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Critiques de Kazuaki Takano (83)
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Treize marches

Le Japon et les États-Unis sont les seules démocraties industrialisées où sévit encore la peine de mort, le pays du soleil levant se singularisant par un mode d’exécution ancestral : la pendaison.



Publié en 2001, “Treize marches” permet d’emblée d’approcher l’univers carcéral des condamnés à mort japonais.

Grâce au personnage principal, un gardien de prison chevronné du nom de Shôji Nangô, le lecteur apprend que treize échelons doivent être validés par l’administration pénitentiaire avant chaque exécution.

Intrinsèquement favorable au châtiment suprême, Shôji a déjà actionné à deux reprises le mécanisme funeste qui soudainement fait basculer un être humain dans l’au-delà. S’il s’est acquitté avec professionnalisme de ce travail particulièrement ingrat et stressant, l’image des deux condamnés la corde au cou hante souvent ses nuits d’insomnie.

Cette première partie du roman écrite avec beaucoup de sensibilité est vraiment intéressante. La seconde est plus classique. Elle prend la forme d’une course contre la montre, à l’extérieur de la prison, pour tenter d’innocenter un condamné à mort souffrant d’amnésie alors que la procédure administrative poursuit son inexorable marche ascensionnelle.



Il est bien difficile de savoir si l’auteur, Kazuaki Takano, milite pour l’abolition de la peine capitale et l’on referme son roman quelque peu frustré de rester avec cette interrogation à l’esprit.

Il me semble qu’il s’en est fallu de peu pour que ce thriller de bonne facture ne se transforme en plaidoyer de tout premier plan contre la peine de mort.

L’auteur n’a peut-être pas jugé bon de mettre en avant ses convictions personnelles mais il faut lui reconnaître le mérite d’avoir abordé avec un incroyable réalisme un sujet éminemment sensible.







P.-S. : Je remercie les Presses de la Cité d’avoir gracieusement porté à ma connaissance cette triste réalité nippone.

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Treize marches

Heureux le SZRAMOWO,

Reçut de Babelio,

Mission d'aller là haut,

sur l'escalier de Takano,

Treize marches, c'est trop !

Treize marches, c'est beau !



Merci Masse Critique !



Treize marches : on apprend au cours du roman, que c'était le nombre de marches conduisant autrefois à la potence, et que c'est aujourd'hui le nombre d'étapes qui, au Japon, conduit de la condamnation à mort à l'exécution de la peine capitale.



« Les «Treize marches», se souvenant que c'était l'autre nom de la potence, le procureur goûta toute l'ironie de la chose. Dans l'histoire de la peine de mort au Japon depuis l'ère Meiji, jamais une potence de treize marches n'avait été construite.»



Un processus inhumain en soi, au Japon, les condamnés sont pendus, est renforcé par une procédure atroce, celle qui consiste à ne pas informer le condamné du jour où il sera exécuté.

«La tâche dévolue au procureur vacataire équivalait à la cinquième marche de l'escalier. Il restait donc huit pas à faire avant l'exécution. Ryô Kihara, le condamné, gravissait à son insu, degré après degré, l'escalier du gibet. Il parviendrait au dernier dans trois mois environ»



Le prologue du livre donne la chair de poule. Voir la citation que j'ai posté.

«La Mort arrive à neuf heures du matin.

Ryô Kihara le savait. Une fois seulement, il avait entendu ses pas.»

Le roman est une mine de renseignements sur les procédures judiciaires appliquées au Japon, et un ouvrage extrêmement documenté, avec en fin de récit, une bibliographie impressionnante.

L'histoire est conçu comme une série d'emboitements, de la vie des personnages, des situations qu'ils vivent simultanément ou en décalage dans le temps, des faits qui leur sont reprochés.

Le lecteur est tout de suite plongé dans l'intrigue :

Ryô Kihara, 32 ans, condamné à mort pour un meurtre qu'il ne se souvient pas avoir commis. La procédure d'exécution est lancée, il est à l'une des treize étapes, il ne sait pas laquelle, et frémit dès qu'il entend des pas dans le couloir de sa cellule. Il est emprisonné depuis 7 années.

Jun'ichi Mikami a tué un homme Kyôsuke Samura . Homicide involontaire ou légitime défense, dirions-nous. Il a été condamné à 2 années de prison ferme, mais bénéficie d'une liberté conditionnelle. au bout de 18 mois. La conduite de Mikami a conduit ses parents à la ruine, ils ont dû payer les 67 milliards de dommages et intérêts aux parents de la victime.

Tazaki, libéré en même temps que Jun'ichi, a lui tué sa fiancée en apprenant qu'elle n'était pas vierge.

Les gardiens de prison, dont Nangô, ne sont dupes, ni de leur métier ni de la personnalité des détenus, ni de la capacité d'un système hypocrite à faire preuve d'un peu plus d'empathie et pour les assassins et pour les victimes.

Ainsi, en fixant l'indemnité pour le décès d'une victime à 10 millions de yens, l'Etat, pour économiser ses deniers, renvoie la question des dommages et intérêts aux assurances ou à la famille des coupables.

Ce sont des professionnels endurcis. Ils appliquent la procédure avec toute la conscience dont ils peuvent faire preuve.

Le noeud de l'intrigue repose sur le fait, que il y a dix années Jun'ichi a fugué avec sa petite amie Yuri Kinoshita, dans la même ville où s'est produit le meurtre dont est accusé Ryô Kihara.

Un mystérieux avocat, Maître Sugiura recrute Nangô pour recueillir des éléments nouveaux afin d'instruire le pourvoi en révision du procès de Ryô Kihara. Nangô décide alors de s'adjoindre les services de Jun'ichi, dans le cadre de sa probation.

L'ensemble des éléments du dossier sont présentés par Nangô, un peu à la façon dont les affaires criminelles sont présentées dans les émissions radio ou TV spécialisées dans le genre.

