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Critiques de Jorge Franco (32)
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La Fille aux ciseaux

Messieurs, ne vous approchez pas trop près de Rosario Ciseaux. Cette fille sublime est dangereuse, elle a grandi dans les bas-fonds de Medellín, avec la mort et la violence comme compagnes d'apprentissage. Elle a gagné son surnom en se vengeant à coups de ciseaux d'un sale type qui a voulu abuser d'elle. Recrutée ensuite par les pontes du narcotrafic, elle n'hésite pas à exécuter froidement ses missions, juste après avoir déposé un baiser mortel sur les lèvres de sa victime.

Voilà, Messieurs, cela vous donne une idée de son CV.

Tout cela, Emilio et Antonio le savent bien, et pourtant ils sont fous amoureux de cette fille magnétique et vénéneuse, et ils ont bien failli s'y brûler les ailes. Emilio, c'est celui qui a osé consommer son amour, et qui affiche avec arrogance son statut de fiancé officiel. Antonio, le narrateur, lui, se consume et se berce d'illusions. Il est d'autant plus torturé que c'est à lui que Rosario confie ses semblants d'états d'âme, c'est lui qu'elle a appelé au secours après trois ans sans nouvelles, c'est lui qui attend à l'hôpital où il vient de l'emmener, criblée de balles après une mission foirée.

Et pendant qu'il attend, il se remémore cette descente aux enfers où Rosario les a entraînés, lui et Emilio, les jeux mortels auxquels ils ont accepté de jouer, accros à ses beaux yeux, à la drogue et à l'adrénaline, les tentatives de décrochage avant la coupure définitive des liens trois ans plus tôt, et maintenant ces retrouvailles juste avant l'agonie.



Si Rosario est le personnage principal de cette sombre histoire, la Medellín des années 90 en est la toile de fond, avec sa panoplie de crimes, de violences, de drogues, d'argent et de prostitution. Un cocktail qui ne fait pas bon ménage avec les sentiments, mais qui donne un fameux roman noir. Court, intense, sensuel et fougueux, c'est un beau portrait de femme mais aussi un beau roman d'amour, à la vie à la mort.



En partenariat avec les Éditions Métailié.
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Le ciel à bout portant

Medellín, 2 décembre 1997. Pablo Escobar est abattu par la police. La mort de l'un des plus célèbres narco-trafiquants de la planète sonne le début de la fin du cartel et de son règne sans partage sur la société colombienne. L'appareil judiciaire, les victimes du baron de la drogue et les cartels concurrents sont aux trousses des lieutenants d'Escobar. Parmi eux, Libardo est de plus en plus nerveux. Il craint pour son argent, sa liberté, sa vie. Marié à Fernanda, une ex-miss Medellín, et père de deux adolescents, Larry et Julio, il gamberge : continuer comme avant, faire profil bas, se cacher, s'exiler, se battre pour garder le pouvoir... La question tourne court lorsqu'il est porté disparu.

Medellín, 30 novembre 2005. Larry, le fils de Libardo, rentre en Colombie. Il vit à Londres depuis des années, mais revient au bercail pour enterrer les restes de son père qui viennent d'être découverts. Après un vol éreintant, il veut seulement revoir sa mère et dormir. Mais c'est son ami Pedro qui l'attend à l'aéroport, et qui le traîne à travers la ville et la nuit pour célébrer l'Alborada, une fête populaire avec musique à fond, alcool, drogues et pétards jusqu'à l'aube.



A ces deux fils narratifs qui s'entrecroisent, l'auteur en ajoute un troisième, aussi ténu et fragile que l'espoir et l'optimisme qui subsistent chez Larry lorsqu'il réalise que son pays est encore terriblement marqué par l'époque noire des cartels. Un troisième fil, donc, celui du vol Londres-Bogotá, dans lequel Larry a rencontré Charlie, une jeune Colombienne dévastée par le décès de son propre père.

Comment vit-on quand on est le fils d'un haut sbire du Roi de la cocaïne ? La génération des enfants du narco-trafic n'avait rien demandé, la voilà qui se coltine le poids du passé et l'ombre de pères criminels. Jusqu'à la mort d'Escobar, Larry et son frère savaient sans savoir, profitant d'une luxueuse maison bardée de gardes du corps et de la fortune de leur père. Les rumeurs d'explosions, d'enlèvements, de tueries, de règlements de compte, de corruption, parvenaient jusqu'à eux, atténuées par la toute-puissance du cartel. A compter de la disparition de son père, Larry a voulu fuir son enfance et son monde en perdition. de retour après douze ans, il découvre une ville, qui n'était que drogue, violence et mort, désormais plongée dans la folie d'une fête effrénée et décadente.



J'ai beaucoup aimé ce roman. On y sent l'odeur de la poudre, la peur et la nostalgie d'une époque qu'on ne voudrait pourtant pas revivre, et la crainte d'un futur sans repères. Avec ses personnages complexes, dont certains très attachants, son réalisme désespérant, quelques scènes émouvantes et sa construction parfaitement maîtrisée, "Le ciel à bout portant" est captivant comme un feu d'artifice.



