AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Kevin O`Neill (54)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La ligue des gentlemen extraordinaires - In..

Tout d'abord, merci à BazaR de m'avoir donné envie de lire cette bande dessinée avec sa critique du tome 1 de l'intégrale. À la bibliothèque près de chez moi, il n'y avait que l'édition intégrale en un seul volume. Je n'allais pas faire la difficile.



Meilleure oeuvre de bande dessinée en 2003, La ligue des gentlemen extraordinaires a reçu le prix Micheluzzi (de l'auteur italien Attilio Micheluzzi).



J'ai franchement passé un très bon moment de lecture, c'était indéniablement mieux que l'adaptation ciné que j'avais aimé moyen. Ici c'était osé et fendard.



Dans la première histoire, la fameuse équipe a pour mission de récupérer la cavorite qui est entre les mains de vilains chinois pour la remettre à l'énigmatique M.M. Inutile, je suppose, de vous révéler qui se cache derrière ces initiales ?



Ensuite vient s'intercaler une petite histoire d'Allan Quatermain, « Allan et le voile écarté ». C'était très chouette, j'y ai même croisé Manse Everard. Mais il est possible que je l'aie confondu avec quelqu'un d'autre. À mon avis les 6 chapitres ont dû être publiés séparément car au début de chacun d'eux il y a un cours résumé style « dans l'épisode précédant ». Cela casse un peu le rythme.



Dans la deuxième histoire, l'équipe se retrouve aux prises avec une invasion de martiens digne d'un livre d' H.G. Wells.



C'est vraiment très sympa de retrouver tous des personnages de romans de SFFF dans une ambiance steampunk. C'est un crossover de luxe !



L'édition est vraiment très originale, on y retrouve les couvertures des éditions originales, des coloriages (attention à ne pas déborder), un plan pour réaliser une maquette du Nautilus, une carte de voeux à détacher, et surtout le jeu des gentlemen extraordinaires. Il ne faut qu'un dé et des pions pour y jouer. Avant de le rapporter à la bibliothèque, je vais faire une partie ou deux avec le fiston ^_^



J'allais oublier, il y aussi pour prolonger le plaisir L'Almanach du globe-trotteur avec d'autres aventures des membres de la ligue.



Voilà, très positif tout cela, non ?











Challenge Bande dessinée 2019

Challenge défis de l'imaginaire 2019

Challenge multi-défis 2019
Commenter  J’apprécie          485
La Ligue des Gentlemen extraordinaires, tom..

L’exceptionnel suit le sublime.



Avec ce volume, Alan Moore et Kevin O’Neill plongent les « Extraordinaires » de cette fin de 19eme siècles dans l’univers de la littérature martienne héritée des observations de canaux sur la planète rouge par Percival Lowell.

Et c’est avec un plaisir chaque fois renouvelé que je me replonge dans les magnifiques dessins de Mars la Rouge interprétée par O’Neill, inspirée de « Lieut. Gullivar Jones : His Vacation » d’Edwin Lester Linden Arnold, du cycle de Mars d’Edward Rice Burroughs et de la Guerre des Mondes de H.G. Wells. Leigh Brackett manque à l’appel mais c’est probablement parce que les aventures d’Eric John Stark ont lieu dans un lointain avenir par rapport au 19eme siècle finissant.

Aah, le design incroyable des divers peuples autochtones et de leurs montures, la gueule des armures, la viscosité des mollusques (ceux-là, beurk !)



Et donc tout ce petit monde est en guerre : tous contre les mollusques tripodisés de la Guerre des Mondes. Et les mollusques filent à l’anglaise, chez les Anglais. Et là on se croirait dans le début du roman de Wells (que je n’ai toujours pas lu d’ailleurs, note pour plus tard).

Il faut bien avouer que l’équipe des Extraordinaires, malgré toute leur extraordinaritude, sont quelque peu dépassés là. Les moments de calme passés à recomposer leurs forces sont l’occasion d’approfondir les relations entre les personnages. Le dialogue nocturne entre un Hyde tout en retenue et Wilhelmina Murray est à la fois émouvant et dérangeant. Quant à l’odieux Griffin invisible, son comportement de sociopathe est purement immonde.



Suite et fin dans le prochain tome. Restez à l’écoute chers lecteurs, sauf si vous devez courir pour sauver vos vies menacées par les immondes tripodes invincibles venus de Mars.

Commenter  J’apprécie          281
Nemo : Les roses de Berlin

Ce tome est le deuxième consacré au personnage de Janni Dakkar, après Cœur de glace. Il est paru initialement en 2014, écrit par Alan Moore, dessiné et encré par Kevin O'Neill, mis en couleurs par Ben Dimagmaliw. Il comprend une histoire en bandes dessinées de 48 pages "The roses of Berlin", ainsi qu'un texte en prose "Le rapport Johnson" de 4 pages (avec 4 petites illustrations).



The roses of Berlin - En 1941, Adenoid Hynkel (le dictateur de la Tomainia) se rend en Afrique pour conclure un pacte avec une personne à l'identité inconnue. Toujours en 1941, Janni Dakkar utilise le Nautilius pour se livrer à des actes de piraterie, cette fois-ci exclusivement contre des navires de la Tomainia. Lors d'un abordage, elle apprend que le vaisseau de son gendre Armand Robur a été abattu et qu'il est détenu avec sa fille Hira Dakkar à Berlin. Elle décide sur le champ de se rendre à Berlin pour une mission clandestine et éclair afin de les libérer. Dans le Nautiloïd (un sous-marin de poche), elle remonte l'Elbe, en compagnie de Broad Arrow Jack, jusqu'à Berlin. Sur place les 2 sauveteurs sont attendus par les soldats du sommeil.



Pour ce deuxième consacré à Janni Dakkar (née en 1895, également connue sous le nom de Jenny Diver, fille du Capitaine Nemo), Alan Moore a conçu une intrigue encore plus simple que le tome précédent. Dakkar et Jack se rendent à Berlin, échappent à une course poursuite dans la cité, retrouvent Armand Robur et sa femme Hira, et s'en vont. Difficile de faire plus basique. Bien sûr il y a plusieurs péripéties, mais pas de retour en arrière, pas d'intrigues secondaires enchevêtrées, pas de concepts complexes. De ce point de vue, le lecteur adulte et fidèle lecteur d'Alan Moore sera décontenancé, pour ne pas dire déçu. Il se rattrapera avec les dessins de Kevin O'Neill auquel l'intrigue laisse beaucoup de place, et qui portent une part importante de la narration. O'Neill a conservé sa propension à dessiner des visages peu séduisants, avec des petits traits secs, des expressions malséantes. Par contraste, il apporte un soin plus grand à concevoir des tenues vestimentaires variées et spécifiques, à réaliser des décors ambitieux (de très beaux dessins pleine page), à imaginer des vaisseaux originaux (magnifique version de la Terreur, le vaisseau de Robur), et à bâtir des mise en scène qui marquent l'esprit.



Les images réalisées par O'Neill assurent également la cohérence de ce monde imaginé par Alan Moore. Tout au long des pages, il est possible de repérer ces détails tels que la double croix (symbole du régime d'Hynkel, directement tiré du film de Chaplin Le dictateur, 1940), le robot Maria de Carl Rotwang (en provenance du film de Fritz Lang, Metropolis 1927), les caractéristiques de Moloch (lui aussi en provenance de Metropolis), ou encore la graphie du Bessersprecht (inventé par Carl Rotwang). Le lecteur apprécie également d'autres détails qui inscrivent le récit dans une tonalité mature : le combat sanglant sur le pont du navire allemand (un soldat au crâne traversé par une balle à bout portant), la nudité des prostituées du Staadtbordell (avec poils pubiens apparents), le monsieur au cigare en train de malaxer le sein nu d'une prostituée (moment discret lorsque le docteur Caligari lève la tête pour apercevoir la Terreur), ou encore la poitrine sortant du bustier de l'adversaire de Janni Dakkar (moment succulent pour tout lecteur de comics se demandant comment les formes généreuses des superhéroïnes peuvent être contenues dans leur tenue révélatrice malgré leurs mouvements vifs et amples).



Il n'y a pas que les dessins de Kevin O'Neill qui destinent le récit à un lectorat adulte. Dans la première scène, tous les dialogues sont en allemand (non traduit), obligeant le lecteur soit à renoncer à comprendre, soit à aller chercher la traduction. Il y a ainsi plusieurs pages où les dialogues sont en allemand. Les quelques phrases en français (dans la suite, prononcées par Robur) laissent à penser que quelques tournures de phrases en allemand doivent laisser à désirer quant à leur précision grammaticale. À nouveau, s'il est prêt à jouer le jeu, le lecteur a tout loisir de repérer les multiples références disséminées dans ce tome. Outre l'omniprésence de la Tomainia et de son Dictateur et les emprunts à Metropolis, on retrouve les docteurs Caligari et Mabuse, et le fils d'Ishmael (Moby Dick). Alan Moore intègre également la mythologie de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, en particulier les Twilight Heroes (groupe mentionné dans le black dossier). En faisant bien attention, le lecteur saisira la mention de Benzino Napaloni of Bacteria (= Benito Mussolini). C'est dire si à nouveau l'un des attraits de cette lecture (son potentiel de divertissement) tient beaucoup à ce jeu de références internes et externes.



Ce deuxième tome des aventures de Janni Dakkar est donc tout aussi déconcertant que le premier, et la question de savoir à qui il s'adresse est encore nébuleuse. Pour un lecteur féru de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, l'aventure est d'une linéarité simpliste, il n'y retrouvera pas le suspense des 2 premiers tomes ou même de "Century". Par contre, il jouera avec plaisir au jeu des références et des renvois, appréciant les évocations précises et respectueuses du "Dictateur" et de "Metropolis", en constatant l'érudition de Moore, mais aussi en s'étonnant de cette appropriation manquant de développement par rapport aux originaux. Pour un nouveau lecteur (qui aurait l'idée saugrenue de commencer avec ce tome, le malheureux), il découvrira une mission de sauvetage premier degré, où tous les personnages semblent se connaître, avec des liens complexes, mais jamais explicités. Dans les 2 cas, le lecteur appréciera la force visuelle des dessins de Kevin O'Neill, moins extrémiste que dans Marshal Law, mais tout aussi facétieux et irrévérencieux. 4 étoiles.



-

- The Johnson report: princess Dakkar of Lincoln - Hildy Johnson (l'échotière ayant signé le texte du tome précédent) est invitée sur l'île de Lincoln, à la fête d'anniversaire des 70 ans de Janni Dakkar. Elle rédige un papier dans lequel elle retrace le parcours de Dakkar après la seconde guerre mondiale, pendant les années 1950 et 1960. Cet article se termine par un cours entretien entre les 2 femmes.



