AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de John Ross MacDonald (193)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le frisson

La première de couverture des Editions Gallmeister a sans doute été déterminante dans l'acquisition et la lecture de ce polar des sixties, plein de saveurs, d'images, d'humour et d'un suspense mené à bien jusqu'aux dernières pages.



Le titre du livre porte en lui-même un certain mystère suscitant l'envie de se plonger dans une intrigue au rythme tranquille qui peut faire frissonner de plaisir en savourant tous les grands moments du développement d'une histoire que l'on peut qualifier d'amour et de mort.



Le narrateur est le détective aux prises avec une enquête au cours de laquelle il dénoue progressivement les fils embrouillés du vécu plutôt malheureux de tous les personnages. Il structure sa démarche en une succession de chapitres constitués essentiellement de dialogues portant ses interrogations auprès des différents protagonistes et ils sont nombreux. Cette forme dialoguée fait à mon avis la richesse de ce roman noir où l'ennui ne survient jamais jamais, même si l'auteur prend le temps de décrire ses personnages, leurs contextes de vies, leurs traumatismes, leurs doutes et certitudes. Il travaille ses personnages pour aboutir à une apothéose qui conclut fort bien le roman.



On pourrait regretter que la jeune héroïne, figurée sans son visage en première de couverture, soit finalement plutôt absente au long des différents développements. Son personnage reste malgré cela -- et c'est sans doute le talent de l'auteur qui crée cette présence intense d'une absente -- au centre de tout le roman, apportant ce frisson permanent promis par le titre.



La multitude des thèmes abordés, psychologie, sentiments, carrière professionnelle, puissance dominatrice des uns, faiblesse d'autres, amour partagé ou non, tisse une toile qui ne perd jamais le lecteur pour autant qu'il reste concentré car tout finalement est essentiel dans le frisson.
Commenter  J’apprécie          840
Le corbillard zébré

Le très autoritaire Colonel Blackwell est inquiet : à vingt-quatre ans, sa fille Harriet doit hériter de sa tante à son prochain anniversaire. Or, la voilà entichée d’un peintre sans le sou au passé pas très net, qui semble user de plusieurs identités… A peine ce père a-t-il engagé le détective privé Lew Archer pour démasquer celui qu’il suspecte d'être un dangereux coureur de dot, que le jeune couple disparaît.





C’est un classique du polar noir américain des années soixante que remettent à l’honneur les Editions Gallmeister, par cette nouvelle traduction, pour la première fois intégrale, qui redonne vie au détective Lew Archer, personnage récurrent de Ross Macdonald. Fin psychologue au grand coeur, notre limier se retrouve plongé dans une intrigue compliquée qui réserve bien des surprises, tant couvent de troubles secrets derrière la respectable façade de la bourgeoisie californienne. Avec ses doubles ou triples fonds, l’histoire s’avère bien ficelée et ses protagonistes crédibles dans leur complexité. Peu à peu se dessine un tableau coloré, mais sans illusion, des différentes populations qui se croisent sur cette côte du Pacifique, à deux pas du Mexique : entre nantis qui cachent leur mal de vivre dans leurs somptueuses villas, et modestes employés aux vies misérables, évoluent marginaux en tout genre, artistes aiguillonnés par l’espoir de percer, surfeurs bigarrés un rien zébrés, joueurs de casino prêts à perdre l’argent du ménage...





Avec son rythme sans temps mort, son intrigue habilement tissée et ses révélations savamment distillées, cette très bonne enquête policière à l’ancienne est une fort agréable occasion de découvrir un écrivain réputé maître dans l’art du roman noir américain.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          748
Cible mouvante (Il est passé par ici )

Santa Teresa, Californie. Elaine Sampson fait appel au service de Lew Archer, détective de profession. En effet, son mari, Ralph Sampson, un riche magnat du pétrole, a disparu depuis l'après-midi de la veille. De Los Angeles, où il s'est rendu avec son pilote, Alan, à qui il a ensuite donné congé, il s'en est allé tout seul et n'a donné aucune nouvelle depuis. Ayant probablement bu, aux dires de ce dernier, sa femme redoute qu'il ne perde à nouveau toute retenue vis-à-vis de l'argent, sachant qu'il a donné une montagne et un pavillon de chasse à une sorte de gourou quelques mois auparavant. Lew Archer va devoir sonder toute la famille et l'entourage de ce milliardaire, de sa femme aujourd'hui handicapée à sa fille, Miranda, en passant par son pilote, son avocat, ou encore une certaine Fay, une actrice sur le déclin...