En partenariat avec les Editions Métailié.

#rentreelitteraire
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La Fille aux ciseaux

D'un coté, il y a Antonio et Emilio, fous amoureux de Rosario, la femme fatale de Colombie. Rosario aime Emilio mais se confie à Antonio. le triangle amoureux de Medellín semble aussi dangereux et fatal que le triangle des Bermudes. de l'autre coté - ou de partout autour, il y a la belle Medellín, cette ville sublimement parée de lumière et de violence.



Rosario se retrouve à l'hosto, une balle en plein coeur, Antonio le coeur déchiré à son chevet. Rosario, la fille aux ciseaux. Ne me demande pas d'où lui survient ce surnom, ça risque de faire mal à ta virilité masculine. Oh oui, j'ose imaginé, mais putain que ça doit faire mal... Aussi mal qu'un coeur brisé. Et si je suis avec plaisir la jeunesse de ce trio dans ce qui ressemble à une chevauchée fantastique dans la nuit et la violence, c'est surtout pour découvrir les lumières de la cité colombienne, ses obscures ruelles et ses étoiles qui veillent tard dans la nuit. Roman nocturne sous les néons blafards de l'hôpital.



Les lumières de Medellín s'illuminent dans la chaleur de la nuit. Entends-tu les coups de feu déchirer le ciel étoilé ? Crois-tu à l'amour proclamé de ces prostituées agenouillées ? Regardes-tu ces aiguilles plantées dans des corps presque inanimés. Violence, sexe et drogue, ou s'est donc enfui le rock'n'roll ? Dans le noir, dans le sombre, dans les ruelles puantes de pisse et maculées de sang. La fille aux ciseaux, recommandée par le syndicat d'initiative de Medellín, propose ainsi une ballade nocturne, une ritournelle du désespoir, un voyage sombre et sans issue, dès la première page vers une musique chaude aux relents de mort. Merci.



Antonio, Emilio et Rosario, la fascination macabre à marcher sur la corde raide de la vie et de la mort, le long des trottoirs dangereux de Medellín.
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Le ciel à bout portant

Ce que j’ai ressenti:



▪️Un rendez-vous avec le ciel de Medellín…



Les feux d’artifices explosent, l’Alborada bat son plein, et la Colombie se raconte dans un tourbillon de vie et de mort et Le ciel à bout portant est magnifique…Ce roman noir, c’est des histoires entrelacées, d’amitiés et de familles qui éclatent avec grand bruit dans l’euphorie de cette fête populaire…On prend conscience de la réalité effroyable des cartels, des grammes de drogues qui s’échangent, de la peur au ventre, des litres de sang versés, des plaintes vers le ciel et de l’odeur réconfortante du café, grâce à la plume bouleversante de Jorge Franco. Encore une fois, je me retrouve sous le ciel de Medellín en 2020, et j’aime l’ambiance de cette ville que l’auteur arrive avec brio à faire ressortir. Il a quelque chose de dangereux et en même temps, de profondément vivant qui est venu me toucher, et j’aimerai maintenant voir de mes yeux, ce ciel rempli de ces couleurs explosives!



"-Plutôt mourir d’une balle que mourir de tristesse."



▪️A compter chaque minute de chagrin…



À naître comme ça, dans un noyau familial fait violences, on ne peut que récolter des tragédies toutes plus sombres les unes que les autres. Larry est le fils d’un narco-trafiquant redoutable, et sa vie est un champ de ruines qu’il a préféré fuir…Dans l’avion qui le ramène au pays, il rencontre Charlie, elle aussi, toute juste orpheline de père, et dans ce drame qui les réunit simultanément, il entrevoit une possibilité d’amour. Mais que peut bien vouloir dire cette petite étincelle face à la mort? Personne n’imagine l’ampleur de la douleur de perdre un père. Chaque minute de désarroi qu’il faut pour intégrer l’idée de l’absence. Larry tout comme Charlie, comptent chaque minute écoulée sans la figure paternelle. Et c’est dans cette douleur cruelle, que Larry va devoir revivre à travers ses souvenirs, le passé sulfureux de Librario, ce père mafieux. De flash-back en minutes solennelles, on est confronté à la dérive d’une génération broyée par le monde de la drogue. C’est saisissant!



"Il ferma les yeux pour réfléchir à la possibilité d’acheter des minutes faites de temps, de passé et de futur,des minutes à garder comme des souvenirs ou à jeter à la poubelle et à oublier complètement. Des minutes sous la main en cas de besoin, pour les utiliser à un moment urgent, pour quand la dernière minute viendra, pensa Larry."



▪️ Quand ton cœur pulse avec les pétards…



J’ai adoré cette nouvelle virée en Colombie, je ne me lasse pas de la plume immersive de Jorge Franco. Je lui trouve une émotion particulière et des moments de poésie qu’il arrache, avec une étrange élégance, à ses vies de violences…J’aime la délicatesse et la puissance qu’il sait mettre dans ses mots pour nous parler de son pays. Je suis totalement sous le charme des vibrations de la littérature sud-américaine, et cette histoire restera là, à briller encore de mille feux dans ma mémoire, comme le charme d’une nuit volée à l’Alborada.



