Larry aurait pu avoir pour père un cassos, il a eu un narcos… Un proche de Pablo Escobar et il ne s’occupait pas de beurrer les tartines.
Dans les deux cas, il est très difficile de sortir de sa condition, elle vous colle à la peau, vous êtes "le fils de…" et si, quand Escobar était le chef, tout allait bien pour vous, une fois qu’il s’est fait descendre, la "vita di merda" a commencé.
La construction narrative de ce roman noir n’est pas linéaire, mais elle est constituée de trois récits à des époques différentes : celui de Larry qui revient en avion à Medellín ; ce qu’il se déroule maintenant depuis son retour et enfin, ses souvenirs de jeunesse, lorsque son père était un proche d’Escobar et ce qu’il s’est passé quand le chef fut abattu le 2 décembre 1993.
Est-ce que la ville a changé depuis qu’Escobar est mort ? Oui et non… Mais si l’on gratte un peu, si l’on se donne la peine de regarder de plus près, on se rend compte que tout compte, pas grand-chose n’a changé, même si, vu d’ici, les apparences donnent à penser que oui.
Le récit de Larry est intéressant au plus haut point, car il met en avant les hypocrisies des uns, les amis d’avant qui vous lâchent ensuite, ceux qui avaient peur et qui se déchaîne, maintenant que la Bête est morte.
Notre narrateur n’est pas tendre, appelle un chat « un chat » et si la violence n’est pas très présente dans ce récit, on la sent tapie non loin, prête à surgir, en tapinois. Elle est plus suggérée que mise en scène.
Les blessures de Larry sont profondes et en Colombie, il lui est difficile d’échapper à son statut de "Fils de Libardo", alors qu’à Londres, il se fond dans la masse, anonyme.
Comme Larry qui tombe de sommeil et qui aimerait dormir de tout son soûl, mais qui en sera empêché par moult personne, le lecteur n’aura pas le temps de s’embêter, sans pour autant que le récit aille à cent à l’heure. C’est juste qu’il est intéressant à lire, de par la multitude des portraits des personnages et dont aucun n’est sans consistance. Mention spéciale à la mère le Larry, ex-Miss Medellín, à qui on a envie de coller des baffes bien souvent.
Sans en faire trop, l’auteur nous immerge totalement en Colombie, à Medellín, grâce à ses personnages travaillés qui seront nos guides dans le présent et le passé et qui, au travers de leur récit, de leurs souvenirs, tenterons de nous expliquer ce qu’est la ville de Medellín, la Colombie et ses habitants.
Tragique, mais poétique, car l’écriture, sans être excessive, était d’une justesse que j’ai appréciée.
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