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Critiques de Laurent Houssais (5)
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Cézanne, année après année

*****



Je conseille fortement cette biographie petit format en couleur aux lecteurs qui souhaitent découvrir un portrait simple mais complet de Paul Cézanne.

Une présentation claire, détaillée chronologiquement par année. Une triple approche éclaire les faits et les œuvres : le contexte historique et sociologique ; la vie déroulée avec l’aide de documents, courriers, photos ; l’évolution artistique du peintre dans ses oeuvres.



1839 – 1860 Les années de jeunesse aixoise

Heureux temps du collège Bourbon à Aix-en-Provence. Paul Cézanne et Emile Zola sont inséparables. Au début de l’année 1858, devant rejoindre sa mère à Paris, Zola part finir ses études dans la capitale laissant le jeune Paul qui s’ennuie. Il écrit : « Depuis que tu as quitté Aix, mon cher, un sombre chagrin m’accable. Je ne me reconnais plus moi-même, je suis lourd, stupide et lent. Je gémis de ton absence. ». Dans les courriers de cette période, le ton du jeune Cézanne est libre, joyeux, il ne parle guère de peinture, emploie volontiers l’humour, écrit des bribes de chansons, parle de ses amours et versifie beaucoup :

« Mon cher, tu sais, ou bien tu ne sais pas,

Que d’un amour subit j’ai ressenti la flamme

Tu sais de qui je chéris les appas,

C’est d’une gentille femme. »

Paul suit des cours de dessin. Il décore de peinture le salon du Jas de Bouffan, maison que son père vient d’acquérir. Le réalisme de Courbet est d’actualité au Salon parisien.



1861 – 1870 L’éternel refusé

En avril 1861, Paul Cézanne monte à Paris, accueilli chaleureusement par Zola. À l’académie Suisse, il fait la connaissance de nombreux artistes et participe aux soirées du jeudi organisées par Zola. Edouard Manet provoque un scandale avec son « Déjeuner sur l’herbe ». Les œuvres du Louvre sont les modèles du jeune homme mais il s’adapte mal à la vie parisienne.

Monet nous décrit Cézanne arrivant aux réunions du café Guerbois : « Il écartait sa veste d’un mouvement de hanches très « zingueur », remontait son pantalon et rajustait la ceinture rouge à son flanc. En présence de Manet, il se découvrait et nasillait avec son sourire : « Je ne vous donne pas la main, monsieur Manet, je ne me suis pas lavé depuis huit jours. ».



Les toiles du jeune Paul sont régulièrement refusées. Au salon de 1866, un véto du jury lui est même imposé. Cette fois, c’en est trop, le peintre adresse une lettre de protestation au surintendant des Beaux-Arts : « Je ne puis accepter le jugement illégitime de confrères auxquels je n’ai pas donnée moi-même mission de m’apprécier. »

De son côté, Zola se lance ouvertement dans la critique d’art. Il publie une Dédicace spéciale insérée dans « Mon Salon » du 20 mai 1866 : A mon ami Paul Cézanne « J’éprouve une joie profonde, mon ami, à m’entretenir seul avec toi (…) »

Même exclu, au salon de 1867, Cézanne est critiqué par un journaliste du Figaro. Cette fois, Zola, défenseur de la « jeune école » monte au créneau en pourfendeur de la calomnie.

Le style de l’artiste est le plus souvent composé en pate épaisse, au couteau. « Ma manière couillarde » dira-t-il plus tard. Il peint quelques toiles très érotiques.



1871 – 1886 : L’enfant terrible de l’impressionnisme

Lorsque la guerre de 1870 met fin à l’Empire napoléonien, Cézanne vit à l’Estaque, près d’Aix, au bord de la Méditerranée, en compagnie d’une jeune femme Hortense Fiquet. Remonté dans la région parisienne, il se fixe un temps à Auvers-sur-Oise près de Pissarro et du docteur Gachet dont il peint la maison et qui l’initie à la technique de l’eau-forte.



C’est décidé ! Marre d’être rejeté ! Les peintres avant-gardistes exposent ensembles en 1874 chez Nadar à Paris. Cézanne présente trois œuvres dont « Une moderne Olympia » inspirée de la sulfureuse « Olympia » d’Edouard Manet. Cette œuvre dévergondée, accrochée juste à côté du charmant « Berceau » de Berthe Morisot, indigne un critique. Zola louange ouvertement son ami : « Parmi les toiles qui m’ont frappé, M. Paul Cézanne, qui lutte depuis longtemps, a un véritable tempérament de grand peintre. ».

À la troisième exposition impressionniste, il présente seize œuvres dont le portrait de sa compagne « Madame Cézanne dans un fauteuil rouge ». qui sera considérée, plus tard, comme un chef-d’œuvre par l’équilibre des masses chromatiques dans des tons bleus et verts en touches hachurées.

À partir de 1881, son père lui fait construire un atelier au Jas de Bouffan et l’artiste reste à Aix où il se marie avec Hortense. Chaque jour, il enfile son costume en toile, un chapeau de paille à larges bords et part peindre sur le motif dans un nouveau style fait de légers frottis d’une précision méticuleuse.