Takano nous livre une foule de détails, une avalanche de renseignements, un amoncellement de preuves, un torrent de certitudes, une montagne d'indices concordants, à tel point qu'à la fin de leur lecture on se dit :

Il faudrait réunir les talents de, Sherlock et Poirot, Montalban et Montalbano, Jean-Baptiste Adamsberg et Camille Verhoeven, Nestor Burma et Jules Maigret, pour dénouer l'intrigue et parvenir à prouver l'innocence de Ryô Kihara.

« - Ce n'est pas vraiment possible, si ?

- J'en doute. Pourtant les traces de pneus retrouvées non loin de la pelle appartenaient à la moto de Kihara, cela fut avéré. »

« le portefeuille contenant la carte de crédit de Kôhei Utsugi fut découvert dans les affaires du jeune homme. En outre un examen ultérieur révéla la présence (...) sur ses vêtements (...) (de) son propre sang et (de) celui des deux victimes.»

C'est pourtant à cette tâche que vont s'atteler Jun'ichi et Nangô...

Tout à la fois roman policier et chronique judiciaire, Treize marches s'apparente à un plaidoyer contre la peine de mort, les aléas de la justice et la loterie des condamnations. le récit ne fonctionne pas comme un roman à énigmes, puisque les enquêteurs décrivent leur cheminement pas à pas, mais plus comme une démonstration magistrale, et magistrale, elle l'est.

Le style simple et dépouillé de Takano sert à merveille la narration.

Un roman impressionnant de précision, d'invention, où les rebondissement surprennent le lecteur dont l'attention est accrochée tout au long du déroulement de l'enquête.

Je ne connaissais pas Takano, mais je vais lire ces autres romans, comme :

*『ジェノサイド』 (Jenosaido, Génocide), 2011. Prix Fûtarô Yamada et prix des auteurs japonais de roman policier

*『グレイヴディッガー』 (Gureivudiggaa, Fossoyeur), 2002

*『K・Nの悲劇』 (K.N. no higeki, La Tragédie de K.N.), 2003

*『6時間後に君は死ぬ』 (Roku ji kan go ni kimi wa shinu, Tu n'as plus que six heures à vivre), 2007. Adapté à l'écran.



LISEZ TREIZE MARCHES !
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Treize marches

Jun'ichi Mikami, vingt-sept ans, vient de sortir de prison, où il a purgé 18 mois pour avoir tué un homme qui l'agressait. En liberté conditionnelle, il rend visite à ses parents, et découvre le prix qu'ils ont payé pour son crime : le père de la victime a réclamé en réparation une somme impossible à réunir pour le vieux couple d'imprimeurs, qui ont depuis déménagé et vendu leurs équipements pour rembourser mensuellement la dette de leur fils. Aussi, quand Shôji Nangô, haut gradé parmi les gardiens de la prison dont il vient de sortir, lui propose une mission sacrément bien payée, il n'hésite pas à accepter. La mission consiste en prouver l'innocence d'un homme condamné à mort et amnésique. Cet homme, Ryô Kihara, est en prison depuis plus de 7 ans. L'ordre de pendaison, devant recueilir 13 signatures, les 13 marches, peut arriver n'importe quand. Nangô et Jun'ichi doivent aller vite.



Voici un excellent roman policier qui prend des sentiers inhabituels. Un homme en liberté conditionnelle et un ancien gardien de prison reprennent une vieille enquête, qui met en jeu le plus grand des prix : la vie d'un homme. Innocent, Nangô et Jun'ichi partent du principe que Ryô l'est. Alors ils ne vont pas ménager leurs efforts. Et chemin faisant, comme un fait exprès, ces deux hommes vont apprendre à se connaitre, et à se respecter.

Et le lecteur va apprendre avec avidité les rouages du système pénitentiaire japonais, écouter les argumentations pour ou contre la peine de mort, comprendre les tenants et aboutissants de la prison "punitive" ou "réinsertionnelle". Il va également découvrir la complainte du bourreau, celui chargé d'exécuter les peines auxquelles le jugement et les décisions d'autres hommes aura abouti. Le bourreau est-il un criminel comme celui dont il passe la corde au coup ? Qu'est-ce que le crime ? Est-il moins coupable dans sa conscience celui qui tue légalement que celui dont il prend la vie ? Quel est le rôle de la prison, et a-t-elle les moyen de le tenir ? A-t-on vraiment payé ses dettes quand on en sort ? Que devient l'entourage des victimes, quelles mesures pour eux ? Quelle rédemption pour les criminels ? Tanuko questionne et le lecteur s'interroge.

Alternant avec beaucoup de talent les questionnements de nos deux compères et les avancées de l'enquête qu'ils mènent pour la réhabilitation de Ryô Kihara, K. Takano nous offre un livre vraiment passionnant et bien écrit, qui ne laisse pas de temps mort au lecteur, qui découvrira également, ça et là, des spécificités stupéfiantes du pays du soleil levant : la durée de la peine de prison, par exemple, évaluée en fonction du degré de repentir du condamné, ou l'obligation de demander pardon à la famille de ceux auxquels on a fait du mal. Une vraie belle découverte pour laquelle je remercie Babelio et les éditions Presses de la cité.
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Treize marches

Shôji Nangô, gardien de prison soucieux de la réinsertion des anciens détenus, est persuadé de l'innocence de Ryô Kihara, condamné à la mort par pendaison, peine capitale au Japon. À la libération de Jun'ichi Mikami qui a purgé deux ans pour homicide involontaire, Nangô l'engage pour enquêter, avec lui, sur les deux crimes pour lesquels Ryô Kihara a été condamné. Ryô Kihara, amnésique a, depuis peu, eu un flashe dans lequel il se voit en train de gravir un escalier, seul souvenir de cet horrible jour, dix ans plus tôt. Kazuaki Takano, l'auteur, au fil de l'enquête, décrit l'ambiance, les états d'âme de Nangô qui, en tant que gardien de prison, a prit part à la pendaison de deux condamnés, actes qu'il considère comme deux crimes ; depuis la première exécution il fait des cauchemars toutes les nuits. Un roman intéressant qui m'a plongé dans l'univers carcéral japonais. Je trouve, personnellement, qu'au niveau du style, l'auteur a été influencé par ses études aux États-Unis.

