Il avait besoin d'air. Il marcha longtemps, entre chien et loup, longeant la mer sur la plage de sable noir. Il pensait au mouvement de la terre, des étoiles et de l'univers, qui continuait inexorablement de grandir.
Il trouva l’église sur le bord de l’Adige, bien cachée au milieu d’un groupe d’immeubles, à cent mètres du pont de Castelvecchio. Il hésita un instant et entra. A l’exception de deux ou trois personnes qui priaient, elle était déserte.
Il avança vers l’autel entre deux rangées de bancs, et s’assit à l’extrémité de l’un d’eux. L’intérieur était lumineux, dépouillé, les colonnes et les murs simplement rayés de rouge et de blanc. Au bout de quelques instants, il entendit un étrange murmure, sur sa droite, qui provenait du confessionnal adossé au mur du bas-côté longeant la nef. Il voyait dépasser une paire de jambes agenouillées, dont la pointe du pied droit tapait de petits coups réguliers contre le sol.
Il était trop loin pour entendre ce que disaient ces voix, mais bercé par leurs chuchotements très lents, il s’endormit. Dans son rêve, l’église devenait un immense labyrinthe dans lequel il errait. Chaque porte donnait sur de nouvelles salles aux dimensions de plus en plus réduites. Le manque d’espace l’oppressait, il se sentait devenir fou. Les dernières bribes dont il se souvenait étaient les plus terrifiantes : au son de cloches, de petites araignées grimpaient sur son corps. Il les poussait avec ses mains, mais elles revenaient de plus en plus nombreuses, jusqu’à ce qu’elles le recouvrent complètement.