Ross MacDonald, ou l'art et la manière de nous plonger dans un pur roman policier... Une disparition inquiétante, peut-être du fric à la clé, une épouse pas si éplorée, une famille qui se déchire, un détective qui mène son enquête dans la plus pure tradition. Un brin baroque, ce roman ne fourmille ni d'hémoglobine, ni de courses-poursuites (max 80km/h !), ni de bagarres. L'auteur pose ici un regard cynique sur la société où hommes véreux ou vénaux, politiciens corrompus ou truands brillent par leur absence de morale. Les suspects, eux, ne manquent pas : de l'actrice ratée devenue Madame Soleil à la chanteuse à la voix rauque en passant par le pilote qui fricote un peu trop avec la fille de son patron ou encore ce gourou devenu une sorte de négociant. Lew Archer, de par son cynisme, son flegme et son sens de l'humour, détone au cœur de cette galerie de personnages et apporte une petite touche de légèreté. Bien huilée, cette intrigue à la plume un brin désuète et travaillée, nous plonge dans une ambiance toute particulière.
Commenter  J’apprécie          702
Trouver une victime

Pas de chance pour Lew Archer d'être tombé sur cet autostoppeur. Peinant à lever le bras, la bouche rouge de sang, le visage jaune. Alors qu'il tente de le mettre, tant bien que mal, dans sa voiture, il constate une blessure dans le torse. Aussitôt, il reprend la route et aperçoit les néons clignotants d'un hôtel, le Kerrigan's court. Dans le hall, il tombe sur le couple Kerrigan, Kate et Don. Lew leur demande de prévenir une ambulance. Malheureusement, celle-ci arrivera trop tard, l'homme décédant peu après son arrivée aux urgences. Obligé de rester sur place le temps de l'enquête, le détective privé apprend que la victime était Tony Aquista, un chauffeur qui travaillait pour l'entreprise Meyer, et que sa cargaison de bourbon haut de gamme a été dérobée. Lew Archer propose alors ses services à Meyer pour tenter de retrouver d'une part, les malfrats, d'autre part sa fille, Anne, gérante du Kerrigan's court, qui n'a pas donné signe de vie depuis plusieurs jours...



À Las Cruces, bourgade au sud de la Californie, Lew Archer, détective privé, y fera une halte imprévue afin d'aider un notable local à retrouver l'assassin de son chauffeur, la cargaison de son camion ainsi que sa fille cadette. Lew se retrouvera empêtré au cœur de sombres histoires familiales et conjugales. Autour du détective cynique et détaché gravite une galerie de personnages plus ou moins retors ou inquiétants : un shérif borné, un mari infidèle, une chanteuse naïve, une femme blessée ou encore des hommes sans scrupules. Au fil des pages, chacun révèle ses failles et ses blessures et le mystère s'épaissit autour d'une enquête crapuleuse. Ross MacDonald nous offre un roman noir pertinent et bien ficelé habité par des personnages complexes et servi par une plume riche et descriptive.
Commenter  J’apprécie          660
Le corbillard zébré

Dernier né chez Gallmeister, des aventures de Lew Archer, détective privé made in LA.

( Dernier né , mais pas tout jeune, puisqu'il est sorti aux USA en 1962...)



Lew vient d'être engagé par le colonel Blackwell, afin de retrouver sa fille unique qui s'est carapatée avec un artiste peintre sulfureux et sans le sou. Comme, Harriet Blackwell touchera un demi-million d'héritage (de par sa tante) à vingt-cinq ans, le colonel soupçonne le futur mari d'aimer plus la dot que la fiancée.

La piste des tourtereaux entraîne notre privé au Mexique, suivi d'un retour aux USA. Lew Archer suit les fugitifs avec l'acharnement d'un chien policier. Et la piste, telle des sables mouvants, change sans arrêt, de même que les suspects. Une fois apparu le mot " Fin", je peux certifier n'avoir rien deviné et m'être faite avoir comme une bleue au moins sur quatre coupables.



