Citations de Karine Guiton (36)
_ Miam ! J'adore les gâteaux au purin d'ortie, ils piquent un peu la langue, c'est rigolo ! Dis, tu ne sens pas une drôle d'odeur ? Je l'avais déjà remarquée l'autre soir au concert.
_ Poireau n° 4 : mon parfum préféré que je réserve pour les grandes occasions.
Zélie observe son oncle d'un air intrigué. Ciseaux en l'air, il fixe bouche-bée, l'amie de Lila :une tomate pulpeuse accoudée au comptoir. Parfaitement ronde, d'un rouge profond, avec un joli nez en trompette et un sourire ébouriffant. Zélie n'en a jamais vu d'aussi belle !
_ Bienvenue dans le monde de Soumalazans.
J'étais tellement abasourdie que je me suis écriée :
_ Il a parlé ! Mirabella, vous avez entendu, l'oiseau à parlé !
Mirabella n'a pas répondu. Mais Germain s'est exclamé d'une voix nasillarde :
_ Évidemment que ce héron cendré parle ! Et moi aussi d'ailleurs tu nous prends pour des idiots ou quoi ?
C'est toujours l'effet que fait Mirabella quand elle passe quelque part. Même les mouches s'arrêtent de voler. Il faut dire qu'elle a un sacré look.
Tout là-haut, dans les branches qui se rejoignent, il y a des merles, des écureuils et deux petites tâches grises qui roucoulent dans les morceaux de ciel.
Elle observe les colonnes de fourmis grimper le long des troncs. Elle aimerait les suivre, découvrir où elles vont.
Mais elle est trop petite et les arbres sont immenses. Tout là-haut, dans les branches qui se rejoignent, il y a des merles, des écureuils et des morceaux de ciel.
- J'ai acheté des tourterelles, Lola. Regarde comme elles sont belles.
C'est vrai qu'elles sont jolies avec leur robe grise et leurs yeux minuscules.
Mais ce que Lola préfère, c'est le ruban noir autour de leur cou. On dirait un collier...
Et Kika ? Elle choisit les épices et invente de nouvelles recettes : filets de science-fiction aux figues, croustillants de polar aux citrons confits ou aiguillettes de bandes dessinées aux mirabelles, elle ne manque jamais d'idées !
La barque avançait lentement le long d’un canal très large et le paysage était mortellement monotone : champs, roseaux, nénuphars, vaches ou chevaux. Coassement de grenouilles de temps en temps. Vols d’oiseaux divers aux plumes blanches, marrons ou grises. Le soleil tapait fort sur mon crâne. J’avais soif. Germain beuglait un coin-coin retentissant dès qu’il apercevait une poule d’eau ou un autre canard, Mirabella dirigeait sa perche sans un mot et moi, à force d’être dans la même position, j’avais des courbatures dans le dos.
Peu à peu les arbres sont devenus plus nombreux. Plus grands et plus touffus. Puis Mirabella a manœuvré pour engager le bateau dans un canal obscur. La végétation formait une voûte si épaisse au-dessus de l’eau que le soleil a soudain disparu. J’ai frissonné :je n’avais aucune envie d’y aller. Trois mètres plus loin, nous sommes passés sous un pont en ruine. Un grand oiseau gris, au long cou blanc, farfouillait dans la vase. Au lieu de s’envoler lorsqu’il nous a vus (comme j’avais vu faire tous les piafs jusque-là), il a relevé la tête, a ouvert son bec jaune et a déclamé en secouant sa drôle de petite huppe noire :
– Bienvenue dans le monde de Soumazalans.
Il a saisi Mirabella comme si elle n'était pas plus lourde qu'une fourmi, l'a soulevée en l'air et l'a regardée pendant très longtemps (au moins une minute) avec un sourire béat. Jusqu'à ce que la victime s'exprime d'un air fatigué :
- Repose-moi, Miramar.
Le géant l'a posée délicatement sur le sol.
Toute la journée, dans la grande allée de platanes, Lola court après les sauterelles, poursuit les papillons et les coccinelles, s'envole avec les merles.
Parfois, elle regarde les tourterelles, là-bas, dans leur cage. Et quelque chose pousse dans son cœur. Elle a envie de pleurer.
- Nom d'un triton, monsieur Rossette, surveillez mieux votre cochon, enfin ! L'autre fois, déjà, il s'était carapaté au musée de l'Aviation . Atchoum ! Je ne peux pas venir chez vous tous les jours !
Dans sa chambre, dans le noir, Lola regarde par la fenêtre.
Mais elle ne voit rien. Rien que la nuit dans le silence.
Au début, les habitants de Jardinville sont méfiants. Puis, peu à peu, ils suivent les manifestants. Se mélangent les uns aux autres. Fruits et légumes côte à côte pour une même cause. Une révolution qui dure plusieurs jours. Au bout d’une semaine, le cortège est si long qu’il commence à Légumland et se termine à Fruitland ! Les maires des deux quartiers, Mme Litchi et M. Romanesco, sont un peu inquiets face à ce bazar dans leurs avenues d’habitude si calmes. Ils finissent par se consulter et acceptent de recevoir ensemble les sept amis dans un bureau.
– Nous ne pouvons plus continuer à vivre chacun de notre côté, commence la tomate. Fruit, légume ou légume-fruit, quelle importance ? Nous sommes tous citoyens de Jardinville et nous réclamons le droit à un avenir commun !
Après deux heures de négociations, les dirigeants sont enfin convaincus : ils acceptent de modifier immédiatement la loi. Désormais, il n’y aura plus de distinction entre les fruits et les légumes à Jardinville. Chacun peut habiter où il le désire.
_ Ventrefourche ! Que racontes-tu, Zé ? Moi, amoureux ? Quelle étrange idée ! Tu me prends pour un cœur d'artichaut ? Je suis juste un peu... fatigué par ma journée. Et tes cheveux ne sont pas nuls, ajoute-t-il en levant les yeux au ciel. Ils sont juste un peu rebelles, comme tous ceux des poireaux. Tes couettes te vont bigrement bien,. Allez, file à ton cours !
Tex! Enfin! Je me suis précipitée
vers lui. Je l’ai pris dans les bras, enfoui mon nez dans sa
fourrure. Bizarre son odeur avait changé. Elle n’était plus tout
a fait la même. C’était si bon de le retrouver. Une Onde de
chaleur a traversé mon corps. J’ai commencé par pleurer sans
pouvoir m’arrêter. Des larmes de joie que Tex léchait avec
application. Toutes les crispations du voyage ont disparu. Je me suis
sentie bien, si bien que j’avais envie de m’allonger là pour
toujours mon chat contre moi.
Citation choisie par Demeter
Tex n'est pas revenu. Ni le lendemain ni le surlendemain. Personne ne l'a vu. Ni nos amis ni nos voisin ni la S.P.A. On a mis des affiches partout avec notre numéro de téléphone.
Les deux jours de voyage n’avaient duré qu’un après midi. Plus rien ne m’étonnait avec Mirabella.
J'aurais aimé que quelqu'un le fasse.
- La chance ne vient pas à vous. Il faut aller la chercher. Vous trouverez le kioraby, j'en suis convaincue.