souvenirs nazis, salle médicalisée d'hôpital, usine désaffectée, milieu naturel désolé dans lequel se regroupent des centaines de monstres grenouilles, chambre de mandarin, etc. Mignola et Arcudi lui offrent plusieurs scènes d'action dépourvues de dialogues et ces pages prouvent sa maîtrise de l'art séquentiel.



Depuis la mise en place de ce trio de créateurs Mignola + Arcudi + Davis dans le tome précédent, la série BPRD est passée du statut de produit dérivé sympathique à concurrent de la série mère Hellboy. Arcudi et Mignola mettent en scène des individus à part entière avec des motivations complexes qui affrontent les conséquences de leurs actes avec courage, mais aussi qui accusent le coup (la mort de l'un d'entre eux). Guy Davis a développé un style aussi maîtrisé qu'original qui rivalise en intensité et en efficacité avec celui de Mignola, dans un style graphique très différent. Vite la suite dans B.P.R.D. : The Universal Machine.
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Lobster Johnson, tome 2 : La Main Enflammée

Peter Lorre



Ce tome comprend les 5 épisodes de la minisérie initialement parue en 2012. Il contient une histoire complète indépendante de toute continuité. Il n'est pas besoin d'avoir lu le tome 1 Le Prométhée de fer pour apprécier ou comprendre celui-ci. Le scénario est de Mike Mignola et John Arcudi, les illustrations de Tonci Zonjic, et la mise couleurs de Dave Stewart.



Un couple sort d'un cinéma et rentre chez lui à pied. Ils viennent de voir un film de Buster Keaton : "Le plombier amoureux" de 1932. Dans une rue déserte, ils découvrent un policier en uniforme scalpé encore vivant et même conscient, attaché à un lampadaire. Alors qu'ils s'inquiètent de son état, ils sont attaqués par une horde d'indiens à pieds pour certains, à cheval pour d'autres, en tenue folklorique (avec peinture de guerre, parure de plumes).



Le lendemain, 2 inspecteurs de police enquêtent sur place en examinant les cadavres ; ils sont interpellés par Cindy Tynan, une journaliste. En posant des questions sur les victimes, elle va interviewer Harry McTell un mécano auto qui semble bien comprendre les affaires louches qui se trament dans le quartier. Elle va finir par attirer l'attention sur elle et devoir son salut à l'intervention providentielle d'un individu au blouson en cuir orné d'une pince de Homard et coiffé d'un bonnet et de lunettes lui masquant le visage.



Avec cette histoire, Mignola et Arcudi rendent hommage aux pulps, ces histoires bon marché des années 1930 avec des justiciers plus ou moins masqués rendant une justice expéditive parmi les bas-fonds des villes en tuant des criminels exotiques (la génération précédant les superhéros). Ici Lobster Johnson doit plus à Doc Savage qu'à The Shadow. Il dispose d'un repère secret en pleine ville (avec son propre avion, mais ce n'est pas un autogyre), et d'une équipe de personnes qui lui sont dévouées corps et âme.



L'apparition de la troupe d'indiens de pacotille évoque les méthodes des criminels à la forte identité visuelle, usant de subterfuges pour terroriser la population. Il dispose d'une force normale, d'une grande agilité et d'une détermination farouche. Le lecteur n'apprendra pas sa véritable identité, et ne verra pas son visage à découvert. Il reste une énigme du début jusqu'à la fin.



Au fil des pages, le personnage à la personnalité la plus développée devient Cindy Tynan (du coté des "bons") qui évite de peu de jouer le rôle de la captive sans défense, pour affirmer au fur et à mesure un caractère bien trempé. Par contre du coté des "méchants", le lecteur est à la fête. Le boss de la pègre (Arnie Wald) dispose de suffisamment de personnalité pour que chacune de ses interventions en devienne savoureuse. Il est aidé par un couple exotique : Kamala (une femme asiatique, ah ! les mystères insondables de l'orient) et Raimund (un bon allemand dont l'apparence évoquera des souvenirs aux lecteurs de la série BPRD, voir La Flamme noire) Diesel.



