Le lendemain, le ciel se dégage lentement. Je croise un éleveur de chevaux, Mike, qui m'offre café et petit-déjeuner anglais avant de me confier son ami David Mullins, le vétérinaire équin de Mooi River. J'atterris ainsi, à après avoir traversé cette vilaine petite ville de baraques, dans une famille sympathique, après trente-trois kilomètres de route. Je ne pouvais trouver meilleur hébergement pour régler les problèmes administratifs, et ferrer de neuf Speedy qui a perdu ses godasses d'origine dans la montagne. Les poneys ont droit à un festin d'aliments complets de compétition, composés de figues, de maïs, d'orge, de mélasse et de luzerne. Speedy fait le fier du haut de son mètre quarante en regardant les chevaux de concours des enfants de David, qui broutent dans le paddock voisin.
Le voyage est un mode de vie. Le cheval est un mode d'être au monde. Le voyage à cheval ne se résout ni à l'un ni à l'autre, il est en soi un univers. Avec le cheval, on n'est pas seul comme on le serait à pied ou à vélo, mais déjà dans un creux, dans un pli d'intimité qu'on déplace avec soi. C'est cette intimité de chaque seconde, au cœur même de la plus grande étrangeté, qui fait la force et la spécificité du voyage à cheval.