Les romans de Ross MacDonald se suivent et se ressemblent en qualité. Une petite pointe d'humour, un héros d'une honnêteté scrupuleuse qui ne dort littéralement jamais, et un petit côté "vintage" qui n'est pas pour me déplaire. On se croirait dans un vieux film en noir et blanc hollywoodien, et des fois, Bigre... ça a beaucoup de charme...
Commenter  J’apprécie          600
Le cas Wycherly

Aux abords d'un désert riche et laid se situe la petite ville prospère de Meadows Farms. C'est là que se rend, depuis Los Angeles, le détective privé Lew Archer. Il a rendez-vous avec Homer Wycherly, un riche industriel exploitant de pétrole, dont la fille, Phoebe, a disparu. Rentré la veille au soir d'une croisière luxueuse de deux mois en Australie et dans les mers du Sud, il apprend que celle-ci n'a plus mis les pieds à la fac de Boulder beach College depuis plus de deux mois et que personne ne semble l'avoir vue depuis lors. Il en est certain, il est arrivé quelque chose à sa fille. Il lui conseille notamment d'aller voir sa colocataire ainsi que son petit ami, Bobby. Mais surtout pas l'ex-Mme Wycherly, pourtant l'une des dernières personnes à avoir vu la jeune fille, avec qui les relations sont tendues depuis le divorce. Une enquête qui s'annonce compliquée pour Lew Archer d'autant que de nombreuses zones d'ombre surgissent...



Ross MacDonald met en scène Lew Archer, détective lucide, désabusé et fin psychologue, appelé cette fois-ci à la rescousse de Homer Wycherly. Entre meurtres de sang-froid, magouilles immobilières, petites frappes vénales, chantage, lourds secrets de famille et manigances, Le cas Wycherly va s'avérer beaucoup plus complexe et tendu que prévu. L'on suit, pas à pas, l'avancée de cette enquête, gorgée de rebondissements et de fausses pistes, jusqu'au dénouement final inattendu. Une intrigue parfaitement huilée, une galerie de personnages délectables et retors, des dialogues et des réparties ciselés, une ambiance sombre et un brin feutrée. Une enquête qui fait ressortir et les cadavres et les non-dits du placard. Un policier fort bien calibré !
Commenter  J’apprécie          590
Le Sourire d'ivoire (La grimace d'ivoire)

Je découvre Ross MacDonald sur le tard et ça me botte.



Ce que j'aime dans ces polars à l'ancienne, outre cette ambiance de flipper où chaque protagoniste ferait office de bumper, c'est ce temps ramassé .

Une enquête se jouant sur quelques jours alors qu'il est de coutume, désormais, de pratiquer l'aller-retour spatio-temporel un rien convenu histoire de prouver que le mal prend forcément ses racines dans le passé.



Lew Archer est sur la brèche.

Point de départ, la disparition de Lucy, femme de chambre potentiellement adepte du vol, non pas à l'étalage, mais de sa patronne, elle-même amatrice féroce de pétage dans la soie.

Aux dires d'Una Larkin venue embaucher ce privé, Lucy, c'est rien qu'une malfaisante qu'il conviendra d'appréhender rapido.



Bienvenue en Californie où tout ne semble pas que luxe et volupté.

Non.

Disparitions en série assorties d'entubages collectifs parviennent à s'y faire une place au soleil, itou.



Lire MacDonald, c'est se frotter au genre humain dans tout ce qu'il a de plus sordide, de plus cupide.

Archer, privé essentiellement gavé à la répartie virile mais correcte légèrement saupoudrée d'ironie désabusée, le connait bien, ce milieu.

Plus rien ne le surprend exceptées des apparences qui paraitraient vraiment ce qu'elles sont, et encore.



Une nouvelle enquête rondement menée à base d'opiniâtreté farouche et de guide de survie dans un panier de crabes hostile.



Très bon moment.
Commenter  J’apprécie          5611
Trouver une victime

Les romans de Ross MacDonald sont bourrés de charme, celui-ci ne fait pas exception. Publié en 1954, il a évidemment un petit côté vintage (Ici pas de téléphone portable, pas d'ordinateur, pas de traces ADN…) et je trouve ça reposant.

Mais il n'y a pas que ça, ils sont très bien écrit. Poésie et phrases percutantes se côtoient sans temps morts et surprennent le lecteur, l'entourloupent, le séduisent …

On retrouve son héros-détective, Lew Archer qui n'a vraiment pas de bol de tomber dans chaque roman, sur des cadavres… En voyage professionnel , il tombera sur un auto-stoppeur inconscient et gravement blessé , lequel le mènera vers un vol de camion. le temps d'un entretien avec le shérif local, il fricotera avec la femme d'un autre, croisera deux adultères , un père incestueux et des cadavres .

Au moins trois cadavres…



Las Cruces est une petite ville presque fantôme sous la plume de Ross Macdonald, seuls y évoluent une poignée de personnages . L'histoire est pleine de rebondissements mais curieusement ce n'est pas le suspens qui séduit le plus. Ce qui "claque " chez Macdonald, c'est l'écriture, c'est le style. Et du style , il en a à revendre.

