Kennedy Ryan

Darwin a utilisé l’évolution, notre biologie la plus basique, et Maslow a utilisé la psychologie, mais ils cherchaient tous les deux à comprendre pourquoi les humains font ce qu’ils font et comment nous avons fini avec le meilleur du meilleur.

Les sales gosses qui se croient tout permis ici ne font que parfaire ce sentiment, ne font qu’approfondir ma conviction que, de manière générale, les gens ne s’occupent que d’eux-mêmes. S’ils veulent faire de la merde, je vais les manipuler pour arriver à mes fins. D’où… mon choix de profession.

Il n’arrête pas de sortir la loi du plus fort. Il pense que les femmes n’ont pas cet instinct de tueur nécessaire pour être véritablement des agents sportifs accomplis.

Le moment s’étire comme un élastique, tendu pendant quelques secondes, d’un désir inavoué, le mien, et je suis presque sûr, du sien également. Puis en un instant, il claque et redevient cette chose inoffensive et platonique que nous partageons d’ordinaire. Elle laisse échapper un rire voilé et s’éloigne de moi.

Banner a un faible pour les langues. Durant le premier jour de notre cours de débat et prise de parole en public, le professeur Albright a déclaré que le pouvoir des langues réside en la manière dont elles nous lient les uns aux autres. Il avait demandé quelque chose en anglais et, bien évidemment, nous avions tous répondu. Puis il avait posé une question en espagnol, et il y avait encore quelques élèves pour répondre de la même manière. En français, encore moins d’étudiants, mais toujours quelques réponses. En italien, presque personne, quelques-uns, peut-être trois. Quand il avait posé une question en russe, seule une seule voix avait résonné de l’arrière de l’énorme amphithéâtre.
Banner Morales.

Je suis un calculateur, jaugeant instantanément et constamment les faiblesses et les tendances de chacun pour obtenir ce que je veux. La plupart des gens sont simples et faciles à déchiffrer. Mais Banner possède un algorithme que je n’ai pas encore réussi à résoudre.

Je n’éprouve pas de « sentiments » pour les filles. Je couche avec elles. Si je veux être le seul à faire ça pendant un petit moment, je sors avec elles. Une fois que je me fiche que quelqu’un d’autre les possède, alors j’arrête tout. Manifestement, il y a une constante dans cette attitude.
Enfin, avec les coucheries et tout.

Je viens de jeter aux orties les trois derniers mois de ma vie. Tout ce temps passé à aller chercher de la drogue, de l’alcool, à accomplir des tâches dangereuses et absurdes, à enfreindre la loi et, de manière générale, à me soumettre à ce connard… gâché.

Il vaudrait mieux pour toi que tu te tiennes éloigné de moi. Tu es un bébé que l’on allaite et qui suce encore le sein de sa maman. S’il y a une chose que tu aurais dû apprendre de moi durant ces derniers mois, c’est que je suis un connard plein de ressources qui fera tout ce qui est nécessaire pour atteindre son but. Si j’entends que tu as ennuyé Banner Morales, je te le ferai payer.

J’ai découvert qu’il valait mieux se contenter d’en dire le moins possible avec lui. Il est comme un parasite profitant de chaque mot qu’il peut exploiter et drainer.

Elle me rirait au nez si elle savait les trucs idiots que j’ai faits pour entrer dans une société secrète qui ouvrira soi-disant la voie à mon avenir. Banner n’emprunte pas les raccourcis et ne cherche pas les voies rapides. Elle est une voie rapide.

Même les bons jours, je ne suis pas le lion le plus docile dans cette soi-disant société ; après trois mois de courbettes devant ce crétin, je suis presque arrivé à mon point de rupture.

S’introduire dans le bureau d’un professeur pour y voler son ordinateur portable et un sujet d’examen. Exhumer une tombe pour récupérer un objet de famille des Prescott. Démonter la cloche dans la tour du campus. Sans parler de se raser complètement le crâne. Qu’est-ce que la moindre de ces épreuves est censée prouver en termes de sens de la fraternité et de tempérament, je n’en ai pas la moindre idée.

Testostérone et privilège des nantis. L’air est empli de ces deux sentiments. Mais également de marijuana, ce qui, selon moi, transcende les barrières socioéconomiques. La drogue de l’homme lambda. Même pour ce cercle fermé de petits garçons aux fonds fiduciaires qui tirent des taffes et expirent de la pile de sacs que j’ai jetés sur la grande table en acajou au centre de la pièce.

Je pense que l’ambiguïté de sa beauté fait partie de son charme. Quelque chose d’inaccessible et d’indéfinissable. Je n’aurais jamais deviné ses origines qui ont fusionné ensemble pour créer un visage comme le sien : ses lèvres charnues et pleines, sa peau cuivrée et sa structure osseuse très haute. Son visage ne fait pas partie de ceux que l’on oublie facilement. C’est presque impossible.

La plupart des femmes se contentent de jouer un rôle. Elles découvrent ce que vous aimez afin de pouvoir coucher avec un sportif. Cette femme a ses propres opinions, elle les défend et se contrefiche de savoir si cela me plaît ou non.

Elle daigne finalement me regarder. Son visage en forme de cœur est intrigant, un contraste de férocité et de délicatesse. Ses pommettes sont hautes et ses sourcils noirs sont vissés au-dessus d’un petit nez et d’yeux noisette. « Noisette » est cependant un mot bien trop commun pour décrire les nombreuses nuances de vert, de marron et de doré qui dansent dans ses prunelles. Je n’avais encore jamais vu d’yeux tels que les siens. Une multitude de couleurs à la fois. Une multitude de choses à la fois. Je me demande si la femme qui se cache derrière est aussi multidimensionnelle.

Il y a eu ceux qui sont restés trop longtemps. Qui sont restés alors qu’ils auraient dû fuir.
Ils n’ont pas vécu assez longtemps pour le regretter.
Aujourd’hui, je fais exactement la même erreur. Je suis restée alors que j’aurais dû partir.