Ne jamais regarder en arrière mais ne jamais faire deux fois les mêmes erreurs.
[bibliothèque en prison]
Le premier livre qu’elle a mis dans ma main était "Les Misérables" de Victor Hugo. J’étais allé à l’école, je n’étais pas complètement inculte, mais jamais je n’aurais imaginé lire un ouvrage de cette taille un jour. Je lui ai demandé de quoi ça parlait. Elle a souri et m'a dit « De toi ! ».
Je ris nerveusement. Poser était plus difficile que je ne le pensais.
Déborah s'agenouilla devant moi et prit mon visage entre ses mains. Elles étaient chaudes et douces. Leur contact me fit du bien.
- Tu es très jolie. Et bien fichue. Tu n'as aucune gêne à avoir.
- Mouais...
- Joue la comédie. Comme une actrice!
Elle retourna dans l'ombre mais je savais qu'elle ne me quittait pas des yeux. Je lui envoyai un baiser du bout des doigts et le son du déclencheur me surprit. J'éclatai de rire. Thomas continua à shooter. Je commençais à comprendre.
Pendant une demi-heure, je m'amusai à être une autre. Une innocente créature en apparence mais une séductrice dans l'âme, alternant les regards séducteurs et les moues provocantes. Je fixais l'objectif, mais mon manège ne s'adressait qu'à elle. Je voulais lui plaire, je voulais qu'elle ait envie de moi comme moi je l'avais désirée quand je l'avais vue poser.
Grâce à nos méthodes peu conventionnelles, vivement critiquées par le commissaire divisionnaire Filipacci (« Vous vous croyez dans 21 Jump Street ou quoi ? »), nous avons littéralement coiffé au poteau Larpenteur et Langloit, les deux branquignoles qu’il avait mis sur l’affaire. Depuis, ils nous attendent au tournant.
J'étais son ange. Elle était le coeur de mon univers.