Treize marches a valu à l'auteur le prestigieux prix Edogawa-Ranpo.

À lire !

Merci aux éditions Presse de la Cité et à Babelio pour cette Masse critique privilégiée.

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Treize marches

Pas vraiment un polar mais plutôt un noir. Noir de réflexion, noir de rédemption, noir de réhabilitation et tout ça chez une société discrète, de ses sentiments. On sait que les japonais sont les meilleurs pour cloisonner ce qu'ils pensent et ce qu'ils en montrent alors un sujet aussi sensible que la peine de mort fait nécessairement des remous. Ici, un repris de justice, un jeune homme qui a fait 2 ans de prison pour homicide involontaire et un gardien de prison se décident à travailler pour un avocat qui, lui, veut prouver l'innocence d'un condamné à la peine de mort. Deux enquêteurs sans aucune expérience, rien que la volonté de bien faire. Treize marches nous parle du système de justice japonais qui n'est pas simple. Entre justice réhabilitative et rétributive (oui le condamné doit payer de fortes sommes $ à la famille de la victime), la réinsertion où le suivi fait par des agents bénévoles et le véritable regret de l'agresseur , on surfe sur les réflexions de la vengeance, du rachat, de la réhabilitation et l'on ne sait pas toujours où se situer. Rien n'est que tout blanc ou tout noir. C'est de ça dont nous parle treize marches. Dans la tradition des auteurs japonais, Kazuaki Takano ne fait pas exception: le rythme est lent, les dialogues sont importants et intelligents. Pas de rebondissements inutiles mais plutôt une lente ascension vers la vérité qui saura nous surprendre. Un roman social, bien noir, un roman qui ne répond à rien mais qui nous fait réfléchir.
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Treize marches

De cet auteur j'avais lu Génocide(s) et j'ai donc abordé Treize marches avec confiance.



Nangô est gardien de prison, Jun'ichi vient de purger sa peine de prison pour meurtre. Ensemble ils s'allient pour enquêter sur un double crime sordide. Pour cette affaire de meurtre sombre et entortillée un homme est dans le couloir des condamnés à mort, dans le district zéro. Ryô Kihara a déjà gravi quelques marches sur les treize qui mènent à la corde et à la trappe.



Nangô et Jun'ichi devront étudier chaque piste afin de disculper Ryô Kihara.

Au fur et à mesure de ce cheminement, on entrevoit le système carcéral et judiciaire japonais, ainsi que les conditions de réinsertion dans la société.



Doit-on punir les criminels ou les éduquer pour les contraindre à corriger leurs penchants antisociaux ? Doit-on préférer une justice rétributive à une justice éducative ? Les hommes doivent-ils se laisser guider par leur instinct naturel de vengeance ou bien travailler sur le pouvoir du pardon, alors même que dans l'esprit de certains criminels on ne décèle pas l'once d'un remords.



Au-delà de cette question sur la peine de mort, sur cette condamnation par les hommes pour des crimes commis par d'autres hommes; par-delà ce crime pour punir un autre crime, ce roman est une enquête qui sonde à la fois les faits et les pensées de ces deux hommes.

Entre les deux systèmes de justice des hommes les sentiments de Nangô balancent. Et Jun'chi peut difficilement ressentir du regret face au crime qu'il a commis.





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Génocide(s)

Un très bon roman d'anticipation, qui allie les avancées scientifiques, une mission secrète au Congo et le pouvoir dangereusement concentré au sein de quelques hommes, avides de puissance.

La partie biologie et pharmacologie me dépasse mais n'en est pas moins passionnante.



Kento Koga, étudiant japonais, est piégé à la mort de son père dans une toile dont il ne connaît pas la trame. Il va devoir, dans l'urgence, concocter un nouveau traitement qui fera faire un bond inestimable dans le domaine de la recherche. D'où son père détenait-il ses travaux ? À qui peut-il faire confiance ?



Il en va de même pour les mercenaires envoyés au Congo pour cette mission mystérieuse au sein d'une tribu de pygmées. On côtoie alors l'indicible avec les enfants soldats, la violence extrême, le pouvoir des armes.



Un pavé passionnant, qui nous emmène de rebondissements en rebondissements, dans un monde chaotique, très sombre. Ce monde c'est presque le nôtre. Il suffirait de changer quelques noms. Un monde violent, complotiste, sauvage.



Les personnages sont bien creusés. Imparfaits, courageux ou géniaux, les mots de l'auteur se font le miroir de leurs pensées, de leur vérités.



Entre le Congo, le Japon et les États-Unis, le sort de l'humanité se joue. Et l'humanité, telle qu'on la connaît, mérite-t-elle de vivre ?
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Treize marches

Un roman passionnant et très instructif sur le système judiciaire et l'univers carcéral, côté couloir de la mort, du Japon.

Dans ce pays, la peine de mort est toujours en cours et le système judiciaire japonais n'a rien à voir avec le nôtre, même quand la peine de mort était encore en cours en France.

La justice japonaise et ses sentences sont basées par rapport au nombre de victime, du repentir de l'accusé et du montant du dédommagement aux familles des victimes par l'accusé et/ou sa famille. J'ai appris énormément de choses très surprenantes pour ma culture occidentale, normal, j'ai été plus en contact avec les systèmes français et américain par des films, des lectures ou des reportages. Une découverte aussi du système de réinsertion japonais.