Alan Moore s'amuse à écrire avec le style d'une femme ayant vécu pour le plaisir des soirées mondaines, ayant accepté son âge et l'évolution physique qui l'accompagne. Les 2 premiers tiers servent à raconter l'évolution des tactiques de Janni Dakkar au fil des années, passant de la guérilla terroriste à l'intimidation politique, en les contextualisant avec les grands événements de cette deuxième moitié du vingtième siècle. L'entretien sert à revenir très rapidement sur les principaux moments de la vie de Janni Dakkar. La prose de Moore est toujours aussi agréable à lire, teintée d'une douce ironie et d'une pointe d'autodérision de cette échotière ayant bien appréhendé à la nature humaine. Si "The roses of Berlin" comprend de nombreuses références, ce texte en est également truffé, pour la majeure partie en sous-entendus. Il faut donc avoir en tête les précédents tomes de la Ligue pour reconnaître les évocations de King Kong et Godzilla, ou encore de Thomas Carnacki (Le chasseur de fantômes) de William Hope Hodgson. Les noms d'Ursula Mabuse et Manfred Mors renvoient à leurs parents. Le nom d'Ubu est assez parlant pour reconnaître la pièce de théâtre d'Alfred Jarry (Ubu roi, d'autant que Moore glisse le barbarisme de "m***res"). Le nom du groupe T.H.R.U.S.H., est un hommage à la série "The Man from U.N.C.L.E." (= Des agents très spéciaux, 1964-1968) et SPECTRE correspond à une organisation terroriste dans les premiers films de James Bond. Par contre, il faut une bonne encyclopédie pour retrouver que Mike Thingmaker est un personnage d'un roman d'une auteure russe Marietta Shaginian (1888-1982).



Avec ce texte, l'intention d'Alan Moore est plus claire que pour la bande dessinée, il joue avec le lecteur aux références dans un pastiche d'article rendant compte d'un événement mondain. 5 étoiles.
Commenter  J’apprécie          250
La ligue des gentlemen extraordinaires - In..

J'ai presque honte de n'avoir lu cette série que maintenant, mais bon sang, quel délice ! Deux histoires très différentes mais complémentaires, des tas de références littéraires, une ambiance victorienne sombre et angoissante... Une sacrée claque !
Commenter  J’apprécie          130
Cinema Purgatorio, tome 1

Certainement que la lecture récente de À Rome avec Nanni Moretti et le visionnage de Journal intime du même Moretti m'a fait associer Cinema Purgatorio, le projet de Alan Moore et de Kevin O'Neill, avec Cinema Paradisio de Giuseppe Tornatore. Cette association vaut pour les titres des deux oeuvres et s'arrête-là. Et Moretti, en quelque sorte, fait un lien également dans la première partie de Journal intime avec la dénonciation de la consommation d'images dont celles des films d'horreur.



Projet en partie financé par un kickstarter*, édité aux États-Unis par Avatar Press et en France par Panini Comics, Cinema Purgatorio est un projet à contraintes. Voulu comme une « anthologie de l'horreur en noir et blanc » (Moore), chaque épisode doit faire un maximum de huit pages (ici, pour chaque histoire, les épisodes 1 à 4 sont reproduits) et être réalisé en noir et blanc. La maîtrise de la première contrainte, éloignée des habitudes des comics, signifie pour les auteurs « la capacité et la discipline pour écrire une histoire de vingt pages » (Silence dans la Salle, préface); la maîtrise de la deuxième contrainte empêche les dessinateurs de « masquer leurs points faibles [en utilisant] les progrès techniques en matière de colorisation numérique » (Silence dans la Salle, préface).



À l'affiche du tome premier du Cinema Purgatorio, cinq histoires avec un casting de scénaristes et de dessinateurs plutôt aguerris :



- Cinema Purgatorio (Alan Moore & Kevin O'Neil) : l'histoire d'un cinéma qui propose à l'affiche des films sombres et grotesques;

- A More Perfect Union (Max Brooks & Michael DiPascale) : une uchronie sur la guerre de Sécession, et notamment la bataille de Gettysurn, dans laquelle Confédérés et Unionistes ne combattent pas les uns contre les autres mais au cours de laquelle les humains s'opposent à des fourmis géantes ;

- Code Pru (Garth Ennis & Raulo Caceres) : on suit le quotidien de Pru, une jeune femme qui appartient à une branche spéciale de la police s'occupant de monstres, des paranormo-américains, comme des vampires, des momies, des Frankenstein, ...

- The Vast (Christopher Gage & Gabriel Andrade) : une histoire de monstres à la Godzilla qui ont dévasté l'Australie et se propagent à travers le monde ;

- Modded (Kieron Gillen & Igancio Calero) : une version pour adultes des Pokémon où, dans un monde post-apocalptyque, les humains capturent des démons, les « moddent » et les font se combattre.



Les cinq histoires sont très dynamiques, bien déjantées - particulièrement « Modded » -, noires, bourrées d'humour (noir) et de références diverses et variées et également en lien avec des sujets sociétaux (comme le sort des minorités dans « Code Pru »).



Prenez votre ticket, faites-vous guider par l'ouvreuse jusqu'à votre place - le pop-corn est déconseillé à certaines âmes sensibles qui pourrait le régurgiter - et profitez de ces cinq histoires en attendant la suite.



* La vidéo de présentation d'Alan Moore est visible ici : https://www.kickstarter.com/projects/avatarpress/alan-moores-cinema-purgatorio?lang=fr

Commenter  J’apprécie          100
La ligue des gentlemen extraordinaires - In..

Avec la ligue, Alan Moore partage son amour de l'imaginaire de la fin du XIXe siècle, qui a structuré la fiction jusqu'à nos jours. Les personnages et les mondes de H. G. Wells, Jules Verne, Haggard, Stevenson, Conan Doyle et tant d'autres se croisent dans des aventures épiques. Bien sûr Moore ne se contente pas d'un hommage. Il subvertit, détruit les conventions, n'hésite pas à mettre en scène la cruauté de Hyde, le cynisme de l'homme invisible, la déchéance d'Allan Quatermain. Les relents colonialistes, sexistes, racistes de cette littérature ne sont pas oubliés. Mais au final, l'amour de ces figures de l'enfance et de l'inconscient collectif l'emporte. L'exubérance des scénarii, la richesse de l'univers rétrofuturiste, le sens du détail, l'humour démontrent une générosité sans borne de la part des auteurs.
Commenter  J’apprécie          90
Nemesis le sorcier - Intégrale, tome 1

Ce tome est le premier de la réédition en intégrale de la série Nemesis the warlock, crée par Pat Mills et Kevin O'Neill. Il contient les livres I à IV de la série en noir & blanc. Le tome 2 contient les livres 5 à 7, et le tome 3 les livres 8 à 10, tous écrits par Pat Mills. Les livres I à IV ont au départ fait l'objet d'une parution en feuilleton dans l'hebdomadaire britannique 2000 AD entre 1980 et 1985, en noir & blanc. Les livres I à III ont été réédités en couleurs dans Nemesis The warlock (Deviant edition). Cette édition VF est impeccable, l'éditeur Delirium ayant effectué un travail très soigné de qualité supérieure à la VO.



- Livre I (dessiné et encré par Kevin O'Neill) - Dans un futur très lointain, la Terre a été dévastée par plusieurs invasions extraterrestres. Les humains ont repris le contrôle de la planète et vivent dans des cités souterraines. Ils ont développé une haine viscérale de tous les extraterrestres. Le gouvernement en place a repris une politique d'expansion stellaire et d'extermination systématique de tous les extraterrestres. Le chef de ce gouvernement s'appelle Tomas de Torquemada. Dans ce premier livre, le lecteur découvre ce monde, le régime politique en place, le système de transport souterrain, Torquemada et ses acolytes, ainsi que Nemesis, le représentant de la résistance.



- Livre II (essentiellement dessiné et encré par Jesus Redondo, avec quelques pages de Kevin O'Neill) - Sur une planète prison, la race des Arachons essayent de réhabiliter des êtres humains pour prouver que leur xénophobie exacerbée est acquise et non innée. Mais quelques uns réussissent à s'échapper. Au concile des extraterrestres, Nemesis accompagne un Arachon pour convaincre les autres races de laisser une chance aux humains plutôt que de les exterminer. Mais Torquemada a réussi à posséder le corps d'un des représentants.



- Livre III (dessiné et encré par Kevin O'Neill) - Nemesis assiste à l'accouchement de sa femme Chira qui donne naissance à Toth. Alors que Nemesis assiste une race extraterrestre pour résister aux armées de Torquemada, celui-ci a localisé la planète de Nemesis et a envoyé une troupe d'élite pour tuer Chira et Toth.



Rien ne peut préparer le lecteur à ce qu'il va découvrir dans cette série. Pat Mills (La Grande Guerre de Chalie,Sláine) et Kevin O'Neill (La Ligue des Gentlemen Extraordinaires) inversent les stéréotypes en vigueur dans la science-fiction, privant le lecteur de personnages dans lesquels il peut se projeter. La race humaine est la proie d'un racisme haineux vis-à-vis de tous les extraterrestres, s'employant activement à les éradiquer sans pitié. Le chef politique humain s'inspire des pires pratiques de l'inquisition, chacun vit dans l'angoisse de ce régime dictatorial et répressif. Purity Brown, la seule humaine aux côtés de Nemesis, n'arrive pas à contrebalancer le comportement abject du reste des êtres humains.



Face à Torquemada, Nemesis apparaît totalement étranger à la race humaine, à commencer par son apparence. Comme en atteste la couverture, Kevin O'Neill a conçu un visage impossible, anguleux, fumant, un cou trop petit, une colonne vertébrale à l'extérieur du corps. Et il faut voir ses jambes pour y croire. La morphologie de Nemesis rend impossible une forme de projection pour le lecteur dans ce personnage. La distance est encore accrue quand le lecteur découvre la forme des femmes de cette race, et encore accentuée avec la forme du bébé de Nemesis et Chira et son comportement envers les humains. Tout au long des pages qu'il dessine, O'Neill fait preuve d'une grande habilité pour marquer l'incompatibilité totale entre Nemesis et la race humaine. Rien que sur la couverture, Nemesis porte une sorte de manteau sur lequel il est possible de distinguer des yeux ouverts. A priori il s'agit d'yeux humains. O'Neill arrive à rendre crédible le fait que Nemesis se pare d'une étoffe dont l'apparence sous-entend sa cruauté vis-à-vis de ses ennemis humains. Part l'insertion de ces yeux dans une étoffe impossible, il attire implicitement l'attention du lecteur sur les pratiques inhumaines de la race de Nemesis.