Qui est la victime ? celle qui est morte ou celle qui est vivante mais , à qui on a fait du mal ?

Trouver une victime...Un roman noir classe, très très classe...
Commenter  J’apprécie          541
Le corbillard zébré

Le colonel Blackwell engage le détective Lew Archer afin qu’il enquête sur son future gendre, le dénommé Burke Damis. Il souhaite faire avorter l’intention de sa fille, Harriet, de se marier avec cet artiste coureur de dote. Mais l’enquêteur californien va vite se rendre compte que le prétexte de sa mission est l’arbre qui cache la forêt, et une forêt remplie de cadavres et d’un corbillard zébré…

Nouvelle enquête du célèbre Archer, l’une des meilleures. Ross Macdonald nous entraîne dans une histoire pleine de rebondissements et de surprises dont on ne soupçonne pas l’issue jusqu’à la dernière page.

« Le corbillard zébré » recèle tous les ingrédients du très bon polar, des dialogues plus vrais que natures, l’humour noir de l’enquêteur, une intrigue inextricable. Ross Macdonald est au meilleur de sa forme et déborde d’imagination.

Traduction savoureuse de Jacques Mailhos.

Editions Gallmeister, Totem, 329 pages.

Commenter  J’apprécie          530
Cible mouvante (Il est passé par ici )

Voilà un petit roman pris complètement par hasard et qui m'a surpris dans le bon sens .

Sorti en 1949 , ce livre est le premier d'une série noire mettant en scène Lew Archer, détective privé .

Mandaté par madame Sampson , dans le sud de la Californie, afin de retrouver son époux disparu, Lew Archer va petit à petit se rendre compte que ce millionnaire fréquentait des personnes peu recommandables , actrice en fin de course devenue plus ou moins astrologue, gourou mystique à qui il a fait don d'une montagne ... Monsieur Sampson , homme d'affaire millionnaire ne savait plus quoi faire de sa peau , et ce ,depuis le décès de son fils . Soupçonnant un kidnapping réalisé par ses nouveaux amis de la "night," Lew Archer sait que le temps presse .

Aidé par l'avocat (de l'homme d'affaire ) qui aimerait épouser la fille Sampson, et par le pilote d'avion privé du millionnaire, (le dernier à l'avoir vu ), qui lui ,se "tape "la fille , notre détective donne aussi dans le coatching des affaires privées ...

Raconté comme ça , je vous donne peut-être l'impression qu'il y a un suspens de dingue , mais pas du tout .

Ce qui prévaut, c'est le style . Ross Macdonald a une façon particulière et originale d'écrire, empreinte de poésie et d'humour . Chaque mot est choisi avec précision, et c'est un régal littéraire .

Comme ce roman date de 1949, l'auteur installe certains codes du roman noir et cela a du charme ... Ballade en voiture sur les collines californiennes, boite de nuit, filatures nocturnes, et privé un brin désabusé .

J'ai appris en refermant mon livre que les deux premiers tomes de la série avaient été adaptés au cinéma avec Paul Newman dans le rôle de Lew Archer . (Au fil de ma lecture je l'ai imaginé beaucoup moins beau, si j'avais su ! Vous voilà prévenu(e)s.)



Un beau, des brutes et des truands , pas beaucoup de suspens , mais beaucoup de finesse ...dans un monde de brutes .

Commenter  J’apprécie          532
Trouver une victime

« Trouver une victime », publié 1954, fait partie de la série consacrée aux enquêtes menées par Lew Archer. Son auteur, Ross Macdonald, est sans doute le romancier le plus méconnu du « triangle d’or » du roman noir qu’il forme avec Dashiell Hammett et Raymond Chandler. Si les années cinquante nous apparaissent rétrospectivement comme une forme de jardin d’Eden oublié, ses romans nous rappellent que la cupidité, la duplicité, et la folie ne sont pas l’apanage exclusif de notre époque.



Le charme de la série doit énormément à son héros Lew Archer. Après une jeunesse tumultueuse, ce dernier s’engage dans l’armée pendant la seconde guerre mondiale, puis rejoint les rangs de la police qu’il quittera écoeuré par la corruption qui y règne. Divorcé et beau garçon, le héros de Ross Macdonald se lance comme détective privé dans la Cité des Anges. Son ironie acide, le regard désabusé parfois teinté de mélancolie qu’il porte sur ses contemporains, son inaltérable honnêteté, son peu de goût pour l’argent ainsi que son remarquable swing du droit en font un personnage terriblement attachant. Lew évoque inévitablement Marlowe, mais aussi les personnages qui lui succèderont, tels que Harry Bosh ou Dave Robicheaux, deux anciens du Vietnam qui hantent les longues séries imaginées par Michael Connelly et James Lee Burke.



