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EAN : 9782754105798
384 pages
Fernand Hazan (14/09/2011)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Bien des aspects de sa vie ont nourrit sa légende : son caractère, une vocation trop longtemps contrariée par son père, le destin tragique de son amitié avec Zola, son isolement progressif, l'aveu de son incapacité à « réaliser », une reconnaissance tardive mais spectaculaire, aux multiples et profondes répercussions. Son œuvre, variée dans ses sujets et ses genres, ses techniques et son style, se place sous le signe de la rupture et de la continuité, position ambiv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
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Je conseille fortement cette biographie petit format en couleur aux lecteurs qui souhaitent découvrir un portrait simple mais complet de Paul Cézanne.
Une présentation claire, détaillée chronologiquement par année. Une triple approche éclaire les faits et les oeuvres : le contexte historique et sociologique ; la vie déroulée avec l'aide de documents, courriers, photos ; l'évolution artistique du peintre dans ses oeuvres.

1839 – 1860 Les années de jeunesse aixoise
Heureux temps du collège Bourbon à Aix-en-Provence. Paul Cézanne et Emile Zola sont inséparables. Au début de l'année 1858, devant rejoindre sa mère à Paris, Zola part finir ses études dans la capitale laissant le jeune Paul qui s'ennuie. Il écrit : « Depuis que tu as quitté Aix, mon cher, un sombre chagrin m'accable. Je ne me reconnais plus moi-même, je suis lourd, stupide et lent. Je gémis de ton absence. ». Dans les courriers de cette période, le ton du jeune Cézanne est libre, joyeux, il ne parle guère de peinture, emploie volontiers l'humour, écrit des bribes de chansons, parle de ses amours et versifie beaucoup :
« Mon cher, tu sais, ou bien tu ne sais pas,
Que d'un amour subit j'ai ressenti la flamme
Tu sais de qui je chéris les appas,
C'est d'une gentille femme. »
Paul suit des cours de dessin. Il décore de peinture le salon du Jas de Bouffan, maison que son père vient d'acquérir. le réalisme de Courbet est d'actualité au Salon parisien.

1861 – 1870 L'éternel refusé
En avril 1861, Paul Cézanne monte à Paris, accueilli chaleureusement par Zola. À l'académie Suisse, il fait la connaissance de nombreux artistes et participe aux soirées du jeudi organisées par Zola. Edouard Manet provoque un scandale avec son « Déjeuner sur l'herbe ». Les oeuvres du Louvre sont les modèles du jeune homme mais il s'adapte mal à la vie parisienne.
Monet nous décrit Cézanne arrivant aux réunions du café Guerbois : « Il écartait sa veste d'un mouvement de hanches très « zingueur », remontait son pantalon et rajustait la ceinture rouge à son flanc. En présence de Manet, il se découvrait et nasillait avec son sourire : « Je ne vous donne pas la main, monsieur Manet, je ne me suis pas lavé depuis huit jours. ».

Les toiles du jeune Paul sont régulièrement refusées. Au salon de 1866, un véto du jury lui est même imposé. Cette fois, c'en est trop, le peintre adresse une lettre de protestation au surintendant des Beaux-Arts : « Je ne puis accepter le jugement illégitime de confrères auxquels je n'ai pas donnée moi-même mission de m'apprécier. »
De son côté, Zola se lance ouvertement dans la critique d'art. Il publie une Dédicace spéciale insérée dans « Mon Salon » du 20 mai 1866 : A mon ami Paul Cézanne « J'éprouve une joie profonde, mon ami, à m'entretenir seul avec toi (…) »
Même exclu, au salon de 1867, Cézanne est critiqué par un journaliste du Figaro. Cette fois, Zola, défenseur de la « jeune école » monte au créneau en pourfendeur de la calomnie.
Le style de l'artiste est le plus souvent composé en pate épaisse, au couteau. « Ma manière couillarde » dira-t-il plus tard. Il peint quelques toiles très érotiques.

1871 – 1886 : L'enfant terrible de l'impressionnisme
Lorsque la guerre de 1870 met fin à l'Empire napoléonien, Cézanne vit à l'Estaque, près d'Aix, au bord de la Méditerranée, en compagnie d'une jeune femme Hortense Fiquet. Remonté dans la région parisienne, il se fixe un temps à Auvers-sur-Oise près de Pissarro et du docteur Gachet dont il peint la maison et qui l'initie à la technique de l'eau-forte.