"-Au fait, mec, je t’ai souhaité la bienvenue en enfer?"





Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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La Fille aux ciseaux

Ce que j’ai ressenti:



▪️ ♫Excuse-moi Partenaire, de te parler comme ça♫ …Mais il va falloir éteindre la passion dans tes yeux, Partenaire. Reprendre tes esprits et ton cœur en miettes…Rosario se meurt et c’est dans un dernier baiser qu’elle reçoit le vertige…Tu l’as aimé Partenaire, oh ça oui! Aimer à te consumer de l’intérieur, à te brûler à des flammes toxiques, à basculer dans le vide…Car elle est comme ça, Rosario, Fatalement attirante, Fatalement mortelle. Et puis, tu la désires tellement Partenaire, mais tu restes dans l’ombre. À l’attendre. À te tuer d’amour quand elle embrasse tous les autres, sauf toi. Excuse-moi Partenaire, de te parler comme ça, mais va falloir l’oublier La fille aux ciseaux. C’est mieux pour toi…♫Excuse-moi Partenaire de te parler comme ça…♫



"-C’est ça la connerie, dit-elle. Souffrir par amour."



▪️La vie n’est pas rose à Medellín. C’est un combat de tous les jours dans ces rues et ça, Rosario l’a compris intimement bien avant l’heure. Alors forcément, elle prend les armes dont elle dispose: sa beauté et ses ciseaux. Dans cette ville, on engloutit voracement les calories, la violence, la merde et la drogue. La mort aussi est suspendue à leurs lèvres, mais c’est sur celles de Rosario qu’une poignée d’hommes s’abîment…C’est absolument bouleversant cette visite de la ville parce que le crime est omniprésent, presque banal…Le cadre de cette histoire d’amour toxique est d’une violence extrême, et pourtant, dans la façon désespérée et inconditionnelle dont ses jeunes se perdent, il y a quelque chose de terriblement beau. Jorge Franco a soufflé des sorts dans ses mots, et même s’ils rimaient avec mort, j’ai été envoûtée de la première à la dernière phrase…



"Rosario reçut en même temps une balle à bout portant et un baiser, et c’est pourquoi elle confondit la douleur de l’amour avec celle de la mort."



▪️C’est un roman court et intense. D’un genre ténébreux et violent, qui vient taillader mes illusions d’amour romantiques, mais donne en échange les couleurs blafardes et furieuses d’une passion vénéneuse… Un shoot de vibrations vertigineuses à la saveur si particulière…Il a la sensualité d’un baiser fougueux et le goût de la mort, ce roman noir. Et tout le charme en revient à l’héroïne, Rosario Ciseaux. Elle est fascinante, hypnotique même…Impossible de détourner les yeux d’elle…Et on comprend aisément que tant d’hommes brûlent d’amour dans ses bras. Elle est douce et dangereuse, Rosario. Comme la mort. Tellement qu’elles se confondent toutes les deux…Elle est La fille aux ciseaux, et faire sa rencontre pourrait à jamais changer votre vie.



"-Je ne comprends rien à cette manie que tu as d’embrasser les morts!"



Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Le ciel à bout portant

Larry rentre de Londres pour organiser les funérailles de son père. Il y a douze ans, Libardo, bras droit et homme de l’ombre du sinistre Escobar, avait disparu, son cadavre ou du moins ce qu’il en reste, vient d’être découvert. Larry retrouve son frère, des amis de lycée et Fernanda, sa mère, une ex-miss Medellin, pas si éplorée, mais marquée à jamais par une vie passée auprès d’un homme riche et dangereux. C’est de cela surtout que la famille, de nouveau réunie, doit se débarrasser, du triste héritage moral d’une fortune amassée par le narco-trafic.



Pauvre Larry, difficile d’exister lorsque ton livret de famille semble avoir été écrit en lettre de sang, le sang qu’a fait couler ton père, Libardo lieutenant du plus célèbre narcotrafiquant de la planète. La honte et la culpabilité coule dans tes veines. Mais l’espoir d’une vie nouvelle et d’une fraiche liberté aura peut-être le goût des lèvres de Charlie, une jeune fille rencontrée dans l’avion et perdue de vue dès l’arrivée à Medellin.



Formidable récit de reconstruction, Jorge franco nous parle de ces blessures profondes qui ne cicatrisent jamais, d’un jeune homme qui doit devenir adulte malgré les carences affectives dues à une enfance passée dans un climat d’extrême violence. Métaphore pour décrire son pays, la Colombie qui tarde encore à se remettre de l’emprise des cartels sur son économie et sa vie politique.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le monde extérieur

En 1971, à Medellin, Colombie, les gangs de narcos ne s'entre-tuent pas encore sur la place publique et la ville n'a pas encore acquis sa sulfureuse réputation de repère de barons de la drogue, mais elle en prend tout doucement le chemin. En effet, Mono et sa petite bande de malfrats un tantinet bras cassés ont enlevé Don Diego, riche homme d'affaires, de quoi se faire de l'argent facile et une belle vie avec la colossale rançon que la famille ne manquera pas de payer. Croient-ils.



