Leslie Kelly

— Au fait, je m’appelle Nick.
Non, sans blague.
Elle était sur le point de répondre cela quand elle vit son regard. Il ne plaisantait pas. Il ne faisait pas comme s’il la voyait pour la première fois. Ce qui expliquait le vouvoiement, qu’elle avait adopté à sa suite. Elle s’affala contre le mur, sans savoir si elle devait s’écrouler de rire ou lui flanquer une droite. Parce que ce salaud n’avait aucune idée de qui elle était.

alors qu’ils dansaient la valse de mariage obligatoire. Oui, elle, qui prenait pourtant des cours de danse depuis l’âge de trois ans, elle avait fait un faux pas. Après tout, peut-être n’était-ce pas aussi choquant que cela.
Elle était paniquée à l’idée de ce qu’il pourrait penser de ses paumes moites. Terrifiée à celle que son maquillage ait coulé, révélant qu’elle avait eu une énorme crise de sueurs froides ce matin-là. Son état de nerfs, ajouté aux instants d’émoi incontrôlables quand ses seins naissants effleuraient les revers du smoking de Nick, l’avait étourdie. A tel point qu’elle avait trébuché au bord de la piste de danse légèrement surélevée et les avait fait tomber tous les deux sur la table des desserts spécialement préparés par ses parents.
Cela n’avait pas été joli, joli.
Les dragées multicolores avaient volé dans toutes les directions. Elle avait fini les fesses dans un plat de choux à la crème et les coudes plantés dans deux piles de gaufres au chocolat. Sa robe lui était remontée jusqu’aux hanches, révélant la gaine-culotte qu’elle avait enfilée afin de masquer ses excès de sucreries en rentrant du lycée.
La cerise sur la monumentale pièce montée — qu’elle avait miraculeusement réussi à épargner — avait été Nick. Il s’était emmêlé dans sa robe et avait atterri tout droit sur elle. Juste entre ses jambes. Cela avait été la première fois, et la dernière, qu’elle avait eu Nick entre ses jambes, ce qui lui avait simultanément brisé le cœur et alimenté quelques puissants fantasmes durant ses années d’études.

Etre touchée, ou même seulement frôlée par lui, ce serait, elle le devine, comme si on jetait une allumette allumée dans une caisse de pétards du 4 Juillet. Elle se mettrait aussitôt à faire des étincelles et à sauter en l’air et, deux secondes plus tard, elle se jetterait sur lui comme un acteur sur la statuette des oscars.

« Reece éprouvait tant d’émotions simultanément qu’il ignorait laquelle gérer en premier. Mais surtout il se sentait trahi. »

Ils l'appelaient la Rose Ecarlate.Alors qu'on annonçait son nom sur un ton langoureux et presque déférent au Leather and lace, un club masculin très sélect, un silence presque aussi déférent se fit peu à peu dans l'assemblée. Tous se redressèrent sur leurs sièges, les conversations se muèrent en attente silencieuse. […] Même les serveurs savaient qu'il valait mieux ne pas déranger la clientèle quand la Rose faisait son apparition.

"Our stepmommy dearest is about to buy herself a gigolo."Madeline Turner, who'd been signing for foot-tall stack of documents at her desk, dropped her pen, leaving a blot of black ink ofn the second quarter Profil and Loss Statement from a major local firm. Looking up, she could muster no surprise when she realized her sharp-toned visitor was her older half-sister Tabitha, lookinh as enraged as she sounded.

Elle jeta un coup d’œil de coté et ne vit, à perte de vue, qu'une eau turquoise sur les vagues de laquelle dansaient, tels d'étincelants diamants, les rayons du soleil. Au dessus, une étendue infinie de de ciel bleu, où flottaient paresseusement quelques rares nuages couleur Barbe à papa, et un soleil à la chaleureuse teinte des pétales de boutons d'or.
Aucune cloison n'isolait le bar de l'extérieur.Ce décor paradisiaque, le plus beau de la planète, faisait tout simplement partie du quotidien.

Les célibataires qui venaient toutes les semaines pour la voir se calèrent dans leurs fauteuils club de cuir et levèrent vers la scène un regard déjà fasciné. Bientôt, le tintement de leurs glaçons dans leurs verres fut le seul bruit audible dans la salle. Même les serveurs savaient qu’il valait mieux ne pas déranger la clientèle quand la Rose faisait son apparition.

C’est le destin. Difficile de s’y opposer. Et, si elle-même doit lui donner un petit coup de pouce en concoctant des scénarios pas possibles, eh bien elle le fera !

Les clichés ne donnaient d’elle qu’une image tronquée si l’on peut dire. Non pas physiquement, puisque la quasi-totalité de son corps était mise à nu, mais sur le plan affectif.

Dans les séries policières, on arrête toujours les gens qui tentent d’échapper aux flics.

Il est déjà assez humiliant de dire à un gentil flic du genre Papa Ours que des gens risquent d’être tués parce qu’il y a six ans elle a fait une liste d’amants potentiels avec ses copines, juste histoire de rigoler.
Mais ce mec n’a rien d’un Papa Ours ! Et le bercer comme un nounours est bien la dernière chose qu’une femme sensée pourrait avoir envie de faire si elle l’avait dans son lit.

La photo est tout aussi remarquable et fascinante pour elle qu’il y a six ans. Peut-être même plus, car elle est une femme à présent, et non plus la jeune fille immature qu’elle était lorsqu’elle s’est mariée.

Elle a besoin de sexe comme une nonne a besoin de lingerie !

Vis ta vie, Mel ! Tu dois réapprendre le goût du bonheur, redevenir la fille sûre d’elle que tu étais ce soir-là. Ne laisse pas ton salaud d’ex-mari te faire encore du mal. Reprends confiance en toi !

Il est temps pour elle de se retrouver, de tourner la page et de se focaliser sur son avenir.

La vengeance est un plat qui se mange froid.

Au moins, le côté positif de toute cette histoire, c’est qu’elle est libre comme l’air. Pour la première fois de sa vie, elle n’a aucune attache et personne sur le dos pour lui dire ce qu’elle doit ou ne doit pas faire. Elle est libre de choisir ce qu’elle veut et non pas ce que sa mère ou son mari estiment bon pour elle. Et elle a bien l’intention de profiter au maximum de cette nouvelle donne !

Mais à présent, nécessité faisant loi, il lui faut prouver qu’elle est largement aussi douée derrière un appareil photo qu’elle l’a été devant.

Ce merveilleux mariage qui était censé lui donner le départ d’une vie de rêve.
La vie de rêve a duré dix mois. Jusqu’à ce qu’elle commence à surprendre des rumeurs selon lesquelles son mari si dévoué avait la même dévotion pour n’importe quelle autre paire de jambes pourvu qu’elles soient écartées…