Mais la très grande réussite est le second d'Arnie Wald : Mister Isog. Il est évident que Mignola (grand fan de cinéma de genre comme il l'avait déjà prouvé avec Hellboy dans House of the living dead en anglais) a voulu rendre hommage à Peter Lorre (M Le maudit, Le Faucon maltais, Arsenic & vieilles dentelles et bien d'autres). Et le résultat est aussi convaincant pour le rôle qu'il lui a attribué que pour l'interprétation visuelle de Tonci Zonjic. C'est un vrai plaisir que de retrouver cette tête et ces manières de traître fielleux et pleutre.



Tonci Zonjic s'est fait connaître en illustrant une histoire complète Qui est Jake Ellis ?. Il utilise un style plutôt réaliste, aux contours simplifiés, très agréables à l'œil. Dès le début, le lecteur éprouve l'impression d'être dans les rues de New York des années 1930, légèrement patinées par la distance temporelle, déjà presque mythiques. Les couleurs discrètes de Dave Stewart accentuent cette impression de circuler dans des lieux déjà consacrés comme légendaires par le temps qui passe.



Chaque lieu dispose de caractéristiques qui le rendent unique, avec un savant dosage pour que les cases ne donnent jamais l'impression d'être surchargées. Le rendu des visages évoque parfois Edgar P. Jacobs, avec des contours plus adoucis et des dessins un peu plus grands (en moyenne entre 4 à 6 cases par page). Zonjic capture avec une aisance déconcertante l'essence de chaque scène.



Lorsque le lecteur se promène sur le pont d'un paquebot, il contemple Kamala Diestel en maillot de bain sur un transat en train de prendre le soleil, avec l'océan en arrière-plan, c'est à la fois l'image universelle (presque générique) de cette situation et à la fois une vision rendue unique du fait de la coupe de cheveux de la dame, de la texture de bois du transat, des vêtements des promeneurs sur le pont.



Évidemment Zonjic respecte le ton des séries estampillées "Hellboy" en utilisant des aplats de noir copieux lors des séquences nocturnes, sans les transformer en surfaces géométriques abstraites. Le personnage repris de la série BPRP dégage exactement la même impression que la version de Guy Davis. Les expressions des visages sont pertinentes, sans être exagérées. Et puis Peter Lorre exhale un charme vénéneux irrésistible.



À la fin de la lecture de cette histoire, le lecteur constate qu'il ne s'agit que d'une bonne série B : Mignola, Arcudi et Zonjic revisitent avec maestria tous les codes des pulps, mais sans rien apporter de novateur, sans autre objectif qu'un récit distrayant, sans commentaire particulier. Si, il y a bien un commentaire particulier : la déclaration d'amour aux personnages interprétés par Peter Lorre. Si vous n'avez jamais été impressionné par cet acteur, ce tome mérite 4 étoiles. S'il a marqué votre imaginaire, la qualité de cet hommage mérite 5 étoiles.
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B.P.R.D., tome 9 : L'avertissement

Cette histoire se déroule juste après Champ de bataille et ce tome comprend les 5 épisodes de la minisérie du même nom, ainsi que 8 pages du prologue paru à l'occasion du Free Comic Book Day. Il s'agit du premier tome d'une trilogie intitulée "Scorched Earth" en VO, complétée par La Déesse Noire et "War on Frogs".



Dans le prologue, Abe Sapien fait le point sur la situation avec les troupes (un membre du BPRD perdu dans les neiges autour de leur base du Colorado) ; Johann Kraus contemple ce qui lui a servi de corps ; Kate Corrigan s'inquiète de la disparition d'un couteau aux propriétés magiques.