Don Diego vs Mono, tout les oppose : quartier riche et quartier pauvre, train de vie de sénateur et voyou à la petite semaine, opéras de Wagner et musique de juke-box, l'un vieux, prudent et réac, l'autre jeune, rebelle et tête brûlée. Un seul point commun entre les deux hommes : leur obsession pour Isolda, la fille de Don Diego.



Isolda, la blonde Isolda, petite princesse choyée par son père qui a fait bâtir une réplique de château-fort pour la protéger du monde extérieur si menaçant. Isolda, petit lutin doré, qui se sent pourtant enfermée dans ces hauts murs et dans ses robes de poupée, et qui, à la moindre occasion, s'échappe dans le vaste parc autour de la maison pour s'amuser avec ses chimères. Isolda l'inaccessible, épiée du haut des branches des arbres par Mono ou les gamins des quartiers défavorisés.



Le roman, centré sur l'enlèvement de Don Diego, alterne les époques, remontant le temps jusqu'à la rencontre de celui-ci avec sa future femme en Allemagne, et croise les points de vue, observant tour à tour le quotidien des ravisseurs et de leur précieux otage pendant les semaines de séquestration, et celui du château, où la police piétine près du téléphone. Le tout est encore parsemé d'épisodes où l'on suit la douce et aérienne Isolda dans son exploration du parc, interludes qui agissent comme de petites respirations oniriques et sereines dans un récit par ailleurs tendu et sombre.



Bien écrit, bien construit, malgré la touche fantastique qui tombe un peu à plat, ce roman, inspiré de faits réels, vaut surtout pour le huis-clos entre Mono et Don Diego, et la lutte psychologique où chacun tente de prendre l'ascendant sur l'autre, où chacun comprend, ou comprendra plus tard (trop tard), que l'amour obsessionnel rend prisonnier et conduit à la perte, de soi-même et de l' « objet » aimé. Une histoire d'enlèvement qui joue sur les thèmes de la vie et la mort, et de l'éternelle opposition entre liberté et évasion d'une part, et enfermement physique et mental d'autre part, et qui montre que le sort, ironique, contrarie les choix des hommes et souffle des grains de sable dans leurs projets les mieux réfléchis. L'emprisonneur emprisonné, en somme... La fin du roman reste (paradoxalement) ouverte, mais on sent que ça ne peut pas bien se terminer.



Se méfier du monde extérieur ? À voir... mais surtout à lire...



En partenariat avec les éditions Métailié.
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Le ciel à bout portant

Captivant ce roman de part une histoire de famille sous fond de vérité historique et de part sa construction narrative. L'auteur donne voix à de nombreux personnages à des époques différentes.



Tout commence par le retour de Larry, le jeune fils de Fernanda et Libardo, dans sa ville natale Medellin, en Colombie. Des restes de son père mort sont retrouvés. Cela fait 12 ans que ce dernier a disparu, suite, il faut préciser, à l’assassinat de Pablo Escobar le 2 décembre 1993. Oui Pablo Escobar le célèbre trafiquant colombien de cocaïne ! Libardo était son bras droit.



C'est tout un monde que l'auteur nous dévoile, ce monde violent nourrit par cette fameuse cocaïne. A mes yeux c'est un tableau obscur que nous dépeint l'auteur, ne laissant aucune place à la lumière si ce n'est cette rencontre dans l'avion du vol retour de Larry avec cette Charlie, et la découverte d'une demi-sœur ...



C'était tout une époque celle du règne de ce cartel de Medellin, celle de l'enfance de Larry, mais à son retour trois ans plus tard après son départ pour l'Angleterre, que découvre t-il ? La ville a-t-elle vraiment changé ?



Je ne connais presque rien de la Colombie seulement en lisant Jorge Franco à travers ce roman, j'en déduis que tout n'est pas si réjouissant, du moins toujours dans cette ville de Medellin, surtout en suivant ces enfants de narcoterroristes, jeunes adultes comme Larry, Pedro, la Chauve-souris, Julieth qui sont toujours sous l'emprise de la drogue, malgré la fin d'un règne. Une scène, entre autre, m'a terriblement choquée, quand des propriétaires sont attachés et violentés par ce bandes........



C'est toute une époque passée certes et aujourd’hui, à en lire la presse, elle donne fruit à un imaginaire insoupçonné que nous retrouvons en littérature, au cinéma, en peinture et dans le tourisme ... je n'y comprends rien à l'esprit humain, comment est-il possible de se nourrir de tels criminels ? Les narcos fascinent plus que jamais à ce qu'il paraît !