« C’était l’auto-stoppeur le plus épouvantable qui m’eût jamais fait signe. Il s’était redressé à genoux dans le fossé, avait levé un bras. Ses yeux étaient des trous noirs dans son visage jaune, sa bouche une brillante tache de rouge comme un sourire de clown ».



C’est ainsi que commence le roman : Lew Archer tente, en vain, de sauver un auto-stoppeur sur le point mourir. Intrigué par la mort du jeune homme, la disparition d’un camion chargé d’une impressionnante cargaison d’alcool, le détective privé va se lancer sur les traces de la fille du propriétaire, elle aussi disparue, et s’attarder plus que de raison dans la petite ville de Las Cruces.



Si l’intrigue est habilement menée, le magnétisme du roman tient évidemment à son ambiance noire, que n’aurait pas reniée Raymond Chandler. Lew Archer n’est jamais très loin lorsque les macchabées s’accumulent. Son sens de l’esquive et sa droite bien ajustée lui permettent de se sortir de situations mal engagées, même si notre héros est parfois pris en traître par un crochet du gauche qui fait mouche et l’envoie sombrer dans un sommeil aussi opaque qu’une nuit sans lune. Les femmes fatales et des jeunes filles délurées hantent le récit, et s’il arrive que notre détective désabusé ne soit pas insensible au charme d’une épouse délaissée, il se conduit néanmoins toujours en gentleman.



« Trouver une victime » touche juste lorsque Ross Macdonald nous fait partager le regard de son héros sur la faune locale, un regard qui mêle une ironie mordante à un désenchantement existentiel. Mais là où le romancier fait véritablement mouche, c’est lorsqu’il insuffle une forme de grâce, de poésie un peu décalée au récit, lorsqu’il quitte un instant le rivage de son intrigue pour rejoindre celui de la beauté d’un monde qui disparaît dans le rétroviseur de Lew Archer.



« Un liseré de chaux blanche apparut d’abord tout au long de l’horizon, puis le ciel s’embrasa aux couleurs d’un juke-box. Le soleil claqua dans mon rétroviseur comme une pièce de monnaie brillante brusquement éjectée d’une machine. Le désert caméléon pastichait le ciel, les arbres de Josué s’inclinaient comme des déments vers l’avancée de l’aube. »
Commenter  J’apprécie          528
Noyade en eau douce (Cadavre en haut douce)

Hou la la ! Il est noir le ciel de Californie !

Oubliez les piscines bleu azur , le ciel bleu azur et les palmiers . Le second volet des aventures du détective privé Lew Archer est à la hauteur du premier .

Quand Maude Slocum devient sa nouvelle cliente , notre héros a bien l'impression qu'elle ne lui dit pas tout . Cette dernière a reçu une lettre anonyme l'accusant d'avoir un amant , et aimerait que cela cesse sans que son mari en soit informé . Ce couple vit plus que modestement sous la coupe de la belle-mère de Maude qui est assise sur un tas d'or , le sous sol de sa propriété étant convoité par la Pacific Refinery Company. On est en 1950 , et apparemment la Californie est en train de changer , ça bétonne aussi pas mal ...

Entre les hommes d'affaires véreux ( à la limite de la pègre?) , la mésentente du couple (le mari étant homosexuel) , le divorce inenvisageable (on est 1950) , le mystérieux amant, le secret de Maude , Lew Archer aura fort à faire pour surnager dans ce panier de crabe et mettre à jour la vérité .

Ici les liens familiaux ou liens du sang sont au centre de tout et notre privé ne lâche rien . Famille bancale, névrosée , malheureuse . Mais famille au soleil ...

Quand un cadavre échoue dans la piscine [bleue azur ], les palmiers n'auront plus qu'à frémir ...

Ross Macdonald vos plongera dans le noir , très noir agrémenté d'amusantes répliques et autres jeux de mots bien cyniques .

Autre atout qu'il n'avait pas prévu , ses romans sont devenus délicieusement vintage .

