Léon Askenazi

C’est dans le livre des Rois I, XVIII, 39 que se trouve le verset qui exprime la profession de foi en l’unité du Nom dans la liturgie juive : « C’est Hachem qui est Eloqim. » C’est la miséricorde qui se fait rigueur, non l’inverse.

Selon l’enseignement de la Qabbala, en effet, la miséricorde prime la rigueur. C’est par un acte d’amour, en vue de faire exister « l’autre que Lui », que Dieu a créé un monde comme demeure pour l’homme. L’intention du Créateur est faite de grâce absolue. Cependant, et c’est là l’originalité de la conception du judaïsme, pour que le don de l’être soit confirmé en vérité, apparaît l’attribut de rigueur devant qui la créature doit être justifiée. (pp. 156-157)

Selon la vision biblique, toutes les nations du monde sont en diaspora de l'unité humaine primitive perdue et c'est cela qu'il faut récupérer. Ce n'est pas Israël (qui n'apparaît que bien plus tard et qui ne fait donc pas partie de ces nations dispersées) qui est en situation de dispersion c'est 'humanité qui est en diaspora.

p. 278, "L'exil".

... cette première promesse d'une jeunesse perpétuelle d'Israël, qui s'appelle Isaac : "il rira" au futur. Mais dans ce texte, on voit Sara prendre l'initiative d'obliger Abraham à séparer son autre fils, Ismaël, d'Isaac ; et la raison qu'elle donne est très frappante. Sara dit à Abraham : "J'ai vu l'enfant de l'Egyptienne 'metsa'heq', 'rire maintenant' ; il ne pourra pas hériter avec mon fils, avec Isaac (qui se nomme en hébreu 'Celui qui rira à la fin')."
(...)
... disons seulement qu'un homme qui serait capable de rire, de rire sans retenue, de remplir littéralement sa bouche de rire, dans le monde tel qu'il est, tel qu'il est encore ... si un homme est capable d'être heureux de la vie, alors que le monde est tel qu'il est - et on nous a énuméré tous les problèmes qui appellent la révolte, qui empêchent le rire - alors dans la relation à autrui, cela s'appelle le meurtre, dans la relation avec sa propre dignité d'homme, cela s'appelle la débauche, et dans la relation avec le Créateur, cela s'appelle l'idolâtrie.

p. 228