Ce roman a eu pour effet de m'inviter à lire des articles sur ce qui s'est passé avant et après Escobar. Et entre autre un interview du maire Federico Gutiérrez, en 2016 qui dit, je le cite : " C'est une histoire fascinante, il faut le reconnaître. Il y a de l'adrénaline, des fêtes…. Ces récits donnent l'impression que la vie de Pablo Escobar était un film d'action. Ce qui est dangereux, c'est que ce personnage devient une fiction, en laissant de côté toute la souffrance qu'il a causée. Si on l'oublie, il peut facilement s'ériger en modèle pour les jeunes. On ne peut pas laisser faire ça. Cela dépeint aussi une ville qui n'existe plus. Nous sommes fiers de ce que nous avons réussi car nous nous en sommes sortis. Cela nous a coûté beaucoup."



La Colombie est le premier producteur mondial cocaïne.



Merci à la Masse critique Babelio et aux éditions Métailié pour leur confiance.



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Paraiso Travel

Roman labyrinthique d’une génération perdue, perdue de fantasmes nord-américains.

Ce deuxième roman éclatant du colombien Jorge Franco Ramos est de la même heureuse veine que La fille aux ciseaux : une écriture visuelle, urbaine, urgente, des dialogues courts, un présent qui percute des flashbacks et se mêle à l’avenir, tant l’égarement spatio-temporel est convulsif, pour dire la débâcle et la violence des chimères de contrefaçon qui deviendront de vrais cauchemars.

Marlon est un jeune clandestin colombien perdu dans New York, égarant du même coup celle qu’il aime, la jolie Reina au regard bicolore, avec laquelle il a quitté la Colombie. Obsédé par cet amour fou, il ne cessera d’être à sa recherche, se fourvoyant dans les bas-fonds sordides de la solitude urbaine des Latinos clandestins.

Exil et perdition initiatiques enfin pour ce Marlon égaré de tout : pour mieux abandonner sa peau d’adolescent et enfin muer ses illusions en une quête de sens.
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Le ciel à bout portant

Larry aurait pu avoir pour père un cassos, il a eu un narcos… Un proche de Pablo Escobar et il ne s’occupait pas de beurrer les tartines.



Dans les deux cas, il est très difficile de sortir de sa condition, elle vous colle à la peau, vous êtes "le fils de…" et si, quand Escobar était le chef, tout allait bien pour vous, une fois qu’il s’est fait descendre, la "vita di merda" a commencé.



La construction narrative de ce roman noir n’est pas linéaire, mais elle est constituée de trois récits à des époques différentes : celui de Larry qui revient en avion à Medellín ; ce qu’il se déroule maintenant depuis son retour et enfin, ses souvenirs de jeunesse, lorsque son père était un proche d’Escobar et ce qu’il s’est passé quand le chef fut abattu le 2 décembre 1993.



Est-ce que la ville a changé depuis qu’Escobar est mort ? Oui et non… Mais si l’on gratte un peu, si l’on se donne la peine de regarder de plus près, on se rend compte que tout compte, pas grand-chose n’a changé, même si, vu d’ici, les apparences donnent à penser que oui.



Le récit de Larry est intéressant au plus haut point, car il met en avant les hypocrisies des uns, les amis d’avant qui vous lâchent ensuite, ceux qui avaient peur et qui se déchaîne, maintenant que la Bête est morte.



Notre narrateur n’est pas tendre, appelle un chat « un chat » et si la violence n’est pas très présente dans ce récit, on la sent tapie non loin, prête à surgir, en tapinois. Elle est plus suggérée que mise en scène.



Les blessures de Larry sont profondes et en Colombie, il lui est difficile d’échapper à son statut de "Fils de Libardo", alors qu’à Londres, il se fond dans la masse, anonyme.



Comme Larry qui tombe de sommeil et qui aimerait dormir de tout son soûl, mais qui en sera empêché par moult personne, le lecteur n’aura pas le temps de s’embêter, sans pour autant que le récit aille à cent à l’heure. C’est juste qu’il est intéressant à lire, de par la multitude des portraits des personnages et dont aucun n’est sans consistance. Mention spéciale à la mère le Larry, ex-Miss Medellín, à qui on a envie de coller des baffes bien souvent.



Sans en faire trop, l’auteur nous immerge totalement en Colombie, à Medellín, grâce à ses personnages travaillés qui seront nos guides dans le présent et le passé et qui, au travers de leur récit, de leurs souvenirs, tenterons de nous expliquer ce qu’est la ville de Medellín, la Colombie et ses habitants.



Tragique, mais poétique, car l’écriture, sans être excessive, était d’une justesse que j’ai appréciée.


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La Fille aux ciseaux

La fille aux ciseaux est un roman noir qui interpelle son lecteur par la dureté des personnages accros à la drogue. Rosario vous choquera par son comportement borderline et limite schizophrène. L’auteur aborde d’autres thèmes comme la prostitution et une certaine mafia mais également le fossé entre les riches et les pauvres. Une découverte et un portrait d’une femme qui prend la revanche sur la vie ! Mais qui côtoie un univers très sombre où jusqu’au jour où elle est de nouveau la victime.