C'est décidé ! Marre d'être rejeté ! Les peintres avant-gardistes exposent ensembles en 1874 chez Nadar à Paris. Cézanne présente trois oeuvres dont « Une moderne Olympia » inspirée de la sulfureuse « Olympia » d'Edouard Manet. Cette oeuvre dévergondée, accrochée juste à côté du charmant « Berceau » de Berthe Morisot, indigne un critique. Zola louange ouvertement son ami : « Parmi les toiles qui m'ont frappé, M. Paul Cézanne, qui lutte depuis longtemps, a un véritable tempérament de grand peintre. ».
À la troisième exposition impressionniste, il présente seize oeuvres dont le portrait de sa compagne « Madame Cézanne dans un fauteuil rouge ». qui sera considérée, plus tard, comme un chef-d'oeuvre par l'équilibre des masses chromatiques dans des tons bleus et verts en touches hachurées.
À partir de 1881, son père lui fait construire un atelier au Jas de Bouffan et l'artiste reste à Aix où il se marie avec Hortense. Chaque jour, il enfile son costume en toile, un chapeau de paille à larges bords et part peindre sur le motif dans un nouveau style fait de légers frottis d'une précision méticuleuse.

L'amitié avec Zola s'est distendue au fil des années. L'écrivain a publié son dernier roman « L'oeuvre » racontant l'histoire d'un peintre raté dans lequel Cézanne pourrait se reconnaître. La jeunesse est passée… Les années à venir verront les chemins des deux amis bifurquer : Zola va connaître la gloire, Cézanne ne connaîtra guère la sienne…

1887 – 1906 : Étapes d'une reconnaissance
« le peintre de l'avenir, c'est un coloriste comme il n'y en a pas encore eu – Vincent van Gogh, 1888 ». Appréciant les tonalités de Cézanne, Van Gogh, par cette phrase, aurait pu penser à celui-ci.
La reconnaissance arrive sur le tard. Au début des années 1890, Cézanne expose à Bruxelles, avec Sisley, Renoir et Van Gogh. Son style est très diversifié : baigneuses, joueurs de cartes, carrières, natures mortes, paysages. Chez Monet, à Giverny, ils rencontrent les ténors de la scène artistique, littéraire et politique : Rodin, Mirbeau, Clemenceau. le peintre Caillebotte a légué à l'Etat sa collection, dont plusieurs Cézanne.
À 56 ans, en 1895, Cézanne bénéficie enfin de sa première exposition personnelle avec Ambroise Vollard devenu son marchand.

L'artiste aura bientôt 64 ans lorsqu'il apprend la mort de son vieil ami d'école Emile Zola. Il ne cesse de peindre « Je travaille opiniâtrement » avec une règle de vie stricte et régulière.
Ses dernières années le voient inlassablement peindre sa chère montagne Sainte-Victoire aux formes féminines qu'il caresse avec sa brosse, effleure avec amour. Les couleurs, étrange mosaïque, forment une complexité géométrique de touches hachurées : incroyable synthèse entre couleur, composition, lumière. Une sorte d'abstraction donnant son harmonie propre au massif, en parallèle avec celle de la nature.

Le 15 octobre 1906, après être resté longtemps à peindre sous une pluie d'orage, Paul Cézanne va réaliser son souhait : « Je me suis juré de mourir en peignant ». Il restera le maître pour la génération montante des artistes modernes.

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C'est une biographie originale et facile. On suit Cézanne années après années, le livre est construit sous forme de "fiches", cela peut paraître un peu scolaire, mais ça a le mérite dans le cas où vous chercher une information de l'avoir tout de suite. Et vous avez en parallèle des études d'oeuvre de Cézanne. On a donc cette alternance vie et peinture qui est intéressante, on voit l'évolution de l'art de Cézanne au fil du temps, au fil de sa vie. Et cela nous fait oublier ce petit côté "scolaire" et nous livre ici en fin de compte une petite encyclopédie bien agréable sur Cézanne.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
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Emile Bernard, Souvenirs sur Paul Cézanne, 1907

Il y avait encore sur un chevalet mécanique qu’il venait de faire installer, une grande toile de femmes nues se baignant, qui était dans un état complet de bouleversement. Le dessin m’en parut assez difforme. Je demandai à Cézanne pourquoi il ne prenait pas de modèles pour faire ses nus. Il me répondit qu’à son âge on avait le devoir de s’abstenir de dénuder une femme pour la peindre, qu’il lui serait permis à la rigueur de s’adresser à une personne de cinquante ans, mais qu’il était à peu près sûr qu’à Aix il ne la trouverait pas.
Il alla vers des cartons et me montra des dessins qu’il faisait à l’atelier Suisse, dans sa jeunesse. « Je me suis toujours servi de ces dessins, me dit-il, cela n’est guère suffisant, mais il faut bien à mon âge. »

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Le premier objet qui frappa mes yeux, dès le seuil de la porte, fut une grande figure de Paysan percée de coups de couteau à palette. Cézanne s'emportait pour les raisons les plus futiles, et même sans raisons, et passait sa colère sur ses toiles.
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