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Critiques de Libar M. Fofana (11)
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Le cri des feuilles qui meurent

Un jeune guinéen, Fotédi, sort de prison. On n'est dans les années 70, époque de Sékou Touré au pouvoir en responsable suprême de la révolution.

Ce jeune est particulier, métisse et simplet. Un brin philosophe.

Il recouvre sa liberté aux côtés des mendiants, de ceux qui vivent à la marge, là où s’égrènent les jours de misères. Les destins s'y croisent.

Il y fait la rencontre de Sali, une femme atteinte de la lèpre, cul de jatte, aux moignons à la place des mains qui traine sa peine, une petite fille sur le dos, la vie ne l'ayant vraiment pas épargné. La candeur de Fotédi la touche et une relation familiale se renoue entre eux deux.

Il y a aussi Balamori qui se rêvait médecin et qui pansent les plaies du bidonville ou encore Gassimou et "Dent de rat" deux escrocs qui montent une arnaque qui va les dépasser. Ramatoulaye, une jeune femme lesbienne depuis son adolescence et qui se fait passer pour stérile auprès de son mari polygame. Plusieurs personnages se percutent donc dans un jeu de hasards, au gré de leurs histoires teintées de souffrances personnelles, autour de Fotédi et de son parcours singulier.

Un sympathique vaudeville mettant en scène des personnages riches de leur présumée pauvreté, qui nous emmène vers une destination insoupçonnée. Le décor dépeint par l’auteur est un personnage à part entière, celui des indépendances des états africains et de leurs difficultés mises à nues.



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Comme la nuit se fait lorsque le jour s'en va

Sixième et dernier livre (pour l'instant) de Libar M. Fofana qui est mon ami. Chacun de ces livres retrace la vie qu'il a vécu : fuit la Guinée à 17 ans, se réfugie au Mali pendant 3 ans. Arrive à Génève en Suisse et commence des études d'ingénieur pour se fait virer du pays faute de papier. Se retrouve en France et descend par hasard à Marseille, ville qu'il ne quittera plus jamais.

Cet auteur retrace donc sa vie avec tout de même une partie fictive. Ce ne sont pas des autobiographies mais c'est un grand écrivain.
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L'étrange rêve d'une femme inachevée

La chose se mit à brailler d’une voix double qui les poussa dehors



Un conte et une réflexion sur soi et l’autre.



Deux sœurs siamoises. Hawa et Toumbou/Ramatoulaye vivent, ensemble et séparément. Elles ont besoin l’une de l’autre et elles aimeraient être libre de corps. Elles ressentent chacune l’autre, au plus profond de leur intimité. Elles aiment et haïssent différemment. Leurs espoirs ne se conjuguent pas de la même façon.



Elles sont deux et elles sont une.



Un talent de conteur au service d’une poignante leçon d’humanité. Un conte, un livre, deux heures de plaisir, drôle et cruel. La vie.



« Elle avait entendu dire que la liberté se trouve d’abord dans la tête de celui qui y aspire, mais elle pensait que l’idiot qui prétendait cela n’habitait pas le corps d’un autre »
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Le diable dévot

L'imam Mamadou Galouwa est un homme respecté de ses fidèles mais pauvre. Il pratique l'Islam avec une ferveur qui excède les prescriptions du Coran: ses prières sont plus longues qu'il n'est demandé, sa barbe et son chapelet sont plus longs aussi. IL faut dire qu'il essaie ainsi de compenser ce qui lui semble un grave manquement: il n'est pas allé à La Mecque, faute de moyens. Et comme cette idée l'obsède, il trouve la solution: il promet sa fille de 13 ans Hèra à un vieillard hideux de 80 ans, Ladji Oumarou qui a le pouvoir de lui faire perdre sa place d'imam et les avantages qui en découlent.

L'idée lui vient d'envoyer sa fille à la capitale Conakry, en qualité de cuisinière dans l'auberge tenue par Bouna. Ainsi, croit - il, si un an plus tard il a obtenu l'argent nécessaire au pélerinage, il n'aura pas à marier sa fille à un vieillard incapable d'assurer la continuité de la famille.

Hèra part donc à Conakry, après avoir subi ce qui fut dicté par le sens des réalités de son père: le cordonnier Garangué lui couds le sexe, au prix de terribles douleurs. Ainsi sera préservée la virginité de ce qui reste l'unique trésor de l'imam. L'excision subie des années plus tôt n'aura pas suffi.