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Le monde extérieur

Faut-il lire les quatrièmes de couverture ? Celle du dernier livre de Jorge Franco, Le monde extérieur, nous promet "Un roman fantastique à mi-chemin entre les frères Grimm et les frères Cohen." Indépendamment de la mauvaise orthographe des cinéastes, ce résumé ne donne qu'un aperçu incomplet et insatisfaisant de la richesse d'un ouvrage aux strates narratives multiples qui joue de façon ingénieuse avec différentes temporalités et de multiples personnages. Le cadre principal est celui de la ville de Medellin, en 1971, pas encore devenue un enfer mais prête à y plonger. Isolda, la fille de l'homme d'affaires enlevé et le fantasme de son principal ravisseur, est assez énigmatique, réfugiée au gré des souvenirs de l'un et de l'autre dans un monde irréel soit le parc du château familial aux allures de jungle féerique. Elle est le symbole de l'innocence dans un univers corrompu, celui de son père, aux croyances et amitiés douteuses (les pages sur l'Allemagne de l'après-guerre sont remarquables). Le roman se situe à part égale du côté des pauvres, des gamins des rues et des petits escrocs rêvant du coup génial pour se sortir de la dèche. Aux accents réalistes et plus épisodiquement fantastiques de sa trame, Jorge Franco ajoute un humour bizarre, noir en tous cas (le médium belge), qui fait basculer parfois le livre dans une dimension quasi parodique, sans que cela nuise à son intérêt. A vrai dire, Le monde extérieur a quelque chose de mystérieux et d'insaisissable, à l'image de sa conclusion, ouverte et pour tout dire, peu compréhensible. Qu'importe, après La fille aux ciseaux et Melodrama, notamment, Franco se place sans discussion parmi les meilleurs auteurs colombiens quadra ou quinquagénaires aux côtés de Vazquez, Abad et Gamboa, entre autres.
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La Fille aux ciseaux

Morbide et violent, écartelé sur le pavé des bas-fonds prostitués de Medellin, un vertigineux triangle amoureux, deux garçons et Rosario Tijeras , la fille-aux-ciseaux, titube en funambule sur la corde raide de la mort, de la drogue, du plaisir et des missions criminelles. La fascinante Rosario aux faux airs de Kali la Noire en est l'aigu sommet, manipulatrice, psychopathe, attachante comme un chaton, fascinante comme un prédateur, elle aime comme on est fil du rasoir et vit comme on se hâte de mourir. Epoustouflant pour un premier roman.
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Paraiso Travel

Le récit, tout en allers-retours présent-passé très bien mis en pages, d'un jeune colombien qui par amour et désir pour la belle Reina, jeune fille rêvant à l'eldorado Etats-Unis "sinon autant se foutre en l'air", passe la frontière pour être sans papier ni argent à New-York, ville labyrinthe où il se perd. Le récit d'un an de tensions à chercher : sa Reine perdue, et une vie au milieu des Colombiens de New-York.

Une triste réalité mais un formidable roman d'apprentissage que je suis ravie d'avoir découvert.

Décidément, j'aime bien ce qu'on trouve dans cette collection Suites des éditions Métallié.
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Le ciel à bout portant

Né à Medellin, Jorge Franco s'est imposé en quelques romans (La fille aux ciseaux, Le monde extérieur ...) comme l'un des meilleurs écrivains colombiens contemporains. Sa ville natale est l'héroïne (c'est le cas de le dire) de son dernier livre, Le ciel à bout portant, qui ne vaut peut-être pas ses prédécesseurs mais reste d'une qualité plus qu'honorable. Il y est question des narcotrafiquants, qui ont fait la "réputation" de Medellin dans le passé, mais à travers un prisme particulier, celui du fils d'un des bras droits du trop célèbre Escobar. Une histoire racontée à travers trois temporalités, procédé assez fréquent dans la littérature d'aujourd'hui et pas toujours convaincante, il faut bien le dire. Jorge Franco s'en tire toutefois relativement bien, notamment grâce à son style alerte, parfois un peu cru, et surtout à son talent dans le description de personnages complexes, en particulier Fernanda, l'épouse du narco, et plus globalement l'ensemble d'une famille qui sait presque tout des agissements du père et doit vivre, pris en étau entre le désir de condamner et de fuir et celui de ne pas se poser trop de questions en continuant à mener une existence de privilégié. Au milieu d'une atmosphère délétère, Franco parvient à glisser quelques grammes de romantisme avec le début d'une histoire d'amour, au second plan, certes, mais qui crée le plus joli moment d'émotion, après tout ce stress, à la toute dernière page du livre.
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Le monde extérieur

Un roman puzzle qui se met en place petit à petit avec des allers-retours spatiaux-temporels et narratifs (Berlin et les souvenirs d'une rencontre, Medellin et le Château, la ville, une maison isolée au gré des personnages, entre actions présentes et passées), et qui laisse des pièces manquantes et un air de mystère libre d'interprétation.