Cette série est faite pour vous si vous aimez les auteurs jouant avec les mots plutôt que les romans où le suspens se joue de vous ...
Commenter  J’apprécie          490
L'affaire Galton

Un roman policier avec une véritable intrigue policière, voilà à quoi j'ai affaire de moins en moins souvent. Il est vrai que je lis de moins en moins de romans policiers depuis des années, justement parce que je me suis lassée de toutes ces histoires où l'intrigue n'est qu'un très vague prétexte. C'est très notable dans beaucoup de policiers historiques ; je ne nie pas avoir acquis quelques connaissances historiques via ce type de romans, mais enfin, c'est un peu facile de se servir du genre policier : on ne va pas très loin dans le genre du roman historique, et on n'exploite finalement que peu le potentiel du roman policier. Je ne nie pas non plus apprécier la lecture d'un roman dit policier juste pour le plaisir de retrouver une certaine ambiance, souvent tranquillou, mais là on est dans un type de lecture précis : la lecture-chausson (parce que c'est confortable comme de bons vieux chaussons). Dès qu'on a envie de s'aventurer un peu plus loin, on atteint très vite la limite des lectures-chaussons. Et à part pour la série Erlendur que j'ai découverte récemment et que j'ai trouvé plus que correcte (mais je n'ai lu que deux tomes), je suis donc de plus en plus méfiante vis-à-vis des romans policiers. Vous me direz que je les choisis peut-être très mal, et vous aurez peut-être raison.





Dans le cas de L'Affaire Galton, j'ai apprécié d'être transportée dans la Californie des années cinquante avec le détective Lew Archer. Mais surtout, l'intrigue tient ses promesses. Une histoire de vieille femme milliardaire, ou quelque chose dans le genre, qui tient à retrouver son fils disparu depuis plus de vingt ans. Mission apparemment impossible, donc enquête a priori inutile. Sauf qu'une seconde affaire éclipse la première. Sauf que non. Ross Macdonald ne nous a pas fait le coup des deux intrigues parallèles, dont on se demande pendant de nombreuses pages si elles ont un lien ou pas - le genre de policier où est forcément déçu, vu que lorsque les deux intrigues se rejoignent, on se dit que c'est bateau, et que lorsqu'elles ne se rejoignent pas, on se dit que, vraiment, à quoi bon ? Là, rien de tout ça, le doute est très vite levé et Archer trouvera quelque chose, puis autre chose, puis autre chose encore (et je ne vous dirai pas quoi, évidemment).





Vu le début, je m'attendais à quelque chose d'incisif, de critique sur la bonne société californienne. C'est plus ou moins laissé de côté. de même, je pensais ressentir la chaleur de la Californie, évoquée par le narrateur. Non. C'est un peu dommage. Mais dans l'ensemble, c'est un policier qui se respecte, qui se lit très bien, qui est agréable (sinon joyeux). La personnalité à la fois ordinaire et un brin désabusée de Lew Archer donne le ton, avec de petites touches d'humour, sans en faire trop non plus.





Le gros bémol concerne la traduction de chez 10/18, parfois curieuse. Comme Gallmeister a racheté les titres de Ross Macdonald et qu'une nouvelle traduction est disponible chez eux, il est probablement plus judicieux d'opter pour cette édition.


Lien : https://musardises-en-depit-..
Commenter  J’apprécie          481
Les oiseaux de malheur (La Malédiction des Ha..

Je continue mon exploration de l'œuvre de Ross MacDonald, avec ce roman paru en 1958...

Sorti de son lit par un inconnu sonnant à sa porte, Lew Archer ( notre détective privé récurrent ) se retrouve bien malgré- lui, propulsé dans une enquête dont les tenants et aboutissants sont bien impénétrables.

Ce visiteur étant échappé d'un asile , peut-on accorder du crédit à ses dires ? Sa mère s'est suicidée. Il aurait provoqué la mort par arrêt cardiaque de son père… Culpabilité sous fond de captation d'héritage et d'adultère; on peut dire qu'il ne fait pas bon, faire partie de la famille Hallman.

Un roman noir, plus ou moins construit comme des poupées ruses, où le coupable à la fin n'est pas forcément celui qu'on croyait au début.

Ross MacDonald est égal à lui-même : dialogues caustiques et détective privé un chouia ironique et désabusé mais qui ne lâche rien .
Commenter  J’apprécie          420
À chacun sa mort

Roman trouvé en boite à livres. Je ne connais pas du tout cet auteur mais j’aime bien l’édition 10-18 grands détectives, j’y fais souvent de bonnes découvertes. Le résumé m’a intrigué et petit plus, le roman est très court, moins de 250p.