Le monde dépeint par O'Neill est dépourvu de rondeurs, il est anguleux, ses traits sont secs et froids. Le monde que le lecteur voit est hostile aux humains, ce sont eux qui doivent s'adapter, se plier à ces contours tranchants et agressifs. Les vaisseaux spatiaux présentent des angles aigus acérés. Les forces armées de Torquemada sont pourvues de casques leur masquant leur visage, renforçant la sensation d'oppression. Le masque même de Torquemada est triangulaire, la pointe en haut, avec une forme angoissante et agressive. 30 ans plus tard ces images n'ont rien perdu de leur aspect dérangeant. Les couvertures réalisées pour les 7 numéros publiés par Eagle font encore froid dans le dos provoquant un malaise, en particulier celle de l'épisode 6 avec ce nouveau né au regard maléfique et pourtant touchant dans sa fragilité. Le lecteur peut constater la force des dessins d'O'Neill en les comparant à ceux de Jesus Redondo (qui dessine 52 pages), plus traditionnel dans sa représentation, même s'il respecte la conception graphique des personnages établie par O'Neill. En outre, Redondo a un peu de mal à s'intéresser aux décors.



Outre le contexte très radical de la série, Pat Mills raconte des histoires renvoyant aux pires horreurs perpétrées par la race humaine sur des peuples, ou des ethnies. Dès la deuxième histoire, le lecteur peut constater que Mills évite la partition bien / mal en introduisant des points de vue différents parmi les différentes races extraterrestres. Il n'e s'agit pas non plus d'une dichotomie science / magie (entre Torquemada / Nemesis), puisque Torquemada dispose de la capacité surnaturelle de posséder des corps. Si le familier Grobbendonk ne convainc pas totalement comme ressort comique, Mills se rattrape avec les apparitions de Mek-Quake, en vieux robot géant de guerre, à l'intelligence artificielle défaillante faute d'une maintenance satisfaisante.



-

- Livre IV (10 pages dessinées par Kevin O'Neill, 80 pages dessinées par Bryan Talbot) - Sur une planète éloignée, les Goths ont utilisé leur capacité de métamorphose pour prendre l'apparence d'humains. Il y a plusieurs siècles de cela, leur technologie leur avait permis de capter les émissions radio du début du vingtième siècle et ils ont modelé leur civilisation sur l'exemple de l'empire où le soleil ne se couche jamais. Le lecteur découvre donc un environnement calqué sur la civilisation anglaise à la fin de la période victorienne, avec une technologie de type steampunk. Dans sa croisade pour éliminer toutes les races extraterrestres, Tomas Torquemada a choisi cette race comme étant la prochaine devant être exterminée. Pour pouvoir vaincre cet empire stellaire, il a conclu un pacte avec 2 traîtres Goths, et il se rend lui-même sur leur planète mère pour posséder un corps et aider à renverser le régime en place. De son côté, Nemesis a envoyé Grobbendonk comme espion. Afin de convaincre le roi en place, Nemesis décide de se rendre en personne sur la planète mère pour lui prouver la gravité de la situation.



Kevin O'Neill est déchainé dans les 10 pages qu'il illustre, créant de toute pièce une société victorienne de science-fiction, aussi enchanteresse qu'impérialiste. Le lecteur retrouve son goût pour les angles vifs et agressifs. Il découvre ses drôles de machines volantes au parfum suranné. Il assiste médusé à l'arrivée du vaisseau à la forme si caractéristique de Nemesis (Seth, son blitzspear), naseaux fumants. Il retient son souffle devant Nemesis en tenue de soirée, aussi imposant qu'étranger à la nature humaine. Il étouffe un cri de répugnance en voyant comment Nemesis déguste le plat qui lui est servi. C'est magnifique, déviant et contre nature du début jusqu'à la fin.



C'est avec un pincement au cœur que le lecteur comprend que Kevin O'Neill ne reviendra que très épisodiquement pour illustrer un épisode ou deux de la série, et qu'il va falloir s'habituer à d'autres dessinateurs, forcément différents. Mais il est remplacé par Bryan Talbot, dessinateur talentueux, de cédant rien en étrangeté à O'Neill. Talbot dessine de la même manière qu'il avait dessiné The adventures of Luther Arkwright, sa propre bande dessinée débutée en 1978. Il réalise des images fortement encrées, mais avec une myriade de traits fins. Cette manière de dessiner aboutit à des images méticuleuses et détaillées, où chaque texture est figurée par une multitude de traits fins et appliqués, pour un résultat à la fois riche et inventif. Si le lecteur ne retrouve pas la déviance de Kevin O'neill, il plonge dans un monde visuel tout aussi substantiel et décalé vers le bizarre, avec un soupçon de grotesque.



Le scénario de Pat Mills bénéficie pleinement de la personnalité de ces 2 dessinateurs. Le principe de base de la série reste identique : les humains sont d'ignobles fanatiques, prêts à exterminer tous les extraterrestres, sous la conduite d'un chef temporel qui est un fanatique religieux, prêt à toutes les compromissions les plus déviantes pour massacrer les impurs. Le lecteur assiste donc aux manigances immondes de Torquemada qui place sa survie avant toute chose, y compris sa propre pureté génétique (Faites ce que je dis, pas ce que je fais.) pour anéantir les extraterrestres. En face, le lecteur n'a pas la possibilité de se projeter dans Nemesis, à l'apparence trop étrangère, aux motivations pas complètement altruistes, aux manières si bestiales (ce mode de sustentation tellement connoté). Et la scène consacrée à Thoth (le fils de Nemesis) est toujours aussi dérangeante avec ce petit monstre horrible à regarder qui manipule sadiquement ses parents humains.



Le récit de Pat Mills distille un malaise diffus au travers de différents éléments allant du principe même de la série (une humanité colonisatrice et destructrice contre des extraterrestres trop différents pour que le lecteur se reconnaisse en eux) à des relations nocives entre individus. Non seulement Mills prend le contrepied des repères affectifs habituels, mais en plus il a construit une histoire mêlant affrontements brutaux, et intrigues de palais, avec un soupçon d'espionnage, pour un cocktail qui tient en haleine, avec une critique acerbe de l'impérialisme britannique. Enfin, il insère une forme de continuité complexe (mais pas indispensable à la compréhension du récit) en rapatriant les ABC Warriors de plusieurs siècles dans le passé, soit les personnages principaux d'une autre des séries qu'il a écrite pour 2000 AD (voir The Mek files).



Ce livre IV est aussi décapant que les précédents, sans diminution de l'intensité visuelle du fait des capacités impressionnantes de Bryan Talbot, avec une histoire dont le principe reste toujours aussi pervers et aliénant pour le lecteur. Be pure! Be vigilant! Behave!



-

- Plonger dans la découverte de "Nemesis the warlock", c'est se retrouver confronté à une science-fiction sans concession, mettant en scène une humanité xénophobe, avec un dirigeant malsain (et son slogan inoubliable : Be pure ! Be vigilant ! Behave !), face à un extraterrestre trop étranger à l'humanité pour en faire un héros acceptable. Mills et O'Neill décrivent une humanité veule, peinant à se remettre des guerres passées, prête à accepter un tyran pour se sentir en sécurité. O'Neill développe une vision cauchemardesque de la réalité, avec des formes d'exagération qui sont systématiquement dérangeantes, qui ne laissent pas indifférents et qui ne prêtent pas à sourire. Pat Mills et Kevin O'Neill ont également réalisé une série où ils disent toute leur haine des superhéros : Marshal Law.
Commenter  J’apprécie          90
La Ligue des Gentlemen Extraordinaires : La..

Ésoterrorisme… du zodiaque

-

Ce tome fait suite à La Ligue des gentlemen extraordinaires Century 3 2009 (2009/2012) qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018/2019, écrits par Alan Moore, dessinés et encrés par Kevin O'Neill, et mis en couleurs par Ben Dimagmaliw, avec un lettrage réalisé par Todd Klein. Il s’agit de la dernière histoire de la ligue des gentlemen extraordinaires. Le titre de cette aventure fait référence à La Tempête (1610/1611) de William Shakespeare (1564-1616).



Prologue I : au site de Kor en Ouganda, en 2009, Wilhelmina (Mina) Murray et Orlando font découvrir à Emma Night les bienfaits de la source de jouvence de Celle qui doit être obéit. Prologue II : dans la cité de We en 2996, Burt Steele et Satin Astro (en jetpack) sont poursuivis par 3 individus qui volent à leur poursuite. Steele se sacrifie pour que Astro ait le temps d'utiliser la machine à remonter le temps. Elle la déclenche et entame son voyage vers l'époque préréglée : 1958. En 2009, à Londres dans le quartier de Vauxhall, Jason King retrace les derniers événements majeurs à la nouvelle personne qui prend le poste de M au MI5 : l'avènement du Moonchild, le passage d'un inconnu (Orlando) dans les locaux du MI5, peu de temps avant la disparition d'Emma Night qui est partie en emportant plusieurs documents dont le Dossier Noir. Dans le désert autour de Kor, les trois femmes commencent leur périple de retour à pied, en se demandant où se rendre : Le Monde Éclatant mais elles ne savent pas trop l'accueil que leur réservera Propsero ? Le MI5 est à exclure d'office. Lincoln Island, la base de Jack Dakkar ? Elles optent pour cette dernière solution. À Londres, Garath (Marsman) et Satin Astro arrivent au club Drumm n Bassment. Masman utilise ses pouvoirs pour entrer et ils parviennent jusqu'à une porte indiquant un local électrique, qu'Astro ouvre. Ils pénètrent dans les locaux qui servirent de quartier général à l'équipe de superhéros Seven Stars. En consultant les journaux restés sur place, Satin comprend que deux de leurs équipiers sont morts : il ne reste que Jim Logan et Caroll Flane dont elle ne sait où ils se trouvent et Vull qu'elle décide de retrouver.



Emma, Mina et Orlando sont arrivés à un port, et Orlando est en train de parlementer avec deux soldats responsables du sous-marin Dugong. La discussion prend une vilaine tournure quand l'un deux lui met une main aux fesses. Elles s'approprient le sous-marin après que les deux soldats aient passé un sale quart d'heure : en route pour Lincoln Island. À Vauxhall, le briefing de M se poursuit : Jason King fait son exposé devant lui et devant les agents J 1 à 6. King explique que des agents ont interrogé des associées d'Emma Night et que l'une d'elles l'a emmenée à Kampala en Ouganda. Un peu plus tard, d'autres agents ont récupéré un bout de vidéo-surveillance à Freetown en Sierra Leone montrant Night plus jeune avec Mina Murray et une autre femme. M demande à l'agent J5 de réquisitionner un jet : ils vont se rendre en Ouganda. Dans une autre pièce du quartier général, Garath et Satin découvrent Carol Flane (Electro Girl) dans une immense cage de Faraday. La discussion s'engage.