Nonobstant le côté instructif sur le système judiciaire japonais, l'histoire du roman m'a tenue en haleine du début à la fin. Un roman policier japonais passionnant, sans temps mort, un duo formé d'un gardien de prison et d'un repris de justice qui enquête pour prouver l'innocence d'un condamné à mort amnésique.

Une plume japonaise agréable à lire et à découvrir, comment se cultiver en passant un bon moment lecture.
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Treize marches

Très bien documenté, ce roman noir nous plonge dans le système judiciaire japonais et ne nous cache pas ses failles. J'ai découvert que le titre, Treize marches, signifiait les treize paliers nécessaires avant l'exécution d'un condamné à mort.

J'ai vraiment adhéré à la première partie où j'ai été happée par la sensibilité des personnages.

La peine de mort me fait toujours froid dans le dos et dans ce livre les descriptions des personnes condamnées ainsi que des bourreaux sont faites avec force et beaucoup de réalisme . Certains passages sont vraiment anxiogènes.

La peur, les angoisses terrifiantes pour les condamnés, la peur , la culpabilité, le doute, pour les bourreaux se bousculent de page en page et nous sommes nous en tant que lecteur pris dans cette atmosphère .

Dans la deuxième partie, on voit Jan'ichi qui bénéficie d'une remise de peine et qui va aider Soji Nanog ancien gardien de prison, à prouver l'innocence de Ryô Kihara condamné à mort.

Cette deuxième partie m'a moins séduite car elle est moins originale, il s'agit d'une enquête et même si les rebondissements sont là, et qu'on est dans une course contre la montre, arrivera t'on à éviter la pendaison de Ryô Kihara, je n'ai pas réussi à m'y impliquer complétement. C'est dommage car le début était fort.
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Treize marches

Merci aux éditions Presse de la Cité ainsi qu’à Babelio pour ce Masse Critique privilégié.



Ce livre fut un régal de la première à la dernière page, nous suivons Shôji, un gardien de prison qui prend la réinsertion d’anciens détenus très à coeur. Ce dernier étant persuadé de l’innocence de Ryô, qui lui est condamné à mort. (Il faut savoir qu’au japon la peine de mort est encore active.)



Ceci est l’intrigue de base, mais le roman s’avère beaucoup plus complexe, beaucoup plus profond, et les personnages se révèlent très vite fort intéressants. Si vous vous intéressez à la culture japonaise, alors ce roman est parfait, car il montre une vision du pays souvent mis de coté, tout en abordant certaines questions épineuses avec la peine de mort et ce que cela implique. Pardon, rédemption, punition. Ou se situer dans tout ça ?



J’ai mis longtemps à lire ce livre, mais c’est car ce dernier mois j’ai été très pris, sans quoi je l’aurais lu en quelques jours. Je ne connaissais pas du tout l’auteur, Kazauaki Takano, mais je suis ravi que cet ouvrage paru initialement au Japon en 2001 soit enfin édité chez nous. De plus Les éditions Presses de la Cité, ont fait un superbe travail que se soit pour la couverture, ou la qualité des pages. Pas de coquilles non plus. Bref, un lecture très interessante et dont on ressort un peu plus riche culturellement.
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Treize marches

Voilà une couverture qui ne ment pas: il y a bien les treize marches du titre! Même si l'on découvre dans le développement du texte ce que représente réellement cette gradation.



J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce roman. Plus pour le cadre contextuel que pour l'intrigue proprement dite. Qui est cependant loin d'être inintéressante. Takano tient bien en main les rênes du suspense et déroule son fil avec beaucoup d'efficacité.

Le cadre, lui, est assez peu usité dans la littérature policière japonaise. Tout du moins, de ce que j'ai pu lire jusqu'à présent  (je suis preneuse de tout autre titre). En effet, on est entraîné dans le milieu carcéral nippon. Avec vue de l'intérieur tant du côté des surveillants que de celui des prisonniers. Ça va même plus loin puisque, la peine de mort existant toujours dans l'archipel, Takano montre les quartiers réservés aux condamnés à cette sentence. Ainsi que toute la procédure, jusqu'au gibet. J'avoue que certains passages sur cet univers tellement particulier m'ont fait froid dans le dos.



Mais l'auteur ne titille pas seulement nos nerfs. Par le biais de ses personnages, il nous offre matière à réfléchir sur la justice, la repentance, la peine de mort bien sûr et plus généralement sur le monde de la prison. Sur les buts recherchés par les condamnations prononcés. Est-on pour une approche uniquement punitive ou vers une réhabilitation du criminel qui a purgé sa peine? J'ai trouvé que le système judiciaire japonais tel qu'il est décrit ici comporte d'ahurissantes aberrations.



Quant à la sortie de prison, on voit à travers le personnage de Junichi combien il est difficile de retrouver une place dans la société. Sans parler de "sa" place antérieure à la condamnation.



Un roman fort instructif, intéressant et intelligent. Et dont les réflexions continuent d'occuper l'esprit même une fois fini. J'espère que d'autres traductions suivront pour cet auteur.
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Treize marches

Et hop encore un polar Japonais lu. Très bien fait.



Mais bien plus qu'un polar, c'est une découverte de la question de la peine de mort et de son usage au Japon.



C'est vraiment bien fait. Noir, plus par les questions psychologiques que par les faits qui sont décrits de façon clinique sans s'étirer pendant des pages.



Un grand cru.



Je me suis interrogée sur le symbolisme du chiffre. 13 est le nombre de signatures portées sur le document confirmant l'exécution d'un condamné à mort. Mais 13 dans la religion catholique correspond au nombre de participants à la Cène. Curieux hasard que cette concomitance.



