Julie Delfour

Domestiquer ou détruire... Voici résumé le nœud du rapport entre l'Homme et le Sauvage.

Au XIXe siècle, avec la révolution industrielle, la pression humaine ne fait que croître et le couvert forestier s'efface au profit de zones exploitées. Quand l'espace économique s'étend, les infrastructures sont forcées de suivre et l'on assiste à une densification du maillage routier. Les hommes circulent au cœur des forêts les plus sombres, les espaces restés à l'écart se découvrent et se parcourent en tout sens. La forêt apparaît désormais comme une ressource maîtrisable qu'il convient de mettre au service du bien commun. Non seulement elle ne doit plus être libre, laissée dans l'ombre et sans surveillance, mais encore faut-il qu'elle soit utile, c'es-à-dire dévolue aux activités humaines.

Le petit blaireau s'appelle un blaireautin. Il ressemble à ses parents mais a un pelage plus clair. Il fait ses premiers pas hors du terrier à la mi-avril, sous l'oeil vigilant de sa maman.

Transposée au domaine des rapports entre Homme et Sauvage, cette notion de partage du territoire prend une nouvelle dimension. En territoire humain, l'animal sauvage est perçu au mieux comme gênant, au pire comme envahissant et assimilé à un dangereux concurrent. Dès qu'il approche notre espace, strictement délimité et fortement identitaire, il représente une menace et la simple idée qu'il puisse échapper à notre maîtrise nous est intolérable.

Le monstrueux, c'est ce qui est Autre, radicalement différent de ce que nous avons l'habitude de voir et qui, pour cette unique raison, nous inquiète et nous fascine en même temps.