Alan Moore et Kevin O'Neill l'ont annoncé officiellement : il s'agit de la dernière aventure de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, car ils prennent leur retraite des comics. Le premier épisode de la première saison est paru en 1999, 20 ans auparavant. Le lecteur retrouve tout ce à quoi il s'attend : les personnages récurrents comme Mina Murray et Orlando, des personnages issus de la littérature de l'imaginaire (de James Bond à Prospero, en passant par des superhéros anglais oubliés), une imagination débridée, une narration visuelle sèche, ironique et protéiforme, des aventures délirantes, des références culturelles à gogo, à ne plus savoir qu'en faire. O'Neill dessine avec une verve qui donne le tournis, intégrant toutes les exigences du scénario qui sont en quantité astronomiques. Ses personnages ont encore parfois de grands yeux, mais leur contour est beaucoup moins anguleux que précédemment, et il arrondit même certains traits. Ben Dimagmaliw maîtrise mieux les techniques de mise en couleur, pour un rendu plus organique, plus cohérent, sans utilisation hasardeuse des effets spéciaux infographiques. L'artiste dessine une quantité phénoménale de personnages, tous immédiatement indentifiables, et reconnaissables si le lecteur a déjà eu l'occasion de les croiser. Il a dû passer un temps considérable sur chaque planche pour aboutir à une narration visuelle aussi rigoureuse, lisible et vivante. Le scénariste a perdu l'aigreur du tome précédent, et privilégie l'aventure, le spectaculaire, l'humour souvent ironique, dans une histoire dense pleine de péripéties inimaginables.



L'histoire entremêle plusieurs fils narratifs : Satin Astro est revenue dans le passé pour éviter une catastrophe mais elle a perdu la mémoire, James Bond continue à tout faire pour éradiquer le surnaturel du monde réel, Mina Murray décide d'accompagner Jack Dakkar au Monde Éclatant, pendant qu'Orlando et Emma Night enquêtent sur la mort de collègues de cette dernière. Le lecteur suit ces personnages qu'il connait depuis plusieurs tomes, ou qu'il a découvert au début de ce tome, en rencontre de nombreux autres, et se rend compte que les auteurs reprennent des éléments présents dans les tomes précédents : il s'agit donc d'une lecture déconseillée aux néophytes. Certes, ils font des rappels réguliers, par exemple la pièce de Shakespeare présente dans le Dossier Noir, mais ils sont succincts et parcellaires. À d'autres reprises, rien n'est rappelé : par exemple en ce qui concerne le Monde Éclatant et Prospéro. Dans ces cas-là, le lecteur de passage risque de rapidement jeter l'éponge. C’est-à-dire qu'il est possible de lire l'histoire pour elle-même en sachant très bien que nombreux dialogues font des références à des événements passés, que les dessins comprennent de nombreux personnages ou vestiges évoquant des œuvres anglaises de toute nature, et de trouver le récit entraînant, inventif, divertissant, imaginatif, excellent.



Mais il est aussi possible de s'agacer de ne pas saisir toutes ces références. Rien que la couverture du premier épisode pose question : qui sont ces trois femmes ? Emma Night, Satin Astro ou Orlando pour celle de gauche ? Les 3 hypothèses se défendent. Gloriana, Orlando ou Sycorax pour celle du milieu ? En tout cas, c'est Mina Murray pour celle de droite. Même pour un lecteur attentif dès le premier épisode de la première saison, il y a de nombreuses références trop obscures pour les identifier à la première lecture, ne serait-ce que parce qu'il s'agit de personnages mineurs de la bande dessinée britannique du vingtième siècle, ou parfois de la littérature d'imagination très obscure comme Pink Child, personnage apparaissant dans la nouvelle La niña rosa (1966), de Marco Denevi (écrivain argentin, 1922-1998). Autre exemple, chaque couverture est un hommage à une publication différente britannique, à commencer par les BD Classic Illustrated pour le numéro 1 : autant dire que le lecteur français n'en reconnaîtra pas beaucoup (sauf peut-être celle du magazine 2000 AD). C'est même épuisant ; dans une même page les références peuvent dépasser la dizaine, dans un ensemble hétéroclite pour mêler Cúchulainn et Gulliver. Au fil de l'épisode 4, le lecteur voit défiler Nemesis the Warlock, tous les acteurs ayant incarné James Bond, Pink Child, Dorothy (Dottie) Gale (Dorothy du Magicien d'Oz), Lady Alice Fairchild (Alice au pays des Merveilles), Wendy Darling Potter (Wendy de Peter Pan), Golliwog, Little Nemo in Slumberland, Margaret Brunner (= Margaret Thatcher + Miss Brunner), Mandrake le magicien, Black Cat (Linda Turner), Lady Blackhawk, Hannah Montana, Ayn Rand (1905-1982), et encore il s'agit à peine de la moitié des personnages de cet épisode.



Le lecteur constate également rapidement que la narration visuelle rend hommage à différentes formes de bande dessinée : la mise en page de Little Nemo in Slumberland de Winsor McCay (1971-1934), les strips des quotidiens, les comics pour fille avec des habits à découper pour placer sur les personnages, des passages en 3D (lunettes fournies dans le tome) dans le Monde Éclatant et même 2 pages en roman-photo dans l'épisode 3 : c'est un festival. Là encore, il faut une culture encyclopédique (celle d'Alan Moore) pour pouvoir rattacher telle forme de narration visuelle à telle magazine ou tel héros. Les références à la littérature de l'imaginaire ne s'arrêtent pas là et le lecteur reconnaît des références à des écrivains comme Howard Phillips Lovecraft (1890-1937), Ian Sinclair (et son personnage Andrew Norton), Michael Moorcock (et son personnage Jerry Cornelius), Margaret Atwood, à des auteurs de comics comme Steve Moore (1949-2014), Steve Ditko (1927-2018), et même à des mathématiciens comme Georg Cantor (mathématicien, 1845-1918), Kurt Gödel (mathématicien, 1906-1978), ou encore à des artistes peintres comme Richard Dadd (1817-1886), avec sa toile Le coup de maître du magicien bûcheron (The Fairy Feller’s Master-Stroke). Plus étonnant les auteurs prennent acte de l'existence des superhéros et y font référence Mandrake le magicien, Black Cat (Linda Turner), Lady Blackhawk, et de nombreux superhéros britanniques. D'ailleurs chaque épisode se termine avec une autre histoire de 8 pages, celle des Seven Stars : Captain Universe, Vull The Invisible, Marsman, Zom The Zodiac, Satin Astro, Flash Avenger, Electro Girl.



En fait chaque épisode contient encore beaucoup d'autres choses. Chaque deuxième de couverture revient sur un créateur de bande dessinée britannique qui a été spolié par les éditeurs : Leo Baxendale, Frank Bellamy, Marie Duval, Ken Reid, Denis McLoughlin, Ron Turner. Chaque troisième de couverture contient une page du courrier des lecteurs, entièrement rédigée par Alan & Kevin, réponses et lettres. Chaque quatrième de couverture constitue une fiche sur un des membres des Seven Stars, établie par Vull. Enfin le tome se termine par une postface en BD de 4 pages où Kevin & Alan se mettent en scène mettant en ordre le local de stockage où se trouvent tous les décors et les costumes nécessaires pour la série. Devant une telle profusion d'éléments de nature différente, cette bande dessinée semble inépuisable, à la fois pour ses personnages, ses références et ses thèmes. Le lecteur peut aussi bien l'envisager sous l'angle d'un divertissement, sous l'angle d'une somme postmoderne ultime, sous celui de la pensée des auteurs sur le rapport entre le réel et l'imaginaire et comment ce dernier influence le premier, comme une déclaration d'amour à l'imagination non-conformiste, etc.



Ce dernier tome des aventures de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires revient à un ton moins amer, avec un entrain irrésistible, et une profusion de personnages inépuisable, avec une abondance de références souvent obscures. Du coup, ça ne peut pas plaire à tout le monde : il faut que le lecteur soit consentant a priori. Sous cette réserve, il est vite subjugué par cette œuvre non-conformiste, encensant son genre littéraire de prédilection, avec une ouverture d'esprit extraordinaire. Il en ressort enchanté, avec la certitude de relire ce tome, et une question lancinante. La Tempête ? Bien sûr, il y a Prospéro et Ariel pour faire le lien avec la pièce du barde d'Avon, mais y a-t-il un thème commun à ladite pièce ?
Commenter  J’apprécie          80
Nemo : Fleuve de fantômes

Je vous conseille cette lecture qui détend, sans grande prétention !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
Commenter  J’apprécie          60
Nemo : Coeur de glace

C’est la première véritable aventure du nouveau capitaine Nemo, qui en 1925 part explorer l’Antarctique, peu après avoir volé les biens de la reine Ayesha (personnage du roman « Elle » et de ses suites, écrits par Henry Rider Haggard, le créateur d’Allan Quatermain). Cependant, des hommes ont été envoyés à sa poursuite pour la capturer et récupérer les trésors de la reine.

Les personnages qui interviennent dans cette histoire sont dans l’ensemble peu ou pas connus des lecteurs français, mais ce n’est pas gênant.

Comme il est écrit en quatrième de couverture, celle-ci « mélange le sens de l’aventure de Jules Verne au fantastique de H.P. Lovecraft ».

J’ai lu beaucoup de livres de Lovecraft, mais pas encore « Les Montagnes hallucinées ». Je ne peux donc être absolument certains que leur apparition dans cette bande dessinée soit absolument fidèle au roman, mais à mon avis elle l’est.

À la fin, un article de journal sert de transition avec l’album suivant. C’est plaisant à lire et dans la même veine que « L’Almanach du Globe-trotter » et que le « Dossier noir ».
Commenter  J’apprécie          50
Nemo : Les roses de Berlin

Des graphismes acérés, taillés à la serpe, dans un format grandiose impressionnants rappelant l'expressionisme de Fritz Lang avec Metropolis. Cette bd steampunk met en scène à la fois des grands personnages auteurs et leurs créations. Ainsi on retrouve se cotoyant Hynkel (le dictateur incarné par Charlot), Robur le conquérant et Nemo de Jules Verne. Scénographie palpitante.
Commenter  J’apprécie          50
Nemo : Coeur de glace

Un mélange de surréalisme, humour, aventure dans une ambiance steampunk et psychédélique avec des dessins de bd de style comic strip: un délire exquis, digne du très grand Alan Moore !
Commenter  J’apprécie          50
Nemo : Coeur de glace

Il s'agit d'une histoire complète parue en 2013. Elle peut être lue indépendamment des autres aventures de la League of extraordinary Gentlemen (en abrégé LoeG) ; elle gagne en signification en étant lue après l'histoire "Century". Le scénario est d'Alan Moore, les dessins et les encrages de Kevin O'Neill, la mise en couleurs de Ben Dimagmaliw.



En 1925, dans le port de New York, Janni Dakkar et l'équipage du Nautilus dérobent les bagages et les affaires d'Ayesha (reine de Kôr) qui vient passer quelques jours dans le domaine de Charles Foster Kane. Ayant assisté à ce vol, Ayesha éventre son roi consort (Leo Vincey) qui est resté sans rien faire. Après ce forfait, Janni Dakkar se confie à Broad Arrow Jack : elle est lassée par ces actes de piraterie. Elle a décidé de suivre les traces de son père en se lançant dans une expédition sur le continent antarctique, en poussant plus loin que ne l'a fait son père. De son coté, Kane organise la récupération des biens d'Ayesha en engageant Frank Reade junior, et Jack Wright qui vont se lancer chacun de leur coté à la poursuite de Janni et son équipage sur le continent antarctique.