Est ce qu'au Japon, le chiffre 13 est également sensé représenté la malchance?
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Génocide(s)

Takano Kazuaki, n’en est pas à son coup d’essai, puisque son premier opus, treize marches, avait pour thème la peine de mort et un portrait du Japon tant méconnu. Encensé par la critique en 2016 et vendu à plus de 400 000 exemplaires.



Annoncé comme un thriller dense, Génocide(s) fait partie de ces livres qui ne sont pas plébiscités et qui pourtant mériteraient de l’être. En effet, sa construction documentée mêle, enjeux scientifiques, observations crues de la violence et rapports de force géopolitiques, le tout parsemé de réflexion sur la nature humaine.



Au Congo, des mercenaires doivent éliminer une tribu de Pygmées, où vit un anthropologue américain, Nigel Pierce. La cible ? …



Au Japon, un étudiant en pharmacologie, hérite de son père d’une mission à accomplir, et de deux ordinateurs… Commence, une traque sans merci, par la police japonaise et la CIA… Il a un mois pour mener à bien sa mission, et ce, au péril de sa vie, s’il le faut… Une course contre la montre s’engage…



Aux États-Unis, c’est un simple rapport, d’un analyste surdoué, qui pose les bases de ces éliminations. Pris dans les filets du Pentagone, aucun retour en arrière possible, malgré sa prise de conscience…



Nous avons tous les ingrédients pour une lecture atypique, avec ce mélange des genres entre, techno-thriller, roman d’anticipation avec un zeste de psychologie le tout recouvert d’une sauce apocalyptique…



Un livre inclassable…



Roman polyphonique, avec les différents points de vue des personnages principaux, dont l’intrigue est construite en entonnoir, pour un rapprochement vers le point culminant de cette intrigue hors norme. Au départ, l’auteur, fournit des détails, que le lecteur devra digérer afin que tout se mette en place.



Le lecteur n’est pas un simple spectateur, mais un acteur à part entière dans cette course contre la montre, avec une montée du suspense et de l’angoisse sur l’avenir de l’humanité.



L’auteur pousse le lecteur à trouver sa place dans l’échiquier de la nature humaine notamment sur le mal qu’il fait, sans jamais que cela ne serve de leçon. La violence est omniprésente avec des scènes parfois horribles, monstrueuses de réalité qui atteint son paroxysme dans cette jungle africaine…



L’intrigue a plusieurs ramifications, elle est dense, sans jamais tomber dans l’ennui. Le lecteur est propulsé tantôt aux Etats-Unis, parachuté en Afrique, pour enfin se poser au Japon, avec des personnages savamment construits, où chaque personnalité émerge grâce aux portraits que l’auteur en brosse, avec un dosage minutieux et visuel. On les touches de prêt et c’est là que tout le talent de scénariste de l’auteur entre en jeu. Les scènes sont d’un rare réalisme, notamment, celles, se déroulant au Congo…



Takano Kazuaki est doué pour ferrer son lecteur et il n’est pas en reste avec le suspense qu’il fait monter graduellement.



Une intrigue diablement bien ficelée, dont la tension est palpable. Mais pas seulement…



En effet, l’auteur aborde plusieurs sujets, apporte plusieurs réflexions…



D’un côté, il aborde la question de l’extinction de l’homo sapiens, de l’autre, le monde scientifique en éternel quête de découverte, mais aussi les lobbies pharmaceutiques avec l’intérêt économique que la maladie apporte et surtout l’usage de certaines découvertes médicales…



L’auteur souhaite aborder beaucoup de sujets, comme pour dire au monde : « Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas…Préparez-vous… »



Il y a comme une urgence entre les lignes… L’urgence de mettre en garde contre les dérives, le mal que l’homme, intrinsèquement mauvais, produit… Fait, qui pourrait se retourner comme un boomerang, contre lui…



L’extinction est inévitable… Il faut juste le reconnaître et préparer la suite, si l’être humain ne veut pas que tout disparaisse…



Tous les ingrédients utilisés, sont d’une réalité incroyable, sans jamais tomber dans la morale à deux balles. Comme une acceptation, pour penser et préparer la suite…


Lien : https://julitlesmots.com/201..
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Treize marches

C'est un peu par hasard que j'ai découvert ce polar de Kazuaki Takano, intitulé Treize marches.

Je vous préviens c'est du lourd.

Un excellent roman policier parlant de rédemption, de pardon, de courage et bien évidemment de la peine de mort au Japon.



Ryo Kihara est rapidement arrêté pour le meurtre sauvage de deux paisibles retraités. En effet, en quittant le domicile des victimes, il a un accident et s'évanouit à proximité du lieu du crime. La justice fait son oeuvre, il est condamné à mort. Seulement voilà, il n'a aucun souvenir de cette nuit là, une amnésie rétrograde le frappe.Peut-on condamner un homme qui ne se souvient de rien ? Un avocat engage alors un ex-surveillant de prison et un repris de justice afin de lever le doute planant sur cette affaire.



Lecture addictive au rythme enlevé, ce roman ne peut laisser indifférent. La riche bibliographie en fin d'ouvrage, nous fait comprendre que l'esquisse du système judiciaire japonais est semblable à la réalité. La claque en est d'autant plus puissante. Bien sûr nul système n'est parfait, mais au Japon existe encore la peine de mort, et nous pourrions nous attendre à ce que la justice y soit extrêmement vigilante.

L'intrigue est savamment orchestrée, le lecteur suit l'enquête des deux protagonistes et se laisse mener par le bout du nez. Le duo insolite formé par Shôji Nangô et Jun'ichi Mikami est intéressant. L'auteur ne tombe pas à tout prix dans la caricature du maître et de l'élève, c'est rafraîchissant.

Le ton est juste lorsqu'il s'agit de dépeindre les conditions carcérales. Le style est soigné et l'ensemble très agréable. Dès les premières pages, on a envie de lire la fin.