Ce roman appartient à une série où le personnage principal, un détective privé, est récurrent. Celui-ci est le troisième tome. Dès le premier chapitre, on rentre dans le vif du sujet, une mère embauche notre détective pour retrouver sa fille de 24 ans qui a disparu depuis 3 mois sans laisser d’adresse. Les chapitres sont courts, le détective va d’indices en pistes pour retrouver cette jeune femme. L’auteur va à l’essentiel et ne s’encombre pas de détails superflus. Et avant même qu’on ne s’en aperçoive, on se retrouve avec un vrai sac de nœuds sur les bras. C’est d’ailleurs intéressant de voir comment l’auteur nous y amène incidemment. Son style est simple mais très efficace. Même après s’être acquitté de sa tâche, son enquête continue car il veut démêler toute cette histoire, même s’il doit se mettre en travers du chemin de la police… J’ai essayé de résoudre toute cette histoire mais j’étais encore loin du compte. Ce roman ne fait que 220p et pourtant, l’histoire est très bien ficelée de bout en bout. On n’a pas le temps de s’ennuyer, les évènements s’enchaînent vite et bien, ce détective privé est très efficace et il fourre son nez partout, même dans le linge sale des gangs. Le style de l’auteur est simple, sans fioritures ni blablas inutiles. Simple mais efficace.



Comme vous l’aurez compris, c’est donc un coup de cœur pour cet auteur décédé depuis 36 ans. Dès que je peux, je continue la découverte de sa bibliographie et principalement de sa série avec Lew Archer. Aux amateurs de romans policiers et de l’Amérique des années 50-60, je vous conseille très fortement de découvrir cet auteur et son personnage principal. Comme quoi, on peut trouver des livres très intéressants en boite à livres.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
Commenter  J’apprécie          374
Cible mouvante (Il est passé par ici )

Ralph Sampson, un homme d'affaires, disparaît mystérieusement. le privé Lew Archer est chargé de le retrouver et va devoir rencontrer des gens peu fréquentables dans des endroits plutôt louches. Ross Macdonald utilise tous les codes des romans noirs de la fin des années 40. Nous suivons donc une enquête basée sur un schéma très conventionnel avec des personnages stéréotypés. Ross Macdonald excelle dans la description d'une drôle de faune, mais surtout nous offre de savoureux dialogues.
Commenter  J’apprécie          350
Le frisson

Lew Archer est un détective privé de la Côte Ouest, spécialisé dans les affaires familiales délicates. Quand Alex Kincaid vient le cueillir à la sortie du tribunal pour lui faire part de la disparition de sa jeune épouse au lendemain de leurs noces, son attention est attirée par le côté insolite de l'affaire. Or, c'est bien connu, plus on creuse, plus on trouve et Lew Archer manie parfaitement la pelle ; quitte à exhumer quelques cadavres aussi inattendus que compromettants...



J'ai d'abord été attirée par la couverture un rien girly de ce roman des éditions Gallmeister. Il faut reconnaître que les couvertures de leur collection "Totem" sont justes superbes. Achat d'impulsion, "Frisson" est une belle découverte. D'abord, j'aime beaucoup le côté rétro de l'Amérique des sixties ; ensuite, le verbe est fluide, les pages se tournent toutes seules. Les chapitres courts ménagent rythme et suspense ; le détective Lew Archer a du charisme avec une pointe de nonchalance à la Colombo qui n'est pas pour me déplaire. Saupoudrez d'un soupçon d'action et de quelques cogitations, vous obtenez un roman policier de bonne facture qui tient ses promesses.





Challenge MULTI-DEFIS 2022

Challenge XXème siècle 2022

Challenge TOTEM
Commenter  J’apprécie          330
L'affaire Galton

Un polar envolé plein d'humour, surtout dans les dialogues. Et la photo de couverture est trop drôle avec ce squelette tenant une arme. Sentant la mort approchée, une vieille femme riche veut retrouver son fils alors qu'ils se sont fâchés il y a une vingtaine d'années. C'est le détective Lew Archer qui sera choisi par son médecin. Lorsqu'il s'y rend pour les conditions, un homme lui vole sa voiture après avoir tué le gardien. Y'a-t-il un lien ? Une enquête pleine de rebondissements sur plusieurs états d'Amérique, avec au passage, un soupçon d'imposture et un squelette qui ne claque plus des dents.
Commenter  J’apprécie          334
L'affaire Galton

Mais quelle affaire ! On y perdrait son chapeau et même la tête dans cette ébouriffante enquête du détective Lew Archer. En tout cas, ce détective privé pas comme les autres, ne perd pas le fil de sa mission et son sens de l'humour bien corsé comme j'aime malgré un imbroglio de meurtres et une galerie de personnages au caractère bien trempé.