Le tome se termine avec un texte de 4 pages (un courte nouvelle) dans lequel Hildy Johnson, une échotière (à l'origine un personnage d'une comédie de Broadway de 1928), est invitée par Janni Dakkar à assister au mariage de Hira Dakkar & Armand Robur, pour écrire un article pour la presse people afin de faire connaître au monde l'union des maîtres de la mer (Nemo) et de l'air (Robur).



-

Au premier niveau, cette histoire apparaît simple. Alan Moore a bâti son récit sur une course poursuite au travers de l'Antarctique, traversant des royaumes imaginaires, bizarres et inattendus, parfois un peu horrifiques; souvent sous-exploités. Ainsi la Mégapatagonie n'a droit qu'à 2 pages, sans plus d'explication. De même le passage dans les restes de cette civilisation des Grands Anciens évoque de nombreuses caractéristiques de cette civilisation qui ne débouche sur pas grand-chose. Moore fait clairement apparaître la motivation de Janni Drakkar (utiliser ses capacités à quelque chose de plus constructif, et dépasser les accomplissements de son père, faire mieux que lui). Mais le développement de son caractère ne va pas plus loin. Ses compagnons d'aventure succombent avant d'avoir acquis un semblant d'épaisseur, et avant que le lecteur ait pu s'y attacher. Leurs poursuivants disposent de caractéristiques encore plus minces. L'histoire présente assez de singularités pour retenir l'attention du lecteur et le tenir en haleine, mais prise à ce niveau elle semble assez superficielle. Kevin O' Neill compose des pages toujours aussi rigoureuses. Elles contiennent toutes les informations visuelles exigées par le scénario détaillé de Moore. Il est revenu à des proportions plus naturelles pour les personnages, tout en conservant de légères déformations ou exagérations qui confèrent un air étrange à chaque individu. Il réussit une double page magnifique dans sa majesté alliée à la dérision pour la Mégapatagonie. Les horreurs des Montagnes Hallucinées sont légèrement plus convenues, un peu décevantes par rapport à la capacité d'O' Neill à créer des horreurs tératogéniques irrémédiablement inconciliables avec l'anatomie humaine. Par contre, il s'amuse bien en transcrivant les paradoxes liés aux Montagnes de Fer ; il s'amuse encore plus avec ce pingouin albinos géant vêtu d'une veste et pris dans le rayon d'une lampe torche. Le texte final est très savoureux en tant que pastiche de reportage d'un mariage princier. Et c'est tout.



-

Comment ça, c'est tout ? Comme pour tous les autres tomes, la lecture de ces aventures de Nemo (deuxième génération) ne s'apprécie qu'à condition de jouer au jeu de reconnaître les références. Certaines sont faciles à identifier : She de H. Rider Haggard (Ayesha, reine de Kôr), Les aventures d'Arthur Gordon Pym d'Edgar Allan Poe, Robur le conquérant de Jules Verne, Les montagnes hallucinées d'Howards Philips Lovecraft, ou encore Citizen Kane d'Orson Welles (étrange cavalière sur la luge marquée Rosebud). D'autres demandent un peu plus d'attention : Le Faucon maltais posé sur une commode en face de la photographie de la luge. Et certaines deviennent vite agaçantes : qui sont ce Reade, ce Swyfte et ces montagnes de fer (Iron Mountains) ? Heureusement Jess Nevins est là pour guider le pauvre ignorant. En consultant son site, le lecteur apprend que le personnage de Frank Reade a été décliné sous 3 générations différentes, et a été le héros de plus de 180 romans courts entre 1879 et 1899. Il découvrira également le concept du thème "édisonade", mettant en valeur les progrès apportés par la science. Il pourra s'assurer qu'il a bien repéré la référence à Metropolis et à King Kong (version 1933). À partir de là la mention d'un livre écrit par un arabe dément devient évidente (Abdul al-Hazred), ainsi que l'évocation du Titanic. Juste pour le plaisir la Mégapatagonie fait référence à un ouvrage de Nicolas Edme Restif de la Bretonne, paru en 1781.



À condition d'accepter de se livrer à cet exercice de chasse à la référence, cette course-poursuite prend une autre dimension. Le lecteur pourra rester un peu déçu par l'interprétation du court roman de Lovecraft (Les montagnes hallucinées) où Moore et O'Neill se livrent à un exercice un peu stérile qui n'apporte pas grand-chose à l'œuvre originale (par comparaison à ce que Moore a pu faire dans Neonomicon). Pour les autres références, Alan Moore utilise le dispositif de la course-poursuite pour effectuer une comparaison entre les qualités de la littérature populaire du dix-neuvième siècle, et celles du début du vingtième. À la richesse de l'inventivité poétique et de la soif d'anticipation de la première, il oppose l'impérialisme colonialiste de la seconde. Janni Drakkar s'inscrit dans la soif de découvertes et de rencontres de Nemo : l'ouverture d'esprit à d'autres cultures, l'ambition de comprendre le monde, même si sa capacité à concevoir un projet exploratoire est très inférieure à celle de son père. Il reste des territoires à défricher, mais son projet s'avère un simple décalque des accomplissements de son père : elle souhaite juste aller plus loin. Or elle a bien du mal à dépasser lesdits accomplissements, alors qu'elle dispose d'une technologie plus performante. Les américains (Reade et Wright) à sa poursuite ont pour seule ambition de conquérir et d'asservir, d'imposer leur vision et leur mode de vie. Ils n'ont pas de goût à se confronter à d'autres cultures pour s'enrichir et évoluer ; ils se contentent d'imposer leur culture comme valeur universelle. À ce niveau, "Heart of ice" devient un métacommentaire autoréflexif sur les choix narratifs de Moore : il prend soin de rendre hommage à ses prédécesseurs, et ses œuvres reflètent sa volonté de participer à une culture populaire (des comics d'aventure) intelligente, curieuse de s'aventurer dans des territoires inconnus.



À nouveau Moore développe sa vision d'une culture populaire de masse qui est de plus en plus décadente et paresseuse à ses yeux, cannibalisant les œuvres du passé, pour les recycler, les abêtir, les transformer en simples marchandises, en étendant cette notion à l'état d'esprit d'une nation. À ce titre, les extraits du journal de Janni Dakkar dans les 2 avant dernières pages explicitent le propos de Moore : l'incapacité de la société moderne à se hisser au niveau des grandes réalisations des siècles précédents, toute entière dévolue au tout puissant divertissement. Toutefois, ce tome est nettement moins amer que "Century" et procure un plaisir premier degré plus agréable du fait de sa diversité et de son histoire plus directe. Le lecteur est également autorisé à observer autour de lui et constater que Moore ne retient que les éléments à charge contre la société actuelle.
Commenter  J’apprécie          50
La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, H.S..

Cet album de la ligue des gentlemen extraordinaire se démarque des autres par la forme qu'il adopte. En effet, il contient finalement peu de bandes dessinées pour lui préférer le texte et l'illustration. Son intérêt n'est pas dans la poursuite d'un récit, et donc la narration (bien qu'il comble en partie les vides laissés entre les épisodes qui se passent à des époques différentes), mais bien dans ce qu'il nous révèle de son auteur, Alan Moore. Ce Dossier Noir est peut-être son œuvre la plus personnelle est nous rappelle à quel point il se situe à un autre niveau que la plupart de ses confrères. L'histoire se résume assez vite : Miss Murray (leader de la Ligue) et son amant, Allan Quatermain, réussisse à mettre la main sur le Dossier Noir qui contient tout ce que les services secrets britanniques connaissent du "groupe Murray". La majeur partie de l'ouvrage nous donne à voir ces archives comme si nous les consultions nous-mêmes. C'est là un formidable prétexte pour Alan Moore de nous parler de ses influences. De nous dire que cette époque pas si lointaine (les XVIII, XIX et début du XX siècle) était merveilleuse, magique et que même le rationalisme galopant se teintait d'irrationnel et pouvait donner des hommes invisibles et des machines impossibles. L'album se divise en une douzaine de chapitres plus des illustrations (par exemple le plan du Nautilus). Chacun d'entre eux nous parle d'une aventure impliquant les différentes Ligues qui se sont succédées à travers le temps, depuis sa création par la reine des fées, Gloriana, en 1620. Ainsi, le lecteur pourra apprécier, entre autres, un acte d'une pièce de Shakespeare intitulée le Destin des Fées, un récit nous narrant les aventures de Fanny Hill, évoquant la littérature érotique du XVIII, l'histoire du recrutement de Miss Murray par Moriarty (le "M" de l'époque) et sa rencontre avec le capitaine Nemo (clin d’œil à Jules Verne), un récit mettant en scène Gulliver (qui fit partie de la Ligue) ainsi qu'une courte histoire qui nous parle de l'influence des Grands Anciens sur le monde (ça vous rappelle quelqu’un ?).

Esthétiquement superbe, d'une très grande inventivité formelle et touchant par sa dimension personnelle, le Dossier Noir est une œuvre incontournable pour quiconque apprécie Alan Moore.
Commenter  J’apprécie          50
Nemo : Les roses de Berlin

En 1941, Janni Nemo apprend que sa fille et son gendre ont été faits prisonniers par les nazis et part leur porter secours à Berlin, où règne non pas Adolf Hitler mais Adenoid Hynkel, le dictateur de Chaplin. Celui-ci est secondé par différents personnages mythiques du cinéma allemand de la première moitié du XXe siècle : le docteur Mabuse, le docteur Caligari, la femme-robot de « Metropolis ».

L’album se termine aussi par un article d’Hildy Johnson, la même journaliste que dans le premier tome.
Commenter  J’apprécie          40
La ligue des gentlemen extraordinaires, Cen..

L’intérêt principal de cet album est la première apparition de Janni Dakkar, fille et héritière du capitaine Nemo.

Si je conseille de le lire, c’est donc plus en tant que premier tome de la série « Nemo » que comme premier tome de « Century ». Cette lecture semble même nécessaire pour comprendre « Nemo : Cœur de glace ».
Commenter  J’apprécie          40
La ligue des gentlemen extraordinaires - In..

Dans sa longue quête de faire entrer la littérature "de superhéros" comme un genre présentable parmi le reste de la littérature, Alan Moore a pondu "La Ligue des Gentlemen Extraordinaires".



Toutes sortes de figures de la littérature anglaise forment une espèce de proto-équipe de superhéros pour protéger le monde (bon d'accord, surtout le Royaume-Uni). S'y côtoient, dans un Londres Steampunk, Minerva de Dracula, L'Homme Invisible de Wells, Le Docteur Jekyll de Stevenson, le Capitaine Némo de Verne, Orlando de Wolfe, Harry Potter et beaucoup d'autres.



Tout cela est fait dans un respect complet des œuvres d'origine. Moore prouve que la littérature populaire, les aventures de justice et de surpuissance, ce n'est ni typiquement américain, ni nécessairement mauvais.