En résumé, un excellent polar que je conseille à tous les amateurs du genre.
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Génocide(s)

SÉAP. Un acronyme pour sclérose épithéliale de l'alvéole pulmonaire. Cette maladie génétique rare sans remède atteint 100 000 enfants sur la planète, condamnés à en mourir. Elle va préoccuper à distance l'américain Jonathan Yeager, militaire américain dont le fils est atteint de SÉAP, et Kento Koga, jeune biologiste japonais qui s'est vu confier par son père brutalement décédé la lourde mission de trouver le remède, lui laissant deux mini-ordinateurs et des instructions énigmatiques d'extrême prudence dans ses communications et contacts.



Yeager est envoyé par le gouvernement américain, sous l'égide du Président Burns, avec trois autres mercenaires en mission commando au coeur de l'Afrique, en République Démocratique du Congo (ex-Zaïre). L'objectif : éliminer un être hors-norme, qui s'avère être un enfant pygmée. Akili est âgé de 3 ans, il a le crâne et le cerveau surdimensionnés, et s'avère être la créature la plus intelligente vivant sur Terre. Protégé par Pierce, un britannique piètre chercheur qui a pris la tête de la tribu, cet « enfant » est à l'origine d'un programme informatique destiner à créer le médicament miracle à la maladie incurable. Il se trouve que le père de Kento, virologiste, a quelques années auparavant passé des mois dans cette jungle et s'est lié d'amitié avec Pierce. Yeager comprendra vite qu'il doit protéger Akili ce petit Dieu qui a le pouvoir de sauver ou détruire l'humanité, via le bras positivement armé de Kento qui doit tout tenter dans une course contre la montre.



Mais le gouvernement américain est impitoyable. Il faut détruire Akili qui pour lui représente une menace absolue pour sa suprématie et la sécurité mondiale, et tous les membres de la mission Gardiens. Tous les moyens sont déployés, espionnage satellite, mobilisation des bandes armées autochtones d'une cruauté sans nom qui vont se livrer à un véritable carnage ethnique sur les pygmées, c'est la mission Némésis, et notre commando va vivre un véritable enfer d'une violence sanglante absolue. Et au Japon, la police aux ordres du FBI traque Kento, qui est aussi menacé par une mystérieuse femme qui a connu son père. Heureusement, tous les proches conseillers du Président américain ne sont pas prêts à le suivre, nos deux héros ont quelques alliés souterrains…même le jeune surdoué en informatique, Rubens, que le gouvernement US avait recruté pour piloter depuis les Etats-Unis la mission se met à douter…Et Kento a aussi l'aide et l'amitié d'un étudiant coréen très doué en informatique pour dénouer le programme. Le suspense est à son comble, il faut se méfier de tout le monde…beaucoup ont décidément intérêt à éliminer Kento, Yeager et cet Akili.

Un excellent roman paru en 2011 au Japon et qui résonne étrangement en 2018 par l'étonnante convergence de personnalités entre le Président américain mis en scène et celui qui occupe aujourd'hui la Maison Blanche…



Le rythme est enlevé, les dialogues intelligents, la construction en entonnoir est efficace (on suit d'abord à distance, en chapitres séparés et alternés, nos deux héros Yeager et Kento, puis le rapprochement formel se fait peu à peu avec le resserrement du tissu de l'intrigue), le suspense est bien ménagé…Ce qui est également intéressant, ce sont les réflexions de l'auteur autour de l'humanisme, de la nature de l'homme (très dur, mais lucide sur sa nature intrinsèque à faire le mal, et à recommencer sans cesse). Attention âmes sensibles, les scènes de guerre sont monstrueuses, le déchaînement de violence dans la jungle africaine nous montre à peu près toutes les horreurs dont l'homme est capable. Et si l'auteur fait d'un japonais son héros, il fait du membre japonais du commando missionné en RDC un véritable enragé assoiffé de violence, le condamnant sans appel, ainsi que toute cette cruauté inutile. Il fait ainsi (bon) coup double, en prônant le pacifisme et la tolérance envers l'autre, égratignant quelque peu au passage ses compatriotes, dont il n'oublie pas de rappeler les exactions envers chinois et coréens au siècle dernier. Enfin, il nous met en garde contre la fragilité des libertés, y compris dans nos soi-disant démocraties occidentales, où les nouvelles technologies servent déjà largement les gouvernants dans la surveillance et le contrôle des citoyens.



Kazuaki Takano, un nom à retenir dans le paysage littéraire nippon, d'autant qu'il avait déjà frappé fort avec « Treize marches ». Merci à l'équipe de babelio pour ce généreux envoi dans le cadre de Masse critique et à l'éditeur Presses de la cité.

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Treize marches

N’y allons pas par quatre chemins : J’ai adoré !

« Treize marches » est un ouvrage bien sûr empreint de culture japonaise, qui pose de nombreuses questions en particulier sur la peine de mort, sur la rédemption, le pardon, etc.

Jun’ichi Mikami est un jeune homme qui vient de purger une peine de dix-huit mois de prison pour avoir tué un homme lors d’une altercation. Il est en liberté conditionnelle. Il découvre alors la ruine de ses parents qui ont dû s’engager à payer une somme exorbitante au père de la victime. Il va être contacté par un gardien de prison en congé qui lui propose de l’assister pour prouver l’innocence d’un condamné à mort, pour le compte d’un cabinet d’avocat. Le salaire est important et en cas de succès, il y a une très forte récompense. Il voit dans cette mission l’occasion de soulager financièrement ses parents.

Cette enquête est une façon d’entrer dans le système judiciaire japonais, bien différent du nôtre et très influencé par la finesse de cette culture orientale (Même si ce pays n’a pas aboli la peine de mort – par pendaison, de surcroît)

C’est une énigme très bien construite, complexe et pleine de rebondissements, ce qui fait qu’une fois entré dans l’histoire, le lecteur a du mal à lâcher le livre. D’autant que le style de l’auteur est très agréable. Bref, je n’ai que du positif à dire sur ce livre.