Après Paraiso Travel, ma première découverte de Jorge Franco, qui abordait l'immigration colombienne, je retrouve ici les thèmes de l'obsession et de "sortir de sa vie" mais avec plus d'histoires (parfois suggérées) et de Colombie (années 60, quand la jeunesse devient hippie).

Un mélange de tragédie et de burlesque, de réalisme et d'énigmatique, qui me confirme que j'aime cet auteur. Ça tombe bien, Mélodrama attend dans ma PAL.
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La Fille aux ciseaux



Cette sorte de mauvais scenario pour film genre nouvelle vague en noir et blanc ne m'a pas convaincu.



L'auteur nous narre un triangle amoureux improbable, deux post-ados issus de la bourgeoisie créole épris d'une psychopathe à la fois égérie de la petite pègre et jouet sexuel des parrains du grand banditisme.



On devine un peu de cette société colombienne ballotée entre aristocratie héritée de la Conquista, forces révolutionnaires plus ou moins maffieuses et barons multimilliardaires de la drogues, mais en toile de fond seulement.



Pour tout dire on ne parvient pas à croire en ces personnages tant ils paraissent artificiels, comme si l'auteur voulait nous dépeindre une milieu qu'il ne connait pas, comme si Arielle Dombasle s'invitait chez les Deschiens.



Ennuyeux.
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Le ciel à bout portant

Cela faisait bien longtemps que je n'étais pas allée me promener en Colombie par livre interposé. Il me semble que la dernière fois, c'était avec Hector Abad et L'Oubli que nous serons, le récit véridique de l'assassinat d'un médecin engagé pendant les années noires de la Colombie de la drogue et du crime. Incidemment, les deux livres se passent à Medellín, c'est une intéressante coïncidence. Mais cette fois, je me suis retrouvée de l'autre côté de la barrière, et c'est d'ailleurs ce qui m'a intéressée dans ce livre et qui m'a décidée à le demander lors de la dernière masse critique de Babelio. Ce n'est pas tous les jours que l'on regarde du côté des méchants, et même pas tout à fait des méchants, puisqu'il est question ici de comment les choix d'un méchant affectent la vie de leur proche.

Le méchant, ici, c'est Libardo, un proche de Pablo Escobar, qui sera entraîné dans la chute de celui-ci. Il disparaît, quelques mois après l'exécution de ce dernier, de ces disparitions qui laissent peu de doute mais après lesquelles on ne peut s'empêcher d'espérer. Et douze ans après, Libardo resurgit, on a retrouvé son cadavre, ou du moins ce qu'il en reste. Larry, le principal narrateur de cette histoire, est le second fils de Libardo. Exilé en Angleterre, il revient à Medellín pour s'occuper des restes de son père.

Trois lignes narratives se mêlent dans ce livre : les premiers jours suivant le retour de Larry à Medellín, les quelques mois qui ont vu la chute de Libardo et enfin le récit du vol de Larry de Londres à Bogotá. Trois moments d'une histoire pour dire la douleur et le deuil, la culpabilité et l'ambivalence aussi. Comment aimer son père quand on sait qu'il a autant de sang sur les mains, mais aussi comment ne pas l'aimer ? L'ambiguïté d'une relation père-fils qui ne peut être normale. L'improbable vie familiale d'un homme haï par tout un continent, l'incongruité d'une vie entourée de gardes du corps, d'un luxe sans limite toujours teinté d'une violence plus ou moins exprimée.



Ce fut une lecture intéressante. Un peu difficile je dois l'admettre, mais intéressante. Difficile parce que son style reflète toute la pesanteur du sujet. Et Jorge Franco n'hésite pas à charger la mule (non, pas de jeu de mot ici…). La famille Libardo est dysfonctionnelle, mais ce n'est pas qu'à cause du père narco, la mère n'est pas non plus très nette. Ancienne reine de beauté, accro au jeu, ne se refusant jamais un verre et développant une relation plutôt malsaine avec ses enfants, on se demande si c'est le meilleur parent qui est resté. Et puis les amis de Larry n'ont pas grand-chose de recommandable non plus.

Cette mule un peu trop chargée à mon goût a fait que ce que j'espérais être le sujet principal du livre, à savoir « qu'est-ce que c'est que vivre avec la figure d'un père narcotrafiquant notoire », m'a paru un peu dilué dans tout un tas de sujets annexes, ce qui m'a déçue je dois l'avouer. Mais à la réflexion, ce livre est l'oeuvre d'un écrivain colombien, qui plus est originaire de Medellín, et il est avant tout destiné à des lecteurs colombiens, qui ont une bien meilleure connaissance de ce sujet que le lecteur européen moyen. Vu sous ce prisme, ce livre est peut-être avant tout une évocation de Medellín, celle d'alors et celle d'aujourd'hui, une réflexion déambulative sur ce qui a changé et ce qui n'a pas changé.