Comme il s'agit de l'intégrale, l'histoire commence au 19e siècle et se termine au 21e. La première intrigue mêle les grandes lignes de La Guerre des Mondes de Wells en mêlant l'histoire avec un certain génie à celles des autres personnages impliqués. Le reste suit une trame assez semblable.



Note : C'est bien une BD pour adulte. Il y a des scènes difficiles.



La fin de La Ligue des Gentlemen est la dernière chose que Moore a écrite pour des comics. S'il tient parole, il ne retournera jamais à ce médium dont l'industrie l'a complètement brisé.
Commenter  J’apprécie          40
ABC Warriors : Mek Files, tome 1

Ce tome comprend les épisodes des ABC Warriors parus les progs (numéros) du magazine hebdomadaire britannique 2000 AD suivants : 119 à 139, 555 à 566, 573 à 581, en 1979, puis en 1988. Tous les scénarios ont été écrits par Pat Mills. Aux dessins, se succèdent Brett Ewins, Carlos Ezquerra, Dave Gibbons, Brendan McCarthy, Kevin O'Neill. L'histoire intitulée The Black Hole (21 épisodes) a été dessinée par SMS et Simon Bisley. Pour bien comprendre qui sont Hammerstein et Ro-Jaws, il vaut mieux avoir lu Ro-Busters: The Complete Nuts and Bolts Vol. I & Ro-Busters: The Complete Nuts and Bolts Vol. II , car Pat Mills n'est pas adepte des résumés en cours d'histoire. Du coup pour pouvoir saisir quelques références, le lecteur a intérêt à avoir lu les épisodes des Ro-Busters.



-

- ABC Warriors: Meknificent Seven - Hammerstein emmène plusieurs ex ABC Warriors sur le site de la dernière bataille contre les Volgans. Lors de la guerre contre les Volgans, 100 millions de robots ont trouvé la mort. Hammerstein était alors le commandant d'une unité d'ABC Warriors : A pour Atomique, B pour Bactériologique et C pour Chimique. Il se battait aux côtés de Joe Pineapples et Happy Shrapnel, 2 autres ABC Warriors. Le récit se déroule ensuite pendant la guerre contre les volgans, dans les années 2080. Hammerstein a attiré sur lui l'attention du colonel Lash, un militaire humain, qui lui assigne des missions. La première s'avère être un test qu'il accomplit avec Happy Shrapnel et Joe Pineapples. Hammerstein ayant fait ses preuves, le colonel (qui reste dans l'anonymat) lui confie d'autres missions qui consistent à recruter d'autres Guerriers ABC, un par un.



Hammerstein et ses 2 compagnons doivent commencer par recruter Mongrol, un robot qui ne reconnaît que la force et qui se bat pour retrouver Lara, une jeune fille qui l'a reconstruit alors qu'il n'était plus qu'une tête sans corps. La recrue potentielle suivante sort de l'ordinaire puisqu'il s'agit de Deadlock, le grand sorcier de l'ordre des chevaliers martiaux. À cette occasion, Hammerstein explique à ses compagnons ce qu'est cet ordre et comment ces chevaliers se battent avec la puissance de leur esprit. La recrue suivante est en train de perpétrer un massacre d'innocents : il s'agit d'un gradé dans l'armée robotique des Volgans, appelé Blackblood. Il ne reste plus qu'à recruter le robot indestructible Steelhorn qui prend le nom de The Mess, après un petit accident. Le colonel Lash se révèle alors aux 7 ABC Warriors et leur indique leur mission : se rendre sur Mars qui a été terraformée et colonisée, pour éviter le massacre des civils dans la guerre que se livrent les entreprises minières.



ABC Warriors est une série qui a passé l'épreuve du temps, avec des changements réguliers dans la composition de l'équipe de robots, avec des illustrateurs de niveau différents, mais souvent très bons, et même excellents, et toujours le même créateur pour guider leur destinée, à savoir Pat Mills. En 2013, ils sont même retournés sur Mars : ABC Warriors: Return to Mars , illustré par Clint Langley. Dans ce premier tome de l'intégrale, le lecteur assiste donc à la constitution de l'équipe, pratiquement un robot à la fois. Pat Mills commence par un épisode prologue (dessiné par Kevin O'Neill) pour rappeler que ces robots ont servi dans les guerres Volgan et que nombre d'entre n'en sont jamais revenus. L'invasion des Volgans s'est fait en deux temps, ayant débuté en 1999 en Angleterre, avant de s'étendre des décennies plus tard aux États-Unis. Il s'agit d'un événement que l'on retrouve dans d'autres séries de 2000 AD, mais qui a été extirpé de la continuité de Judge Dredd. Tout commence avec Invasion! . Le début de la série ABC Warriors revient donc en arrière par rapport à Ro-Busters avec cette mission rassemblant progressivement les ABC Warriors et dont le titre évoque le film Les Sept Mercenaires (1960, The Magnificent Seven) de John Sturges.



Pat Mills utilise une approche un peu déroutante pour caractériser ses robots. Il s'agit donc d'êtres mécaniques dotés d'une programmation qui leur permet de formuler des pensées indépendantes. De ce fait en fonction des spécificités de leur programmation, de leur spécialisation dans la guerre, de leur morphologie (les caractéristiques physiques de leur corps), ils acquièrent des expériences différentes, ce qui induit le développement d'une forme de personnalité propre à chaque robot. Le scénariste insiste bien sur le fait qu'aux yeux des humains, il ne s'agit que d'objets dont la fonction première est d'être sur le champ de bataille à la place des êtres humains. Le lecteur retrouve donc parfois comme un écho déformé des thèmes que Mills a pu aborder dans la série Charley's War dessinée par Joe Colquhoun. À partir de ce postulat, il écrit des histoires mêlant science-fiction et guerre. Il s'amuse bien avec les différents robots, leur donnant à chacun une histoire personnelle et des capacités de plus en plus étranges.



Le lecteur garde à l'esprit que la personnalité et les capacités spécifiques de chaque robot découlent de la manière dont il a été fabriqué et programmé. Il ressent très vite une forme d'empathie pour la grosse brute qu'est Mongrol, apitoyé par son attachement à Laura, consterné par son manque de capacité de réflexion. Il sourit quand il comprend que Deadlock fait partie d'un ordre dont la mission a amené les robots qui le composent à développer des capacités surnaturelles. Mills s'amuse à pousser la logique jusqu'au bout, en estimant que l'obstination de ces robots particuliers a pu leur permettre d'acquérir des capacités mentales inaccessibles aux êtres humains normaux, a pu leur permettre de faire de l'art du tarot divinatoire une véritable science. Le scénariste fait se rejoindre la plus haute technologie et la magie ou la sorcellerie, dans un raisonnement logique. Dans un autre ordre d'idée, le lecteur éprouve des difficultés à concilier le dégoût qu'il peut éprouver à l'encontre de Blackblood, de sa fourberie et de sa cruauté, et du fait que ce robot ait développé ses caractéristiques du fait de sa programmation, quasiment sans volonté propre.



En parallèle, le lecteur ressent la maîtrise que Pat Mills a des récits de guerre. Il ne porte pas aux nues la valeur guerrière, le courage dans la bataille, la virilité à triompher de son adversaire. Comme à son habitude, il met en avant le coût en vie humaine, l'inhumanité de régler ses problèmes par des conflits de grande envergure. Il met donc en scène des soldats sacrifiés par leur commandement, des individus littéralement formatés pour tuer sur les champs de bataille, des personnes à l'esprit simple embrigadées et endoctrinées pour donner la mort au nom d'individus qui ne mettent jamais les pieds sur un champ de bataille. Il met également en scène les populations devant survivre dans des villes dévastées par la guerre, les civils pris au milieu d'un conflit ouvert (le massacre de Bougainville), les populations indigènes qui voient arriver des colons qui se battent sur leur territoire, ou encore les profiteurs que sont les marchands d'arme. Le lecteur apprécie la conscience politique de Pat Mills qui transforme un récit de guerre en une analyse décillée du prix à payer par les individus pris dans le conflit, civils comme militaires.



Bien sûr, ces épisodes sont dans la continuité graphique des épisodes des Ro-Busters puisqu'il s'agit pour partie des mêmes artistes. Cependant le lecteur ressent une évolution dans les pages. Il ne s'agit plus uniquement de pages parfois un peu appliquées avec des cases aux angles aigus pour en augmenter l'agressivité. Dans le prologue, les dessins de Kevin O'Neill laissent déjà transparaître son humour grinçant, en particulier dans les coups massifs portés par les robots, et les dommages occasionnés. Les dessins de Brendan McCarthy sont encore assez sages par rapport à ce qu'il fera dans la suite de sa carrière, mais le lecteur découvre déjà quelques cases surréalistes que ce soit Happy Shrapnel en robe ou le masque à maille métallique d'Old Horney. Ses dessins gagnent en psychédélisme pour les épisodes 127 et 128, consacrés à Steelhorn, dans lesquels McCarthy se lâche plus.



Mick McMahon n'a pas encore complètement versé dans l'exagération des formes et les contours anguleux qui seront sa marque de fabrique, mais le langage corporel des humains est déjà grotesque et le lecteur voit la souffrance et l'angoisse dans les postures des civils du massacre de Bougainville. Il donne des corps de plus en plus mécaniques aux guerriers ABC au fur et à mesure des épisodes qu'il dessine, les éloignant de tout semblant d'humanité, de vraies machines. Dave Gibbons n'a pas encore atteint sa complète maturité et ses dessins précis sont encore un peu chargés à la lecture. Pour l'épilogue, le lecteur retrouve Kevin O'Neill le temps de 3 pages. Des angles inattendus commencent à apparaître dans les contours des formes, conférant une dimension monstrueuse et outrageuse à tout ce qu'il dessine.



Cette histoire des ABC Warriors permet au lecteur de découvrir comment s'est constitué l'équipe, et de faire connaissance avec la majorité des Guerriers ABC. L'intrigue reste un peu trop linéaire et éparpillée au gré de l'inspiration du moment. Les artistes appartiennent tous au haut du panier, mais ils sont encore en phase de transition entre les conventions graphiques établies du magazine 2000 AD, et leur personnalité graphique définitive. Loin d'être une lecture pesante et obligatoire pour découvrir ce pan de l'histoire des comics britanniques, cette histoire se découvre avec plaisir et recèle à chaque épisode des moments poignants. 4 étoiles.



