Novembre. À présent, je revois d'un seul coup nos vies durant les années passées. Cet automne est à la fois une fin et un commencement, et les jours naguère brouillés par ce qui était trop proche et trop familier, sont clairs, étrangers à mes yeux.
Ce fut une longue année que la dernière, et plus pleine de signification que ne l'avaient été les dix précédentes. Il y eut des nuits où je sentais que nous avancions vers une heure terrible et sans espoir, mais lorsque cette heure arriva, elle fut hachée et confuse parce que nous en étions trop près, et je ne compris même pas très bien qu'elle était venue.
Aujourd'hui je puis regarder en arrière et voir les jours écoulés comme le fait celui qui contemple de loin le passé ; ils ont plus de forme et de sens qu'autrefois. Mais rien n'est jamais vraiment fini, on ne laisse rien derrière soi sans retour.
Nous quittions un monde mal agencé et embrouillé, qui maugréait contre lui-même, pour arrivèrent ans un monde non moins dur (…) mais qui tout au moins lui donnait quelque chose en retour.
La dette était toujours comme un marais sans fond où nous allions, chaque année, jeter des heures de chaleur et d'acharnement sur ce terrain pierreux , uniquement pour les voir s'engloutir, et ensuite revenir et recommencer.