Abe Sapien prend la tête du groupe fouillant les pentes enneigées alentour pour retrouver le disparu. Johann Kraus s'est lancé dans des recherches personnelles sur les documents retrouvés dans la base. Liz Sherman organise une séance de spiritisme avec Kraus, Panya et Kate Corrigan pour invoquer l'esprit de Lobster Johnson qui semble en savoir long sur Memnan Saa (le personnage asiatique qui s'invite régulièrement dans l'esprit de Liz). Par un autre biais, l'équipe du BPRD localise enfin la base de Memnan Saa, mais l'expédition est un désastre. Seul point positif : Saa leur donne les moyens de savoir où se produira la prochaine apparition des grenouilles : Munich (la ville natale de Kraus).



Dans la page de texte final, John Arcudi explique qu'avec ce tome, les aventures du BPRD prennent une dimension plus globale. Arcudi et Mignola relient entre eux plusieurs éléments présents depuis longtemps dans cette série : les grenouilles bien sûr, mais aussi La Flamme Noire, une race souterraine (Au creux de la terre et autres histoires), Lobster Johnson (avec des éléments repris de "Prométhée de fer"), et même un individu croisé dans Witchfinder. La première partie est magnifique comme d'habitude : le dosage entre les moments consacrés aux individus, ceux consacrés aux manigances, ceux consacrés aux monstres et aux combats est parfait. Johann Kraus est indéchiffrable, Liz est résolue mais toujours fragile, Kate n'a rien perdu de son caractère, Abe a pris la dimension de sa fonction de chef de terrain. Et puis Panya ne reste pas un simple cliché : elle a une vraie personnalité charmante et des souvenirs liés aux phénomènes paranormaux du dix-neuvième siècle. À mon goût, la deuxième partie souffre un peu de sa nature : le BPRD est au milieu d'un affrontement provoquant des destructions massives. Du coup le grand spectacle prend le pas sur la dimension humaine et les personnages ont un peu moins de place pour exister.



Pour ce tome, le style de Guy Davis a encore un peu évolué en ce qui concerne le rendu des visages. Son parti pris graphique s'est encore radicalisé pour les expressions faciales, et je trouve qu'il a un peu perdu en finesse. La contrepartie est que les monstres deviennent de plus en plus étrangers à l'humanité. Pour le reste, le lecteur retrouve tout ce qui rend les pages de Guy Davis si captivantes. Les scènes d'intérieur bénéficient de décors uniques, intelligents et parlants. Par exemple, l'équipe du BPRD est amenée à se rendre sur le site d'un gros chantier. Guy Davis ne se contente pas de mettre plein de boue partout avec de vagues engins de chantier pour faire genre. Il a également inclus les treillis métalliques pour armer le béton, ainsi que les étais pour les excavations. Lors de la visite d'un modeste pavillon allemand, il suffit au lecteur d'examiner l'ameublement pour savoir quel genre de personne habitait là. Le passage dans la jungle évoque avec conviction les temples d'Angkor Vat. Et les monstres ont encore gagné en horreur. Il suffit d'un cadavre d'animal égorgé dans la neige pour que l'horreur et l'angoisse s'invite dans le récit. Et comme d'habitude, il sait tout dessiner : les scènes de destruction massive en milieu urbain, les monstres préhistoriques, les créatures dégénérées et abâtardies, les robots géants, etc. Parmi les personnages, il faut aussi mentionner le travail impressionnant effectué sur l'apparence d'Abe Sapien dont le simple langage corporel suffit à rappeler son histoire compliquée. L'apparence de Memnan Saa permet de faire comprendre visuellement au lecteur que sa véritable nature dément ses propos rassurants. Et puis Davis s'autorise quelques touches humoristiques telles que la tenue de Johann Kraus, avec son rabat sur le postérieur qui évoque des sous-vêtements masculins d'un autre âge (avec un rabat pour aller au toilettes). Et comme d'habitude, la mise en couleurs de Dave Stewart est un ravissement enchanteur.



