Il est devenu clair que nous, les humains, nous sommes en train de détruire les conditions naturelles de notre propre existence; et il semble improbable qu’une société dans laquelle la force déterminante est le recherche du profit puisse renverser cette tendance.
La seule façon de changer le monde est de le faire nous mêmes et de le faire ici et maintenant.
La violence ne fait pas partie de la société que nous voulons créer et nous ne sommes probablement pas capables d’égaler en violence les forces capitalistes.
L’État continue de se présenter comme étant la voie du changement, un mirage d’espoir dans un désert de désespoir.
Pour le capital, la chose qui importe est de sceller à nouveau le caractère unitaire du travail, de montrer qu’il n’y a pas d’alternative à la production de valeur, pas d’alternative au travail qui fabrique de l’argent. Il ne doit pas y avoir d’échappatoire au travail.
La révolution ne consiste pas à détruire le capitalisme mais à refuser de le fabriquer.
C'est bien notre humanité qui pose problème au capital : notre attachement à des choses futiles qui ne cadrent pas avec le travail abstrait, comme faire ce qu'on veut, passer du temps avec des amis, comme exercer une résistance lorsqu'on nous en demande trop, comme avoir un sens de la justice et de la solidarité, comme ne pas faire attention, comme changer d'avis et de direction. Nous sommes la crise. La crise est notre refus de se soumettre, notre manque de subordination nécessaire.
Une brèche est alors un moment au cours duquel les rapports de domination sont brisés et d'autres rapports sont créés. C'est aussi un moment au cours duquel le rire fait une percée à travers le sérieux de la domination et de la soumission, non pas le rire individuel mais un rire collectif qui ouvre sur un autre monde.
La crise est une attaque contre nos modes de vie, mais c’est aussi un piège. Le capital nous invite sans cesse à lui rappeler à quel point il nous manque, à quel point nous l’aimons : reviens capital, reviens argent, donne-moi du travail, fais couler l’argent dans nos vies ! Voilà ce qui constitue la base des politiques traditionnelles de gauche : se battre pour le droit au travail. Mais le défi est de mettre la crise à l’envers, casser cet éternel retour à la soumission et dire au capital : « Non. Nous sommes la crise. Notre refus de devenir des robots à ton service est le rocher sur lequel les vagues incessantes de tes attaques viennent se briser. Il est maintenant temps pour toi de te retirer parce que nous avons autre chose à faire de nos vies. Nous voulons créer un monde qui a du sens.
Le temps du faire consiste à vivre maintenant dans le monde qui n’existe pas encore. En faisant cela, nous fixons l’agenda, nous devenons notre propre et véritable soleil.