Cela donne envie d’approfondir un peu la littérature japonaise car il y a sûrement d’autres pépites.

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Treize marches

Ah, l’inspecteur Derrick, son rythme frénétique et son limier impitoyable malgré son regard à la Droopy... si vous regrettez les après-midi de FR3, hissez-vous à pas menus sur les treize marches de ce polar japonais dont les dialogues percutants vous laisseront pantelant.

« Nangô demanda :

— Vous êtes Mme Utsugi, je suppose ?

Elle-même, répondit-elle sans la moindre méfiance.

— Mme Yoshie Utsugi ?

— C’est bien ça. »

Ou bien:

« Vous êtes M. Minato ? demanda Jun’ichi en s’approchant.

Daisuke Minato se redressa.

— Oui.

— Je m’appelle Mikami, c’est moi qui vous ai téléphoné hier soir.

— Ah ! c’est vous qui travaillez pour un cabinet d’avocat, non ?

— Euh, à vrai dire, j’aide le cabinet, répondit Jun’ichi afin d’éviter toute fausse déclaration. Je suis venu vous poser une question au sujet de M. Ryô Kihara.

— Hein ? Kihara ?

Minato ouvrit de gros yeux ronds derrière ses lunettes à monture noire.

Trouvant une telle surprise un peu louche, Jun’ichi reprit : 

— Désolé de vous déranger en plein travail. Vous préférez que je repasse plus tard ?

— Non, je peux bien vous accorder une dizaine de minutes. Nous n’avons pas encore de clients, ce matin. »

Un tel déluge d’info, ça calme. Il faut lire lentement, pour être sûr de ne rien louper.

Et puis, c’est un roman qui fleure bon les années 70, l’époque où les mâles en étaient vraiment.

« Nangô regarda Jun’ichi. Le jeune homme savait ce qu’il voulait lui dire, mais priait de tout son cœur pour qu’il continue de se taire. Or Nangô lâcha :

— Tu es pédé ?

Tous deux s’éloignèrent alors en courant, aussi vite et silencieusement que possible, et là, à une centaine de mètres de l’immeuble, ils explosèrent de rire. »

Et pourtant, tout n’est pas à jeter dans ce surprenant polar. La résolution de l’intrigue tient la route et surtout y’a pas plus dépaysant ; « Treize marches » peut être placé dans le top five des romans policiers ethnologiques.

« En 1988, an 63 de l’ère Shôwa, lorsque se répandit la nouvelle de l’aggravation de l’état de santé de l’empereur, toutes les procédures relatives à la peine de mort furent interrompues. Sachant qu’une grâce par décret serait appliquée au décès de l’empereur et considérant qu’elle inclurait les condamnés à la peine capitale, les exécutions furent ajournées. Si, au premier abord, cela put passer pour une forme d’indulgence de la part de l’exécutif, il en résulta par la suite une incroyable tragédie. En effet, plusieurs accusés condamnés à mort en première instance avaient entamé des procédures devant les tribunaux afin d’obtenir une commutation de leur peine : ceux-ci abandonnèrent d’eux-mêmes toute tentative d’appel ou de pourvoi, et scellèrent du même coup leur condamnation à mort. 

Cette tragédie eut lieu parce que la grâce ne s’applique qu’aux condamnés dont la sentence de mort est définitivement prononcée. Si le procès est toujours en cours à la publication du décret de grâce, il est impossible d’en bénéficier. »

En fait, la justice au Japon, en tout cas telle que la décrit ce roman, fait irrésistiblement penser aux médecins de Molière. Mieux vaut mourir selon les règles que de guérir en les négligeant. Les 13 marches sont notamment les 13 tampons que reçoit un ordre d’exécution de la peine de mort. Le 13° coup de tampon donné, le condamné doit être pendu, quand bien même la preuve de son innocence éclaterait-elle.

Il y a encore quelqu’un pour trouver l’administration française tatillonne ?







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Treize marches

Mon premier roman policier Japonais et j'en suis plus que satisfait. J'ai tout aimé dans ce livre. Depuis l'enquête menée par tandem atypique constitué d'un surveillant de prison et d'un repris de justice pour sauvé un innocent de la peine de mort, jusqu'au thème lui-même, les rouages pas toujours étique d'un système pénal remettant souvent la justice en question. Je recommande vivement.
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Treize marches

Junichi, après avoir purgé deux ans de prison pour homicide involontaire, doit se repentir et indemniser les parents de la victime décédée, un montant énorme en partie déjà payé par les parents. Peu de temps après sa sortie, il est contacté par Shôji Nangô un des gardiens de la prison qui agit pour un commanditaire qui reste anonyme, pour enquêter sur un crime - l'assassinat d'un couple - pour lequel Ryô Kihara a été condamné à mort et est dans l'attente prochaine de son exécution.

Shôji et Junichi partent pour Nakaminato pour reprendre l'enquête sur l'assassinat du couple, dont l'homme était le contrôleur judiciaire de Ryô, avec comme seul indice l'existence d'un escalier de Treize marches. Nakaminato n'est pas un lieu inconnu de Junichi, il y a déjà séjourné au moment du double meurtre....



Une très bonne lecture que ces Treize marches , un roman primé au Japon, qui entremêle deux histoires, celles de Ryô Kihara, devenu amnésique et qui attend son exécution, à l'affût du moindre indice signalant que le jour est arrivé et Junichi, qui, pour se racheter et se réinsérer, accompagne son ancien gardien de prison dans une enquête qui semble impossible, considérant le maigre indice en leur possession.

J'ai beaucoup aimé ce roman, l'intrigue est complexe, les rebondissements nombreux, j'ai aimé la plume efficace de Kazuaki Takano qui dépeint avec réalisme l'univers carcéral, l'angoisse de Ryô, la rédemption de Junichi. L'ensemble des protagonistes sont très bien dépeints...