Avec ce tome, Arcudi, Mignola et Davis ont choisi d'emmener le BPRD dans une aventure aux conséquences planétaires. Le savoir faire de ces 3 créateurs aboutit à un récit haletant dans lequel le grand spectacle phagocyte une partie du récit. D'un autre coté, le lecteur assiste à l'agrégation de plusieurs composantes narratives au sein d'une continuité déjà très riche, avec de nombreux clins d'oeil aux tomes précédents dont certains irrésistibles (Andrew Devon hésitant à entrer dans une cabine téléphonique après ce qui lui est arrivé dans La machine universelle).
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B.P.R.D., tome 8 : Champ de bataille

Le lecteur retrouve les membres du BPRD qu'il a appris à connaître et à apprécier : Benjamin Daimio, Liz Sherman, Kate Corrigan, Johann Kraus et Abe Sapien. Le capitaine Daimio n'est pas très content que les autres lui reprochent d'avoir caché (au moins par omission) que sa grand-mère faisait partie d'un groupe de recherche en sorcellerie sous l'égide du troisième Reich. Johann Kraus a profité des restes de l'aventure en Indonésie pour améliorer sa condition de façon significative et pour le moins spectaculaire ; il en profite au maximum en se désintéressant du travail de routine du BPRD (Bureau for Paranormal Research and Defense). Liz Sherman est minée par ses rêves habités par un étrange individu lui intimant le secret et lui révélant l'apocalypse à venir. Kate Corrigan constate que sous sa direction l'équipe de terrain du BPRD est inefficace au possible, que les catastrophes s'enchaînent et que le coup en vie humaine ne connaît pas de limite. Abe Sapien est apaisé par ses découvertes en Indonésie et a décidé de reprendre du service à plein temps.



Au début de cette histoire, le BPRD doit récupérer Feral Daryl, le wendigo capturé dans La machine universelle. Les autorités canadiennes ont décidé de confier ce prisonnier encombrant à ceux qui l'ont capturé pour réduire leur budget. En parallèle un étranger muet agresse un administratif du BPRD à Fairfield dans le Connecticut pour s'emparer de documents lui permettant de rejoindre leur nouvelle base. Benjamin Daimio a recontacté l'étrange chiropracteur asiatique aux méthodes aussi déconcertantes que tranchante. Et Liz continue d'avoir ces rêves perturbateurs. Au milieu de tout ça, le BPRD recrute un nouveau membre.



Je n'ai pas pu lâcher ce tome : il n'y a pas une seule baisse de rythme du début jusqu'à la fin. Mike Mignola et John Arcudi ont tissé un récit d'une grande richesse pour les personnages, avec un suspense magistral, une ambiance de plus en plus tendue au fur et à mesure de la progression narrative et une montée dans l'horreur qui fonctionne bien. Mignola et Arcudi ont développé une équipe de personnages très attachants et très humains. Aucun d'eux n'est parfait, chacun souffre de la pression de ses secrets ou de ses responsabilités. Ils ont des accès d'humeur, des moments de plaisir et même de joie, et surtout ils sont écrits comme des personnes adultes. Évidemment l'aspect feuilletonesque participe pour beaucoup à l'attachement du lecteur pour les personnages, mais Mignola et Arcudi ne se reposent jamais sur cet acquis. Ils disposent d'un savoir faire qui leur permet d'évoquer des scènes se déroulant un ou plusieurs tomes avant et qui reviennent immédiatement à la mémoire du lecteur. Chaque scène est savamment dosée pour être aisément lisible et facilement mémorisable. Et chaque tome repose sur des spécificités différentes qui évitent les répétitions ou l'impression de déjà vu. Non seulement ce tome comprend un lot significatif de révélation sur les uns et sur les autres, mais aussi la composante horrifique est fortement accentuée et parfaitement maîtrisée. Chaque égorgement et chaque éventration impriment sa marque sur le lecteur ; il est impossible de rester indifférent aux sorts de ces individus.