-

- ABC Warriors: The black hole (progs 555 à 566, 573 à 581, 1988) - Pendant la période classique de l'histoire de Terra, l'empereur Zalinn a fait construire un trou noir / blanc sur la planète elle-même. Cette installation a permis aux humains de se rendre partout dans l'univers et de conquérir planète après planète. Plusieurs villes se sont bâties autour et à proximité du bypass trou noir, dont Necropolis la ville mausolée, et Agartha, la ville éternelle. Mais comme toute civilisation, celle-ci a fini par décliner quand un empereur (Thano, troisième du nom) a accepté les mariages inter-races, entre humains et extraterrestres. Il faudra attendre l'ascension de Tomas de Torquemada pour que la race humaine regagne de sa pureté, freiné dans son élan par Nemesis le sorcier. Dans les affrontements qui s'en sont suivi, le fils de Nemesis a détruit le poste de contrôle du trou noir, déclenchant une contamination par les radiations de milliers de planète à travers la galaxie. Afin de réparer les dégâts, Nemesis a dépêché les ABC Warriors : Hammerstein, Joe Pineapples, Ro-Jaws, Blackblood, Mongrol et Mek-Quake. Ils doivent traverser un labyrinthe de conduites appelées les déchets du temps pour atteindre le poste de contrôle au cœur du trou noir.



Joe Pineapples, Hammerstein et Blackblood ont pris place sur le dos de Mek-Quake (ayant une forme de tank avec une tête sur un long cou), et Mongrol porte Ro-Jaws sur son épaule. Hammerstein constate qu'ils ne sont que 6, Deadlock étant resté sur Mars. Alors qu'ils progressent ainsi en volant dans un tunnel, ils sont attaqués par un gang de psycho-bikers dont une femme s'appelant Terri. Alors qu'ils se fraient un chemin en tuant les psycho-bikers sur leur chemin, ils sont observés par une silhouette encapuchonnée, se tenant un peu à l'écart. Il s'agit de Deadlock revenu pour les aider, afin de préserver l'existence de la galaxie. Alors qu'ils continuent de s'enfoncer dans les tunnels, ils se heurtent aux Mekaniks, les gardiens des tunnels de maintenance du trou noir / blanc.



Attention ! la série passe en hyper-espace. Il s'est donc écoulé près de 10 ans entre la parution de The Meknificent Seven et cette nouvelle histoire, et ça se voit. Pour commencer, le lecteur doit s'accrocher : en moins de 2 pages, Pat Mills effectue un résumé hypercompressé de la situation, du développement de ce trou noir / blanc, de l'existence de Tomas de Torquemada et du lien qui unit Nemesis the Warlock aux ABC Warriors. Si l'attention du lecteur faiblit ne serait-ce qu'une seconde pendant ces 2 pages, il perd complètement pied et doit recommencer depuis la première case. En outre, les ABC Warriors ont croisé la route de Nemesis dans sa propre série, voir The Complete Nemesis the Warlock: Bk. 2 . En fait, le lecteur est censé être déjà accoutumé aux ABC Warriors, parce que la présentation très orientée qu'en fait Deadlock ne suffit pas à comprendre ce que sont ces personnages. Ensuite, il doit disposer d'un peu de références concernant Nemesis et son histoire, car il y sera fait allusion dans le dernier tiers du récit, en particulier pour l'ennemi Monade. Enfin, il vaut mieux que le lecteur soit aussi familier de ce mode de transport lié au trou noir / blanc (apparu également dans la série Nemesis), et à Terra, car les rappels sont plus que succincts et guère explicatifs.



Il est possible que le lecteur ait été attiré par l'association de Simon Bisley avec Pat Mills, les auteurs de Sláine: The Horned God , l'aventure la plus connue (à juste titre) de ce barbare, leur collaboration suivante après la présente histoire. En outre, Pat Mills ne tarit pas déloge sur SMS, l'autre artiste ayant dessiné 8 des 21 épisodes de cette histoire. Celle-ci est en noir & blanc du début à la fin, le lecteur ne retrouve donc pas les peintures de Bisley. Par contre, ça décoiffe dès la première page, avec une approche outrée et non conventionnelle. Le major Savard regarde le lecteur droit dans les yeux, sans raison apparente, en second plan des individus sont en train de se tirer dessus dont 2 avec ce qui semble être un casque de footballeur américain sur la tête.la représentation du trou noir / blanc est tellement géométrique qu'elle en devient abstraite. Le représentation d'Arghata n'a pas de logique, autre qu'un impact esthétique. Thano le troisième a pris une pose lascive sur trône métallique en forme de squelette d'extraterrestre… et ce n'est que la première page. Dans la deuxième page, Torquemada prend la parole devant un bouquet de micros avec un air dément, Nemesis dresse son épée ensanglantée comme un pénis monumental, les 6 ABC Warriors défient le lecteur droit dans les yeux. Celui-ci a l'impression de plonger dans un numéro de Métal Hurlant illustré par un artiste spécialisé dans la science-fiction métallique et déviante.



Simon Bisley ne fait pas montre de beaucoup de patience pour les décors. La majeure partie des cases dispose d'un fond blanc uni, ou alors d'un fond noir uni, le plus souvent sans aucune trace d'un élément de décor. De temps à autre, il se souvient le temps d'une case que le récit est censé se dérouler dans des tunnels, et il rétablit une sorte de perspective avec 3 traits, ou une porte. Il s'investit un peu plus quand il faut dessiner un accessoire indispensable à l'action, comme la presse à robot avec déchiqueteur, ou les parois d'un tunnel, ou encore les bécanes métalliques des psycho-bikers ou de Deadlock. Pour ces accessoires de décors là, le lecteur peut alors contempler des formes torturées, mélange de courbes sensuelles et d'angles agressifs, rutilant de partout. La bécane de Deadlock défie l'entendement avec un ski à la place de la roue avant, mais une vraie roue à l'arrière, et une crinière sur la figure de proue aux dents acérées. C'est un fantasme de Hell's angel de l'espace, cyberpunk avant l'heure.



Le lecteur se délecte tout autant des différents accessoires des personnages, à commencer par la carapace métallique des robots, aux formes sensuelles et froides. Il découvre l'accoutrement de barbare baroque de Deadlock, avec cape finement brodée et déchiquetée, épée trop longue à la lame bifide et ébréchée, coutelas dans un fourreau richement décoré, épaulettes métalliques décoratives et énormes, etc. Bisley refuse de se laisser contraindre par la vraisemblance ou la praticité, il transforme les personnages en des fantasmes barbares et technologiques, pleins de fougue et de morgue. En dernière page du premier épisode, le lecteur découvre un dessin d'Hammerstein en pleine page se tenant sur un monticule de cadavre, étranglant un ennemi à ses pieds d'une main, et défouraillant avec une énorme arme à feu de l'autre main. Dans l'épisode suivant, il en prend plein les mirettes avec un portrait en pied de Joe Pineappales tenant un fusil au canon démesurément long et ajustant son tir. 2 épisodes plus loin, il voit Terri en pleine action, une femme bodybuildée comme une Miss Univers, qui se croit un robot dans un corps d'être humain, s'en prendre à un Mekanik. Dans ce même épisode, il voit Deadlock prendre la pose comme Conan, avec la main gauche appuyée sur le pommeau de son épée. Vers la fin, le lecteur voit la créature de l'esprit créer par les robots se tenir sur sa monture dans la même posture que le Death Dealer de Frank Frazetta. Les dessins de Bisley irradient une flamboyance et une outrecuidance terribles, montrant des personnages vivant intensément l'instant présent, totalement impliqués dans leurs actions.



Simon Bisley tire donc cette aventure des ABC Warriors dans une représentation fantasmée, métal-punk en diable, exsudant la testostérone et l'exultation de la chair, paradoxe extraordinaire car il s'agit de personnages faits de métal et de câbles. Cette glorification de l'étrangeté provocante est tempérée par des cases grotesques ou incongrues au dernier point, comme celle ne contenant qu'une paire de plateform-boots, un escarpin, un pin's Peace & Love et un tibia. Par contraste, SMS donne l'impression de moins exister, de réaliser des pages moins intenses. Mais en fait il n'en est rien. Il rapproche la narration visuelle d'une représentation plus figurative. Il réintroduit des décors en arrière-plan. Il représente des figurants humains normaux. Toutefois le lecteur s'aperçoit que ses décors présentent une qualité monumentale qui inscrit ces péripéties dans une autre forme onirique. Il s'inspire des escaliers sans fin de Maurits Cornelis Escher pour une page démentielle. Il s'avère également très dérangeant pour les séquences d'horreur corporelle, avec une qualité de la chair torturée qui donne l'impression de pouvoir la toucher. À sa manière, il continue de dessiner les robots comme des vraies créatures métalliques, sans lien avec l'humanité, donnant l'impression de singer leurs créateurs, sans aucune possibilité de leur ressembler.



Avec cette histoire, les ABC Warriors pénètrent dans un monde visuel beaucoup plus radical que celui de leurs aventures précédentes. Ils affrontent également des péripéties qui ont gagné en conceptualisation. A priori, l'intrigue est très basique : parcourir les tunnels de maintenance du trou noir / blanc, affronter les robots et les humains qui y vivent, gagner la salle de contrôle, rétablir le fonctionnement des commandes. Dans l'exécution de cette mission, ils passent par des étapes d'affrontements physiques magnifiés par Bisley jusqu'à l'absurde, mais aussi par des étapes incongrues jusqu'à l'absurde. Le lecteur se retrouve face à une humaine (Terri) qui se prend pour un robot, à un nouveau traître dans l'équipe des ABC Warriors (différent de Blackblood), au plus grand robot du monde qui est réduit à effectuer des tâches balayage à cause de comptables qui appliquent des réductions budgétaires, à l'utilisation du tarot divinatoire par des robots, à un robot qui lit aussi bien les romans de Barbara Cartland (1901-2000) que Le choix de Sophie (1979) de William Styron, à une citation de Tacite, à des masques vénitiens etc. Arrivé à la fin, il a bien bénéficié d'une résolution en bonne et due forme contre le méchant (Le monade), mais il frise aussi l'indigestion du fait de l'hétéroclisme des thèmes développés à vitesse grand V.



La lecture de cette histoire des ABC Warriors est à réserver aux lecteurs aventureux, capables d'appr
Commenter  J’apprécie          42
The Galaxy's Greatest : Celebrating 40 year..

Comme son nom l'indique, ce tome est un recueil de plusieurs récits publiés dans l'hebdomadaire anglais 2000 AD qui fêtait ses 40 ans en 2017. Le principe de choix qui a présidé à la constitution de ce recueil est de demander à des contributeurs réguliers du magazine de désigner leur histoire préférée.