A la capitale, l'auberge se révèle un infâme boui - boui où Maciré, compagne de Bouna, exerce le plus vieux métier du monde. Bouna "prépare" la fillette à remplir les mêmes fonctions mais ... avec ce qu'elle a de disponible. Elle comptera jusqu'à 600 passes, effectuées dans les toilettes puantes de l'auberge, agrippée aux barreaux de la fenêtre de telle sorte que de l'extérieur chacun saura ce qui se passe.

Fâchée de ce que Bouna ne lui donne pas l'argent auquel elle a droit et poussée par Maciré, elle s'enfuit et retourne au village. Ce même jour, Maciré, pour défendre sa fillette de 9 ans que Bouna aurait bien vue remplacer Hèra, tue son compagnon d'un coup de ciseaux. Cela lui coûtera la prison et la mort.

De retour au village, elle apprend que son père est parti à La Mecque, sans avoir payé l'octogénaire, sans lui avoir donné sa fille. Elle regagne Conakry où, aidée du jeune Morlaye et de Garangué, elle cuisine à merveille et fait prospérer l'auberge, héritage de la petite Fatoumata et de son jeune frère, pensent -ils tous. C'est compter sans l'avidité de Yarie, soeur de Bouna, dont il faudra se débarrasser, ce qui sera fait par le village entier qui va la ridiculiser.

Pour obtenir les documents nécessaires aux enfants et les faire reconnaître comme propriétaires de l'auberge, Hèra va offrir son unique trésor à un infâme fonctionnaire. Il faudra du temps pour que Morlaye finissa par admettre qu'Hèra la prostituée était vierge et qu'elle n'a perdu son honneur que pour sauver deux enfants de la misère.

L’infamie et l'horreur se mêlent à des moments de douceur et de résignation. Après les sévices et la torture viennent le pardon et l'acceptation. Mais la société guinéenne n'est pas douce aux femmes: jamais aucun tribunal ne reconnaîtra les sévices subis par l'enfant de 13 ans, la honte et l'humiliation de raconter n'auront servi à rien. C'est seulement en elle - même et, finalement auprès de son compagnon, qu’Héra trouvera la force de reconquérir sa dignité.

Un livre dur mais nécessaire, servi par une écriture limpide et nourrie d'images inoubliables.



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Le Fils de l'arbre

Né en 1959, à Conakry, Libar M. Fofana s'enfuit à dix-sept ans de Guinée où son père croupit dans la célèbre prison du Camp Boira. Il gagne le Mali à pied, puis la Côte d'Ivoire, d'où il s'embarque pour l'Europe. Diplômé d'informatique à Aix-en-Provence, il travaille dix ans à la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille. Devenu malentendant lors d'un concert, il se consacre aujourd'hui à l'écriture.

Bakari revenant de la ville où il était resté dix ans à apprendre à lire auprès de son oncle Wally, auquel sa mère l'avait confié parce que la tristesse de son fils l'avait inquiétée. Il apprend que son oncle et son père l'ont marié à une jeune fille Bintou qu'il ne connait pas, et qui a déjà un fils Youssoufou.

L'explication du titre du livre est donnée par son père qui lui dit avant de mourir. Il est comme un arbre ayant besoin de racines, de s'enraciner dans sa terre, son pays, ses traditions, donc il doit rester et cultiver cette terre. La terre joue un rôle très important dans l'histoire que nous conte Libar M. Fofana. Roman très bien construit, avec des indices distillés (boite, mouchoir, béquille). Roman initiatique, comme souvent dans la littérature africaine très beaux portraits de femmes. Elles font toutes la beauté du pays et sa force face aux hommes matchists. Un livre très touchant où il est question de recherche d'identité et d'un trésor. C'est un roman captivant. C'est excellent premier roman.
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L'étrange rêve d'une femme inachevée

UN UTÉRUS POUR DEUX.

Libar M. Fofana est un véritable griot qui des talents de narrateur : on l’imagine très bien racontant ce conte extraordinaire à un village guinéen rassemblé autour d’un feu. Avec cette histoire de sœurs siamoises qui vont devoir vivre ensemble, on verra défiler tous les instant d’amour, de haine, de jalousie, toutes les croyances africaines, superstitions religieuses tirées du coran et des marabouts. Les deux sœurs ont en commun intelligence et beauté, mais pas dans le même corps. Leur rapports sont pleins d’une ironie teintée d’humour et de cruauté. Mais leur rivalité deviendra amour et sacrifice dans le rôle transcendantal du don de la vie. Un très beau livre que l’on lit comme s’il était raconté.
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Le cri des feuilles qui meurent

C'est toute la douleur, la poussière et la dureté de l'Afrique.