Cette empathie doit beaucoup à Guy Davis, l'illustrateur. J'ai déjà dit tout le bien que je pense de cet artiste dans les précédents tomes, mais il a réussi à encore me surprendre. La lisibilité de chaque séquence constitue une preuve manifeste de son talent. Et il continue d'innover en dessinant des expressions faciales exprimant le contentement, le plaisir d'exister, la douceur de vivre pour des personnages aussi variés qu'un grand costaud, des filles de joie, une vieille dame usée par les ans. Il saisit les nuances de chaque émotion aussi ténue soit elle, une subtilité exceptionnelle. Il nous avait déjà prouvé qu'il avait un talent sûr pour transcrire l'anormalité des monstres, et là il a gagné en horreur pour les carnages et les victimes. Les éviscérations et les égorgements provoquent le malaise et la répulsion comme rarement dans les comics. Guy Davis a trouvé le juste milieu entre ce qu'il montre et ce qu'il suggère pour une efficacité optimale. Et comme toujours chaque scène dispose de son schéma de couleurs subtiles créé par Dave Stewart. Cet artiste renforce chaque ambiance, sans ne jamais perdre aucun détail.



Pour moi, ce tome représente le franchissement d'un palier supplémentaire dans la qualité de cette série qui marie des personnages sympathiques sans être parfaits à des intrigues diablement efficaces, avec des illustrations et des couleurs subtiles et aussi précises qu'évocatrices.
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Witchfinder, tome 2 : Perdu corps et âme

Ce tome regroupe les 5 épisodes de la minisérie du même nom parue en 2011. Le personnage d'Edward Grey a déjà eu les honneurs d'une autre histoire : Au service des anges (2009).



En 1880, une diligence arrive à Reidlynne, un petit patelin de l'Utah. Edward Grey en descend, il a quitté l'Angleterre pour suivre un fuyard. En se rendant au saloon pour y chercher une chambre, il passe devant les décombres de l'église de la ville. Au milieu des ruines, une vieille indienne est agenouillée devant un crucifix et elle prie. Au sol, Grey détecte des inscriptions cabalistiques, sous les cendres. Il quitte les lieux pour pénétrer dans le saloon. L'accueil est très froid. À peine sous-entend-il qu'il cherche quelqu'un que le barman l'empêche même de prononcer le nom de l'individu en question. Grey tente de se renseigner sur les circonstances de la destruction de l'église et il s'attire l'inimitié de l'ensemble de l'assistance. Seule l'intervention de Morgan Kaler, un étrange cowboy, lui permettra de s'en sortir à peu près intact. Leur périple à travers la prairie mettra Edward Grey sur le chemin d'Eris, une étrange jeune femme blanche aux cheveux blonds, vivant au milieu d'une tribu d'indiens Paiute.



Étant un grand amateur de la série BPRD de Mignola & Arcudi, il m'était impossible de résister à l'appel de cette histoire. Dans la postface, John Arcudi explique qu'il a répondu à la demande de Mike Mignola de lui concocter une nouvelle histoire de Sir Edward Grey, en joignant l'utile à l'agréable, c'est-à-dire en écrivant un western. Il continue en expliquant que pour créer une histoire il attend que plusieurs idées finissent par s'agréger en un tout cohérent. Il est vrai que le lecteur a parfois l'impression de découvrir un patchwork de pièces disparates s'assemblant plus ou moins bien. Le récit le tire de ci, de là en sautant d'une idée à une autre, en mélangeant plusieurs types de croyance qui se heurtent, ou se répondent.