L’amitié avec Zola s’est distendue au fil des années. L’écrivain a publié son dernier roman « L’œuvre » racontant l’histoire d’un peintre raté dans lequel Cézanne pourrait se reconnaître. La jeunesse est passée… Les années à venir verront les chemins des deux amis bifurquer : Zola va connaître la gloire, Cézanne ne connaîtra guère la sienne…



1887 – 1906 : Étapes d’une reconnaissance

« Le peintre de l’avenir, c’est un coloriste comme il n’y en a pas encore eu – Vincent Van Gogh, 1888 ». Appréciant les tonalités de Cézanne, Van Gogh, par cette phrase, aurait pu penser à celui-ci.

La reconnaissance arrive sur le tard. Au début des années 1890, Cézanne expose à Bruxelles, avec Sisley, Renoir et Van Gogh. Son style est très diversifié : baigneuses, joueurs de cartes, carrières, natures mortes, paysages. Chez Monet, à Giverny, ils rencontrent les ténors de la scène artistique, littéraire et politique : Rodin, Mirbeau, Clemenceau. Le peintre Caillebotte a légué à l’Etat sa collection, dont plusieurs Cézanne.

À 56 ans, en 1895, Cézanne bénéficie enfin de sa première exposition personnelle avec Ambroise Vollard devenu son marchand.



L’artiste aura bientôt 64 ans lorsqu’il apprend la mort de son vieil ami d’école Emile Zola. Il ne cesse de peindre « Je travaille opiniâtrement » avec une règle de vie stricte et régulière.

Ses dernières années le voient inlassablement peindre sa chère montagne Sainte-Victoire aux formes féminines qu’il caresse avec sa brosse, effleure avec amour. Les couleurs, étrange mosaïque, forment une complexité géométrique de touches hachurées : incroyable synthèse entre couleur, composition, lumière. Une sorte d’abstraction donnant son harmonie propre au massif, en parallèle avec celle de la nature.



Le 15 octobre 1906, après être resté longtemps à peindre sous une pluie d’orage, Paul Cézanne va réaliser son souhait : « Je me suis juré de mourir en peignant ». Il restera le maître pour la génération montante des artistes modernes.



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Dossier de l'art, n°185 : L'orientalisme de..

Au XIX° siècle, la France possède une hégémonie artistique incontestable, si bien que beaucoup d’amateurs pourraient croire, naïvement que l’orientalisme, initié en grande partie par Eugène Delacroix, est un phénomène (plus qu’un mouvement) inhérent à l’hexagone. En réalité, toute l’Europe succombe aux charmes des odalisques, des courses de chevaux, des étoffes chatoyantes, des architectures lumineuses et colorées … Et cela dépasse bien le cadre étroit du XIX° siècle pour déborder sur les avant-gardes à travers des artistes comme Matisse, Van Dongen, Klee, Macke ou Kandinsky … A noter des œuvres d’artistes plus et moins célèbres comme Alma Tadema, Barye, Chassériau, Decamps, les belges Evenepoel et Gallait, Géricault, Gérôme, Girodet, Ingres, Marquet, un autre belge : Portaels, Renoir, Tissot, et enfin, mais pas le moindre Van Rysselberghe !

Seul bémol : une fois de plus dans l’exposition dont cette revue est l'écho, une place plus que prépondérante est octroyée à la peinture (avec des choix pas toujours très heureux) au détriment de la sculpture, de la gravure, de la photographie.

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L'ABCdaire du Symbolisme et de l'Art Nouveau

J’aime beaucoup cette collection qui permet , sous un volume réduit, de recueillir beaucoup de connaissances sur un sujet que l’on découvre :ici le symbolisme et l’art nouveau ( j’adore Gustave Moreau entre autres) . Il se présente d’abord par un guide posant les notions essentielles , puis par un court essai sur l’histoire des mouvements et enfin par un dictionnaire des principaux acteurs , des groupes , des lieux et des thèmes ,le tout abondamment illustré.
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L'ABCdaire du Symbolisme et de l'Art Nouveau

ABCDaire très complet sur le symbolisme et l'art nouveau. Pour une fois il ne s'agit pas d'une vision franco-française mais une vision européenne de ces courants. La peinture n'est pas le seul art abordé. Le livre se penche aussi sur la musique, la littérature, l'architecture.... Le revers est qu'il y a beaucoup à apprendre peut être trop pour la novice que je suis sur ces sujets. Je ne vais pas tout retenir mais j'ai beaucoup appris et je recommande vivement l'ouvrage qui débute par une bonne présentation permettant de mettre les choses en perspective avant de rentrer plus dans le vif du sujet.
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Cézanne, année après année

C'est une biographie originale et facile. On suit Cézanne années après années, le livre est construit sous forme de "fiches", cela peut paraître un peu scolaire, mais ça a le mérite dans le cas où vous chercher une information de l'avoir tout de suite. Et vous avez en parallèle des études d’œuvre de Cézanne. On a donc cette alternance vie et peinture qui est intéressante, on voit l'évolution de l'art de Cézanne au fil du temps, au fil de sa vie. Et cela nous fait oublier ce petit côté "scolaire" et nous livre ici en fin de compte une petite encyclopédie bien agréable sur Cézanne.
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