Toute la chaleur aussi.

Et tout l'espoir.
Lien : http://ausautdulivre.blogspo..
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L'étrange rêve d'une femme inachevée

Dans l’étrange rêve d’une femme inachevée, Libar M. Fofana nous raconte l’histoire de deux sœurs siamoises Hawa et Toumbou que tout oppose. Hawa est belle et rêve d’amour, Toumbou a les membres peu développés et rêve d’une grande carrière politique. Deux jeunes filles qui souhaitent vivre indépendamment l’une de l’autre alors qu’elles fusionnent en un lien charnel indéfectible. Victimes d’un destin qu’elles n’ont pas choisi et qui les condamne à vivre ensemble pour toujours, elles vont sans cesse repousser les limites. Une rencontre avec un jeune homme, Mamadi, va bouleverser leur dualité et les confronter à faire un choix crucial pour elles.

Comment aller jusqu’au bout de son rêve quand on est guidé par les pas d’une autre qui aspire à des ambitions différentes des siens ? Questions que se posent les protagonistes et nous lecteurs. L’auteur a su nous transmettre les émotions et les frustrations des deux jumelles dans une histoire à la fois captivante et touchante où des situations insolites y sont dépeintes avec une pointe d’humour. Ce roman nous rappelle la méchanceté féroce de l’être humain générée par les croyances et la peur de la différence et du handicap que beaucoup ne veulent pas voir. C’est le premier roman que je lis de cet auteur et j’ai perçu de vérité dans sa manière d’écrire. Il traite de sujets tabous sans vraiment de pudeur mais avec des mots justes. J’avais l’impression de lire une histoire vraie et non une fiction.

Roman très réaliste et intéressant à lire. Un beau roman.
Lien : https://lacalebassealivres.c..
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L'étrange rêve d'une femme inachevée

L’étrange rêve d’une femme inachevée

Roman

LIBAR M. FOFANA

Il y a des romans dont l’après-lecture vous laisse transformé ; si bien que vous avez envie de le relire, par crainte de ne pas en avoir retiré à la première lecture tout ce qu’il contenait d’original. ; et vous pourrez le relire encore et encore, c’est peut-être même le signe d’un chef d’œuvre authentique. C’est ainsi que j’ai ressenti le roman de Libar M. Fofana.

On peut le lire à la manière d’un conte africain, avec le plaisir qu’on trouve à un imaginaire dont on sait bien qu’il n’est pas vrai, mais dans lequel on accepte bien volontiers de s’embarquer, tellement on aimerait que ce soit vrai.

On est au moins certain d’une chose : il ne s’agit pas d’un plat reportage sur la condition des frères ou sœurs siamois(es) dont on pourrait retirer de croustillantes anecdotes. On est dans un imaginaire fabuleux où l’on rencontre des personnages authentiques qui nous parlent de nous. Le mensonge est délicieux, le seul vrai mensonge, celui de l’apologue, celui dont parle le Rousseau des Rêveries lorsqu’il dit « Les fictions qui ont un objet moral s’appellent apologues ou fables, & comme leur objet n’est ou ne doit être que d’envelopper des vérités utiles sous des formes sensibles & agréables, en pareil cas on ne s’attache guères à cacher le mensonge de fait qui n’est que l’habit de la vérité ; & celui qui ne débite une fable que pour une fable, ne ment en aucune façon. »

Chacun peut y prendre son sens : Les deux sœurs sont-elles comme le blanc et le noir, ou le yin et le yang, deux principes antagonistes de notre être ? Expriment-elles la dichotomie de l’être humain, partagé entre le bien et le mal, l’amour et la connaissance, les rêves de tendresse et ceux de pouvoir ? Rien de tout cela, ou plutôt, tout cela mais qui ne résume pas l’antagonisme entre Hawa et Rama, dont l’une serait la bonne, et l’autre la mauvaise. La leçon est moins simpliste, et nous pouvons identifier dans notre être les mêmes tendances antagonistes qui font la difficulté de notre condition d’être humains.