À condition de se laisser bringuebaler sur ces routes narratives cahoteuses, le lecteur effectue un voyage dépaysant et divertissant qui associe des éléments folkloriques disparates pour une tambouille au goût surprenant, mais pas désagréable. Arcudi et Mignola s'écartent du schéma classique (découverte du méchant, première bataille perdue et contre-attaque des gentils). Au fur et à mesure de ses découvertes, Edward Grey ne peut que constater qu'il est vraiment un étranger dans un pays étrange et que Morgan Kaler constitue un guide et un protecteur précieux et indispensable. Grey est autant témoin qu'acteur dans cette histoire qui sort de l'ordinaire et qui papillonne d'une idée à l'autre. Parfois, le lecteur se dit qu'il aurait pu se passer de telle digression, parfois il aurait préféré que telle autre se transforme en fil narratif majeur. Mais petit à petit se dessine une situation nuancée et moins manichéenne que le combat principal opposant des bons à un méchant.



L'illustration de ce western a été confié à un vétéran du genre : John Severin, âgé de 90 ans lorsqu'il a dessiné ces épisodes (décédé le 12 février 2012). Il s'agit d'un retraité des comics qui dessine de temps à autre une histoire pour le Punisher de Garth Ennis (Le Tigre), ou des westerns. Le style de Severin présente plusieurs particularités. Pour commencer, il a une bonne maîtrise de ce qu'il représente. Sa diligence ressemble à une vraie diligence, ses chevaux présentent une anatomie rigoureuse (et non pas fantaisiste). Les bâtiments de la ville semblent réalistes, etc. La deuxième particularité réside dans un recours réguliers à de petits traits courts, ou de fines hachures pour donner de la texture aux surfaces. Parfois les formes gagnent en substance, parfois le lecteur devine qu'il ne s'agit que de masquer le vide du contour, l'absence de détails fins de la forme. D'ailleurs Dave Stewart (metteur en couleurs d'une grande élégance) n'arrive pas à trouver ses marques pour compléter intelligemment ce mode de rendu graphique. Sa palette ne rehausse pas les illustrations, elle semble parfois antagoniste avec les hachures. Passé cette petite déception, les illustrations de Severin arborent parfois une apparence légèrement surannée, un peu naïve dans quelques expressions des visages. Mais globalement, il s'agit de l'un de ses meilleurs travaux récents. Chaque personnage dispose d'une apparence spécifique. Et derrière des apparences un peu sages, les illustrations deviennent intemporelles plutôt que vieillottes.



Mignola, Arcudi et Severin ont réalisé un récit avec son propre rythme un peu heurté et des illustrations parfois un peu trop sages. Mais derrière les digressions et le classicisme, le lecteur découvre un récit original et plus sophistiqué que la simple lutte du bien contre le mal.
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A god somewhere

Refusant la dramatisation à outrance ou le spectaculaire, privilégiant des dialogues parfois poignants où l’incompréhension des proches reflète parfaitement l’état d’esprit d’un être qui ne parvient même pas à se définir, Arcudi parvient à mener sa barque avec intelligence et sensibilité. On pourra lui reprocher une fin un peu attendue, mais finalement d’une implacable logique, très marvellienne. Quant aux illustrations aux traits un peu grossiers, elles arrivent à mettre en valeur les expressions diverses sur les visages des protagonistes, l’encrage n’hésitant pas à en rajouter sur le sang (la puissance d’Eric est telle qu’il balaie une armée d’un revers de main).

Une excellente variation sur le thème.
Lien : http://arpenteur-de-pages.ov..
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Joker vs The Mask

Ce Joker Vs The Mask est un album qu’on attendait pas forcément mais qui nous met une vraie claque. Les fans authentiques de Lobo (dont votre humble serviteur fait bien évidemment partie) ne peuvent que sauter au plafond en découvrant une nouvelle histoire du mec plus ultra en français, et l’ensemble est au final l’occasion pour les jeunes fans du batverse de découvrir aussi bien les racines comics du Mask que ce personnage singulier qu’est Lobo.
Lien : https://www.actuabd.com/Joke..
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A god somewhere

Le nombre de sagas qui mettent à mal le mythe du super-héros n’arrête pas de croître et ce « A God Somewhere » apporte une nouvelle réflexion sur la capacité des humains à gérer des super-pouvoirs.