Treize marches est un bon roman qui tient ses promesses et un bon moment de lecture.
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Treize marches

Dans le domaine du polar, la thématique de la peine de mort est bien souvent abordée sous la forme du thriller devenant par la force des choses l'apanage des Etats-Unis dont le système judiciaire est fortement décrié. La structure narrative de ce type de roman s'appuie essentiellement sur deux enjeux que sont la temporalité et le doute où l'on suit le parcours d'un enquêteur devant disculper un condamné à mort ceci avant une date d'exécution imminente, tout en se demandant s'il est vraiment innocent. Pourtant si l'on examine une carte du monde des pays pratiquant la peine de mort on s'aperçoit que l'Asie abrite un nombre important de nations appliquant le châtiment suprême à l'instar du Japon qui exécute ses condamnés exclusivement par pendaison. Treize Marches de Kazuaki Takano se propose d'examiner par le biais d'un roman riche en suspense tout le processus judiciaire et administratif conduisant un prévenu devant l'échafaud tout en abordant les thèmes de la réinsertion et du pardon.



Ryõ Kihara est condamné à mort pour un crime dont il n'a plus aucun souvenir. Enfermé depuis sept ans, dans le couloir de la mort il ignore la date de son exécution. Ce sont les bruits de pas d'une procession de gardiens et les hurlements de son voisin de cellule que l'on extrait pour appliquer la sentence finale qui ravivent sa mémoire. Un flash rapide où il se voit gravir un escalier. S'agit-il d'un élément permettant peut-être de le disculper ? C'est ce que pense le chevronné gardien de prison Shôji Nangõ, mandaté par l'avocat du condamné, qui propose au jeune Jun'ichi Mikami bénéficiant d'une liberté conditionnelle, de l'aider dans ses investigations. Ce dernier ayant été condamné à deux ans de prison pour un homicide involontaire, voit dans cette démarche incertaine une occasion de se racheter.



Treize Marches dont le titre définit les différents paliers administratifs et judiciaires autorisant l'exécution d'un condamné à mort est un thriller social saisissant qui passe en revue, avec une précision redoutable, les contradictions, les ambivalences et autres ambiguïtés d‘un système étatique assurément imparfait. Avec un gardien de prison et un repris de justice on sort très rapidement des poncifs propre au genre pour suivre le parcours maladroit de ces deux enquêteurs aussi atypiques qu'inexpérimentés. De fausse pistes en rebondissements percutants, le lecteur restera tout au long du récit en proie au doute quant à l'issue d'une enquête dont le final s'avérera des plus subtil, remettant notamment en cause les principes de la réinsertion assurée par des citoyens lambdas sélectionnés sur le principe du volontariat.



Outre une possible rédemption, la récompense à l'issue de l'enquête permettra au gardien de prison de quitter son métier afin d'ouvrir une boulangerie et au jeune repris de justice d'aider ses parents à indemniser la famille du jeune homme qu'il a tué accidentellement. Avec cette dimension pécuniaire qui se situe parfois au dessus des principes moraux qui les motive, on perçoit toute l'humanité de ces deux personnages souhaitant s'extirper des rouages d'une mécanique administrative implacable générant son lot d'angoisses et d'inquiétudes que ce soit en terme de réinsertion ou de trajectoire professionnelle.



Au-delà d'une intrigue habile et originale, on aura compris que l'intérêt de Treize Marches réside dans la description sans complaisance des rouages administratifs d'une justice qui révèle toutes ses failles au gré d'un texte puissant et incisif. Sur le plan d'une justice réhabilitative on va donc suivre le parcours saisissant du jeune Jun'ichi Mikami devant présenter, au terme de sa peine de prison, ses excuses auprès du père de sa victime, tandis que ses parents se ruinent afin de l'indemniser. Mais dans ce système judiciaire schyzoprénique, le pardon ne peut aller au-delà d'un certain point. C'est sur la base du nombre de victimes (deux) et l'absence de repentir sincère que la cours prononce sa sentence de mort pour Ryõ Kihara. Un cliché kafkaïen où le prévenu, du fait de son amnésie, ne peut présenter le moindre regret pour des actes dont il n'a plus aucun souvenir. Reste pour Shôji Nangõ, ce gardien de prison qui s'est déjà chargé de l'exécution de deux condamnés à mort, à savoir en quoi le fait d'ôter la vie d'un homme sur la base de processus étatiques imparfaits peut-il être plus acceptable qu'un meurtre accidentel ou intentionnel. Ne pouvant s'absoudre, malgré les bases légales en vigueur, l'homme est en proie à une profonde et permanente remise en question qui le ronge et l'éloigne de sa famille.

Treize Marches met également en exergue toute la dilution des responsabilitsé dans les terribles décisions administratives que l'état inflige aux différentes strates du pouvoir politique et des fonctionnaires ceci jusqu'au trois gardiens appuyant simultanément sur trois interrupteurs sans savoir lequel déclenchera la trappe fatidique de l'échafaud, tout cela bien à l'abri derrière les murs d'une charmante petite maisonnette forestière nichée au sein d'un bosquet comme pour mieux dissimuler la sinistre finalité d'un système peinant à s'assumer.



Extrêmement bien documenté, Treize Marches est un thriller noir doté d'une dimension sociale égrénant les imperfections d'un processus meurtrier qui fait froid dans le dos. Instructif, édifiant, passionnant, bref … indispensable.





Kazuaki Takano : Treize Marches (13 Kaidan). Editions Presses de la Cité/Sang d'Encre 2016. Traduit du japonais par Jean-Baptiste Flamin.



A lire en écoutant : Skinner de Headphone : Album : Ghostwriter. Play It Again Sam (PIAS) 2008.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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