Mais le roman n’est pas une simple confrontation de moi à moi-même, ni du rêve opposé à la réalité, ou encore de l’impossibilité de concilier les aspirations antagonistes de notre moi. C’est aussi une confrontation de la différence opposée à la normalité. La confrontation entre l’amour sans limite de la mère adoptive des deux sœurs, et la lâcheté d’un père (au sens propre, au sens où il les abandonne) , ou encore la méchanceté de ceux qui ont deux bras et deux jambes, un corps et un sexe bien à eux, contre ceux que la nature (ou Allah, l’auteur ne tranche pas !) Entre le noble appétit de vivre face à la bêtise administrative. (sur ce plan, voilà qui introduit du sourire dans ce sujet sérieux !)

Enfin, que dire des grandes figures de sagesses croisées tout au long du livre : Saran la femme stérile qui reçoit comme un don de Dieu ces enfants inachevés, le docteur Francis, qui devra prendre, au péril de sa vie, une décision conforme à ses aspirations intérieures, plutôt que de respecter la loi formelle. Un personnage Sartrien, ou de François Jacob, qui laisse parler sa « statue intérieure ». Jusqu’à l’amant, des deux sœurs, qui saura sortir de cette contradiction… mais je ne vous dévoilerai pas la fin.

Tout ceci peut donner l’impression d’un imbroglio qui ne trouvera pas sa propre issue. Comme tous les contes de fée il y en a une : engagez vos paris, heureuse ?

Michel Le Guen

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Un arc-en-ciel dans les ténèbres

Dans la collection "Continents noirs" chez Gallimard, l'auteur franco-guinéen Libar M. Fofana publie son septième livre, Un arc-en-ciel dans les ténèbres.



Le personnage principal, Lansana Camara, est venu en France. Il reçoit une OQTF et doit quitter le pays dans un délai d'un mois. Sa demande d'asile est rejetée. La Guinée n'est pas un pays en guerre et il n'y a pas de critères qui lui permettraient de rester sur le territoire français.

Lansana est démuni. Il n'a pas d'argent, ne mange pas à sa faim. Il partage un misérable appartement avec l'Africain Baïlo, musulman si pratiquant qu'il en a le stigmate sur le front. Lansana est aussi très étroit d'esprit, et sa situation le rend aigri. Dès le début du livre, on voit qu'il est homophobe, sans raison, bien sûr, mais il déteste les pédés. La discussion s'engage entre lui, Baïlo (ultra homophobe aussi) et Zahid qui, au contraire, essaie d'expliquer à ces deux Africains que leur haine n'a pas de fondement.



Un jour, Lansana répond à une annonce de rencontre lue sur les murs des toilettes. Il a rendez-vous avec Alexandre, un jeune et beau gay qui comprend tout de suite que Lansana n'est pas du tout de son bord. Pourtant, il plaît à Alexandre, et celui-ci le présente à son groupe d'amis. L'idée d'entrer en contact avec des gays est venue à Lansana en voyant un reportage à la télévision : un Guinéen sans papier, comme lui, est soutenu à Lyon par un groupe d'activistes gays. Lansana trouve injuste qu'on défende un pédé alors que lui, personne ne l'aide...

Le roman nous montre comment, progressivement, au contact de ce groupe d'amis gays, le regard de Lansana va se transformer. C'est un personnage qui est vraiment détestable, qui met longtemps à comprendre et à devenir un peu attachant. Sa haine des homosexuels est si viscérale que le lecteur croit son cas désespéré. S'il passe du temps avec des pédés (Alexandre et ses amis), c'est seulement parce que, grâce à eux, il peut manger (quand il va à des apéritifs, à des soirées...) ; il a peur en plus qu'Alexandre essaie un jour de le toucher. Cela le terrifie et le dégoûte. On a donc la panoplie de l'homophobe irrécupérable.

Tout change le jour où il subit une agression alors qu'il sortait d'une soirée chez un couple du groupe. Agressé lui-même en tant qu'homosexuel, son regard va peu à peu se modifier...



La suite :
Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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L'étrange rêve d'une femme inachevée

Ce livre d’un réalisme proche du fantastique, truffé de dialogues à l’emporte-pièce, est en soi une parabole de très haut vol sur la quête d’identité à la première personne dans un monde, l’Afrique, où le collectif, à chacun, dicte impérativement sa loi.
Lien : http://www.humanite.fr/cultu..
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