Si la récente trilogie thématique de Warren Ellis (« Black Summer », No Hero et Supergod) s’attaquait avec brio au mythe des super-slips, que Watchmen montrait déjà des justiciers vieux, fatigués, alcooliques et bedonnants, que ceux de « The Authority » étaient sadiques, homosexuels ou toxicomanes, que les vedettes de « The Boys » étaient arrogants, égocentriques, irresponsables et violents et que le héros irrécupérable de Mark Waid n’était psychologiquement pas assez fort pour supporter le poids de sa tâche, la nouvelle victime du jour s’appelle Eric Foster. Du jour au lendemain, ce sympathique jeune homme va hériter de gigantesques pouvoirs qui vont bouleverser son quotidien et celui de ses proches.



John Arcudi, le scénariste de la série « B.P.R.D. » propose donc une nouvelle réflexion sur la capacité d’un être humain à gérer l’acquisition soudaine de super-pouvoirs. Ce nouveau pouvoir va en effet modifier sa vision des choses et bouleverser son quotidien de manière assez tragique. Si l’auteur ne s’attarde pas suffisamment sur le basculement psychologique d’Eric, rendant sa transformation un peu trop radicale / brusque, il livre cependant de l’excellent boulot au niveau des relations entre les proches d’Eric. Le questionnement de son meilleur ami, Sam Knowle, qui s’émerveille et profite initialement de la popularité de son pote, avant de se transformer en témoin privilégié de l’évolution tragique de cet homme devenu Dieu, est à ce titre assez intéressant à suivre. En usant de plusieurs flashbacks pour revenir sur le passé des principaux protagonistes, l’auteur parvient à donner beaucoup d’épaisseur et d’humanité à ses personnages.



J’aime assez bien le style de Peter Snejberg, même si visuellement le carnage du super-héros ne ressort pas avec autant de puissance (et d’hémoglobine) que dans la récente trilogie publiée par Milady.
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Batman - Black & White, tome 2

Comme dans le premier tome, les histoires présentés ici sont en noir et blanc, ce qui donne un petit côté années trente. Certaines d’entre elles sont sombres comme dans le film de 1989, d'autres sont plus humoristiques comme la série des années soixante. Par contre, je suis étonné qu'il n'y ai pas beaucoup de critiques de cette anthologie sur le net. Cette lecture m'a tout de même permis de passer un bon moment.
Lien : http://www.critiqueslibres.c..
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The Creep

deux suicides d'adolescents de suite

le détective privé Oxel Kärnhus est mis sur l'enquête par Stéphanie un amour de jeunesse.

Un polar en 4 chapitres assez noir très graphique, les personnages ont des quelques soucis .

Une histoire assez classique mais à laquelle on s'accroche rapidement.

On passe de la couleur éclatante au presque noir et blanc excellent
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The Mask Omnibus, tome 1

Surprenant et complet, cet omnibus permet de découvrir le visage original du Mask.
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The Creep

« Creep » n’est pas uniquement le titre d’une excellente chanson de Radiohead ou des Stone Temple Pilots, c’est également le surnom d’Oxel Karnhüs, un détective privé qui souffre d’une maladie dégénérative qui lui donne une apparence monstrueuse.



Le héros de ce one-shot imaginé par John Arcudi (« B.P.R.D. », « A God Somewhere ») n’est pourtant pas le salopard classique que l’on retrouve généralement dans un polar sombre. Il mène certes une existence solitaire et n’hésite pas à descendre des bonnes gorgées d’alcool, mais, derrière ces difformités, se cache un personnage très sensible, qui insuffle beaucoup d’humanité au récit. Avec un héros plus ‘bad-ass’, la scène où il croise la petite crapule qui se moque quotidiennement de lui dans une ruelle sombre, aurait probablement pris une toute autre tournure. Cette approche permet non seulement de rendre le héros particulièrement attachant, mais contribue aussi au ton mélancolique du récit.