Il m'a fallu faire quelques recherches pour mieux comprendre le livre et il me semble intéressant de savoir que l'Alborada (littéralement l'aurore) est une fête qui existe effectivement à Medellín depuis une quinzaine d'années environ. Dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre, des feux d'artifices sont tirés dans la confusion la plus totale pour soi-disant accueillir décembre. C'est en fait une tradition récente issue d'un épisode des guerres entre narcotrafiquants. En situant le retour de Larry à cette date précise, Jorge Franco nous amène à nous demande si l'ère du narcotrafic est bien derrière nous.

Et puisque j'en suis aux recherches, il apparaît qu'il a bien existé un Libardo dans l'entourage de Pablo Escobar. Mais il n'a pas disparu, il a été arrêté. Je n'ai trouvé que des photos de lui de dos dans les articles en ligne qui lui sont consacrés, c'est très étrange...



En définitive, un livre que je suis contente d'avoir lu. Complexe, sombre, dérangeant, il faut y être préparé. Un livre qui ne répond pas à toutes les questions, mais qui en posent beaucoup, qui fait découvrir tout un pan de l'histoire récente que l'on voudrait croire refermé, mais les blessures sont encore là, rarement bien cicatrisées, et les héritages aussi, plus ou moins assumés, plus ou moins conscients, pleins d'une ambiguïté impossible à dépasser.
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La Fille aux ciseaux

Surnommée La fille aux ciseaux, après avoir tranché l'oreille d'un homme, Rosario la Colombienne "belle,fatale,divine", violée à 8 ans, est animée d'une haine destructrice.

Antonio, étudiant, fils à papa,ami et amoureux transi,appellé "partenaire" se morfond, alors que criblée de balles elle est au bloc opératoire.

Salle d'attente. Temps figé à quatre heures et demi du matin. Antonio raconte Rosario, sa longue descente aux enfers de la drogue,du satanisme et des crimes dans le milieu des "durs des durs".

Antonio, amoureux "accro", Emilio "le fiancé" issu de "l'aristocratie créole", Ferney l'ex-petit ami mémoire de son pauvre passé, Jhonefe son frère "amour de sa vie" vont tous laisser des plumes dans les dérives et l'amoralité de celle qui donne le baiser de la mort avant de tirer à bout portant.

Jorge Franco-Ramos, écrivain colombien dont La fille aux ciseaux a connu un franc succés, décrit fort bien(dans un langage souvent cru) la schizophrénie ambiante d'une ville divisée en deux mondes: un miséreux qui veut se sortir de sa condition et un riche corrompu. Dur-dur!

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Le monde extérieur

En août 1971, à Medellin, Mono Riascos, autrefois gosse des bidonvilles, enlève le riche homme d’affaires, don Diego Echevarria. Avec un château au centre d’un grand parc naturel construit lors de son retour d’Allemagne à la fin de la seconde guerre mondiale, cette famille de Medellin devient un sujet d’envie et de haine pour les gosses de la rue. Mono, gamin, passait son temps à admirer Isolda, la fille de don Diego lorsqu’elle s’évade dans le parc et la forêt, refuge de son esprit fantasque.



Il faut dire que la petite fille se retrouve bien seule cloîtrée dans son château, à peine surveillée par Hedda sa professeur allemande ou par sa mère, Dita, « une allemande bien élevée, fille de pasteur » aux pensées toutefois très libérales. Alors, elle s’échappe souvent dans sa maison de poupées ou la forêt pour discuter avec des animaux imaginaires. Mono, perché dans les arbres la contemple, avec sa mini jupe rouge.



C’est elle que plus tard, devenu adulte, il aurait aimé enlever mais il devra se contenter du père vieillissant.



Avec ces deux personnages, Jorge Franco illustre la fracture sociale de Medellin. Prostitution, violences de rue, marihuana, perversion de certains flics comme Tombo qui fait partie de la bande de Mono, la jeunesse devient folle comme le symbolise le festival d’Ancon, « le Woodstock colombien« . Pendant ce temps, Diego écoute Wagner mais sa famille ne parvient pas pour autant au bonheur.



« Moi, le temps, dit-elle, je ne le supporte plus. Tout ce qu’il amène il l’emporte sans pitié. Il amène l’amour, il l’épuise et il l’emporte. Il emporte ta mémoire, tes souvenirs, il emporte tes forces. Il amène aussi la douleur, et si tu la supportes, il te laisse une blessure avec laquelle tu es obligée de vivre jusqu’à ce que ce maudit temps décide de t’emporter, toi…toute cette histoire et ce qui nous est arrivé avec Isolda, me fait dire que mes années de bonheur n’auront été que la répétition d’une pièce de théâtre qui n’a finalement pas marché. »



En croisant habilement les différentes époques, l’auteur finit par nous laisser comprendre les états d’âme des différents personnages au cours de cet enlèvement. Mais une part de flou persiste toutefois. Ce qui, avec la fin elliptique fait aussi de ce récit inspiré d’un événement réel un conte avec une touche de fantastique.



Les personnages de Diego et Mono sont bien ancrés. En découvrant leur monde respectif qui se rencontrent en la personne d’Isolda, nous assistons à une intéressante confrontation et une parfaite illustration de la fracture sociale du pays.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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