Nous sommes dans les années 1950 en Californie et ce décor cinéphile me fait inévitablement penser à Hollywood car pour moi les personnages du roman de Ross Macdonald jouent un jeu d'acteurs époustouflant. Une riche veuve souhaite retrouver son fils Anthony Galton avec qui elle s'est fâchée il y a une vingtaine d'années et dont elle n'a plus aucune nouvelle depuis.

A partir de là, tout s'enchaîne à une cadence folle, les pages m'ont fait faire des kilomètres en avion de la côte sud jusqu'à San Francisco bay et des voyages dans le passé au temps des malfrats et de la prohibition des années 30.

L'affaire Galton, c'est du noir, de la dérision et une bonne dose de personnages pittoresques qui ressemblent à des poupées gigognes tant il est difficile de cerner qui ils sont réellement et de percer les liens qu'ils entretiennent avec le disparu.

La traduction donne un ton enlevé et un rythme endiablé au roman, c'est un pur régal ! Jacques Mailhos restitue à merveilleuse l'atmosphère d'un bon vieux film en noir et blanc américain.

J'ai adoré les descriptions des lieux ou les traits des personnages avec des comparaisons loufoques qui m'ont fait bien sourire « Le Dr Dineen vint nous ouvrir vêtu d'une antique veste d'intérieur en velours rouge qui me rappela la luxueuse décoration des anciens wagons de train ».

La disparition d'Anthony Galton donne donc bien du fil à retordre à ce cher détective qui ne perd pas pour autant son self-control et que je découvre ici avec énormément de plaisir pour la première fois.

Le monde peut bien s'écrouler, il restera Lew Archer.



Un très grand merci à Babelio et aux éditions Gallmeister de m'avoir fait découvrir le génie du roman noir de Ross Macdonald !
Commenter  J’apprécie          332
Le Sourire d'ivoire (La grimace d'ivoire)

« Je suis du côté de la justice, quand j'arrive à la voir. Quand je n'y arrive pas, je suis du côté des pauvres gars. » Cette déclaration résume la vision éthique et humaniste de Lew Archer. Lorsqu'il croise le chemin d'une vieille indienne fouillant une poubelle, il est saisi par l'intensité de son regard chargé d'humanité. Il dénonce le racisme latent de la société américaine dans plusieurs passages. La ville de Bella City est composée de deux communautés distinctes, la première est blanche et aisée, la seconde est populeuse et est noire ou hispanique. Une infirmière de couleur peine à trouver un emploi correspondant à ses qualifications. Elle ne peut pas réserver une chambre d'hôtel. Une mère accepte les fantaisies et les fugues de son fils prodigue mais elle se sentira insultée si vous insinuez qu'il est parti aux bras d'une Afro-américaine. Enfin, il y a le comportement du lieutenant de police qui étale sans complexe ses préjugés raciaux. A ses yeux, un suspect noir est forcément coupable. Il faut garder en tête que le roman a été publié en 1952 dans un pays où des villes appliquent toujours la ségrégation raciale dans les écoles publiques. Cette dénonciation est donc loin d'être anodine.



Pour ce qui est de l'enquête, Archer déclare : « Il y a beaucoup de monde dans cette affaire, alors ça ne peut pas être simple. » Et effectivement, l'histoire est complexe. Une femme petite et trapue se présente au bureau du détective sous une identité qui s'avèrera fausse. Elle demande à Archer de trouver une ancienne employée qui serait partie en emportant des bijoux. Il la trouve quelques heures plus tard mais il va découvrir que cette jeune femme de couleur est liée à une autre affaire. Une millionnaire californienne offre une récompense de cinq mille dollars à toute personne qui retrouverait son fils Charles, disparu mystérieusement depuis plusieurs jours. Archer traversera des quartiers populaires et foulera le gazon de résidences luxueuses et il rencontrera au cours de son enquête plusieurs spécimens de la faune californienne : un médecin dépravé, un truand syphilitique, une beauté fatale & fanée, un peintre atypique…



Le récit est admirablement construit autour de la fameuse énigme : « Où est Charlie ? ». J'apprécie particulièrement les descriptions de Ross Macdonald « 5L'asphalte de la nationale se déroulait sous mes phares comme un vieux ruban de machine à écrire »), sa douce ironie (« des hommes qui n'ont jamais vraiment à prendre le moindre risque. Sauf peut-être pour ce qui concernait leurs choix d'épouses » et avant tout, son humanisme.

Commenter  J’apprécie          331




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de John Ross MacDonald (583)Voir plus

Quiz Voir plus

CHARLEMAGNE

Roland était le cousin de Charlemagne

Vrai
Faux

10 questions
62 lecteurs ont répondu
Thèmes : histoire , carolingiens , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}