Le scénario est classique et efficace. Le mystère, consistant à trouver ce qui a poussé deux jeunes garçons à se suicider à quelques semaines d’intervalle, tient le lecteur en haleine et l’emmène même vers un dénouement plutôt inattendu. La narration, qui dévoile progressivement le passé des deux adolescents à coups de flash-backs, fonctionne également à merveille. Visuellement, le trait réaliste de Jonathan Case n’en met pas plein la vue, mais colle parfaitement au scénario. Les changements de style lors des flash-backs et des passages issus de l’imagination des personnages, s’avèrent également très efficaces.



Un bon one-shot, classique et efficace !
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The Creep

Oxel est détective privé depuis qu'une maladie dégénérative entrainant fatigue et malformations physiques l'ont forcé à quitter son travail dans les assurances. Il reçoit une lettre d'un amour de jeunesse, Stéphanie, qui lui demande son aide : son fils unique s'est suicidé il y a peu et elle est convaincue qu'il y a une raison précise à ce geste car le meilleur ami de son fils s'est lui aussi suicidé deux mois avant. La police ne compte pas enquêter plus avant sur le sujet et Oxel reste le seul espoir de cette mère éplorée. Oxel va alors rejoindre la petite ville de Copiague dans le nord de l'état de New York pour enquêter …

Avec un titre pareil et cette couverture un peu inquiétante, je ne pouvais que lire cet album. En plus, j'avais lu un autre album du même scénariste mais ce dernier était inspiré d'une histoire vraie (Le tueur de la Green River) alors cette fois, j'étais curieuse de voir comment celui-ci allait s'en sortir avec une fiction sortie de son imagination. L'histoire est une enquête assez traditionnelle, menée par un détective privé miné par la maladie et que j'ai trouvé très attachant car il est très humain et surtout très solitaire. Pour moi, c'est lui qui donne la dimension la plus intéressante de l'album. Le suspense est bien présent et on découvre par petites touches la vie des jeunes hommes morts, leurs relations familiales et amicales. Il y a des scènes qui paraissent oniriques et qu'on a du mal à rattacher à l'histoire, qui surgissent par moments au fil des pages mais on comprend leur raison d'être quand on arrive au dénouement. Celui-ci reste classique mais j'avoue que je ne m'y attendais pas vraiment sauf à quelques pages de la fin, quand on a déjà reçu beaucoup d'informations. Par contre, cette conclusion est un peu glauque et peut choquer les âmes sensibles et cela permet de comprendre pleinement les suicides. Le graphisme est un peu différent du style habituel des comics. Je trouve qu'il lorgne plus vers la bande dessinée franco-belge, avec des dessins bien soulignés, bien délimités et un découpage classique. Qui plus est, les couleurs utilisées sont neutres, avec beaucoup de beige, de gris, de blanc et de marron. Par contre, quand l'histoire aborde le passé des protagonistes, on reconnaît plus un style graphique typiquement américain, plus nerveux et des couleurs plus vives. Cela permet de savoir immédiatement à quelle époque on est. Dans l'ensemble, c'est un album qui se lit très facilement, qui est très agréable, même si l'histoire reste peut-être un peu trop classique pour me séduire totalement (et ce malgré une fin qui sort un peu de l'ordinaire).
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B.P.R.D. - L'Enfer sur Terre, tome 3 : Le R..

Le dessin est confié à Tyler Crook. L'artiste garde une certaine logique par rapport au style de Guy Davis, tout y en amenant une nouvelle fraicheur. [...] Avec B.P.R.D. L'Enfer sur Terre, Mignola et ses acolytes ont prouvé que l'on pouvait faire aussi bien avec une série dérivée que la série mère !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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