J'éclatai en sanglots... Bien sûr, j'acceptai, mais ça me faisait mal. Mal de me dire que j'avais perdu, perdu contre une maladie que j'essayais de dompter depuis près de trois ans...
Toutes les maladies avaient un traitement, alors pourquoi pas celle-là ?
Un vaccin, un truc, je ne sais pas !
Pourquoi c'était à moi de tout faire ? Ce n'était pas juste ! En plus, dans cette merde, quand on croit qu'on va mieux, ce n'est, en réalité, qu'un passage, car après, tout retombe !
Franchement, je commençais à laisser tomber. Je n'en pouvais plus de tout ça !
Devant ma part de gâteau, je sentis ma tête vriller.
"Tu ne vas tout de même pas manger ça ? Tu veux être en obésité morbide ?! Tu es déjà à la limite ! Écoute-moi !"
- Non, pas cette fois, soufflai-je.
- Tu as dit quelque chose, ma puce ? Je ne t'ai pas entendue...
- Non, rien, mais c'est très bon.
En effet, je venais de mettre une fourchette de gâteau à la fraise dans ma bouche.
Je ne montrais rien, mais j'avais mal. La voix n'arrêtait plus de m"injurier, de me dire que j'étais lâche, sans volonté. Et d'autres arguments pour essayer de faire en sorte que je recule et que j'arrête de manger. Mais je ne voulais pas. Pas cette fois.
Elle décidait tout, tout le temps ! Et moi, je cédais constamment !
Alors non, pas aujourd'hui !
J'allais finit cette part de gâteau pour moi, pour ma famille ; et j'allais la garder, pour nous !
Imaginez juste une seconde, devoir vous forcer à faire des choses dont vous comprenez en effet, l'intérêt, mais dont vous ignorez pourquoi vous en avez besoin.
Imaginez que dès que vous portez votre regard vers le miroir, vous souffrez. Vous vous regardez et vous ne voyez que de la graisse partout.
Et alors, on vous appelle pour manger, et vous n'avez que cette vision hideuse de votre corps en tête. Vous baissez les yeux et vous voyez vos cuisses toutes raplapla, un énorme seau de graisse que vous portez à chaque instant. Et on vous dit de manger. Et de manger plus, car la portion ingurgitée n'est pas assez conséquente. Cependant, vous avez mal au crâne, votre cerveau est une marmite en ébullition, vous avez mal au ventre, et on vous rappelle que vous êtes trop maigre.
- Je ne sais pas... J'en ai marre de jouer un rôle, moi ! Et puis me battre 24 heures/24 pour manger, ne pas retomber, bah ça fait chier, à la fin ! Je comprends que la vie puisse être compliquée parfois, mais pas tout le temps. Ça devient lourd. Je peux plus vivre comme ça... C'est plus possible en fait.
- Vous insinuez donc que vous voulez mourir ?
- Non, je...
- Oui ?
- Juste que je veux aller mieux. Je ne veux plus de tous ces problèmes. Je ne les ai jamais demandés, moi...
- Mais on ne dit pas que vous les avez désirés.
Et si vous n'allez pas bien, n'ayez pas peur d'en parler et n'hésitez pas à demander de l'aide. Tout le monde est légitime et mérite d'être aidé.