(1) Tharg and the intruder (1977, 3 pages, scénario et dessins de Kevin O'Neill, histoire choisie par Henry Flint) - Tharg fait faire le tour d'une partie des bureaux de la rédaction à un adolescent railleur. (2) Meat (2010, 10 pages, scénario de Rob Williams, dessins de Dylan Teague, récit choisi par Tom Foste) - Un membre de l'équipe de nettoyage après crime intervient à plusieurs reprises après des missions de Judge Dredd. (3) The sweet taste of Justice (1981, 10 pages, scénario de Alan Grant, dessins de Colin Wilson, choisi par Dan Abnett) - Judge Dredd intervient dans une opération d'interception de livraison de produit de contrebande). (4) Mutie's luck (1980, 6 pages, scénario d'Alan Grant, dessins de Carlos Ezquerra, choisi par Al Ewing) - Plusieurs mutants ont choisi de tenter leur chance avec les économies de leur communauté dans le plus grand casino en orbite autour de la Terre. Johnny Alpha et Wulf Sternhammer n'apprécient pas que ces mutants se soient fait plumer par un tricheur. (5) The forever crimes (1979, 6 pages, scénario de John Wagner, dessins de Brian Bolland, choisi par Brendan McCarthy) - Judge Dredd enquête sur des cas de chantages, qui le mènent à une clinique spécialisée dans la cryogénie. (6) Shok! (1981, 7 pages, scénario de Kevin O'Neill & Steve MacManus, dessins de Kevin O'Neill, choisi par Pat Mills) Un jeune policier ramène de vieux bouts de robot à sa femme sculpteuse. Il repart pour une intervention, et une intelligence artificielle s'éveille mettant en danger la vie de sa femme. (7) Krong (1977, 5 pages, scénario de Malcolm Shaw, dessins de Carlos Ezquerra, choisi par Mike McMahon) - Judge Dredd enquête sur une série de meurtres qui semblent avoir été commis par des monstres de cinéma.



(8) The Heart is a Lonely Klegg Hunter (2014, 12 pages, scénario de Rob Williams, dessins de Chris Weston, choisi par Alex Worley) - Ce Klegg ressemble à un gros crocodile anthropomorphe, et tous les habitants de Mega-City One s'attendent à ce qu'il se jette sur eux. Il fait l'objet d'une chasse à l'homme par un groupe privé. (9) The Strange Case of the Wyndham Demon (1992, 10 pages, scénario de John Smith, dessins de John M. Burns, choisi par Kew Walker) - Le docteur Sin doit arrêter une série de meurtres dans la province anglaise. (10) The Sword sinister (1981, 5 pages, scénario de Pat Mills, dessins de Kevin O'neill, choisi par Dave Kendall) - Le brave fermier Olric est choisi par Torquemada pour retrouver l'épée légendaire de ses aïeux. (11) Beyond the wall (1986, 10 pages, scénario d'Alan Grant & John Wagner, dessins de Steve Dillon, choisi par Jock) - Judge Dredd arrête un jeune au comportement anormal. Il va tout mettre en œuvre pour lui faire avouer ce qui a suscité ce comportement. (12) The runner (2001, 6 pages, scénario de John Wagner, dessins de Duncan Fegredo, choisi par Rob Williams) - Judge Dredd surprend un individu en train de courir dans les rues de Mega-City One. (13) A Close Encounter of the Fatal Kind! (1979, 6 pages, scénario d'Alan Grant, dessins de Carlos Ezquerra, choisi par John Wagner) - C'est l'histoire d'Alec Trench, un scénariste dont toutes les histoires ont été refusées par les éditeurs de 2000 AD. Un jour, il est enlevé par des extraterrestres.



En découvrant ce recueil, le lecteur se dit que l'éditeur de 2000 AD ne s'est pas trop foulé comme façon de célébrer l'anniversaire des 40 ans du magazine : une courte anthologie d'histoires choisies par une méthode fleurant bon le népotisme. Des artistes maison de 2000 AD désignent des histoires parues dans le magazine, dont certaines réalisées par leurs collègues qui ont participé à ce choix. D'un autre côté comment rendre hommage à la longévité de ce magazine, sinon en piochant dans son épais catalogue ? Non seulement il y a plus de 2000 numéros dans lesquels chercher des pépites, mais en plus dans 380 numéros du magazine dérivé mettant en scène Judge Dredd, appelé Judge Dredd Megazine. Une partie des histoires paraissant dans 2000 AD font l'objet d'une édition en album quand il s'agit d'un héros récurrent, comme Judge Dredd, Sláine, ABC Warriors, Rogue Trooper, Strontium Dog, Nemesis the Warlock, Button Man, Sinister Dexter, Nikolai Dante, Devlin Waugh, Ampney Crucis, Indigo Prime, Savage, et tant d'autres. Il existe également une poignée de recueils consacrés à des auteurs (à commencer par Alan Moore), et une autre reprenant des histoires courtes. En tout état de cause, il était impossible d'imaginer de commercialiser un gros pavé avec plus d'histoires courtes qui ne se serait pas vendu.



Avec ce point de vue en tête, il apparaît du coup logique que les éditeurs aient cherché un outil de sélection qui puisse faire figure d'argument de vente et finalement un choix réalisé par des créateurs revêt du sens. Toujours avec ce point de vue, il apparaît légitime que les responsables aient demandé des histoires courtes de manière à pouvoir en faire figurer un nombre significatif. Enfin il était inéluctable que les créateurs effectuant les choix portent leur attention sur d'autres du panel car certains ont construit et développé leur carrière au sein de cet hebdomadaire sur plusieurs années, voire plusieurs décennies pour John Wagner et Alan Grant qui étaient déjà présents au tout début en 1977. Le lecteur plonge dans cette compilation avec une histoire de 1977 dans le numéro 24 qui met en scène Tharg, l'avatar du rédacteur en chef. Il sourit en constatant que le recueil se termine avec une autre histoire brisant le quatrième mur dans laquelle il suit un scénariste dont toutes les histoires ont été refusées pour 2000 AD. Alors même que la première histoire ne dure que 3 pages, il éprouve le contentement d'avoir lu une histoire complète substantielle, avec une fin claire. Bien sûr, elle appartient au genre des histoires à chute, avec une forme de justice poétique, mais il est impressionnant de voir que l'auteur réussit à raconter quelque chose de concret en si peu de pages. C'est d'ailleurs une qualité constante pour toutes les histoires retenues. Ces différents auteurs prouvent à chaque reprise que l'art de la nouvelle n'est pas mort en bande dessinée.



Au cours de ces 13 récits, le lecteur constate que Judge Dredd y figure 8 fois. Ce n'est que justice car c'est le personnage récurrent ayant rencontré le plus de succès, jusqu'à ce que sa célébrité permette de créer un magazine dérivé à son nom. L'un des auteurs explique qu'il a choisi une histoire de Dredd parce qu'elle marquait pour lui la cristallisation des caractéristiques du personnage, et un autre parce qu'elle illustre toute son ambiguïté, à la fois professionnel du maintien de l'ordre, à la fois agent de la répression. De fait l'histoire écrite par Rob Williams permet de constater cette ambiguïté, et le fait que la relève de John Wagner (le responsable de l'évolution du personnage depuis plusieurs décennies) semble en bonne voie. Le lecteur habitué de 2000 AD éprouve une certaine satisfaction à voir que 2 autres personnages emblématiques du magazine sont représentés, chacun avec 1 histoire : Nemesis the warlock (une création de Pat Mills & Kevin O'Neill) et Johnny Alpha qui a connu une renaissance au début des années 2010 grâce à John Wagner & Carlos Ezquerra. D'un autre côté, il est compréhensible que cette anthologie ne soit pas dédiée à la gloire des personnages récurrents, mais plus à la diversité des récits, et finalement à leurs créateurs.



En faisant le compte, le lecteur dénombre 4 histoires écrites par Alan Grant, 3 par John Wagner, 3 dessinées par Kevin O'Neill, et 3 par Carlos Ezquerra. Ce sont les créateurs les plus représentés. Il y aurait également bien vu figurer plus d'histoires écrites par Pat Mills, mais peut-être que celui-ci a surtout écrit des histoires plus longues. Avec le recul, il est vrai que le ton du magazine et son succès doivent beaucoup à l'humour so british de Wagner & Grant, et à leur vision politique de la société. Ce n'est donc que justice qu'ils bénéficient de plus de mise en avant. De la même manière, Carlos Ezquerra était également présent au tout début du magazine, ayant participé de manière significative à la définition visuelle de Judge Dredd. En outre, c'est un artiste à la forte compétence narrative, même si le lecteur doit s'attendre un petit temps d'adaptation s'il n'a jamais rien lu de lui. De la même manière, le ton narratif si particulier de Kevin O'Neill se devait d'être représenté dans ce recueil. Le lecteur peut juste regretter que les histoires choisies ne reflètent pas totalement son approche sans concession, anguleuse et très sardonique.



Le lecteur apprécie qu'apparaisse une histoire de Brian Bolland, artiste dont le degré d'implication dans ses dessins et leur finesse ont marqué à jamais plusieurs générations. Il lui semble d'ailleurs en voir l'héritage dans les pages magnifiques réalisées par Dylan Teague et celles réalisées par Chris Weston. Il tombe également sous le charme des illustrations de John M. Burns, évoquant des tableaux peints, avec une forme de nostalgie pour une Angleterre rurale apaisée. Toujours sur le plan visuel, Duncan Fegredo sait aussi donner de la consistance à l'environnement qu'est Mega-City One, quasiment un personnage à part entière des histoires de Judge Dredd. Chacun de ces artistes sait conjuguer les éléments visuels récurrents de la cité, et des apports plus personnels. Bien sûr, le lecteur apprécie à des degrés divers les différentes histoires, tout en étant à chaque fois impressionné par la capacité de chaque scénariste à raconter une histoire consistante en si peu de pages. En termes d'intrigue, il n'y a que celle écrite par John Smith qui a du mal à convaincre, du fait de sa linéarité, du caractère superficiel du personnage principal, et des méchants démons, mais elle est sauvée par les pages de John M. Burns. Pour les autres, le lecteur retrouve systématiquement une histoire à chute bien trouvée, et une forme de d'autodérision anglaise, avec une fibre humaine touchante.



De prime abord, cette façon de marquer un anniversaire de 40 ans semble un peu légère, manquant d'ambition et peut-être de moyens, avec une forme d'autocongratulations entre créateurs. Après la découverte de ces 13 histoires, l'appétence du lecteur pour 2000 AD s'en trouve revigorée, en s'étant remémorer ou en ayant découvert la qualité des créateurs qui y officient.
Commenter  J’apprécie          40
La Ligue des gentlemen extraordinaires, tom..

Alan Moore réunit dans sa ligue plusieurs "héros" de la littérature populaire du 19ème siècle. Le dessin génial de Kevin O'Neill fait ainsi revivre et se rencontrer Allan Quatermain, l’aventurier des Mines du Roi Salomon de H. Rider Haggard, le Capitaine Nemo de Jules Verne, l’Homme Invisible de H.G. Wells, Mina Harker du Dracula de Bram Stoker, Docteur Jekyll et Mister Hyde de Robert-Louis Stevenson.

On retrouve par ailleurs plein de clins d'oeil à d'autres oeuvres littéraires.
Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Kevin O`Neill (230)Voir plus

Quiz Voir plus

Autobiographies de l'enfance

C’est un roman autobiographique publié en 1894 par Jules Renard, qui raconte l'enfance et les déboires d'un garçon roux mal aimé.

Confession d’un enfant du siècle
La mare au diable
Poil de Carotte

12 questions
152 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}